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La troisième partie les Ketouvim. (Les écrits)

 

C’est peut-être la partie la moins cohérente d’une certaine manière. Parce que les écrits cela peut-être tout et n’importe quoi. En effet, on rencontre dans ce corpus des livres très différents les uns des autres. Des écrits poétiques, des livres de Sagesse, des visions sur la fin des temps, des livres d’histoires, on trouve un peu de tout. Cela commence dans la plupart des manuscrits avec le livre des Psaumes, une sorte de recueil de complaintes, d’actions de grâces, d’instructions, toutes sortes de louanges, toutes sortes de genres littéraires. Ils sont regroupés en cinq livres, probablement pour effectuer une sorte de parallèle avec le Pentateuque.

Alors dans ce corpus on retrouve ce que l’on appelle les livres de Sagesse. L’on en rencontre trois : Proverbes, Qohélet (l’Ecclésiaste) et Job.

Tous ces livres abordent les mêmes questions :

Dans quel genre de monde vivons-nous ?

Qu’est-ce que bien vivre dans ce monde ?

Comment réussir sa vie ?

Chacun de ces livres approche ces thèmes d’un angle spécifique, et c’est important de comprendre chacun d’eux pour saisir l’avis biblique complet sur le sujet.

Le mot « proverbe » fait généralement référence à un court dicton intelligent qui offre une sorte de sagesse. Le but de ce livre est de nous aider à développer un ensemble de compétences pratiques pour bien vivre dans le royaume de Dieu ; et c’est lié à une autre idée clé dans l’introduction : « la crainte du Seigneur » ici Seigneur est à comprendre comme Yahvé. La crainte de Dieu demeure un état d’esprit moral qui reconnaît que je ne suis pas Dieu, et que je n’arrive pas à effectuer mes propres interprétations du bien et du mal, du juste et du mauvais. Au contraire, je dois m’humilier moi-même devant Dieu et embrasser la définition du bien et du mal de Dieu, même si c’est gênant pour moi. Tout d’abord, les proverbes figurent, par nature, des éventualités. Si vous craignez Yahvé votre Dieu et que vous effectuez de bons choix, les choses vont sans doute bien évoluer pour vous. Et si vous ne craignez pas Yahvé votre Dieu, si vous persistez dans la folie, votre vie ne va probablement pas aller si bien. Tout cela est souvent vrai, mais pas systématique, puisque les Proverbes demeurent précédés du livre de Job qui témoigne que cela ne marche pas forcément. Le livre des Proverbes nous montre combien Dieu se trouve sage et juste. Nous y avons appris que Dieu a ordonné le monde pour qu’il apparaisse équitable. Les justes sont récompensés, les méchants sont punis. Autrement dit, on reçoit ce qu’on mérite. Mais juste après on rencontre Qohélet (l’Ecclésiaste) qui nous fait remarquer qu’on n’obtient pas toujours ce qu’on mérite. Il dit que le monde ne figure pas toujours équitable, que la vie semble imprévisible et difficile à comprendre, tout comme la fumée. Et l’on peut se demander : Dieu se trouve-t-il vraiment sage et juste ? C’est cette question qui apparaîtra explorée dans le dernier livre de Sagesse : Job.

Le livre de Job ne résout pas l’énigme du « pourquoi de mauvaises choses arrivent-elles aux gens bien ». Il nous invite plutôt à faire confiance à la sagesse de Dieu quand nous expérimentons la souffrance, au lieu d’essayer de comprendre la raison de celle-ci.

Quand on cherche des raisons on a tendance

soit à simplifier Dieu, comme les amis de Job

soit, comme Job, à accuser Dieu sur la base d’éléments incomplets.

Le livre nous invite à présenter honnêtement nos douleurs et nos accusations à Dieu et à croire que Dieu se soucie réellement de nous, et qu’il sait ce qu’il accomplit.

קֹהֶלֶת Qohélet, l'Ecclésiaste , c'est à dire le "Prédicateur"

Ce livre commence par : דָּבָר [dabar] de Qohélet, fils de David (ben David], roi à Jérusalem. ce terme a été traduit en grec par Ἐκκλησιαστής d'où Ecclésiaste, c'est à dire l'homme de l'assemblée.

