Abraham et les 9 rois suite

(Genèse Ch. 14 v14)

 

Abram, et les neuf rois (suite)

Genèse Chapitre 14, versets 1 à  17 - (TOB)

1 À cette époque, les rois Amrafel de Mésopotamie, Ariok d'Ellasar, Kedor-Laomer d'Élam et Tidal de Goïm 2 firent la guerre aux rois Béra de Sodome, Bircha de Gomorrhe, Chinab d'Adma, Chéméber de Seboïm et au roi de Béla, c'est-à-dire de Soar. 3 Ces derniers se rassemblèrent dans la vallée de Siddim, recouverte aujourd'hui par la mer Morte. 4 Pendant douze ans, ils avaient été soumis à Kedor-Laomer mais, la treizième année, ils s'étaient révoltés. 5 La quatorzième année, Kedor-Laomer sortit pour le combat avec les rois ses alliés. Ils battirent les Refaïtes à Achetaroth-Carnaïm, les Zouzites à Ham, les Émites dans la plaine de Quiriataïm. 6 Quant aux Horites, ils les battirent chez eux, dans leurs montagnes, au pays de Séir, les poursuivant jusqu'à El-Paran qui est près du désert. 7 Puis ils revinrent vers En-Michepath, c'est-à-dire Cadesh. Ils ravagèrent toute la campagne amalécite et battirent aussi les Amorites qui habitaient Hassasson-Tamar. 8 Les rois des villes de Sodome, Gomorrhe, Adma, Seboïm et de Béla, c'est-à-dire de Soar, firent sortir leurs troupes ; ils livrèrent bataille dans la vallée de Siddim 9 aux rois Kedor-Laomer d'Élam, Tidal de Goïm, Amrafel de Mésopotamie, Ariok d'Ellasar, cinq rois contre quatre. 10 Il y avait de nombreux puits de goudron dans la vallée de Siddim. Les rois de Sodome et Gomorrhe s'enfuirent et ils y tombèrent ; le reste des survivants se réfugia dans la montagne. 11 Les vainqueurs s'emparèrent de tous les biens de Sodome et Gomorrhe et de toutes les réserves de nourriture, puis ils s'en allèrent. 12 Loth, le neveu d'Abram, habitait Sodome ; ils l'emmenèrent aussi avec tous ses biens.

13 Un fuyard vint annoncer cette nouvelle à Abram l'Hébreu qui s'était installé aux chênes de l'Amorite Mamré. Mamré était frère d'Èchekol et d'Aner ; tous trois étaient les alliés d'Abram. 14 Quand Abram apprit que son neveu avait été fait prisonnier, il mobilisa des gens entraînés, 318 hommes de son clan, et se lança à la poursuite de l'ennemi jusqu'à Dan. 15 Abram répartit ses serviteurs en plusieurs groupes et attaqua de nuit. Il battit les rois et les poursuivit jusqu'à Hoba, au nord de Damas. 16 Il récupéra tous leurs biens, ainsi que Loth son neveu avec ses biens, les femmes et les autres prisonniers. 17 Le roi de Sodome s’avança vers la vallée de Shawé, c’est-à-dire la vallée du roi, à la rencontre d’Abram qui revenait victorieux de Kedorlaomer et des rois qui l’accompagnaient.

(traduction personnelle)

Genèse 14,1 :

וַיְהִי, בִּימֵי אַמְרָפֶל מֶלֶךְ-שִׁנְעָר, אַרְיוֹךְ, מֶלֶךְ אֶלָּסָר; כְּדָרְלָעֹמֶר מֶלֶךְ עֵילָם, וְתִדְעָל מֶלֶךְ גּוֹיִם.

1 Vayehi bimei Amrafel melech-Shin'ar Ari'och melech Elasar Kedarla'omer melech Eilam veTid'al melech Goyim.

1. C'est arrivé aux jours d’Amraphèl, roi de Shin‘ar, d’Ariokh, roi d’Èlassar, de Kedorla‘omèr, roi d’‘Éïlâm et de Tid‘al, roi de Goîm:

Genèse 14,2 :

עָשׂוּ מִלְחָמָה, אֶת-בֶּרַע מֶלֶךְ סְדֹם, וְאֶת-בִּרְשַׁע, מֶלֶךְ עֲמֹרָה; שִׁנְאָב מֶלֶךְ אַדְמָה, וְשֶׁמְאֵבֶר מֶלֶךְ צְבֹיִים, וּמֶלֶךְ בֶּלַע, הִיא-צֹעַר. 

