Conclusion

 

« Tout le christianisme... connaît le Christ-Dieu, mais ignore l’homme Jésus » (D. Merejkovsky Le Christ qui vient)

« Souvent, on insiste davantage sur la divinité de Jésus que sur son humanité, sans prendre garde que son humanité en dit long, dit même l’essentiel, sur Dieu lui-même, sur l’identité de Dieu » (Jacques Duquesne Le Dieu de Jésus)

Jésus l’enseignant ou le sage, c’est heurté à l’incompréhension de sa famille et à l’opposition de ses adversaires, c’était cet homme qui aimer tous les hommes d’un amour viril et qui savait aussi se mette en colère et dénoncer injustices et hypocrisies.

Jésus nous a « laissé un exemple pour que nous suivions ses traces » (1 Pierre 2.21), l’exemple d’une vie parfaitement équilibrée entre la pensée, le sentiment et la volonté : joie et tristesse, amour et haine du mal, confiance et peur.

Alors que les chrétiens (dans leur majorité) et l’Église l’appelleront « le Fils de Dieu », Jésus se présente en général lui-même comme « le Fils de l’Homme ». L'expression elle-même est la « traduction littérale du grec uios tou anthrôpou, décalque de l'araméen bar nasha, mots employés au temps de Jésus comme substitut linguistique pour « être humain » ou « homme », pour les pronoms indéfinis « quelqu'un » ou « on », et pour « je » ». Cela nous conduit à ouvrir la Bible de son temps (la Torah, les prophètes et autres écrits hébraïques) pour rechercher où l’on parle du « Fils de l’Homme » et dans quel contexte ? Le tri est facile à faire, cette expression peut avoir trois significations dans la Bible :

a) « Le Fils de l’Homme » c’est d’abord une expression très courante dans les Psaumes pour désigner l’homme ordinaire avec ses limites. C’est vous et moi, c’est l’homme que Dieu sauve (voir par exemple le Psaume 8). En effet, « fils de l’homme » en hébreu, descendants d’Adam, de l’humain, donc un être humain.

b) La 2e signification est donnée dans le livre d’Ézéchiel. Le « Fils de l’Homme » est le prophète (donc un homme) que Dieu envoie chargé d’une mission vers les hommes en train de se perdre.  (Éz. 2)

c) Et enfin dans le livre de Daniel (7. 13) où les puissances bestiales sont définitivement dominées par « le Fils de l’Homme » auquel Dieu donne la victoire.

Nul part « Fils de l’Homme » ne signifie « Dieu fait Homme ».

Quand Jésus se désigne comme « Fils de l’Homme », est-ce qu’il veut dire qu’il est le Messie annoncé par Daniel ? Ou un prophète comme Ézéchiel ? Mais peut-être que Jésus dit ainsi qu’il est notre frère à tous avec nos limites d’enfant humain ? À mon avis, cette ambiguïté n’est pas fortuite. C’est même précisément l’intérêt de cette expression. Jésus serait alors le « Fils de l’Homme » selon les 3 sens bibliques.

Jésus serait le Messie, le Salut que Dieu donne à l’humanité selon l’espérance de Daniel. Nous enseignant ou nous révèlent que vivre dans l’Amour de Dieu et du prochain fait qu’automatiquement nous vivons dans le Royaume de Dieu qui vient à nous. Jésus de Nazareth a été un homme chargé d’apporter la bonne nouvelle de ce Royaume de Dieu, il est donc aussi prophète. Mais quand Jésus se présente comme Fils de l’Homme, c’est bien souvent pour annoncer qu’il va être rejeté et exécuté. Il est vraiment notre frère, avec ses échecs et sa souffrance, plus démuni.

Dans la Bible, il n’y a pas du tout de confusion entre Dieu et Jésus. Avec ses premiers disciples, nous affirmons que Jésus est le Sauveur, en nous montrant que Dieu est notre Père et que dans le Royaume nous sommes tous « fils et filles de Dieu » à nous d’y enter. Mais Jésus le Fils de l’Homme, sur Terre  et Fils de Dieu dans le Royaume du Père, est aussi notre frère en humanité. Il ne tient qu’à nous de lui emboiter le pas dans l’Amour et devenir à notre tour « fils et filles de Dieu ». Jésus « Fils de l’Homme » à chaque page des évangiles, cela apparaît : Jésus prie Dieu, il l’appelle au secours, Jésus mange et se repose, il souffre quand il est blessé, il pleure dans le deuil, il est angoissé face à la mort, il reconnaît ignorer l’heure de la fin du monde car Dieu seul la connaît. Tout cela n’est pas une comédie, il est bien notre frère. Et c’est ainsi qu’il nous réconcilie avec Dieu. Jamais Jésus ne prend la place de Dieu, il ne nous demande pas de le prier lui, le Christ. Au contraire, il nous invite à nous tourner vers Dieu avec confiance, sans la moindre crainte. Dieu ne nous veut que du bien, un bien immense.

Jésus est ainsi un « fils de l’homme » et « Le Fils de l’Homme », il est même l’Homme véritable, l’homme voulu par Dieu de toute éternité. Nous, ses frères et sœurs, nous ne sommes que pré-hominiens, à mi-chemin entre le l’homme primitif et le Fils de l’homme. Mais l’essentiel c’est que grâce à l’enseignement de Jésus nous pouvons nous mettre avec lui en chemin dans le Royaume du Père…l’Amour.

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