Qui est Jésus

Jésus ! Qui est-il ?

 

Qu est ce que la ve rite

Le Christ et Pilate - La Vérité? Qu'est ce que la Vérité ?, toile de Nikolaï Gay.

Jésus est le nom d'un homme qui est né vers l'an -6 de notre ère, qui a vécu ensuite dans un village de Galilée appelé Nazareth en Palestine, et qui est mort exécuté par les Romains occupant le pays, comme agitateur politique vers l'an 33 à la demande des autorités religieuses juives.

Cet homme ayant été suivi par un petit groupe de disciples, les éléments les plus intéressants de la vie de cet homme sont connus par les témoignages de disciples ou de groupes de disciples qui ont écrit chacun un livre, un évangile. Ils soutiennent qu'il est l'homme le plus important pour l'avenir de l'humanité (le Christ de Dieu). Jésus est également évoqué par des témoignages de ses opposants de son époque, comme les rabbis juifs du Talmud (qui disent qu'il était un sorcier et un semeur de désordre) et par des allusions dans des textes romains des premiers siècles, bien qu'un mouvement de réforme religieuse dans un des nombreux peuples de l’Empire romain n'ait qu'une importance mineure pour les historiens de l'empire. La pensée de Jésus est également connue à travers les commentaires des nombreux théologiens chrétiens dès le premier siècle dont les ouvrages ont été conservés.

Ce nom " Jésus " était assez courant à l'époque, puisque c'est le nom du successeur de Moïse (Josué). Mais ce nom convient particulièrement bien au Christ puisqu'il signifie littéralement « Le salut de l'Éternel », le salut du Dieu qui s'est révélé à Moïse (Matthieu 1:21). À Nazareth, on l'appelait « Jésus fils de Joseph » (Luc 3:23, Jean 1:45, Jean 6:42 ,) ou «  le fils du charpentier »  (Matthieu 13:55) . Quand il a commencé à être connu dans d'autres régions d'Israël, on l'a appelé « le Nazaréen »  (Très fréquent : voir par exemple Marc 1:24) adjectif qualificatif qui nest pas  directement lié avec le village de Nazareth nous le verrons. Selon les témoignages qui nous sont parvenus, on peut esquisser rapidement les principaux faits certains de la vie de Jésus :

Jésus a d'abord eu une vie de charpentier. Un témoignage du IIe siècle nous rapporte qu'il était spécialisé dans la fabrication de charrues en bois.

Il était juif, raisonnablement pratiquant (connaissant bien la Torah, fréquentant la synagogue, allant à Jérusalem pour la Pâque) Mais plus libéral par rapport aux pharisiens et aux saducéens dans cette pratique religieuse.

Il a côtoyé un homme (un prophète) qui prêchait la conversion (par la crainte ou la peur) pour le pardon des fautes, il s’appelait Jean surnommé le Baptiste, puis Jésus a pris son autonomie par rapport à lui pour prêcher la conversion non par la peur mais par l'Amour du Père  Dieu est comme un père on ne doit pas craindre un père plein d'Ampur pour ses enfants.

Il a alors revêtu une vie publique de Rabbi (un maître juif itinérant), proposant son interprétation de la Torah, racontant de courtes histoires édifiantes (paraboles), critiquant les autorités religieuses en place qui contrairement à l’enseignement de la Torah n’avaient guère de compassion pour les plus démunis.

Il a guéri des personnes infirmes ou malades, ses amis disant que ces miracles prouvaient qu'il était envoyé de Dieu, ses opposants disant au contraire que c'était pour tromper les gens que Jésus faisait cela, qu’il avait en lui un démon, et qu’il était de mauvaise vie ou fréquentait trop les gens de mauvaise vie.

Il a finalement été exécuté, cloué sur une croix selon une méthode de torture courante pour les esclaves fugitifs et les bandis à l'époque. Ses disciples, assez nombreux pendant un premier temps, l'ont abandonné lors de son arrestation et de son exécution. Ils ont ensuite affirmés qu’il était ressuscité d’entre les morts.

Les Évangiles nous en disent plus sur sa vie et ses paroles, même si ces témoignages sont très condensés, ne reprenant qu'un relativement petit nombre d'événements servant de base à leur témoignage sur Jésus.

C’est seulement plus tard, dans l'Église chrétienne qu'on l'appellera Jésus-Christ (Matthieu 1:1). Christ n'est pas le nom de famille de Jésus, c'est sa fonction, comme on dit " le Général " pour de Gaulle ou " le Roi " pour Dagobert.

