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sur l’inerrance biblique

La Parole de Dieu c’est Jésus.

 

 

Foi et raison 3

     

 

À plusieurs reprises, les Écritures désignent Jésus comme La Parole de Dieu (Jean 1, Apocalypse 19 : 13), en revanche jamais elles ne s’autodésignent ainsi. L’argument avancé par ceux qui défendent l’idée que la Bible peut être désignée dans son ensemble comme la « Parole de Dieu », est de faire remarquer que de nombreuses fois il est fait mention que Dieu parle, avec des expressions comme « Ainsi parle l’Éternel ».

Mais nous pouvons faire deux remarques :

a) Ces expressions, si elles sont aussi courantes, c’est justement parce qu’elles introduisent des citations très précises. Jamais elles ne désignent la Bible dans sa globalité, mais elles se réfèrent toujours à un ensemble bien délimité de paroles

b) surtout ces expressions sont très mal réparties : dans leur immense majorité, elles sont contenues dans des textes prophétiques, ce qui est logique puisque comme leur nom l’indique, ils transmettent les paroles de Dieu. En revanche, on ne les trouve pas dans d’autres livres, comme l’Ecclésiaste ou le Cantique des Cantiques. Plus intéressant encore, on peut noter que dans le livre d’Esther, du moins dans sa version massorétique, Dieu n’est même pas directement mentionné.

Dieu nous parle-t-il par la Bible ?

On pourrait objecter : la Bible est la Parole de Dieu, car à travers sa lecture, Dieu nous parle personnellement.

Certes et c’est un fait, mais Dieu se sert aussi de sa création (Psaume 19 : 2) « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue fait connaître l’œuvre de ses mains. » Et même d’une ânesse (Nombres 22) pour parler aux hommes. Pour autant qualifie-t-on les cieux ou l’ânesse de Balaam de « Parole de Dieu » ? Non, car ce ne sont pas directement la Parole de Dieu, mais uniquement des instruments, et c’est aussi le cas de la Bible.

Il est intéressant de remarquer que les auteurs du Nouveau Testament, lorsqu’ils citent la Bible, ne disent jamais « La Parole de Dieu dit », mais « Il est écrit », « D’après les Écritures » ou d’autres expressions semblables. La Bible est toujours désignée comme « l’Écriture » ou « les Écritures ». Cette précision verbale est d’ailleurs respectée par les premières générations de chrétiens qui prendront bien soin de distinguer « Écriture(s) » et « Parole de Dieu ».

En fait, employer l’expression « la Parole de Dieu » pour désigner la Bible dans son ensemble, c’est négliger la diversité des auteurs bibliques, et des textes bibliques.

Cette confusion pose par ailleurs certains problèmes.

Prenons trois cas très concrets : se remarier après une répudiation, est-ce de l’adultère ? Ou se remarier avec une femme répudiée est-ce de l’adultère ?

D’après la Torah : non. (Deutéronome 24)

D’après Jésus : oui (Luc 16 : 18)

Selon le Lévitique ch 20 v10 « Si un homme commet un adultère avec une femme mariée, s’il commet un adultère avec la femme de son prochain, l’homme et la femme adultères seront punis de mort. » Et c’était la lapidation.

Selon Jésus (la Parole de Dieu incarnée) : (Jean ch8 v3-5) : « Alors les spécialistes de la loi et les pharisiens amenèrent une femme surprise en train de commettre un adultère. Ils la placèrent au milieu de la foule et dirent à Jésus : Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes. Et toi, que dis-tu ? » Notons que ceux-ci disent : Moïse dans la loi, et non pas Yahvé dans sa loi.

Nous connaissons la réponse de Jésus (v 10 et 11) : « Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a donc condamnée ? »

Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas… »

À ce moment, il y a donc trois possibilités :

=> soit, la Parole de Dieu se contredit.

=> Soit, Dieu a changé d’avis.

=> Soit un des deux textes n’est pas la Parole de Dieu. (Ce qui implique que la loi morale dans l’Ancien Testament peut-être relatif selon les époques)

En l’occurrence, en tant que chrétien, la solution est assez simple, puisque Jésus, la Parole de Dieu incarnée, donne lui-même la réponse :

« Et Jésus leur dit : c’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a donné ce précepte. Mais au commencement de la création, Dieu fit l’homme et la femme ; c’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint. » Marc 10 h 5-9

L’autorisation du divorce ou la lapidation (peine de mort) ne vient donc pas de Dieu, mais de Moise. Et ce n’est qu’un compromis temporaire que Jésus annule finalement.

