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Ancien Testament et bible hébraïque

 

Traitons-nous du même objet lorsque l’on parle de l’Ancien Testament et de la bible hébraïque ?

Souvent l’on répondre oui, mais à regarder de près cela n’est cependant pas tout à fait exacte.

Pour commencer, précisons une chose ; quand l’on emploie l’expression « Ancien Testament », on reprend un terme chrétien. L’origine de la formulation trouve probablement son fondement dans une lettre que l’apôtre Paul rédige vers 55 de notre ère à Corinthe. Il s’agit de sa seconde épître aux Corinthiens au chapitre 3, où l’apôtre écrit ; « nous [les chrétiens] ne faisons pas comme Moïse, qui mettait un voile sur son visage, pour que les fils d’Israël ne fixassent pas les regards sur la fin de ce qui était passager. Mais ils sont [les Juifs] devenus durs d’entendement. Car jusqu’à ce jour le même voile demeure quand, ils font la lecture de l’Ancien Testament [la Torah] ». C’est la première fois que l’on rencontre l’expression « Ancien Testament ». Évidemment ici, il ne peut procéder de l’ensemble de la bible hébraïque. Pour la bonne et simple raison qu’à l’époque où Paul rédige ses lettres, l’Ancien Testament tel que nous le connaissons n’existait pas, et cela on doit le préciser. Il ne peut s’agir que de la Torah, c’est-à-dire du Pentateuque. C’est donc certainement à partir de ce passage de Paul que l’on va établir une opposition entre anciennes et nouvelles alliances ; et que l’on va donner dans le christianisme ce nom « d’Ancien Testament » à la bible hébraïque. Mais Paul peut ici s’inspirer d’un texte prophétique dans le livre de Jérémie. En effet, le prophète au chapitre 31 présente dans son oracle l’annonce d’une nouvelle alliance  : « Voici, les jours viennent, dit Yahvé, où je ferai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle ». Dans le contexte de cet oracle, la nouvelle alliance concerne les Judéens revenus de l’exil babylonien, donc de la restauration et la reconstruction du temple de Jérusalem. Mais pour les chrétiens, la nouvelle alliance de la prophétie de Jérémie se trouvait pleinement accomplie dans l’avènement et la mort de Jésus de Nazareth. Il faut savoir que Paul écrivait en grec et Jérémie en hébreu. Donc le terme employé ici en Hébreux figure : בְּרִית "Beriyth" et en grec διαθήκη "Diatheke" que nous traduisons par alliance en français ! Alors pourquoi retrouve-t-on dans les traductions latines testamentum, testament ? Au second siècle de notre ère, l’Église chrétienne (mais cela est son point de vu) va considérer qu’elle seule apparaît comme l’héritière de l’alliance que Yahvé a réalisée avec le peuple d’Israël. Pour l’Église chrétienne « le peuple juif », les juifs en général, ont failli à leur mission. Donc, l’Église reçoit les promesses données au judaïsme, et elle devient dès lors le véritable Israël de l’alliance. Une succession écrit dans un texte « d’alliance » cela rappelle un testament ainsi le terme se transforme dans le christianisme en testament.

Dans le christianisme transparaît l’idée que l’on trouve deux parties dans la Bible, l’Ancien Testament et le Nouveau Testament.

Mais chose curieuse dans le christianisme, comme il en paraît souvent d’usage, le Nouveau Testament ne va pas abolir l’ancien. Le christianisme va garder la bible hébraïque dans son corpus littéraire.

Cependant, l’expression « Ancien Testament, » utilisée dans la tradition chrétienne est apparue péjorative pour des juifs. Ces derniers perçoivent, cela comme une volonté de s’approprier arbitrairement les écrits de la religion juive. D’autre part, selon la foi juive, il ne saurait exister de « Nouveau Testament » hors des textes massorétiques. Tout ceci semble fort relatif, puisque le christianisme est issu du judaïsme et que les proto-chrétiens étaient eux-mêmes tous Juifs. Dans ces conditions, l’expression « Premier Testament » apparaît plus respectueuse envers la tradition juive.

Comment le judaïsme parle-t-il de sa bible ?