L'appeler Jésus-Christ c'est donc déjà une confession de foi qui affirme que cet homme, Jésus, est le Christ, l'envoyé de Dieu, pour participer d'une façon décisive au salut de l'humanité tout entière. Il est un fait certain, c'est que Jésus a eu une importance considérable dans l'histoire du monde, importance qui se perpétue deux mille ans après son existence sur Terre. Christ est un mot grec (Christos), qui se traduit en français par Oint, et se dit en hébreu Messie.

Dans la Torah, (Ancien Testament) un christ (avec une minuscule), c'est quelqu'un qui a reçu l'onction d'huile sainte pour faire de lui un serviteur de Dieu, chargé d'une responsabilité particulière (un ministère) :

    — Un prophète est chargé d'annoncer le point de vue de Dieu.

    — Un prêtre est chargé de prier Dieu, et de l'adorer.

    — Un roi est chargé d'agir et de gouverner dans ce monde.

Un christ (avec une minuscule) est donc quelqu'un qui est chargé par Dieu de faire avancer les choses pour les gens qui l'entourent. Dans ce sens-là l’humanité à ses diverses périodes a vu en son sein de nombreux christs. Le Christ (avec un C majuscule) c'est cela mais d'une façon totalement radicale et universelle. Pour les chrétiens, Jésus est le Christ. Depuis 2000 ans, des milliards de juifs et de païens ont effectivement reçu de lui une vie nouvelle. Il est le Prophète ultime, le Grand Prêtre ultime, et le Roi. Mais il est même plus que cela, il est celui par qui toute personne, même la plus simple est à sa mesure prophète (écoutant et annonçant la Parole de Dieu), prêtre (en priant Dieu) et roi (en agissant dans le monde au service des autres). Il invite les êtres humains à devenir des christs, et donc des fils ou enfants de Dieu, fils du Père.

Bien des juifs ont reconnu en Jésus le Christ, à la suite des apôtres, de Marie, et de bien d’autres disciples de Jésus qui étaient tous des juifs. D’autres personnes du peuple juif attendent encore leur Messie.

Lorsque nous prenons à tâche d'étudier l’enseignement de Jésus, pour devenir un disciple, il est important d’éviter de s’emprisonner dans des doctrines religieuses et de s’abriter sous le dogme des certitudes, et pour prendre une image commune : "manger la bouillie dans la marmite aux idées toutes faitent" que nous servent de nombreuses églises et courants religieux.

Il ne faut pas oublier qu'il existe un Dieu personnel qui a créé les cieux et la terre, et que l’être humain, (sa création) peut grâce à la spiritualité vivre avec lui une expérience. Nous devons croire que si nous le désirons réellement, nous pouvons nous rapprocher de Dieu et entretenir avec lui une relation intime celle d’un fils (ou d’une fille) à son Père, et de nous rapprocher d'un état christique, et "vivre dans le royaume de Dieu". C’est cette relation qui relit Jésus le Nazaréen à Dieu et pour cela comme Jésus lui-même nous n’avons pas besoin d’intermédiaire. Il faut avoir conscience que quelques bribes d'un sermon dominical ou d’une prédication, le récit d'expériences spirituelles vécues par d'autres « exhortations », ou quelques sacrements, bref une relation distante j’oserais dire « religieuse » "cultuelle" ou par personne interposée avec Dieu ne suffirons pas pleinement pour atteindre l’état spirituel convenable nous permettant une relation intime avec notre créateur Dieu. Il est temps que nous apprenions à nous approcher vraiment de Lui seul avec notre propre conscience. Nous approcher de Dieu exige que nous devenions davantage sensibles à Sa présence. Il nous faut croire que nous avons un Dieu qui vient à notre aide et qui, étant le Seigneur des seigneurs, nous délivre de la mort (Psaumes 68-21) « Dieu est pour nous le Dieu des délivrances ; c'est l'Éternel notre Dieu qui retire de la mort. » (Bible d’Ostervad). Il faut que nous comprenions que l’essence même des Écritures est la révélation de la Parole de Dieu en Jésus et non dans des textes d’un livre, et son but est de témoigner de la vérité.

Mais qu’est-ce que la vérité ? C’était la question que posa Pilate à Jésus.

