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Le christianisme et Jésus fils de Dieu.

 

Combien de temps a-t-il fallu aux chrétiens pour assimiler Jésus à Dieu ?

Les chrétiens ont débattu de cette interrogation pendant des centaines d’années. C’était le but des conciles aux quatrième et cinquième siècles. L’utilisation même du nom curieux de Seigneur par opposition au nom Théo et Dieu nécessite une distinction constante. Dans quelle mesure Jésus était-il Dieu, et dans quelle mesure était-il le fils de Dieu ? Chacun voulait trancher la question en faisant de lui soit entièrement un homme, soit totalement Dieu. L’orthodoxie chrétienne a pour conclure accepté cette double nature comme un mystère.

En l’an 30, l’exécution de Jésus sur la Croix et cette fin misérable marque pour ses disciples la ruine de tous leurs espoirs. La croyance qu’il ne soit pas mort qu’il est ressuscité va rapidement leur permettre de surmonter cette épreuve cette catastrophe. La première chose à apprendre c’est que la crucifixion de Jésus a pris ses disciples au dépourvu. On attendait une ère nouvelle, on souhaitait que la fin des temps soit triomphante. Dans l’évangile de Luc, il est dit que les disciples ont trouvé une solution à ce problème de la perte de toute espérance. Ils ont découvert on ne sait raisonnablement pas comment, peut-être Jésus leur est-il apparu, peut-être était-ce un processus intime ; l’historien ne sait pas, mais ils ont réussi à changer leurs espérances. Quand on regarde les premières confessions de foi qu’est-ce qu’ils disent ?

Il est dit essentiellement qu’il (Jésus) est mort et qu’il est ressuscité, c’est-à-dire que l’on introduit entre parenthèses, par quel mort est passé Jésus, une mort totalement infamante, la mort de la croix. La mort qui sert au châtiment appliqué à l’esclave fugitif, à celui qui n’est pas considéré comme un homme. C’est cela qu’il faut réaliser ce n’est pas un homme libre, c’est un châtiment certes que les juifs ont connu, mis en œuvre par des païens, donc encore plus abominable. D’où il semble que dans la première communauté chrétienne il y a eu toute une tendance à laisser entre parenthèses cette circonstance. C’est bien assez d’affirmer « il est mort et il est vivant aujourd’hui ». N’allons pas compliquer la première déclaration chrétienne en annonçant « il a été crucifié il est vivant aujourd’hui ».

C’est une situation de fait, parce qu’il faut bien dire la chose comme elle est, que le christianisme a foirée si je peux m’exprimer ainsi, auprès des juifs. Il se trouve qu’en même quelques convertis, mais c’est quand même un échec pour divers motifs. Mais la raison majeure c’est qu’un messie crucifié vous pouvez chercher cela dans le Pentateuque dans les prophéties ou dans les Psaumes, bref dans tout ce que les chrétiens nomment l’Ancien Testament, vous ne trouvez pas. C’était un scandale pour les juifs cela n’est pas possible. L’apôtre Paul le notifie très bien dans l’épître aux Corinthiens « un scandale pour les juifs », mais un crucifié qui plus est le Messie on cherche partout dans les écritures on ne trouve pas. Après l’on peut toujours en tirant par les cheveux faire déclarer au texte ce qu’il ne dit pas. Montrer que les souffrances et la mort en croix de Jésus ne mettaient nullement en question sa qualité de Messie, d’envoyé de Dieu, tel a été le défi lors de leur rédaction relevée par les évangiles de Matthieu, Marc et Luc, et ce, avant même de voir dans les réalités de l’Ancien Testament une prophétie de celles du Nouveau.

Si, par sa résurrection, Jésus était en effet devenu pour les disciples la figure royale glorieuse, messianique, attendue par les traditions juives, le rejet dont il avait été l’objet et sa mort ignominieuse semblait contradictoire aux attentes. Pour les rabbins, les Écritures n’annonçaient pas de Messie souffrant. Si donc la résurrection et la glorification confirmaient l’être Messie de Jésus, sa mort ne pouvait être celle d’un rebelle, d’un imposteur ou d’un blasphémateur : elle ne pouvait être étrangère et contraire aux voies de Dieu.

Voilà pourquoi Matthieu, Marc et Luc revisitèrent les Écritures pour y chercher et trouver des figures d’envoyés divins persécutés et rejetés, et ainsi démontrer que Jésus, parce que vraiment prophète, avait eu un destin tragique semblable au leur.

La croyance en une prophétie messianique du messie souffrant n’est aucunement juive, mais chrétienne.