Dans le judaïsme, plusieurs noms s’emploient pour traiter de la Bible. On retrouve d’abord le terme מִקְרָא miqra cette formule veut lancer : la lecture, proclamation ; c’est exactement la même chose que Coran. Miqra et Coran on une racine équivalente. Parfois, on dit aussi simplement תּוֹרָה Torah par extension parce que la Torah précisément c’est le Pentateuque. Mais on l’utilise pour l’ensemble du Pentateuque ou  Ancien Testament. Cependant, l’expression la plus fréquente reste un terme relativement plus récent, et c’est un mot artificiel, un acronyme : Tanakh (en hébreu תנ״ך). Ce terme n’apparaît pas en vérité comme un vrai nom, mais il se trouve représenter une abréviation des trois parties de la Bible hébraïque. Il est composé de la lettre hébraïque ת tav, première lettre du terme תּוֹרָה Torah. Que l’on traduit souvent par « la loi » ce qui demeure en réalité une très mauvaise traduction puisque la racine du mot veut dire « l’instruction » ! Ce n’est pas du tout la loi, et ce mot devient dans le grec Pentateuque, Penta provient de πέντε/pente « cinq », et -teuque de τεῦχος/teukhos, « étui ». Il s’agit de la custode cylindrique qui renferme les livres en forme de rouleaux, et teukhos par métonymie, a fini par désigner, le contenu de l’étui. Vient ensuite la lettre nun ou noun נ pour Nebi'im נביאים (les prophètes), et la lettre Kaph, Kaf, ou Khaf ך : les Ketouvim כתובים (les Autres Écrits ou Hagiographes).

Mais pour le lecteur juif, ces trois parties n’ont pas du tout la même importance. Dans le christianisme, chaque livre de la Bible détient le même degré d’importance, ce n’est pas le cas dans le judaïsme. Pour le judaïsme le centre ou le cœur de leurs écritures, c’est la Torah, c’est donc le Pentateuque qui est parfois aussi appelé חומש (houmash) c’est-à-dire cinq à cause du Pentateuque justement. C’est cet ensemble-là qui est lu du début jusqu’à la fin dans les synagogues en un an, ou en trois ans cela dépend des coutumes. Alors que les Nebi'im et les Ketouvim ne sont pas lus entièrement. Souvent, tel ou tel passage des prophètes peut venir éclairer un passage de la Torah. Quant aux rouleaux dans les Ketouvim certains seront lus à l’occasion de certains textes. Mais le centre de la lecture reste véritablement la Torah. D’où aussi cette abréviation de Tanakh parce qu’il n’a pas vraiment le même sens que la Bible dans le christianisme.

Combien de livres compose ce corpus littéraire hébraïque ?

La Bible hébraïque possède exactement le même contenu que l’Ancien Testament protestant. Mais les livres sont présentés et classés différemment dans chaque confession. Les protestants comprennent trente-neuf livres, alors que les juifs en compte vingt-quatre. Ceci est dû au fait que les chrétiens protestants en général, ont choisi de subdiviser certains livres de la religion juive. La Bible apparaît donc comme une bibliothèque. Sans aucun doute puisque le mot bible vient du grec τὰ βιϐλία (ta biblia) qui figure un pluriel et qui veut dire « les écrits ». Ces documents ont vu le jour bien entendu dans des contextes très distincts, de milieux de production, ainsi que de différentes périodes de compositions. Aucun texte biblique ne possède un seul auteur, et tous furent révisés, réécrits, changer, modifier. Évidemment, cela rend la tâche très difficile quand on entreprend de vouloir dater tel ou tel écrit. Avant de nous lancer dans cet exercice, rappelons ce que nous avons dans cette bibliothèque.

Que trouvons-nous comme livres ?

Commençons avec la Torah, c’est-à-dire le Pentateuque, qui demeure le nom donné dans la transcription grecque. Elle regroupe un nombre de cinq livres. On rencontre une expression hébraïque hamiša humšé Hat-torah : les cinq cinquièmes de la Torah. Ces cinq livres ou rouleaux, portent les titres de Genèse, Exode, Lévitique, Nombre, Deutéronome, c’est appellations nous viennent des traducteurs grecs via le latin. Le judaïsme va les désigner différemment ; pour cela, il va employer une manière très traditionnelle dans le proche Orient Ancien. Il va prendre simplement le premier mot ou un des premiers mots du livre à titrer. On retrouve d’ailleurs le même principe dans le livre de l’épopée de création mésopotamienne : Enuma Elish qui veut dire « lorsqu’en haut les cieux n’étaient pas encore séparés ».