Les évangiles arrêtent ici la conversation et ne nous rapportent pas la suite. En revanche, nous pouvons connaître le point de vue pharisien grâce au Talmud.

« Celui qui dit “La Torah n’est pas de Dieu”, ou même s’il dit “Toute la Torah est de Dieu à l’exception de ça, ou ce verset n’est pas de Dieu, mais Moïse l’a dit de sa propre bouche” sera retranché ». (TB Sanhédrin 99a)

Nous voyons que ce passage concerne explicitement la situation vue précédemment, puisqu’effectivement, Jésus contestait l’origine divine de l’autorisation du divorce, et la lapidation (peine de mort) qui pourtant fait partie de la Torah (Deutéronome 24, Lévitique 20) et même de la loi du Talion : Exode ch21, v23-25 : « Mais si malheur arrive, tu paieras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure. » Et en Lévitique, ch24, v17-22 : « Si un homme frappe à mort un être humain, quel qu’il soit, il sera mis à mort. »

Qu’en dit Jésus en Matthieu chapitre 5 : 

« 38 vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, et dent pour dent. 39, Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre. »

« 43 Vous avez appris qu’il a été dit : tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. 44, Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, 45 afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux. »

On ne peut être plus clair, Jésus ne considère donc pas toute la Torah (l’Ancien Testamant) comme « Parole de Dieu », mais il fait au contraire la distinction entre ce qui vient directement de Dieu et ce qui vient de Moise (ou d’un législateur postérieur) de la tradition ; bref des hommes.

En réalité la Bible, ne peut pas être la Parole de Dieu, car Jésus est déjà la Parole de Dieu et cela dès le commencement. Si la Bible était aussi « Parole de Dieu », alors Jésus ne serait plus « la Parole de Dieu », mais « une Parole de Dieu », donc un messager ce que les écritures nomment un « Ange » angelos en grec. Le fait de désigner Jésus comme la Parole de Dieu, exclus qu’il puisse y avoir une autre parole de Dieu.

Simple pinaillage grammatical ? Pas si sûr.

Religion du livre ou du Verbe incarné ?

En fait, cette question concerne directement notre façon de concevoir le christianisme.

Dans le Coran, le christianisme est considéré comme une « religion du livre » et en assimilant « Bible » et « Parole de Dieu », beaucoup de chrétiens donnent raison à cette vision islamique de la chrétienté. Ainsi la Bible serait un « coran chrétien ». Le judaïsme se considère plutôt comme la « religion de l’interprétation du Livre ». Les rabbins ne considèrent pas la Torah comme un livre, mais un ensemble de livres.
Judaïsme et christianisme partagent l’Ancien Testament dans des versions légèrement différentes, contrairement à l’islam qui ne reconnaît pas ce livre. Le catholicisme romain se considère comme n’étant pas une « religion du Livre » et rejette cette appellation. Le pape Benoît XVI critique comme un fondamentalisme la lecture littérale d’un texte alors que celui-ci est conditionné par son époque d’écriture ; selon lui, le christianisme s’affirme par la Parole de Dieu, le Verbe, le Logos fait chair et non par l’écrit.

Car c’est là une grande erreur : dans le christianisme, Dieu n’a pas fait descendre Sa Parole sous forme d’un livre, mais sous forme d’un homme qui enseigne (d’un Rabi). L’équivalent du coran chez les chrétiens n’est donc pas la Bible, mais Jésus de Nazareth.

Nous ne sommes pas une « religion du livre », mais celle de : La Parole de Dieu fait homme pour nous enseigner et pour notre salut.