À une certaine époque, notre société était comme un village isolé où tout le monde était chrétien, il était alors possible de penser que seuls seraient sauvés ceux qui confessent Jésus-Christ bien comme il faut ; que cela était la vérité. Mais notre conscience a évolué ainsi que notre raison, et dans nos sociétés actuelles, nous avons des relations de travail, d’amitié et même familiale avec des personnes de culture et de convictions différentes que la nôtre. Si l’on ouvre les yeux, si l’on ouvre son cœur et son intelligence, si l’on pense dans la prière aux personnes que l’on a rencontrées, il me semble difficile de se dire avec raison que les milliards personnes simplement parce qu’elles ne sont pas de confession chrétiennes (comme la notre) méritent la mort et la damnation éternelle. Que Dieu leur dise, avec un petit sourire désolé : pour vous, ça ne sera pas possible, je ne peux pas faire autrement que de vous jeter à la poubelle, ou de vous laisser dans votre poubelle car c’est bien là votre place ! C’est choquant car nous avons souvent senti que ces personnes non-chrétiennes sont comme nous, qu’elles essayent de souvent vivre en y mettant leur cœur et leur foi ou leur idéal, en faisant preuve de solidarité, de bienveillance et de compassion pour leur voisin qui souffre…

Cette question du salut ou non des non-chrétiens est devenu une des grandes questions qui est posée aux chrétiens aujourd’hui. Les implications sont considérables pour notre propre vie, dans notre relation avec les autres, mais aussi dans notre façon de témoigner de notre foi dans ce monde laïc. Les implications sont également importantes dans le domaine politique et sociologique. Et une question vient inévitablement se poser à nous :

Qu’est-ce qu’être chrétien aujourd’hui ?

Il y a dans un passage de la première lettre de Jean une affirmation qui est d’une ouverture extrême pour toute personne de bonne volonté, sans critère de foi :

« Quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu, car Dieu est amour » (1 Jean 4 :7, 16) 

Cette phrase est d’une extrême importance.

Or Jean dit cela dans le contexte d’une église chrétienne extrêmement minoritaire dans un monde qui est au carrefour de toutes les civilisations. Ce passage nous dit que toute personne qui aime est profondément en communion avec Dieu, quelles que soient ses idées, sa religion, sa théologie, sa philosophie. Et quand bien même la personne ne serait pas elle-même tellement aimante, comment ne pas lire une promesse du pardon de Dieu dans cette somme théologique condensée en un seul mot : « Dieu est amour » ? Cette théologie n’est pas une invention de Jean, elle est massivement présente dans les paroles et les actes de Jésus, disant que Dieu aime, bénit, et fait du bien sans se lasser même pour ses ennemis (Matthieu 5 :44-45), que Dieu est comme un berger qui part à la recherche de la brebis la plus perdue du monde et qu’il finira sans l’ombre d’un doute par la retrouver (Luc 15 :4-5). Ce qui est tout à fait surprenant, c’est que ce passage si ouvert aux non-chrétiens est introduit par un message qui est des plus fermés et menaçants qui soient :

« Reconnaissez à ceci l’Esprit de Dieu (nous dit Jean) : tout esprit qui se déclare publiquement pour Jésus-Christ venu en chair, cet esprit est de Dieu, et tout esprit qui ne se déclare pas publiquement pour Jésus, cet esprit n’est pas de Dieu mais c’est celui de l’antéchrist. » (1 Jean 4 :1-3) Jean est donc tout aussi clair, net et précis dans cet exclusivisme rigoureux en faveur des chrétiens qu’il l’est dans son ouverture extrême aux non-chrétiens. Or, Jean n’est pas un imbécile, et ce n’est pas une erreur puisqu’il récidive un peu plus loin en mettant ce libéralisme et ce fondamentalisme dans la même phrase : « Celui qui déclarera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. (v.15) celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. (v.16) ». Nous avons encore ce double message, apparemment, d’ouverture et d’exclusivisme.

Cela mérite donc de s’y pencher d’un peu plus près.

Cette phrase reprend deux fois le même schéma, la même annonce : « Dieu demeure en lui et lui en Dieu ». C’est la promesse de la vie véritable,  ce qu’aucun auteur biblique ne prend à la légère, évidemment. Et de ce fait, quand Jean fait ce rapprochement entre ces deux formules, il ne peut être qu’évident qu’il pose une équivalence entre elles :

Celle de Confesser Jésus-Christ publiquement, et celle d’habiter cette façon d’être qu’est l’amour.