Le personnage principal du Pentateuque est Moïse מֹשֶׁה Moshé en hébreu, et l’on peut dire que le Pentateuque apparaît comme une sorte de biographie de Moïse. Pourquoi ? Parce que dans le livre de l’Exode dès le début on va raconter sa naissance et dans le dernier livre le Deutéronome, au chapitre 34 donc l’ultime chapitre on va relater sa mort. En fait, on peut dire que des livres : Exode jusqu’à Deutéronome, on découvre une sorte de biographie de Moïse. Si le livre de la Genèse ne parle pas de Moïse, il se trouve en quelque sorte comme un prologue à sa biographie. Dans le judaïsme, la figure de Moïse tient une place prédominante, ainsi que l’idée que c’est lui qui a écrit le Pentateuque, ce qui cependant n’est jamais dit dans celui-ci.

Si l’on se penche sur les cinq livres, on peut en effet affirmer que la Genèse réside en une sorte de prologue sur les origines, « genèse ». En hébreu בראשית béréshit traduit le plus souvent par « au commencement de », mais littéralement on devrait traduire « en un commencement ». En effet, ce n’est pas un commencement absolu, c’est au moins un commencement. C’est comme cela que les massorètes ont vocalisé le texte. D’autre tel André Chouraqui traduise בראשית béréshit par « En tête ». Pourquoi : Parce que le noyau du mot בראשית Beréshit est le mot rosh ראש qui signifie « tête ». C’est un nom approprié, car nous commençons littéralement la Torah « à la tête » de l’histoire. Ainsi ce n’est pas au commencement, mais un commencement possible. Donc Genèse c’est la création du monde, de l’humanité, le déluge, l’histoire d’Abraham, etc..

La bible hébraïque commence ainsi : (de droite à gauche)

בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ.

aarets véet achamayim,  et Élohim, bara Béréchit ,

Un commencement ou : En tête Élohim [Dieu] créa le Ciel et la Terre.

Dans la Genèse, on nous raconte les origines du monde et de l’humanité, la condition humaine, la violence, la variété des langues, etc.. La Bible ne commence pas tout de suite sur l’histoire d’Israël, mais s’ouvre en fait sur des réflexions que tous les peuples voisins effectuent aussi. D’où vient l’homme, comment les dieux se comportent-ils devant les hommes, la difficulté de vivre dans ce monde, la diversité des langues, la violence ; tout cela c’est des thèmes que l’on retrouve partout dans les récits du Proche Orient ancien. Mais de même d’une autre manière dans l’ensemble du bassin méditerranéen et ainsi dans la mythologie grecque tout particulièrement.

Donc le premier livre de la Torah nous raconte non seulement la genèse de l’humanité, mais également les origines d’une bonne partie des peuples. Parce qu’avec les patriarches nous possédons effectivement la mise en place de figures d’ancêtres comme Abraham, Isaac, Jacob, et bien sûr des matriarches, Sarah, Rébecca, etc. Ce qui demeure intéressant c’est que les patriarches et les matriarches ne sont pas seulement les aïeul(e)s du peuple d’Israël, mais aussi de presque tous les peuples qui vivent en fait au Levant. En effet, Abraham est le père d’Ismaël qu’il a eu avec Agar. Il prit aussi une épouse dont on parle très peu et qui s’appelle Ketura. La Genèse dit « qu’elle lui enfanta Zimran, Jokschan, Medan, Madian, Jischbak et Schuach ». Ces fils d’Abraham vont engendrer toute une série de populations qui occupent toutes les régions tout le long de la route de l’encens. Isaac fils d’Abraham et de Sarah sera le père de Jacob et d’Ésaü ce dernier serait l’ancêtre des Édomites qui habiteront le sud. Abraham est par ailleurs encore l’oncle de Lot qui sera le père des Moabites et des Ammonites. Donc ce n’est pas seulement l’histoire d’Israël, mais c’est celle de presque tous les peuples qui vivent dans le pays de Canaan, à part les Philistins. Ces derniers ont en effet une origine différente que la Bible va appeler les incirconcis. La Genèse se termine avec le récit d’un des fils de Jacob, Joseph qui va parvenir en Égypte, faire carrière là-bas. Après un départ difficile, tout se passe très bien pour lui. Mais quand on arrive dans le livre de l’Exode, le contexte a totalement évolué. « Alors un nouveau roi, qui n’avait pas connu Joseph, se leva sur l’Égypte » (Ex ch1 v8) nous dit le texte. La situation a changé par apport même au style, parce que la Genèse se trouve parcourue de généalogies, à partir de l’Exode, celles-ci disparaissent. Cela va figurer l’histoire du peuple maintenant ce ne sera plus l’histoire des familles et des descendances. En hébreu l’Exode s’appelle שמות Shemôt qui signifie « les Noms » puisque cela commence ainsi : « voici les noms des fils de Jacob qui descendirent en Égypte ». Nous nous trouvons donc en présence d’un récapitulatif du chapitre 46 de la Genèse. L’Exode c’est l’histoire de la sortie d’Égypte, mais c’est aussi l’histoire de l’arrivée du peuple au Sinaï. En ce lieu, Dieu va se révéler au peuple et Moïse va devenir le médiateur entre le peuple et son Dieu Yahvé. Moïse va recevoir une révélation, l’idée d’une alliance qui annonce qu’Israël représente le peuple de Yahvé.

