Évangélisation ou prosélytisme ?

Évangélisation ou prosélytisme ?

 

Évangélisation ou prosélytisme ?

S’il y a un terme qui aujourd’hui est connoté négativement, c’est bien celui de « prosélytisme ». Ce terme n’était pas péjoratif à l’origine, mais il a pris dès le milieu du XIX° siècle une nuance dépréciative et polémique. Il désigne l’attitude de ceux qui cherchent à recruter des adeptes, qui tentent d’imposer à d’autres leurs idées.

L’annonce explicite « de la Foi » peut devenir prosélytisme. Il est crucial de bien définir le sens des mots.

Le prosélytisme est devenu un terme désignant une attitude sectaire qui tend à utiliser la faiblesse psychologique ou matérielle de ses interlocuteurs avec des moyens de propagande disproportionnés. En ne faisant pas appel à l’intelligence et à la liberté de l’individu, le prosélytisme devient une idéologie.

Pourtant les évangiles rappellent bien l’invitation permanente : « Allez dans le monde entier et proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16,15).

Adhérer à cet ordre du Seigneur n’est pas une option pour un chrétien : c’est sa « tâche obligatoire ». Pour correspondre à une telle identité et proclamer quoi ?

L’Évangile du Christ, Jésus crucifié et ressuscité pour tous, le Sauveur vivant, la Miséricorde qui sauve ?

Mais il y a une grande différence entre le prosélytisme qui est une diffusion malsaine d’une idéologie et l’annonce qui est le témoignage authentique d’une personne vivante : de Jésus le Christ qui vit en nous. Ainsi compris évangéliser « souvent en masse ou en groupe » pour ramener des fidèles dans un cadre établi tel qu’une église ou une assemblée quelle qu’elle soit, sans laisser le libre arbitre aux ou à l’évangéliser(s) c’est-à-dire dans quel cadre celui-ci désirer exprimer sa foi nouvelle en Jésus-Christ c’est faire du prosélytisme, car s’est forcé la façon dont il doit croire en l’Évangile. Ainsi peuvent-être remis en cause certains systèmes d’évangélisations.

Ainsi qu’en des chrétiens protestants évangéliques au nom d’une évangélisation tante de convaincre un catholique ou un protestant d’une autre tendance, ou encore un musulman à adhérer à son courant de penser il y a prosélytisme. Ainsi il est nettement mieux que l’évangélisation soit faite de façon œcuménique.

Autrement dit, le souci premier de l’évangélisateur ne doit pas être de ramener à son église des fidèles, mais de sauver des âmes. Encore faut-il que l’évangélisateur soit assez ouvert d’esprit et ne pas croire que lui et son église son détenteur de la seule vraie doctrine et la vraie foi. L’évangélisation doit être faite dans un esprit œcuménique.

Un prosélyte est quelqu’un qui est animé d’un zèle qui le pousse à propager ses convictions pour faire de nouveaux adeptes.

Le terme évangélisé quant à lui vient d’un mot grec qui signifie partager la Bonne Nouvelle (l’Évangile). La différence, si elle semble parfois difficile à discerner, existe néanmoins au niveau pratique : elle réside dans l’écart énorme qui existe entre faire du matraquage pour convaincre (prosélytisme) et partager une information importante dans le respect de l’autre (évangéliser).

Par exemple une pratique que j’ai rencontrée  :

Il s’agit d’une bourse aux vêtements où des vêtements sont distribués gratuitement aux plus démunis dans les locaux de l’église. Jusque-là, pas de soucis il s’agit bien d’œuvres de charité. Le secours catholique, ainsi que l’armée du salut pratiquent cela depuis longtemps sans problème. Seulement cette église a ajouté à son œuvre de charité une « évangélisation » comment s’y prend-elle ?

 

 

 

Bourse aux ve tements

 

Bien sûr, sur leur publicité il n’est aucunement mentionné que l’accueil consiste à écouter un prêche et le goûter à un matraquage pour vous convertir à leur église.

C’est simple avant d’avoir accès aux salles où sont entreposés les vêtements, chaussures, affaires pour bébés, etc. Les personnes venant profiter de cette distribution (donc le plus souvent des personnes défavorisées fragilisées socialement) doivent se rassembler dans la salle de culte pour l’accueil où on leur propose un goûter, des friandises aux enfants, des jouets. L’accueil consiste à écouter un prêche, et pendant le goûter les membres de l’église, par petits groupes tentent de convertir à leur foi les participants. Ces chrétiens profitent ainsi de la faiblesse souvent sociale des personnes venant chercher de quoi vêtir leurs enfants ou eux-mêmes pour l’hiver. Ce genre de pratique est du prosélytisme, car cette forme d’évangélisation profite de la vulnérabilité et de la faiblesse des gens. « Si tu veux recevoir aumône écoute d’abord mon prêche ». « Si tu veux manger un goûter écoute l’Évangile » « si tu veux être vêtu, laisse-moi tenter de te convertir » ce genre de pratiques est inadmissible.