2 Asu milchamah et-Bera melech Sedom ve'et-Birsha melech Amorah Shin'av melech Ademah veShem'ever melech Tezvoyim umelech Bela hi-Tzo'ar.

2.  ils firent la guerre (le mal) contre Bèra‘, roi de Sedôm, et contre Birsha‘, roi d’‘Amora, Shinab, roi d’Adma, et Shèméber, roi de Seboîm, et le roi de Bèla‘ ­ c’est So‘ar.

Cette péricope nous raconte comment quatre rois de Mésopotamie (Amraphèl de Chin’ar, Aryokh d'Ellasar (cette dernière serait situé au sud de la Babylonie..), Kédorla’omèr de ‘Elam* et Tid’al de Goyim**, jse  coalisèrent pour combattre cinq autres rois cananéens : Béra de Sédom, Bircha’ de ‘Amora (Gomorrhe), Chineab d'Adma, Chémeéber roi de Tséboyim et le roi de Béla’ (Tso’ar) (Sedom, ‘Amora et Tso’ar  étaient au sud de la mer Morte, ces lieux ayant été recouverts par la suite des eaux de cette mer. C’était une vallée était très riche avant la destruction de Sodome et Gomorrhe.).

[Il s’agirait de la Médie et de la Perse. La Médie et la Perse occupaient la partie occidentale du vaste plateau situé entre la mer Caspienne et la mer Erythrée, le bassin du Tigre et le bassin de l'Indus. Ce plateau a reçu le nom de Erân (Iran), pays des Aryens. Toute la partie centrale en est occupée par un vaste désert sablonneux. La Médie proprement dite est à l'angle nord-ouest du plateau ; la Perse, à l'angle sud-ouest. La principale ville de la Médie fut Echatane (aujourd'hui Hamadan) ; la Perse eut pour capitales Pasargades et Persépolis.]

**  (Nom d’un lieu nommé ainsi parce que de nombreux peuples avaient pris un seul roi (Tid‘a). Midrash Raba cit. Rachi.)

Le mot וַיְהִ֗י  [Vayehi] « c'est arrivé »  annonce parfois des épisodes malheureux : ainsi en est-il avant le déluge :

(Genèse 7, 17).

וַיְהִ֧י הַמַּבּ֛וּל אַרְבָּעִ֥ים י֖וֹם עַל־הָאָ֑רֶץ 

[Vayehi hamabul arba'im yom al-ha'aretz]

17 C'est arrivé le déluge de quarante jours sur la terre.

Les mots וַיְהִ֗י בִּימֵי֙ [Vayehi bimei] littéralement « Et être dans mes jours »

(ex Ruth 1,1)

וַיְהִי, בִּימֵי שְׁפֹט הַשֹּׁפְטִים

[Vayehi bimei shephot ashphtim]

« C'est arrivé aux jours des juges »

l'expression indiquent toujours des jours malheureux. Ici, le temps futur est transformé en un temps au passé par le ו Waw (lettre) conversif.  RAchi nous dit : « Certains וַיְהִ֗֙  [Vayehi] "c'est arrivé" annoncent des épisodes heureux alors que d’autres indiquent des épisodes malheureux. Néanmoins la redondance des mots וַיְהִ֗י בִּימֵי֙ [Vayehi bimé] "Voici, dans mes jours" indique toujours des épisodes malheureux » (Talmud de Babylone. Méguila 10b).

On peut en faire toutefois une approche disons plus psychologique : 

les mots וַיְהִ֗י בִּימֵי֙  [Vayehi bimé] « Voici, dans mes jours » annoncent des épisodes malheureux. Lorsque le temps au futur se transforme en temps du passé, cela peut n’annoncer rien de bon car : « Ne demeure pas dans le passé, ne rêve pas du futur, concentre ton esprit sur le moment présent. » Bouddha.