Les chrétiens sont persuadés que le Messie а le devoir de souffrir (physiquement), pour être messie. Ils affirment ainsi que si Jésus a souffert sur la croix, c’est qu’il est le Messie. Rappelons qu’en même qu’il apparaît d’autres prétendants juifs à la messianité à l’époque de Jésus et qui eux aussi sont morts crucifiés, mais personnes ne les a vu ressusciter. Mais nous pouvons nous demander : d’où vient cette croyance d’un messie souffrant mort et ressuscité ?

Car a priori, il n’existe pas ni dans la littérature rabbinique ni la littérature antérieure comme les écrits de Jonathan Ben Ouziel, une croyance selon laquelle le Messie devait souffrir pour être messie, ni même ce que les théologiens chrétiens ont collé ensuite, а savoir l’idée que « le Messie est l’agneau sans péché destiné а enlever les péchés des hommes afin de montrer l’Amour de Dieu pour les hommes, en cela qu’il aurait fait sacrifier son fils unique »…

Personnellement, cette doctrine m’a toujours semblé monstrueuse. Je pense en conséquence que si Dieu tout puissant voulait présenter et convaincre les hommes de son Amour et de sa Grâce divine infinie, il aurait trouvé un autre moyen que celui d’une mise à mort qui plus est celle d’un innocent. Et s’est justement parce que je crois en l’Amour infini de Dieu et en sa grâce infinie que je ne puis croire que Dieu puisse s’abaisser et désirer une chose pareille. En effet où est la grâce quand celle-ci doit-être monnayé encore à plus forte raison si c’est celui qui fait grâce qui paye, Dieu celui qui gracie et qui se paye, pouvait faire l’économie d’un meurtre.

Tout semble montrer qu’a l’inverse, et selon les évangélistes que c’est Jésus lui-même, sachant qu’il allait être trahi et mourir qui leur a présenté cette doctrine de la souffrance du Messie et qui par une explication nouvelle a interprété le chapitre d’Isaïe 53.

Il existe cependant bien chez les juifs la croyance au « messie fils de Joseph », un homme venant avant le véritable messie et qui sera tué lors de la guerre de Gog et Magog. Cette croyance ne parle pas d’un homme souffrant, ni même ne parle du messie lui-même, mais parle bien d’un homme mourant dénommé messie. Pourrait-on penser que Jésus ait voulu s’approprier les deux titres du Messie ? Cela est peu probable puisque non seulement Jésus ne correspond pas а l’idée du Messie fils de Joseph, mais en plus de cela, le chapitre 53 d’Isaïe n’est pas interprété chez les juifs comme se référant au Messie fils de Joseph, а l’inverse du chapitre de Zacharie qui n’a jamais été cité par Jésus.

À l’inverse, si le Messie fils de Joseph n’a absolument rien а voir avec le Messie, sauveur du monde, il est vrai que certains rabbins, ont commenté de façon allégorique le passage d’Isaïe 53 au Messie, tel que Nahmanide le déclarera [La Dispute de Barcelone, page 43.]. Toutefois ces rabbins tel Nahmanide ou Alsheikh [https://jewsforjudaism.org/knowledge/articles/rabbi-moshe-al-sheich-isaiah-53], ne parlent ici que d’après la doctrine kabbalistique (puisqu’ils l’étaient eux même), se fiant а l’idée que l’on retrouve dans le Zohar [Zohar II 212 a] selon lequel le messie dans le jardin d’Eden souffre spirituellement du fait de sa non-venue.

Messie ou pas, toujours est-il que Jésus est crucifié probablement en avril de l’an 30, c’est la date qui est commune et tenue aujourd’hui par beaucoup, cependant quelques exégètes proposent l’an 33. D’abord, on pourrait dire que cela fut un grand désarroi. Qu’est-ce que l’on nous présente dans les évangiles alors que l’on est en train de valoriser les compagnons de Jésus on nous présente un qui trahit, un qui renie et tous qui s’enfuie. Comme amis ou proches de Jésus il ne reste au pied de la Croix l’accompagnant jusqu’au bout, quelques femmes un disciple il est dit « que Jésus aimait », et encore on précise qu’il, et qu’elles regardaient de loin. Ensuite ces hommes les amis de Jésus ceux qui ont été très proches de lui nous disent que leur communauté s’est reconstitué parce que Jésus s’est manifesté à eux. Selon Jean (20, 11-18), Jésus apparaît à Marie-Madeleine en premier dans le jardin juste à la sortie du tombeau. Ce qui paraît certain c’est que quelque chose s’est passé et ce quelque chose les croyants appellent cela « la résurrection », que d’autres peuvent appeler « une expérience religieuse », ou « une expérience spirituelle » enfin il y a eu un regroupement, mais il y en a eu peut-être plusieurs et c’est pour cela que l’on a des traditions qui situe les apparitions en Galilée d’autres à Jérusalem, et je crois que ça correspond à des groupes de fidèles les uns restés chez eux ou rentrés chez eux en Galilée, d’autres étant resté à Jérusalem.