« Mais quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, » (Matthieu 6, 3)

Le propre du péché d’orgueil est de s’imaginer que l’on peut prendre la place de Dieu. Or, on fait du prosélytisme dès que l’on tente de se substituer à Dieu dans le rôle que Lui et Lui seul peut jouer dans la conscience de l’autre.

La Bible est claire sur ce point : « c’est le Saint-Esprit qui convainc du pêcher, de justice et de jugement » (Jean 16.8)

Nous avons donc, en tant que Chrétien, non seulement le droit, mais aussi le devoir de partager la Bonne Nouvelle. Mais il faut le faire en respectant d’une part la conscience de l’autre, et d’autre part le rôle de Dieu.

N’oublions pas que la puissance qui fait passer des ténèbres à la lumière du salut réside dans l’Évangile, donc dans l’enseignement de Jésus pas dans l’évangéliste ou même l’église évangélique.

Une tension œcuménique

Entre proclamation commune et concurrence

Dans quelle mesure est-il possible de concilier une approche œcuménique et un engagement missionnaire ? L’évangélisation sans quête de l’unité est infidèle, comme la recherche de l’unité est infidèle sans évangélisation. Il n’y a pas de corrélation automatique entre prosélytisme et ouverture œcuménique. On trouve des exemples dans les deux sens. Du fait de l’effondrement du christianisme, l’action prosélyte s’adresse aujourd’hui en priorité aux contemporains non chrétiens. Il est donc nécessaire de revenir aux fondements du christianisme qui ne sont plus connus de nos sociétés. Le rejet des institutions ecclésiales traditionnelles contribue à rendre aujourd’hui le prosélytisme plus œcuménogène qu’œcuménicide.

Un appel à établir des relations responsables dans la mission et à renoncer au prosélytisme

Le souci du témoignage commun et de l’unité des Églises a toujours été prioritaire pour le mouvement œcuménique et le Conseil œcuménique des Églises, qui ont reconnu que le prosélytisme est un scandale et un contre-témoignage. De nombreuses reprises, des déclarations œcuméniques ont exprimé le besoin de plus de netteté dans la manière de vivre les relations dans la mission, de plus de fermeté dans l’engagement à témoigner dans l’unité et à renoncer au prosélytisme. Et pourtant, depuis près de 50 ans le prosélytisme demeure une réalité douloureuse de la vie des Églises.

La question du prosélytisme resurgit aujourd’hui comme un facteur de division entre les Églises et même comme une menace pesant sur le mouvement œcuménique.

Certains se croient dans la bonne Église et témoignent le fait que parce qu’ils ont cessé de fumer, de boire du vin, de manger de la viande ou d’aller au cinéma, ou sortir en boîte de nuit, ou battre leur femme et leurs enfants. (J’appelle tout cela du bourrage de crâne et non de l’évangélisation.) Et finalement, on commence à se prendre pour un docteur de l’Écriture… Et à trouver stupides tous ceux qui ne croient pas comme nous !

L’évangélisation n’est pas une œuvre qu’on fait pour aller au Ciel.

Certaines sectes font du porte à porte du colportage, une condition de salut. Tu n’es pas sauvé si tu ne fais pas tant d’heures de porte-à-porte par semaine, dit-on au nouveau converti. On le dit même au candidat à la conversion, car on lui refuse le baptême s’il n’accepte pas de témoigner sa vie passée devant public dire combien il était pêcheur, mais aujourd’hui Dieu l’a sauvé. On demande au nouveau converti de faire tant d’heures par semaine de porte à porte.

Nous en arrivons ici au salut par le prosélytisme. Le degré la plus, grave qui soit de cette pratique néfaste. Pour que les membres de la secte ou de l’Église propagent leur foi, on argue la perdition ou le salut, la menace du jugement de Dieu, l’Enfer éternel, etc.. Ceci ne ressemble en rien ni a l’esprit ni a la lettre du Nouveau Testament. Je dis qu’il y a ici coercition et que cette pratique est condamnable au plus haut point.