Ainsi, les mots וַיְהִ֗י בִּימֵי֙ אַמְרָפֶ֣ל  [Vayehi bimei Amrafel] « Cela s'est produit à l'époque d'Amrafel » (Genèse 14,1) sont suivis de עָשׂ֣וּ מִלְחָמָ֗ה [Asu milchamah] « il firent la guerre » (Genèse 14,2) : c’est la guerre dite des « quatre rois contre les cinq ». (Génèse :14, 9).

אַרְבָּעָ֥ה מְלָכִ֖ים אֶת־הַֽחֲמִשָּֽׁה ׃

[arba'ah melachim et-hachamishah.] 

« quatre rois contre les cinq »

La bataille eut lieu nous dit-on dans la vallée des Calcaires (עֵ֖מֶק הַשִּׂדִּ֑ים) qui était située à l’emplacement de la mer Morte actuelle.

(Genèse :14, 3).

כָּל־אֵ֨לֶּה֙ חָֽבְר֔וּ אֶל־עֵ֖מֶק הַשִּׂדִּ֑ים ה֖וּא יָ֥ם הַמֶּֽלַח ׃

[ 3 Kol-eleh chaveru el-Emek haSiddim hu Yam haMelach.]

« 3 Tous ceux-là s’étaient réunis dans la vallée des Calcaires qui est la mer du Sel »

Dans cette péricope, on voit une tentative des royaumes cananéens pour s’affranchir de la domination des royaumes orientaux. On peut de cette lecture en tirer un contexte géopolitique à cette guerre. L’histoire du Proche-Orient connaît des constantes, Israël étant placée entre deux grandes puissances régionales, l’une à l’est (centrée sur la Babylonie ou la Perse), l’autre à l’ouest, c'est-à-dire la vallée du Nil (l'Egypte). Selon les époques, l’une ou l’autre de ces puissances étaient dominante. Lorsqu'il y avait équilibre de puissance entre elles, les petites nations comme le royaume d'Israêl parvenaient à s’affirmer (époque de David et Salomon par exemple). Généralement, ces petites nations dominées devait subir les prétentions des puissances orientales ou celle de l’Egypte en leur payant un tribut, une forme de racket, ou extorsion d'argent par intimidation ou violence. La lecture religieuse dicte que : c'est YHWH Adonaï qui décidait du niveau des puissances régionales en fonction de ses desseins.

Le personnage important de cette coalition, de rois n’est autre qu'Amraphel. L'identité du nom a longtemps été un sujet de controverse parmi les assyriologues, et n'est même pas encore établie à la satisfaction de tous. Schrader a été le premier à suggérer («Inscriptions cunciformes et l'Ancien Testament», ii. 299 et suiv.) qu'Amraphel était Hammurabi, roi de Babylone, célèbre par son code. Il fut le sixième roi de la première dynastie de Babylone. C'est maintenant l'opinion dominante parmi les assyriologues et les érudits de l'Ancien Testament.

Dans la littérature rabbinique:

Selon Rab et Samuel, Amraphel est identique à Nimrod. Certains disent qu'Amraphel était son vrai nom, et il s'appelait Nimrod, « le principal rebelle », en tant que chef des bâtisseurs de tours, « qui mena le monde à la rébellion » contre le souverain du ciel ; d'autres disent encore que Nimrod était son vrai nom, et il a été appelé Amraphel comme celui qui "leur a ordonné de jeter Abraham dans le feu" ( Er. 53 a et Targ. Yer. à Gen. XIV. 1). Entre autres étymologies fantaisistes, le nom est expliqué comme celui de celui dont « les commandements ont apporté les ténèbres [la destruction] sur le monde », ou de celui qui « a provoqué et fait dévier le monde » (voir Genèse Rabba. XLII. ; Midrash. Leḳah Ṭob dans  Gen. XIV.1, éd. Buber, I. 63, note 4; aussi Beer, «Leben Abrahams», p.130, 131). Voir égalementAbraham, Nimrod.