Aussitôt cette alliance conclue, nous possédons toute une série de chapitres qui mettent en place tout un discours divin que Dieu présente à Moïse. Le but réside dans la réalisation d’un sanctuaire. Donc Moïse va faire bâtir un sanctuaire portable. S’en suit dans les chapitres 35 à 40 l’histoire du veau d’or. Celle-ci est en fait une critique ou met en place l’idée du peuple qu’on peut représenter Yahvé sous forme d’un jeune taureau. Yahvé va casser la statue, mais il va renouveler quand même l’alliance pour permettre la construction du sanctuaire. Le livre de l’Exode se termine par la nuée qui représente la présence divine qui remplit le sanctuaire. Mais il manque encore pour établir un culte des prêtres. Cela va être le rôle du Lévitique qui va en effet relaté l’implantation des premiers prêtres les fils du frère de Moïse nommé Aaron.

Aujourd’hui, on énerverait les défenseurs des animaux, qui refuseraient la distinction des espèces, en pure/impure, qui s’offusqueraient du sang qui coule comme de la chair brûlée des sacrifices. On énerverait les féministes constatant que la femme enceinte est impure, et remarquant la différence de traitement entre les filles et les garçons, puisque l’impureté post natale dure sept jours pour un garçon et deux semaines pour une fille. On énerverait sans doute les tenants des droits de l’Homme pour qui la discrimination contre les handicapés apparaîtrait injuste : « nul des descendants d’Aaron, le prêtre, ne pourra s’approcher pour offrir les mets de Yahvé s’il a une infirmité ». Autrement dit, ce livre a toutes les raisons de n’avoir pas été beaucoup lu, et continuer à ne l’être que peu.

Avant que ne surgissent l’installation des premiers prêtres et l’apparition à la gloire de Yahvé à l’ensemble du peuple, le texte renseigne sur toutes sortes de différents sacrifices. Ceux-ci sont à offrir dans des circonstances différents des chapitres 8 à 10. Mais aussitôt au chapitre 10 on raconte que deux fils d’Aaron tandis qu’ils effectuent un sacrifice de leur propre initiative se trouvent frappés par la foudre divine. Yahvé les a fait mourir ! On se rend compte alors que Yahvé c’est un Dieu quand même pas facile. Cela montre aussi que pour les sacrifices des règles doivent être respectées sinon cela peut très mal se passer. On découvre ensuite d’autres règles comme la distinction entre le pur et l’impur, et finalement un premier aboutissement avec ce que l’on nomme le jour du pardon יום הכיפורים Yom Kippur. Tous les genres de possibilités sont offerts au peuple et aux prêtres pour se purifier chaque année et de se décharger des pêchés. On connaît l’histoire du bouc émissaire c’est là qu’elle se trouve, et puis une deuxième partie de cet ensemble du Lévitique que l’on appelle la Loi de sainteté. C’est une sorte de refrain donc apparemment ça c’est un tout autre discours c’est Dieu qui parle en disant « soyez saints comme moi je suis saint ». Ce que l’on n’a pas du tout dans la première partie, et cela s’adresse à l’ensemble du peuple contrairement à la première partie qui est transmise exclusivement aux prêtres.