דָּבָר [dabar] est un mot hébreu qui signifie : parole, discours, précepte, dire…propos du verbe דָּבַר (dabèr): parler, déclarer...

Assemblée : en hébreu : קָהֵל [qahal], en grec : ἐκκλησία [ekklèsia] qui a donné en français : église, ecclésiastique.

Dans Qohélet (l’Ecclésiaste) qui évoque « celui qui s’adresse à la foule », l’auteur est peut-être le seul philosophe de la Bible hébraïque. On apprend que même en vivant par la sagesse et la crainte du Seigneur, tout est הֶבֶל hevel  : vanité, parce que cela ne garantit pas une bonne vie. Le mon (hevel), signifie littéralement fumée, vapeur, buée, haleine, souffle léger. C’est ce même mot évocateur de fragilité qui désigne dans la Genèse le personnage que les traductions nomment Abel. Les bonnes personnes meurent tragiquement et les gens horribles vivent longtemps et prospèrent. Il demeure juste trop d’exceptions et même la sagesse est vanité — pas dénuée de sens, mais une énigme — la sagesse ne fonctionne pas de la façon dont vous pensez qu’elle le devrait tout le temps. Quelle est donc la voie à suivre au milieu de tout cette vanité ? Ici paradoxalement, la clé de la vraie jouissance de la vie sous le soleil : c’est d’accepter la vanité. C’est reconnaître que tout dans nos vie apparaît totalement hors de notre contrôle.

Après on trouve cinq petits rouleaux, et Qohélet en fait partie. Les Megillot réunis à partir du moyen-âge ils sont lus à l’occasion d’un certain nombre de fêtes dans le judaïsme. Ces livres figurent encadrés par deux femmes Ruth au début et Esther à la fin. Ruth qui raconte comment une femme moabite par la ruse un peu quand même devient l’aïeul du roi David, et Esther aussi par la ruse va sauver son peuple d’un pogrome (Massacre et pillage des juifs) sous les Perses. Shavu’ôt שָׁבוּעוֹת,  semaines, la fête des semailles, elle est celle où on lit le livre de Ruth ; Pentêkostề hêméra grec : πεντηκόστη ἡμέρα, « cinquantième jour », en traduit en français par Pentecôte. C’est l’une des trois fêtes de pèlerinage du judaïsme, prescrites par la Bible, au cours de laquelle on célèbre le début de la saison de la moisson. Le livre d’Esther il est lu pour la fête de Pourim פּוּרים les hasards qui reste à l’origine une commémoration de cette libération qui donne une sorte de carnaval.

Ensuite en trouve le livre Cantique des cantiques, un livre très étonnant, il regroupe des poésies érotiques et Dieu ne figure jamais mentionné. Celui-ci est lu maintenant à Pâques parce que l’on a accompli très vite dans le judaïsme comme dans le christianisme une sorte de lecture allégorique, à savoir que toutes ces histoires d’amour ça concerne en fait Dieu et son peuple.

Ecclésiaste est lu au moment de Sukkôt (en hébreu : hébreu : חַג הַסֻּכּוֹת, Hag haSoukkot, « Fête des cabanes », « des huttes », « des tentes » ou « des tabernacles »). C’est l’une des trois fêtes de pèlerinage prescrites par la Torah, au cours de laquelle on célèbre dans la joie l’assistance divine reçue par les enfants d’Israël lors de l’Exode ; et la récolte qui marque la fin du cycle agricole annuel. Elle rappelle un peu quand même la vanité de toutes les préoccupations des humains. Le livre des Lamentations comme dit déjà le nom au moment où l’on commémore la destruction du temple.