Selon le midrash Rabba :

Dans le livre de la Genèse, au chapitre de la descendance des fils de Noé1, Nimrod est un fils de Koush, qui lui-même est le fils aîné de Cham et le petit-fils de Noé. Nimrod est le premier héros sur la terre, et le premier roi après le Déluge. En fait, et selon le Béréchit Rabba Nimrod avait déjà affronté Abram « Ce Nemrod avait condamné Abram à être brulé dans un four. » et il semblerait que sa principale motivation (à l’origine de la guerre décrite ici) était de se saisir d’Abraham qui, après avoir quitté Our Kasdim et ’Haran, s’était établi dans le pays que Kéna’an. Nimrod roi idolâtre ne pouvait tolérer qu’Abraham continue à déclarer l’existence d’un Dieu unique. Face à ce conflit idéologique, Nimrod veut faire taire le patriarche en l'éliminant. De fait, sa coalition eut le dessus sur les rois de Kéna’an et il parvint à capturer à Sedom le neveu d'Abraham, Lot. Mais il y eut méprise sur la personne, car Lot ressemblait fort à Abram, et Nimrod crut en s'emparant de Lot avoir atteint son but. Dans cette bataille, Abraham se trouva confronté à quatre puissants royaumes qui s'en retournaient victorieux, mais grâce à son Dieu, il l’emporta, préfigurant le futur d’Israël, rédempteur de l’humanité.

Ce même péricope selon le Midrash hanéélam, Lekh lékha 24a-26b. Zohar, T. 1. peut être lu à un autre niveau de sens,

(Genèse :14, 4).

שְׁתֵּ֤ים עֶשְׂרֵה֙ שָׁנָ֔ה עָֽבְד֖וּ אֶת־כְּדָרְלָעֹ֑מֶר וּשְׁלֹשׁ־עֶשְׂרֵ֥ה שָׁנָ֖ה מָרָֽדוּ׃

[4 Shtem-esreh shanah avdu et-Kedarla'omer ushlosh-esreh shanah maradu.]

« 4 Pendant douze ans, ils servirent Kédorla‘omèr. Et la treizième année, ils se révoltèrent »

Les cinq rois cananéens ont été assujettis à Kédorla‘omèr pendant 12 ans et se sont révoltés la 13ème  année.

La tradition enseigne que, pendant les douze premières années de l’enfant, le mauvais penchant est seul présent, comme il est dit : לַפֶּ֖תַח חַטָּ֣את רֹבֵ֑ץ  [lapetach chatat rovetz]  « au seuil de la porte le péché guette » (Genèse 4, 7 ). Sur la lutte du penchant au mal et du penchant au bien,

voir (Genèse 14, 14) :

וַיִּשְׁמַע אַבְרָם, כִּי נִשְׁבָּה אָחִיו

[4 Vayishma Avram ki nishbah achiv]

« 4 Et Abram entendit que son frère avait été fait prisonnier ».

Le penchant au bien n’apparaît qu’avec la treizième année. Cela ne veut pas dire que l’enfant est mauvais : le mauvais penchant n’ayant pas d’adversaire n’a aucun besoin d’apparaître (Talmud Babylonne. Nédarim 32b.). Ce n’est que lorsque les forces spirituelles de l’âme se développent que le mauvais penchant utilise ses armes, et la guerre éclate à partir de la quatorzième année. « Mais voici qu’arrive le יצר הטוב [yétser hatov] « le bon penchant » qui va défendre l’homme et contre lequel le יצר הרע [yétser hara’] « le mauvais penchant » va être contraint de déployer tous ses moyens ». Dans Pitou’hé ‘Hotam, le ‘Hatam Sofer. D'autre part, notons que, à la notion de mauvais penchant et de bon penchant présents en même temps chez tout être humain et selon le judaïsme, correspondent, dans la théorie psychanalytique, les notions de pulsion de vie (énergie vitale positive) et de pulsion de mort (énergie vitale destructive). Le dualisme pulsionnel freudien a donc retrouvé le dualisme des tendances opposées que le judaïsme enseigne depuis longtemps. Dans le péricope il est précisé que la 14ème année, les rois mésopotamiens se sont mis en campagne, battant les Rephaïm à ‘Achtérot-Karnayim, les Zouzim à Ham, ainsi que les Émim à Chavé-Kiryatayim.