Vient ensuite le livre des Nombres ; géographiquement au niveau de la construction narrative nous nous trouvons toujours au Sinaï. Donc on n’a pas bougé depuis le chapitre 19 du livre de l’Exode. Tout le livre du Lévitique prend place au Sinaï, et dans le livre des Nombres on va finalement raconter le départ de cet endroit. Alors, pourquoi le livre s’appelle-t-il les Nombres ? Justement parce que l’on retrouve dedans deux grands recensements du peuple. Ces deux recensements structurent le livre, soit deux générations. En hébreu le livre se nomme במדבר bemidbar ce qui veut dite : dans le désert.

Les chapitres 1 à 10 parlent des préparatifs d’Israël pour le départ du Sinaï. Les chapitres 11 à 14 décrivent la marche proprement dite, l’envoi des espions en Canaan et le rejet d’Israël d’entrée dans la terre promise. Les chapitres 15 à 19 notent différentes lois et divers événements historiques. Les chapitres 20 à 36 racontent l’histoire de la dernière année du peuple dans le désert.

Suite au refus conduit par la peur d’entrer en terre promise toute une génération va mourir dans le désert à cause de sa désobéissance ; et c’est finalement la deuxième génération qui va avancer vers la Terre promise dans le pays de Moab où se situe le dernier livre du Pentateuque le Deutéronome.

Pourquoi le titre Deutéronome ? En grec cela signifie la deuxième loi, que nous avons en effet à l’intérieur du livre, debarim דברים paroles en hébreu. Le livre apparaît construit comme un grand message d’adieu de Moïse. En effet, il contient les trois derniers discours de Moïse, prononcés dans les plaines de Moab juste avant son enlèvement. Le premier sermon (chapitres 1 à 4) sert d’introduction. Le deuxième (chapitres 5 à 26) se compose de deux parties : (1) chapitres 5 à 11 : les dix commandements et leur explication pratique ; (2) chapitres 12 à 26 : code de lois constituant le noyau du livre. Le troisième discours (chapitres 27 à 30) contient le renouvellement solennel de l’alliance entre Israël et Dieu. L’annonce des bénédictions qui suivent l’obéissance et celle des malédictions qui suivent la désobéissance au cas où l’on aurait la mauvaise idée de ne pas obéir, et cela va évidemment arriver plus tard. Les chapitres 31 à 34 décrivent la transmission de la loi de Dieu aux Lévites, et le livre se termine par l’installation de Josué et par la mort de Moïse.

Chose curieuse, Moïse meurt en dehors de la Terre promise. Il peut contempler le pays, mais il n’y entre pas. Dès lors, on peut dire, oui, mais l’entrée dans la terre promise figure racontée dans le livre suivant dans le livre de Josué. Seulement, pour le judaïsme il se rencontre une césure très claire à la fin du Pentateuque. En effet, il est dit alors : « plus jamais un prophète ne s’est levé comme Moïse lui que Yahvé avait connu face à face. » L’on retrouve bien des prophètes après Moïse, mais aucun ne peut égaler Moïse. Une sorte de césure avec Moïse se trouve faite. Plusieurs façons d’organiser le Pentateuque restent possibles. Toutefois, pour expliquer la division canonique en cinq livres, la structure doit tenir compte d’un certain nombre d’éléments placés au début ou à la fin de ces livres. Par la suite, on fait appel à la conception largement répandue dans le Proche-Orient ancien selon lequel le dieu créateur règne sur la création quand il peut se bâtir un temple au milieu de sa création. Dans le Pentateuque, ce sanctuaire est la tente de la rencontre ou Yahvé vient demeurer dans le dernier chapitre de l’Exode (Ex 40). C’est ensuite de la tente de la rencontre qu’il organise le camp d’Israël (Lévitique), puis le guide à travers le désert (Nombre) vers la terre promise. Le livre de la Genèse explique quel est le peuple que le Dieu créateur s’est choisi pour venir y résider ; et le livre du Deutéronome figure le premier commentaire de la loi que Dieu a promulguée pour le peuple dont il est le seul souverain depuis qu’il l’a fait sortir d’Égypte.