Ce rapprochement est tout à fait passionnant pour comprendre le fond de la pensée de Jean sur cette question, mais aussi le sens de bien des passages des évangiles. Cela veut dire que quand Jésus le Christ de Dieu invite à croire en lui, il ne cherche nullement à se mettre en avant lui-même, mais il met en avant le Père celui qu’il sert et qu’il incarne, c’est-à-dire : un message et une façon d’être et d’agir. Ce message (angelos en grec ) et cette façon d’être et d’agir, Jean les résume ici en un seul mot : l’amour. Cet amour est la façon d’être de Dieu, cet amour est Dieu lui-même. Mais le fait que cet amour s’incarne en Jésus dans l’histoire en fait plus qu’une notion philosophique abstraite, c’est une réalité qui se voit, qui s’entend, qui se crie sur les toits et qui se vit dans des gestes.

Et donc, quand Jean dit que celui qui ne se déclare pas publiquement pour Jésus est un antéchrist, ce n’est pas pour injurier les athées et les bouddhistes. Ce n’est pas la question, et Jean fait remarquer qu’il arrive aussi aux chrétiens de ne pas aimer suffisamment leurs frères. Ce que dit Jean ici, c’est qu’indépendamment de la religion des uns ou des autres, aimer c’est vivre et donc a contrario, l’indifférence c’est la mort, l’égoïsme, la rancœur, la logique du donnant-donnant, la méchanceté… C’est la mort, c’est l’anti façon d’être de Dieu, façon d’être qui est manifestée en Jésus le Christ de Dieu. Donc se déclarer publiquement pour Jésus ce n’est pas de crier, en public ou dans un mégaphone « je suis pour Jésus », c’est avoir une façon de vivre d’amour qui se voit, qui est visible, que l’autre ressent et qu’il peut ainsi voir en vous l’image de Jésus.

Aussi ce nom de Jésus ou même de Jésus-Christ, n’est pas une formule magique, ce n’est pas un sésame ouvre-toi pour que le paradis s’ouvre devant nous comme la caverne aux trésors devant Ali-Baba. De toute façon, en Jésus nous savons que Dieu est amour, la question n’est pas d’entrer au paradis, le Royaume de Dieu s’est de toute façon approché de nous, la question est de se laisser transformer par lui.

Ce rapprochement entre « témoigner du Christ comme fils de Dieu » et « aimer », ce rapprochement est très éclairant sur la valeur possible d’autres religions et d’autres cheminements. Jean témoigne du fait que la vie qui anime Jésus le Christ de Dieu est cet amour qu’est Dieu, et que c’est cela la vérité. Mais Jésus le Nazaréen n’a pas pour autant le monopole de l’amour, heureusement pour l’humanité. Dieu cherchait déjà, du temps des hommes préhistoriques, à donner aux hommes un cœur de chair à la place de leur cœur de pierre (taillée). C’est dans ce sens que le Christ de Dieu (Jésus) existait avant Abraham, avant même Cro-Magnon, car dans leur espérance il existait une certaine intuition de l’amour de Dieu quand ils peignaient des bisons sur les parois d’une grotte ou quand ils enterraient leurs morts avec un certain rituel. Il y avait quelque chose de la façon d’être du Christ de Dieu quand ils avaient un peu de compassion pour leur collègue blessé par un mammouth alors qu’ils auraient pu se réjouir de voir un concurrent disparaître. Jésus est le Christ de Dieu au sens où il incarne magnifiquement cette révélation de Dieu. Il incarne la façon d’être de Dieu qui consiste à vivre selon un amour créateur. Et donc cette foi en Jésus le Christ de Dieu qui donne la vie éternelle (Jean 3 :36), ce nom de Christ de Dieu, le seul nom qui puisse sauver (Actes 4 :11), ce n’est pas une formule incantatoire, c’est valoriser une certaine façon d’être, une certaine idée de la justice et c’est rechercher la source de cette façon d’être pour y puiser et pour la proposer à ceux que l’on aime. Agir ainsi c’est pour chacun d’entre nous, du genre humain, d’être en quelque sorte un peut de ce christ de Dieu.

Donc oui, évidemment, cela a pleinement son sens de placer sa confiance en ce Christ et de témoigner du Christ auprès de ceux que l’on aime. Mais il y a aussi des personnes qui aiment en dehors du christianisme, et qui sont donc nées de Dieu et qui connaissent Dieu, au moins en partie, comme le dit Jean et elle témoignent à leur façon d’être et de vivre du Christ de Dieu.

Vivre le Christ de Dieu : le seul chemin vers le Père, vers la vie ?