On ne sait pas vraiment ce que les gens ont vu. Ils annoncent que le corps de Jésus serait apparu comme un corps spirituel et ils disent qu’un corps ressuscité n’est pas fait de chair et de sang. Au contraire dans la tradition évangélique concernant la résurrection, l’accent est mis sur la nature corporelle et physique du ressuscité : « touche ma main, regarde mes pieds ». Dans l’évangile de Luc, Jésus ressuscité mange un morceau de poisson. Or les fantômes ne mangent pas ! donc, déjà dans les traditions les plus anciennes entre Paul dans les années 50 et l’évangile de Luc, entre 80 et 100, il existe déjà des divergences quant à la manière de représenter la résurrection.

Il y a toujours des sceptiques bien sûr, mais beaucoup de gens croient à tout cela, je n’apporterais pas ici mon opinion et je ne suis pas là pour juger si c’est vrai ou non. La conviction que certaines personnes ne meurent jamais fait partie des croyances populaires. Par exemple Flavius Joseph qui n’est pas un auteur de folklore, nous apprend explicitement que Moïse n’est pas mort. Pour lui, Moïse ne pouvait pas mourir après avoir été en présence de Dieu, mais il a été transporté dans les hautes sphères. Il semble donc que certaines personnes comme Élie, qui lui aussi aient été enlevés aux cieux. Hérode Antipas selon Marc croyait que Jésus de Nazareth était la résurrection de Jean le Baptiste : Marc 6 : 14

« Le roi Hérode entendit parler de Jésus, dont le nom était devenu célèbre, et il dit : Jean Baptiste est ressuscité des morts, et c’est pour cela qu’il se fait par lui des miracles. » Donc cela fait partie des sentiments, mais cela ne veut pas dire que l’entourage de Jésus était composé de gens qui croyaient en ce genre de choses. Dans l’évangile de Matthieu bizarrement quand Jésus ressuscité apparaît à ses disciples au sommet de la montagne, le texte dit explicitement : « mais quelques-uns doutaient ». Si vous deviez réaliser un film, vous direz « pourquoi doutent-ils ? » puisqu’ils voient Jésus ressuscité. Mais ce que signale l’évangéliste ici c’est que tout le monde n’était pas convaincu par la réalité de la résurrection. D’autres au premier abord ne reconnaissent pas Jésus dans l’apparition, donc il semble que son apparence était différente de celle connue de son vivant, et de surcroît il pouvait passer à travers les murs comme un fantôme ou un esprit et apparaître dans une pièce, dans une maison.

Une trentaine d’années avant la rédaction de l’évangile de Matthieu, dans une de ses lettres l’apôtre Paul écrit la liste de ceux qui ont aperçu Jésus leur apparaître et en tête de cette liste, figure Simon appelé Pierre. Pour une partie des premiers croyants Pierre était le premier à qui Jésus ressuscité était apparu ; et être le premier à voir Jésus ressuscité donnait une autorité spéciale à la personne qui avait bénéficié de l’apparition. La première apparition de Jésus à Pierre est évoquée par Paul dans le plus ancien document sur les apparitions. Dans le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens, Paul dit que c’est la tradition qu’il a lui-même recueillie. S’il l’a reçue pendant sa formation auprès des disciples cela nous mène aux années trente. Donc ce serait une tradition qui remonte à quelques années seulement après la mort de Jésus. C’est là que Paul site un petit crédo un petit texte liturgique antérieur, mais on ne sait pas s’il vient d’Antioch ce qui est vraisemblable ou de Jérusalem. Mais il écrit que « Christ est mort pour nos péchés selon les écritures qu’il a été ensevelit qu’il est ressuscité le troisième jour selon les écritures qu’il est apparu à Cephas (Pierre) ensuite au douze. Ensuite, il est apparu à plus de 500 frères à la fois desquels la plupart restent vivants jusque maintenant, mais dont certains se sont endormis (c’est — à-dire qu’ils sont morts). Ensuite, il est apparu à Jacques et ensuite à tous les apôtres, et finalement il m’est apparu à moi (Paul) comme à l’avorton. »