Tableau pentateuque

On peut voir également qu’au centre se trouve le livre du Lévitique. Vous possédez deux cadres qui se correspondent, la Genèse et le Deutéronome. Ils se correspondent surtout par rapport à l’importance qu’ils donnent à la promesse du pays. Mais aussi par la mise en parallèle de Jacob et de Moïse. À la fin de la Genèse, Jacob va en effet prononcer des oracles et des bénédictions sur ses 12 fils. Moïse va effectuer exactement la même chose juste avant sa mort et dans les deux cas on va en effet mettre en parallèle l’ancêtre et le médiateur, Jacob et Moïse. L’Exode et les Nombres se correspondent également déjà par l’itinéraire, du Sinaï on s’arrête dans l’Exode, et l’on repart dans le livre des nombres. Un certain nombre des épisodes se trouvent racontés dans les deux livres. L’eau qui jaillit du rocher la manne les cailles, l’installation de la pâque, etc.. Les traditions parallèles dans les deux livres se correspondent, nous découvrons au centre le Lévitique, celui qu’on lit peut-être le moins.

Le Lévitique est en effet considéré comme le livre central et ce qui demeure le plus central à l’intérieur de tout cela c’est en effet le Yom Kippour le jour du grand pardon qui réalise le centre. Cette idée conduit en ce que par un certain rituel vous pouvez en fait chaque année recommencer si vous savez comment vous purifier le sanctuaire et la communauté.

Deuxième partie les Nebi'im

Ce qui peut paraître un peu étonnant ici c’est que nous avons affaire à une toute première partie qui ne demeure pas vraiment prophétique. L’on nous expose l’enchaînement de l’histoire de la conquête jusqu’à la chute de Jérusalem. Au moyen-âge naquit cette idée de distinguer entre les prophètes antérieurs les Nebi'im rišonim et les Prophètes postérieurs Nebi'im abaronim. La première partie se trouve des recueils qui relatent la suite de l’histoire avec Josué et l’on reprend là où l’on s’est arrêté dans le Pentateuque avec la mort de Moïse. On raconte l’entrée dans le pays de Canaan la conquête et la mort de Josué. On arrive au livre des Juges qui relate toutes sortes d’aventures des chefs charismatiques surtout du nord. Il s’ouvre en fait par une introduction, une sorte d’épisode en deux périodes. C’est un peu comme un intermédiaire entre la conquête et la royauté. Le concept repose sur une sorte de cycle d’apostasies où chaque fois le peuple va chercher d’autres dieux. Dès lors, Yahvé se met en colère et il envoie des juges lorsque le peuple se repentit. Tout à la fin, on retrouve une sorte de refrain « il n’y avait pas de rois en Israël chacun faisait ce qui lui plaisait. » L’idée reste évidemment de préparer l’histoire de la royauté que nous avons dans les livres de Samuel. Les deux livres de Samuel résidaient tout d’abord en un seul livre où l’on relate en premier lieu l’histoire du prophète Samuel qui sera associé à la mise en place de la monarchie. C’est lui qui effectivement désigne selon la volonté de Yahvé le premier roi Saül. Mais ce chois se trouve immédiatement rejeté par Yahvé qui l’écarte aussitôt. Il le repousse, car il préfère David dont on va raconter d’abord son ascension. Celle-ci commence avec son duel contre Goliath et abouti lorsqu’il devient roi. Il s’empare de Jérusalem et effectue de cette ville sa capitale. Le prophète Nathan lui annonce une dynastie éternelle. Est-ce que cette promesse de dynastie éternelle va vraiment se réaliser puisque Jérusalem tombera et sera détruit plus tard ? Finalement, dans la deuxième partie des livres de Samuel on découvre l’histoire de la succession au trône de David. Là, celui-ci apparaît de manière moins glorieuse que dans la première partie. Qu’on se souvienne de l’histoire avec Bethsabée, et sa relation pas très légitime avec cette femme épouse d’Urie le Hittite officier de l’armée. David va s’arranger à se qu’il meurt au combat. Le prophète Nathan reprocha peu après à David son meurtre, d’abord en lui relatant une histoire très émouvante. Par la suite, Nathan informe David que l’enfant conçu avec Bethsabée doit mourir. En effet, leur premier fils mourut après sept jours. David et Bathsheba conçurent ensuite Salomon. Celui-ci deviendra son successeur, mais avant l’histoire nous expose les révoltes d’Absalon un de ses fils. L’ouvrage se termine avec un récit sur la découverte de l’emplacement du temple ; même si David n’a pas construit le temple c’est lui qui en découvre l’endroit où il sera bâtit pas son fils Salomon. Alors le livre des Rois s’ouvre avec l’histoire de Salomon et raconte l’histoire des monarchies.