Ce rapprochement entre « témoigner du Christ comme fils de Dieu » et « aimer », ce rapprochement permet de comprendre ce passage essentiel de l’Évangile selon Jean que nous connaissons tous :

« Jésus dit: Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » Jean 14:6

Il y a deux façons possibles de lire ce texte :

De la façon fondamentaliste : Ce passage est une fermeture, voire une menace : seuls les chrétiens seraient vraiment vivants, et tous les autres sont perdus pour toujours (accompagnés, si l’on en croit certaines personnes, par les mauvais chrétiens, c’est-à-dire ceux qui ne pensent pas comme moi).

Mais il peut être aussi compris dans ce « Nul ne va au Père que par moi » comme une ouverture, une promesse, une Bonne Nouvelle (un Évangile) : toute personne qui est en vie, toute personne qui a un cheminement vrai a du Christ en elle. Car elle a de cette manière d’être qui vient de Dieu, qui est née de lui, et cette personne est donc déjà dans la vie éternelle, elle vie déjà dans le royaume de Dieu.

L’idée même de l’existence d’un Dieu unique peut être comprise également de deux façons possibles :

Il y a un seul vrai Dieu (le mien), par conséquent, ils sont dans l’erreur tous ceux qui appellent Dieu autrement (Allah, Hashem, Jéhovah, Adonaï, Toutatis, ou je ne sais quoi), ils sont dans l’erreur tous ceux qui ont des dieux multiples et ceux qui n’en invoquent aucun, mais aussi tous ceux qui donnent à Dieu le même nom que moi mais qui ne sont pas assez trinitaires, ou trop, ou différemment de moi…

Il y a une autre façon de vivre le monothéisme : puisqu’il y a un seul Dieu, toute personne qui fait place à une certaine transcendance dans sa vie est déjà en relation avec Dieu, puisqu’il n’y en a pas d’autre. Toute personne qui a un peu d’idéal lève son regard vers le haut, elle regarde alors vers Dieu puisque là-haut sur la montagne, il n’y a qu’un sommet, et que ce sommet c’est Dieu.

Mais, allez-vous peut-être me dire : Jésus parle bien ici de LA vérité, c’est qu’il y en a une et que les autres sont dans l’erreur. Et bien non, car dans la pensée biblique hébraïque, il y a un seul mot pour  dire : la vérité, et la fidélité, et la foi. 

C’est le verbe hébreu Amen, אֲמַן (aman) signifiant la solidité, la fermeté, la constance, la vérité, la véracité, ce dont on peut être certain, la certitude, la certitude objective de la vérité, et qui avec ses diverses formes, comporte plusieurs dérivés. Nous avons le mot hébreu אמן (amèn), qui en dérive et qui signifie : c’est certainement vrai ! Jean l’emploie en le redoublant, amèn, amèn. Et nous avons (é-mou-nah) אמונה qui dérive aussi de la racine : אמן qui est lié à : vérité, amen, fiable, artisan. C’est ce mot hébreu « é-mou-nah » qui a été traduit par les Septante, tantôt par le mot grec pistis, que nous avons à notre tour traduit en langue française par : la foi, — ce qui fausse totalement le sens du mot grec pistis, qui recouvre le mot hébreu « é-mou-nah », puisqu'en hébreu « é-mou-nah » désigne et signifie la certitude objective de la vérité, tandis que dans notre français d’aujourd’hui, sous des influences diverses dont nous parlerons plus loin, la foi n’est plus cette certitude et la foi n’est plus un acte de la connaissance, un acte de l’intelligence. Le mot hébreu « é mou nah » a été aussi dans nombre de cas traduit par le mot grec alètheia qui signifie : la vérité. Cela est tout à fait naturel. Ce que l'Hébreu appelle « é mou nah », c’est la certitude de la vérité, certitude qui est bien entendu un acte et un assentiment de l’intelligence, de la raison, et non pas d’avoir la foi en des doctrines ou dans un dogme. Le mot hébreu « é-mou-nah » peut être traduit soit par le mot grec pistis, qui désigne l’acte même de l'assentiment, ou par alètheia, qui désigne ce à quoi l’intelligence accorde son assentiment, l’acte même d'être certain de la vérité de, ou la vérité qui est l’objet de cette certitude.

La vérité dont Jésus parle ici, cette « é-mou-nah » qu’il incarne ce n’est pas un dogme ni des doctrines, mais c’est une vérité de relation, une fidélité à ce qui est l’essence même de la vie, une fidélité à ce qui fait avancer vers la source de la vie.