Or, nous nous faisons des illusions si nous nous imaginons que le véritable motif de notre zèle n’aura aucune répercussion sur la qualité de notre exemple et de notre message. Nous ferons sans doute des adeptes, et peut-être même beaucoup d’adeptes. Comme le font aujourd’hui certains évangéliques capables de rassembler des milliers de personnes dans des mégaéglises avec retransmission sur des chaînes de télévision et écrans géants. Mais nous provoquerons aussi la haine, la colère, une légitime irritation. Certaines sectes se vantent des nombreuses adhésions qu’elles obtiennent par ce travail. Mais elles veulent ignorer qu’à cause de telles méthodes des gens sont irrémédiablement dégoûtés par la religion, et le christianisme. Lorsque le péché et la culpabilité deviennent le motif de l’évangélisation, ou de la conversion, c’est encore la quantité au détriment de la qualité, c’est encore une fois la corruption du message divin.

Comment pouvons-nous parler de la grâce de Dieu, de son Amour et sa miséricorde, tout en prêchant ces choses uniquement par crainte du châtiment divin ? Est-il une contradiction plus absurde que celle-là ? Même les chrétiens doivent y prendre garde.

QU’EST-CE QU’ÉVANGÉLISER

1. Évangéliser, c’est faire connaître une bonne nouvelle. II y a de la joie, de la paix, de la ressource, de la miséricorde, de la justice dans une bonne nouvelle. Voilà tout ce que doit refléter notre évangélisation.

2. Évangéliser, c’est faire connaître une personne et son enseignement  : Jésus. Pas des théories, pas des connaissances d’expert et d’initié, pas quelque chose de secret ou de caché, pas des dogmes froids et sans vie, mais une personne et son enseignement historique humain et divin, une personne vivante aujourd’hui part ce qu’elle nous a enseigné, l’Amour de Dieu et l’Amour du prochain, l’Amour universel de Dieu.

3. Évangéliser, c’est dire combien Dieu est un Père aimant, et qu’il Aime et secours tous les hommes, quels qu’ils soient, et de quelle façon nous pouvons répondre à son Amour. Ceci est bien résumé en Jean 3 16 : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. » II faut insister sur la foi, car c’est sur elle que repose notre réponse à Dieu, mais cette foi n’est pas l’obéissance aveugle en des doctrines ou dans un dogme ou un dirigeant religieux, cette foi doit être en accord total avec notre raison. Tant qu’il n’y a pas dans la foi une adhésion du cœur et de la raison, une confiance, une certitude, il est inutile d’aller plus loin. Parler de baptêmes ou d’Église à une personne qui doute de la véracité de l’enseignement de Jésus, à quoi cela sert-il ?

4. Évangéliser, ce n’est pas faire un appel à l’obéissance, mais à la raison de celui qu’on évangélise. La foi, pour être efficace, doit s’accorder à la raison. Jésus ne doit pas devenir un Seigneur à qui l’on se doit d’obéir par contrainte, par la peur, comme celui qui dirige nos vies de A à Z. certes rien ne doit empêcher Jésus d’avoir la première place dans nos cœurs et je dirais même ce n’est pas Jésus lui-même qui doit avoir la première place, mais son enseignement, ce qu’il nous a fait connaître c’est-à-dire Dieu, « le Père » oui c’est Dieu qui doit avoir la première place, et nous serons désormais conduits par Sa Parole. Nous voulons désormais apprendre de lui, être un disciple. C’est ce que le Nouveau Testament appelle la repentance : c’est un changement de direction, d’orientation. Un Évangile sans appel à la repentance est un message boiteux qui fait des chrétiens boiteux.

5. Évangéliser, c’est mettre l’espérance dans le cœur. C’est mettre l’humain et l’humanité dans notre Amour, et avoir foi en cette humanité en l’humain fait à l’image de Dieu. Pour évangéliser, il faut être au fond de soi un humaniste, et l’espérance chrétienne n’est pas à sens unique. Elle recouvre toute notre existence, tout notre passé, tout le présent et tout l’avenir. Jésus « son enseignement » répand son Esprit non sur ceux qui lui obéissent, mais sur ceux qui croient en son enseignement.

 

Commentaires

  • Pierre Dubois

    1 Pierre Dubois Le 25/10/2020

    L'exemple que vous donnez montre combien ces gens sont vils et ressemble à des pratiques commerciales où on vous invites à une soirée ou au restaurant et des hôtesses cherchent à vous vendre des produits de luxes

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