En hébreu, les livres des Rois se nomment Melakhim [מלכים]. À l’origine, les deux livres des Rois n’en formaient qu’un. Ce n’est que lors de la traduction de la Septante que ce livre est rattaché à celui de Samuel sous le titre générique de Règnes. Il se trouve partagé en quatre parties qui correspondent donc à Samuel 1 (Règnes 1), Samuel 2 (Règnes 2), Premier livre des Rois (Règnes 3) et le Second livre des Rois (Règnes 4). Le regroupement opéré par la Septante est plus tard abandonné, et Samuel et le livre des Rois retrouvent leur indépendance, mais la scission en deux livres persiste. La division en deux parties ne présente d’autres causes que des considérations physiques, à savoir la longueur des rouleaux. En effet, le texte en grec prend plus de place que le même en hébreu et lors de la traduction, le mettre sur deux rouleaux distincts apparut préférable.

Après le récit de la mort du roi David vers -970, le livre des Rois retrace l’histoire du règne de Salomon jusqu’à sa mort (1 Rois 1-11). Puis vient la partie qui va de la scission en deux royaumes en 1 Rois 12 jusqu’à la chute du royaume d’Israël (2 Rois 17). Enfin, les derniers chapitres (2 Rois 18 à 25) racontent la vie des derniers rois de Juda jusqu’à la chute de Jérusalem. Ces deux dernières parties représentent des successions de rois dans deux royaumes contigus. Le début et la fin de chaque règne figurent décrits avec des formules récurrentes. On peut lire ces livres-là dans le Pentateuque comme une seule histoire.

Quand vous passez à la deuxième partie, vous trouvez les prophètes proprement dits. Les passages d’un royaume à l’autre, les retours en arrière lorsque le regard se porte sur l’autre royaume entraînent un enchevêtrement des narrations concurrentes semblables à des tapisseries. Tout le récit est de cette façon lié, mais d’autres éléments renforcent cet effet. Ainsi des répétitions d’expressions restent utilisées lors de l’accession au trône d’un nouveau roi ; des formules réalisent l’écho d’un roi à l’autre, des scènes se retrouvent comme la mort de Jézabel et celle d’Athalie ou bien le ministère d’Élie et celui d’Élisée. Une analyse plus générale montre ainsi que des thèmes essentiels demeurent au cœur du message de l’auteur. La promesse de Yahvé et sa rupture face à l’apostasie presque continue des rois, les menaces que font peser les peuples étrangers, et particulièrement les femmes qui mènent à l’idolâtrie, l’importance du temple, etc.

Les livres prophétiques s’ouvrent souvent avec le livre d’Ésaïe (Isaïe). Là pareillement, contrairement au Pentateuque où l’ordre se trouve toujours stable, dans les différents manuscrits des prophètes il n’en est pas de même. On retrouve des manuscrits où cela débute avec les douze petits, et parfois l’on peut en rencontrer d’autres qui commencent par Jérémy, et enfin d’autres qui démarrent par Isaïe. Ces derniers devinrent petit à petit la manière traditionnelle de présenter les choses, et si cela s’engage par Isaïe ce n’est certainement pas par hasard. Certes dans Isaïe l’on trouve en fait l’ensemble de la période prophétique, c’est-à-dire de l’époque des deux royaumes jusqu’à l’époque perse. Dans le judaïsme, on va avoir après l’idée qu’après l’époque perse la prophétie s’est arrêtée. Cela correspond un peu à la présentation de cette partie du canon parce qu’en effet les derniers prophètes apparaissent de l’époque perse. Dans le livre d’Isaïe on distingue trois parties le proto-Isaïe ou premier Isaïe qui est situé sous la domination assyrienne à Jérusalem. Le second Isaïe réalise l’annonce de l’arrivée du roi perse après déjà la destruction ; et l’exil babylonien qui est présenté comme le Messie de Yahvé. Finalement, le troisième Isaïe contient une collection d’oracles dans la deuxième partie de l’époque perse.