Car la Bible est un livre, écrit par des hommes « Sains d’Esprit » ou « d’Esprit saint » (2 Pierre chapitre 1, v21) : « Les saints hommes de Dieu, étant poussés par le Saint-Esprit, ont parlé. » Ainsi la Bible est une collection de récits d’hommes qui à leur époque et leur conception du divin, poussée par leur foi et l’Esprit saint (leur conscience de Dieu) ont rendu témoignage de ce que : Dieu fut, fit, enseigna, dans leur vie, à leur façon avec leurs mots, leurs traditions, au travers leur société. Ils nous disent ce qu’est Dieu, qui il est, et ce qu’il fait, ce qu’il veut et attend de nous selon leur perception toute personnelle de Dieu. Autrement dit : Jamais ils ne parlent au nom de Dieu, sauf lorsqu’ils emploient des expressions comme « Ainsi parle l’Éternel » et là encore le texte doit être remis dans son contexte.

Et si Dieu a cru bon de devoir incarner sa parole en Jésus, il faut croire que la solution précédente n’était pas parfaite.

Jésus étant la Parole de Dieu incarnée, tout son enseignement peut être directement considéré comme La Parole de Dieu. (mais là encore faut-il encore avoir la clef pour le comprendre, Jésus utilise souvent des paraboles pour enseigner), mais c’est déjà une base assez solide pour discerner tout le reste.

Une précision néanmoins. Ce n’est pas parce qu’un texte n’est pas la Parole de Dieu qu’il n’est pas utile ou inspiré. Il faut hiérarchiser les textes, mais ne rien rejeter.

Le gros problème est que cette confusion entre « Bible » et « Parole de Dieu » conduit à une grave dérive, et c’est celle du fondamentalisme et de l’inerrance biblique.

Si l’utilisation de « Parole de Dieu » comme synonyme de « Bible » part d’une bonne intention, celle de valoriser l’autorité des Écritures, elle aboutit à un paradoxe, puisque ces mêmes Écritures, comme nous venons de le voir, réfutent très clairement cet amalgame.

L’inerrance biblique

La doctrine de l’inerrance biblique est considérée comme fondamentale par beaucoup de chrétiens. Elle a notamment été réaffirmée lors de la déclaration de Chicago (1973) pour les évangéliques dans son article N° 2 : « L’Écriture sainte, puisqu’elle est la Parole même de Dieu, écrite par des hommes préparés et gouvernés par son Esprit, a une autorité divine infaillible sur tous les sujets qu’elle touche : nous devons la croire, comme instruction de Dieu, en tout ce qu’elle affirme ; nous devons lui obéir, comme commandement de Dieu, en tout ce qu’elle prescrit ; nous devons nous attacher à elle, comme engagement de Dieu, en tout ce qu’elle promet. »

Or : « inerrance » veut dire « sans erreur ». L’inerrance biblique est la doctrine qui affirme que la Bible est « sans erreur » « dans les manuscrits originaux ». C’est-à-dire que, grâce à son inspiration, Dieu a préservé le texte original de la Bible de toute erreur, théologique bien sûr, mais aussi historique et « scientifique ».

Cette position se distingue cependant de la doctrine de l’infaillibilité biblique, prônée par exemple par l’Église catholique, qui considère que la Bible n’est infaillible que sur les questions théologiques, mais que cette infaillibilité ne s’étend pas aux domaines de l’histoire et « des sciences ».

Et en effet, la Bible n’est pas un livre d’Histoire avec un H majuscule ni un livre de Science. Son interprétation (des textes) ne peut donc aller contre les faits historiques ou scientifiques que les études, les expériences, et analyses objectives nous révèles.

Il faut se rappeler ce que personne n’aurait dû oublier, que la Bible n’est pas l’Histoire. Elle se place dans un temps « eschatologique ». Il n’y a rien de choquant à comparer la consistance historique des livres de Ruth ou de Jonas à celle des fables de La Fontaine comme : « Le loup et l’agneau » ou « Le corbeau et le renard » que nous enseignons dans nos écoles, et qui sont des récits tout aussi « édifiants ».

L’inerrance biblique est donc bien ce qui définit le « fondamentalisme ». Et je dois donner ici raison au pape Benoît XVI. Mais cette excrétion n’a pour moi rien de péjoratif et ne traduit aucun mépris. Fondamentaliste n’est pas forcément synonyme d’obscurantiste. Il y a bien entendu des fondamentalistes obscurantistes, comme il y a des libéraux obscurantistes, mais il y a aussi des fondamentalistes très compétents dans le domaine des études bibliques, et j’en connais personnellement plusieurs.