Genèse 14, 4&5 :

וּבְאַרְבַּע֩ עֶשְׂרֵ֨ה שָׁנָ֜ה בָּ֣א כְדָרְלָעֹ֗מֶר וְהַמְּלָכִים֙ אֲשֶׁ֣ר אִתּ֔וֹ וַיַּכּ֤וּ אֶת־רְפָאִים֙ בְּעַשְׁתְּרֹ֣ת קַרְנַ֔יִם וְאֶת־הַזּוּזִ֖ים בְּהָ֑ם וְאֵת֙ הָֽאֵימִ֔ים בְּשָׁוֵ֖ה קִרְיָתָֽיִם׃

[Shtem-esreh shanah avdu et-Kedarla'omer ushlosh-esreh shanah maradu. Uve'arba esreh shanah ba Chedarla'omer vehamelachim asher ito vayaku et-Refa'im be'Ashterot Karnayim ve'et- haZuzim beHam ve'et ha'Eimim beShaveh Kiryatayim.]

« La quatorzième année, Kédorla‘omèr vient avec les rois qui sont avec lui: ils frappent les Réphaïm à ‘Achtérot-Karnayim, les Zouzim à Ham, les Émim à Chavé-Kiryatayim ».

D’après Tous ces noms peuvent sembler inutiles à une lecture superficielle. Bien sûr si le narrateur du texte biblique s'attarde sur ces détails c’est qu'ils ont leur importance dans une lecture midrashique et ce serait une erreur de penser que ces noms sont sens importance car tout fait sens dans le midrash. Ici, ces noms sont le support d’un רֶמֶז [remez] c'est-à-dire une « allusion » : l’attaque du mauvais penchant. Ce commentaire s’appuie sur des enseignements de Rabbi Yaacov Abé'hssera, (guématria).

Equivalence en guématria de כדרלעמר [Kédorla’omèr] et de יצר רע mauvais penchant. Kédorla’omèr  כדרלעומר (avec waw) =  20 + 4 + 200 + 30 + 70 + 40 [+ 6 ]+ 200=  570. Mauvais penchant יצר רע - [yetser ra’] - (écrit sans le hé de yétser hara’)  = 10 + 90 + 200 + 200 + 70 = 570.

Le mauvais penchant יצר הרע [yétser hara’] s’attaque : aux riches qui délaissent le culte divin : רְפָאִים֙ [Rephaïm] fait allusion à l’idée de faiblesse ; בְּעַשְׁתְּרֹ֣ת [Ashteroth] fait allusion à richesse ; קַרְנַ֔יִם [Qarnayim] fait allusion au capital financier.

- aux pauvres (וְאֶת־הַזּוּזִ֖ים [ve'et- haZuzim] «l’argent » (zouz) : le mauvais penchant laisse entendre aux pauvres que, parce qu’ils sont préoccupés par la recherche d’argent, ils peuvent échapper à l’étude de la Torah et à l’obligation de la prière D’après Rabbin Rabbi Yaacov Abé'hssera, Pitou’hé ‘Hotam,.

Il s’attaque aussi : aux orgueilleux « qui terrorisent » et à la « peur », sens  déduit de הָֽאֵימִ֔ים [ha'Eimim] « les Émim ». Les cinq rois cananéens font allusion au corps qui tombe au pouvoir du mauvais penchant toujours d’après Rabbi Yaacov Abé'hssera,. 

Genèse 14,  2 :

: עָשׂ֣וּ מִלְחָמָ֗ה אֶת־בֶּ֨רַע֙ מֶ֣לֶךְ סְדֹ֔ם וְאֶת־בִּרְשַׁ֖ע מֶ֣לֶךְ עֲמֹרָ֑ה שִׁנְאָ֣ב ׀ מֶ֣לֶךְ אַדְמָ֗ה וְשֶׁמְאֵ֨בֶר֙ מֶ֣לֶךְ צְבֹיִ֔ים וּמֶ֥לֶךְ בֶּ֖לַע הִיא־צֹֽעַר׃   

2 Asu milchamah et-Bera melech Sedom ve'et-Birsha melech Amorah Shin'av melech Ademah veShem'ever melech Tezvoyim umelech Bela hi-Tzo'ar.