Jérémie et Ézéchiel, deux prophètes qui sont tous les deux situés aux alentours de la destruction de Jérusalem. Jérémie qui annonce la destruction, et cela est une spécificité de Jérémie. Il raconte beaucoup d’histoires sur sa personne en réalisant une sorte de biographie, et Jérémie est un personnage très intéressant parce que finalement on dispose de deux livres de Jérémie. Si vous prenez la bible grecque, on retrouve un Jérémie très différent que celui de la bible hébraïque, et les chapitres ne figurent pas dans le même ordre, celui en grec se trouve beaucoup plus court que celui en hébreu. Donc peut-être en fait on se trouve en présence d’un texte grec plus ancien que celui en hébreu. Jérémie, après la destruction de Jérusalem par les Babyloniens va subsister dans le pays. Il va y rester jusqu’au moment où il se trouve amené de force par le peuple en Égypte contrairement à Ézéchiel qui apparaît comme vivant parmi ceux qui en 597, vont être déportés à Babylone. Les deux Ézéchiel et Jérémie ont d’abord des oracles contre Israël, puis des oracles contre les nations qui préparent en fait des oracles de restauration et la vision du nouveau temple. Ensuite, on présente les douze petits prophètes, ou prophètes mineurs, moins à cause de la moindre importance de leur message que de leur moindre étendue. On les nomme Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie. C’est l’ordre dans lequel ces livres apparaissent dans la bible hébraïque, cet ordre demeure susceptible de varier quelque peu selon la tradition religieuse à laquelle elles se réfèrent. Ce classement essaie, tant bien que mal, de suivre un ordre chronologique qui, à la lumière de nos connaissances actuelles, ne peut apparaître qu’imprécis, d’autant plus qu’on ne saurait faire coïncider le temps où ces prophètes vécurent — si tant est qu’ils aient tous existé — et celui où furent rédigés les livres qui sont associés à leurs noms. À l’origine, ils forment un seul rouleau. Si vous comptez tous les chapitres, cela fait soixante-cinq chapitres, et c’est exactement la taille du livre d’Isaïe à un chapitre près. Les premiers livres se trouvent mis par écrit au VIII siècle à l’époque de Jéroboam II en Israël. Ensuite, on descend au fur et à mesure jusqu’à Aggée, Zacharie, et Malachie qui sont situés à l’époque perse.

Les Nevi'im sont traditionnellement regroupés en deux ensembles :

Les Premiers Prophètes (Nevi'im Rishonim [נביאים ראשונים] - c’est-à-dire prophètes antérieurs à la chute du Premier Temple et l’exil) dont le récit s’étend de Josué aux Rois.

Les Derniers Prophètes (Nevi'im Aharonim) [נביאים אחרונים] — les prophètes ultérieurs à l’exil, ils contiennent surtout des prophéties sous forme poétique.

L’ordre des livres du judaïsme est repris dans le protestantisme.

Parmi ces livres il en a un qui figure assez curieuse très différente de tous les autres, c’est le livre de Jonas. Ce n’est pas vraiment un livre prophétique parce qu’il ne possède pas de prophétie stricto sensu. C’est une sorte de narration un récit un peu ironique qui insiste sur le fait que Yahvé peut changer d’avis. Lorsque Jonas annonce la destruction de Ninive, finalement Dieu décide de leur faire grâce parce que les habitants de Ninive se comportent bien, ils effectuent des jeûnes et ils se repentent tous. Par conséquent, Dieu décide de ne pas détruire Ninive. Alors Jonas demeure très mécontent. Pourquoi se trouve-t-il mécontent ? Il apparaît mécontent, car selon le Deutéronome celui-ci ressortirait en faux prophète. Dans le Deutéronome, on apprend que si un prophète dit quelque chose de la part de Yahvé et que cela n’advient pas, c’est qu’il n’a pas parlé au nom de Yahvé ; dès lors, c’est un faux prophète. Donc il a annoncé la destruction de Ninive et cela n’est pas arrivé. C’est toute une réflexion pour notifier que le Dieu de la Bible peut aussi changer d’avis.

 

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