Par ailleurs, il faut rappeler qu’historiquement ce sont les fondamentalistes eux-mêmes qui se sont désignés ainsi et non leurs adversaires.

Quant au libéralisme, dont je partage plutôt les idées, c’est aussi parfois l’occasion pour certains de refuser de croire à l’aspect surnaturel de la foi (miracles, etc.). Là encore, c’est une désignation objective qui ne traduit de ma part aucun jugement de valeur.

Pourquoi nous faut-il abandonner l’inerrance biblique ?

Personnellement, je considère que cette croyance en l’inerrance biblique est plus un danger pour la foi qu’autre chose. Elle nous empêche de comprendre et suivre sur son chemin Jésus, qui est le « chemin la vérité et la vie » comprendre : le chemin de la vérité de la vie spirituelle.

Nous sommes bien obligés d’interpréter certains passages bibliques si non comment peut-on concilier les passages violents de la Bible avec l’idée d’un Dieu qui est Paix, Amour et Pardon ? Par exemple, l’histoire d’Élie contient de très beaux passages, mais il est aussi présenté comme un extrémiste fanatique, comment faut-il lire ces passages ? Il nous faut bien les interpréter, sans les prendre dans une lecture littérale sous risque de les assimiler et engendrer chez nous des pensées de « terroristes », car Élie serait certainement considéré aujourd’hui comme un criminel ou même comme un terroriste, ni plus ni moins que ces terroristes islamiques qui aujourd’hui assassinent au nom de leur croyance en criant : « Allahu akbar », et en effet Élie peut être considéré aujourd’hui comme l’un des leurs.

Il n’est pas difficile de s’apercevoir qu’au sein même de la Bible, il y a des divergences.

Certes, on peut toujours trouver toutes sortes d’explications pour résoudre ces « contradictions apparentes ». Cela pour une simple raison, c’est qu’une divergence c’est lorsqu’on affirme « une chose » et « le contraire de cette même chose ». Or, par l’interprétation d’un verset, on peut toujours lui faire dire le contraire. Par conséquent, il est toujours possible de transformer « une chose » en son « contraire de cette même chose ». Ainsi, il est toujours possible de résoudre les divergences, mais ces résolutions me semblent finalement plus infidèles au texte biblique qu’autre chose ; et beaucoup de « solutions » de ce qui est nommé : « contradictions apparentes » sont trop « abracadabrantes ». S’il n’y avait qu’une seule contradiction où la « solution » était un peu abracadabrante, on pourrait l’accepter, mais l’accumulation de celles-ci invite plutôt à chercher la réponse ailleurs, car ces solutions abracadabrantes ne peuvent être crédibles à la raison. On nous rétorque alors que la foi demande la mise de côté de sa raison. Et nous y sommes l’inerrance demande la séparation de la foi et de la raison.

D.R et D.D

 

Commentaires

  • Marcel Ducornet

    1 Marcel Ducornet Le 23/10/2018

    On m’a toujours appris que la Bible était la parole de Dieu, qu’elle était sans erreur ; et quand on y lit que Dieu fit le monde en 6 jours c’est en six foi 24 heures et que la Terre était vieille de six mil ans, que le déluge était un fait scientifique, ainsi qu’Adam et Ève et le jardin d’Éden. Qu’il ne fallait pas croire à l’évolution de Darwin que ce n’était que mensonges du Diable, et cela m’a causé beaucoup de problèmes lors de mes études. J’étais la risée de mes camarades et de mes profs (pourtant chrétiens) puisque je fréquentais un collège puis un lycée catholique. Cela m’a fait beaucoup de mal et à l’âge adulte pour ces raisons j’ai rejeté la Bible dans son ensemble et je l’ai interdite chez moi et à mes enfants de la lire. J’ai découvert récemment l’interprétation biblique et votre site (admirable) et je comprends maintenant. L’inerrance Biblique est un danger pour la foi et a cause de cela j’ai privé mes enfants d’une source essentielle de la vie, enseigner l’inhérence Biblique est donc un crime contre Dieu lui-même et contre l’humanité.
    Merci pour cet article et pour ce site. Je ne comprends hélas pas tout notamment les passages comparant les textes grecs et ceux en Hébreux, mais ce site est très enrichissant et m'a aidé à retrouver la foi et a croire en quelque chose.

    Marcel Ducornet

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