« Ils [les rois mésopotamiens] firent la guerre contre Béra, roi de Sédom, et contre Bircha’, roi de ’Amora, [contre] Chineab, roi d’Adma, et [contre] Chèm-Chémeéber roi de Tséboyim, et [contre] le roi de Béla’, qui est Tso’ar » (Genèse 14, 2).

Sans entrer dans le détail, indiquons qu’elles démontrent que les noms des cinq rois (ou royaumes) cananéens auxquels Abraham apporta son soutien après leur attaque par les rois babyloniens font רֶמֶז [remez] « allusion » à la tentation de l'être humain par le mauvais penchant. Chaque nom fait allusion à l'un des sens: סְדֹ֔ם  Sédom (Sodome) c’est le cœur qui convoite « ’Homed » selon la guématria du mode AT-BACh. Le Rav affirme qu’il y a équivalence « en guématria du mode aleph-tav bet-chin » (utilisation conjointe de la permutation d’une lettre ?). 

עֲמֹרָ֑ה  ‘Amora (Gomorrhe) c’est l’œil qui voit. Le mot עֲמֹרָ֑ה Amora est composé de : עֲ  (‘ayin=œil) et מֹרָ֑ה (mora) qui, écrit מורה avec un waw, a pour sens « indique / montre ». צְבֹיִ֔ים [Tezvoyim]évoque la bouche צְבֹיִ֔ים et exprime la volonté. בֶּ֖לַע  [Béla’] évoque les mains qui ont le pouvoir de détruire. אַדְמָ֗ה [Adma] renvoie aux oreilles.

Développons l'analyse pour ce nom : le tsadik révèle qu'il fait allusion à l'audition.

Il utilise conjointement la méthode de permutation AB-GD puis la guématria.

Le remplacement d’une lettre par la suivante.

 Ce code ne nécessite que la connaissance de l’ordre des lettres de l’alphabet :

Code

EXEMPLES

Une utilisation de ce code est faite par Rabbin Rabbi Yaacov Abé'hssera (sur Genèse 14, 2). Les noms des cinq rois (ou royaumes) cananéens au quels Abraham apporta son soutien après leur attaque par les rois babylonniens font allusion רֶמֶ [remez] à la tentation de l'être humain par le mauvais penchant. Chaque nom fait allusion à l'un des sens.

L'un des noms est אַדְמָה [Adma] et le rav indique que cela fait allusion à l'audition en utilisant conjointement la méthode de permutation AB-GD puis la guématria. Dans un premier temps, אדמה est remplacé par בהנו. Dans un second temps, il considère la valeur numérique des lettres substituées : les lettres בהנו correspondent à 2+5+50+6 = 63. Ce qui est aussi la valeur du mot oreille האזן = 5+1+7+50  =   63.

On constate aussi que ce qui vient après la mère (אם) c’est son enfant (בן, fils) - Ce n’est pas une coïncidence, comme on pourrait le penser a priori. Car la tradition insiste sur le caractère unique de la langue hébraïque.

Autre exemple : la  permutation du mot עין (oeil) selon cette méthode donne les lettres composant le mot כסף (argent).

Cela vient « démontrer » l’enseignement de la Torah orale sur la « loi du talion ». Malgré le sens littéral apparent, la loi du talion ne prescrit pas l’amputation du coupable (oeil pour oeil ; dent pour dent...) mais le dédommagement de la victime pour son membre amputé ou blessé. Et cela varie selon les victimes (l’oeil d’un artisan « vaut » plus que celui d’un non voyant par exemple). Par la permutation du mot עין (oeil) selon cette méthode  on lira : עין  =  כסף (valeur et non pas amputation)

Il est question ici des diverses portes d’entrées par où le mauvais penchant entre dans l’être humain. Ces coups frappent aux diverses portes ouvertes sur l’extérieur qui correspondent à l’un des sens. Le Midrach Tan’houma précise : « Le cœur et les yeux sont les explorateurs du corps et ils lui proposent des mauvaises actions : l'œil voit, le cœur désire, et le corps accomplit la faute » (Rachi sur Bamidbar 15, 39). La Torah insiste sur la pureté du cœur, car la pureté des yeux en découle. C’est pourquoi on prie : « Et purifie notre cœur… ». C’est pourquoi il convient de faire des efforts pour protéger ses yeux de visions malsaines toujours pernicieuses. Car, une fois que le cœur et les yeux sont tombés, les autres organes se rendent à la volonté du mauvais penchant.