Des personnes peuvent donc penser des choses différentes tout en étant toutes dans le vrai. Par exemple des personnes qui sont réparties autour d’une montagne auront raison de dire que pour aller au sommet il faut se diriger vers l’ouest pour l’une, vers le nord pour une autre, et le sud est pour une troisième. Ce n’est pas du relativisme, comme si tout se valait, non, mais la vérité dépend alors de la situation, dépend de la personne et du moment de son histoire.

Ce n’est pas du relativisme car Jésus nous propose ici des indicateurs précieux pour savoir si nous sommes dans la « é-mou-nah » la vérité. La Vérité dont il est question ici, nous dit-il, est cheminement et vie, elle est cheminement vers le Père, cheminement vers cette source de la vie qu’est l’amour.

Cela peut s’examiner dans un questionnement très simple et très quotidien : Est-ce que ma foi mon « é-mou-nah » me fait cheminer, est-ce que par elle ma vie fait grandir la vie ? Est-ce que ma théologie, ma philosophie de vie, ma religion, mon rythme me font avancer ou me paralysent et ne change rien à ma vie ? Cela dépend des gens. Par exemple, telle personne à un moment de sa vie a besoin d’avoir une base de certitudes bien bétonnées, telle autre personne serait complètement bloquée par cela. Certain pourrons vivre leur spiritualité isolée, de façon autonome, d’autres devrons la vivre et la partager avec des personnes partagent leur même croyance, certaines choisiront une vie toute laïque, d’autre plus religieuse.

La question n’est pas de savoir si un chrétien est meilleur que les autres, mais la question que Jésus nous propose de retenir est de savoir si nous devenons meilleurs que nous-même hier, si nous cheminons vers la vie et augmentons la vie ? Nous pouvons nous examiner nous-mêmes, et nous pouvons aussi avoir cela en tête pour ceux que nous aimons, non pour les juger ou penser à leur place, non pour retirer la paille qui est dans leur œil, mais pour susciter chez eux un questionnement fécond, un dialogue ou tous les deux nous cheminerons vers la source commune à tous.

L’essentiel est que chacun creuse bien son propre chemin, qu’il l’approfondisse et l’affine. Pour l’instant, nous ne pouvons voir ce qui est derrière la montagne pour juger parfaitement de ce qui est bon pour l’autre. Si tel cheminement, telle religion telle philosophie convient bien à telle personne au sens défini plus haut, qu’elle creuse ce chemin et qu’elle y soit fidèle. Cela ne nous empêche pas de témoigner de ce qui nous fait vivre nous, c’est une attitude de respect pour l’autre de lui offrir ainsi ce meilleur qui me fait vivre, mais tout en sachant qu’il est possible que la vérité de cheminement et de vie soit pour lui différente de ce qui est vérité de cheminement et de vie pour moi.

C’est ainsi que dans l’Évangile Jésus ose dire qu’il n’a jamais vu d’aussi grande foi que celle du centurion romain qui vient de lui demander la guérison d’un de ses serviteurs. Pourtant ce centurion rendait nécessairement un culte à l’empereur de Rome considéré comme Dieu, ce centurion ne considère Jésus que comme un guérisseur puissant, il n’a apparemment pas un mot pour le reconnaître comme fils de Dieu (ce qui aurait d’ailleurs été pour lui une conception du Christ comme d’un nouvel Achille, probablement). Mais il y a une chose qui fait que ce centurion a une grande « é-mou-rah » (vérité-fidélité-foi) : c’est qu’elle l’a mis en mouvement, elle l’a rendu vivant, elle l’a rendu capable, lui le chef habitué à commander, de se faire serviteur de son serviteur pour qu’il ait la vie. Oui, le centurion a cheminé par l’amour et vers l’amour ce jour-là. Et peut-être que le pas suivant l’amènera à reconnaître en Jésus plus qu’un guérisseur, mais enfin le Christ de Dieu ? La suite de l’histoire est à écrire avec notre propre vie.

« Dieu est Amour » (1 Jean 4, 8 ) et : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et avec toutes tes forces et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » 

Mt 22, 37-40 et 12, 29-31, qui lie Deutéronome, 6,5 et Lévitique, 19,18.

Peu importe ce en quoi l’on croit et notre façon de croire en Dieu, ce qui importe c’est d’aimer son prochain comme soit même, ce qui implique : De tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces.

D.R

 

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