Dans la phrase de 1 Corinthiens 15, 3 Paul dit que « Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures. » Là, Paul ne faisait pas référence à une écriture particulière (il ne le pourrait pas), mais à toutes les Écritures de l’Ancien Testament qui soulignent selon lui et non selon la tradition juive que Dieu fournit un Sauveur qui mourrait et qui payerait ainsi la peine ou la rançon pour les péchés des hommes. Plutôt dans cette lettre, Paul a fait allusion à un de ces passages de L’Ancien Testament quand il dit : « Car Christ notre Pâque a été sacrifiée » (1 Cor. 5:7). Pour Paul, la mort du Christ était l’agneau pascal des « chrétiens » sacrifié. Le concept d’Agneau Pascal fait référence au livre de l’exode de l’Ancien Testament. La nation d’Israël était en esclavage en Égypte, et Dieu faire mourir le premier-né de chaque famille en Égypte. Il aurait dit aux Hébreux de tuer un agneau, puis de mettre le sang de cet agneau sur les montants de la porte et sur le linteau de chaque maison des Hébreux. Plus tard dans la nuit, quand il allait tuer le premier-né, s’il voyait du sang sur les montants et le linteau d’une maison, il passerait dessus. Il accepterait ce sang comme une indication qu’une mort avait eu lieu pour prendre la place du premier-né de cette famille. Pour l’apôtre Paul, cet événement préfigurait le temps où Dieu fournirait à l’humanité pécheresse son fils comme l’agneau pascal. C’est pour cela que dans l’évangile de Jean, lorsque Jean-Baptiste présenta Jésus à la nation d’Israël, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde » (Jean 1:29). L’évangéliste déclare ainsi en accord avec Paul que Jésus est cet agneau sacrificiel ultime, le seul qui peut payer « la rançon » ou « la peine » due à Dieu pour le péché. C’est cette théologie paulinienne d’un sacrifice expiatoire du Christ (du Messie) « l’agneau pascal » qui va encrer la nouvelle religion chrétienne et faire de cette théologie un dogme chrétien.

Vous trouverez ci-dessous une admirable lettre du pasteur Marc Pernot qui répond à une question posée sur cette théologie de l’expiation.

Expiation

Règlement d’un conflit par compensation.

C’est déjà un formidable progrès moral de remplacer la vengeance par une compensation pour la victime.

Seulement, en ce qui concerne Dieu, si l’on garde l’idée de la « grâce », l’amour et le pardon de Dieu sont gratuits. Il n’y a donc rien à payer, pas de compensation demandée par Dieu pour qu’il continue à aimer la personne coupable. Une personne qui aime ne garde pas rancune, ne compte pas de dette si l’autre a commis une faute contre elle, ou si l’autre lui a rendu un service. Voilà le cadre de toute réflexion sur cette notion d’expiation.

Le terme d’expiation a été bien dévoyé. Il peut faire penser qu’une souffrance serait nécessaire pour payer la faute et acheter l’amnistie. Cette hypothèse est aussi épouvantable en termes d’éthique qu’en termes de théologie, elle est diamétralement opposée à la grâce.

En Christ, l’expiation devient tout simplement le pardon et l’amour de Dieu. Ce pardon est gratuit comme l’affirme déjà cet appel de Dieu dans le livre du prophète Ésaïe : « Même celui qui n’a pas d’argent : venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer ! » (Ésaïe 55:1). Ce pardon gratuit est ce que proclame aussi le Christ par sa vie : chez Dieu, tout est gratuit.

Dans certaines traductions de la Bible il peut apparaître que Christ serait une « victime expiatoire » ou une « victime propitiatoire », ce choix des traducteurs est, à mon avis étranger à l’économie du salut manifestée en Christ. À la place de « victime expiatoire » il convient de lire plutôt : « signe du pardon de Dieu », car c’est ce qu’était l’agneau de la fête juive de Kippour.

Il faut aller néanmoins un peu plus loin, car ce « pardon » de Dieu n’est pas simplement une amnistie. L’amnistie est donnée par Dieu sans cause ni autre raison que son amour, car, quand on aime, on ne compte pas. Certes. Mais :

s’il y a eu faute, il y a souvent eu victime et l’amnistie du coupable n’aide en rien cette victime, ni psychologiquement ni dans sa vie courante si son corps, par exemple a été handicapé à la suite de la faute !

Et s’il y a eu faute, c’est souvent qu’il y avait un problème en amont chez le coupable. Une simple amnistie ne règle pas ce problème. C’est comme si un médecin disait à la personne malade : je vous pardonne votre fièvre, tout est oublié, et reparte ? Le médecin va plutôt dire : même si vous avez de la fièvre, je vais venir pour vous soigner au péril de la contagion, et il viendra avec des médicaments pour soigner l’infection dont la fièvre était le symptôme.

L’amour de Dieu et son pardon travaillent sur ces troubles, en amont (sur l’auteur) et en aval de la faute (sur les blessures). Ce pardon est une attention et un soin, comme le berger visite ses brebis, soigne celle qui serait blessée, recherche celle qui se serait égarée, fait en sorte qu’elles soient rassemblées, protégées des loups et des voleurs, abreuvées et nourries…

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