Le Rav explique que le mauvais penchant s’approprie alors les mitsvot faites auparavant au moyen de tous les organes : וַ֠יִּקְחוּ אֶת־כָּל־רְכֻ֨שׁ [Vayikchu et-kol-rechush ] « ils prirent tout le bien », ainsi que leur vitalité וְאֶת־כָּל־אָכְלָ֖ם [ve'et-kol-ochlam ] (Genèse 14, 11). Le verset est traduit par A. Chouraqui : « Ils prennent tout acquis de Sedôm et d’‘Amora, tout leur manger, puis s’en vont. » Alors, l’homme perd ses étincelles de sainteté et « c’est pourquoi les impies, dans leur vie, s’appellent morts ». (Pitou’hé ‘Hotam,).

Ce chapitre commence par וַיְהִ֗י  [Vayehi] « c'est arrivé » ou « et ce fut »(Genèse 14, 1-2). La guémara dit : « partout où  est mentionné ‘et ce fut’ [dans l’Ecriture], il ne s’agit que de l’expression d’une tristesse ».

ויהי בימי אחשורוש אמר רבי לוי ואיתימא רבי יונתן דבר זה מסורת בידינו מאנשי כנסת הגדולה כל מקום שנאמר ויהי אינו אלא לשון צער.

« Et qu'il en soit ainsi du temps d'Assuérus, a déclaré le rabbin Levi et Itima Rabbi Yonatan, cette chose est une tradition entre nos mains des membres de la Knesset partout où elle est dite et que ce ne soit qu'un langage de douleur.» (T.B. Méguila 10b).

Ce mot annonce le malheur, à l’homme qui suit son mauvais penchant et se perd dans les vanités de ce monde. Ce fut le cas pour Lot fils de Haran frère d’Abram, qui, ayant choisi d’habiter Sédom, fut capturé et ses biens furent pillés.

Abram porta secours à Lot avec ses « 318 fidèles. » Voir guématria sur les 318 fidèles de Abram : « Eli’ezer était seul, mais la guématria de son nom est 318 » (1+30+10+70+7+210) - Rachi (sur : Béréchit 14, 14) d’après Midrach Béréchit Raba 42, 2 et T.B. Nédarim 32a. Il poursuivit les ravisseurs jusqu’à Dan, au nord du pays, et fut victorieux. Abram était doublement concerné par cette guerre : il était concerné puisque son neveu avait été capturé ; mais il était concerné aussi, et au premier chef, car c’est lui que Kédorla‘omèr « Nimrod » voulait capturer, et pour cela qu'il a mené le combat : son intention était de prendre Abram, dissident qui avait tenté de répandre dans son royaume la foi en un Dieu unique. Capturant Lot, il crut détenir Abram à cause de leur ressemblance physique. Abram poursuivit les rois mésopotamiens et eut le dessus (Genèse 14, 4-5).

(Genèse 14, 11)

וַ֠יִּקְחוּ אֶת־כָּל־רְכֻ֨שׁ סְדֹ֧ם וַֽעֲמֹרָ֛ה וְאֶת־כָּל־אָכְלָ֖ם וַיֵּלֵֽכוּ׃    

11Vayikchu et-kol-rechush Sedom va'Amorah ve'et-kol-ochlam vayelechu.

« 11 Ils [les rois mésopotamiens] prirent tout le bien de Sédom et de ‘Amora et toutes leur nourriture et s’en allèrent ».

Mais le bon penchant ayant convaincu les organes qu’ils devaient suivre ses conseils, les étincelles de sainteté (וּרְכֻשׁוֹ֙) réintègrent leur place. « Abram vient alors affranchir les cinq rois qui représentent dans ce passage « les cinq facteurs de l’âme » : d’après Rabbin Ephraïm Luntchitz, cit. Rabbin Elie Munk. Les rois libérés par Abram renvoient à l’homme libéré par le yétser hatov.

(Genèse Ch. 14 v14) :

וַיְִּשַׁמע

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