Finalement, le livre de Daniel le seul livre un peu apocalyptique dans la Bible hébraïque avec ses visions sur la fin des temps. Il est écrit en hébreu et en araméen. Le livre décrit des événements qui se déroulent de la captivité du peuple juif à Babylone sous Nabuchodonosor II, entre 605 et 562 av. J.-C. ; et jusqu’à l’époque séleucide sous Antiochos IV, entre 175 et 163 av. J.-C. Les six premiers chapitres racontent l’histoire de Daniel et sont mis en scène au cours des épisodes de Babylone et de la Perse. Les chapitres 7 à 12 présentent des visions allégoriques d’événements historiques débutants entre le VI siècle av. J.-C. et le II siècle av. J.-C. Les chapitres 13 et 14 furent écrits en grec. Le livre de Daniel est écrit, tout comme le livre d’Hénoch et d’autres apocryphes bibliques retrouvés à Qumrân, dans un style apocalyptique qui se trouvait populaire à l’époque des Maccabées.

Les livres d’Esdras et Néhémie subsistaient à l’origine comme une seule œuvre dans le canon hébraïque. Écrit entre 450 et 250 av. J.-C. et a nommé pour deux réformateurs politiques et religieux de la communauté juive postexilic, ils concernent les aspects de l’histoire juive de 538 av. J.-C. à environ 420 av. En raison de l’organisation confuse des livres, la chronologie des deux réformateurs, et leur travail, demeure incertain. Les objectifs de la mission du scribe Esdras peuvent apparaître comme essayant d’introduire un respect plus strict de la Loi et de dissoudre les mariages avec des étrangers. Le gouverneur Néhémie effectue deux missions à Jérusalem en 445 av. J.-C. et 432 av. J.-C. Elles peuvent être considérées comme ayant pour but de fortifier et de se réinstaller dans la ville. La réforme du temple l’organisation, s’opposent aux mariages mixtes, et la loyauté sécurisée à ces réformes par une alliance. Pour de nombreux chercheurs, cependant, les comptes de la réforme semblent intelligibles que sur l’hypothèse que Néhémie a précédée Esdras, dont l’arrivée serait en 428 ou 397 av J.C..

Tout en dernier on trouve les livres des Chroniques. Et ça aussi c’est très curieux ! Pourquoi les Chroniques demeurent-elles à la fin ? Puisque chronologiquement les Chroniques racontent l’histoire de la royauté et ce serait beaucoup mieux si c’était avant Esdras et Néhémie, parce que Esdras et Néhémie ils prennent la suite ! Alors pourquoi a-t-on mis les Chroniques à la fin ? Parce qu’au dernier verset, le roi perse dit : « Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : L’Éternel, le Dieu des cieux, m’a donné tous les royaumes de la Terre ; et il m’a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem en Juda. Qui d’entre vous est de son peuple ? Que l’Éternel, son Dieu, soit avec lui, et qu’il monte ! » (2 Chronique 36,23) qu’ils montent çà c’est le dernier mot de la Bible hébraïque, la montée ce qui devient ensuite la Alyah עֲלִיָּה signifiant littéralement « ascension ». Ici la montée vers Jérusalem et c’est probablement pour cette raison la que cette belle terminaison cette belle conclusion qu’ils montent vers Jérusalem. Cela montre que dans les trois parties de la Bible hébraïque l’on possède toujours des fins ouvertes. On ne raconte jamais d’histoire jusqu’à la fin. Ils montent et bien qu’est-ce qui va se passer ? Si vous prenez le Nebi'im c’est un peu pareil à la fin du livre de Malachie il est promis : « Or, je vous enverrai Élie, le prophète », mais il ne vient jamais. Dans le Nouveau Testament, on dit qu’il vient et qu’il est même venu, mais là encore on trouve la prophétie du retour d’Élie associé à Moïse. Et donc pour ceux qui s’intéressent au Nouveau Testament ils comprennent également du coup la transfiguration de Jésus ou il rencontre Élie et Moïse, pour montrer que ce qui était annoncé dans Malachie s’est accompli.

Mais là évidemment c’est une fin ouverte ; et puis on a déjà parlé du fait que le Pentateuque a aussi une fin ouverte parce qu’il se termine avec la mort de Moïse qui voit le pays, mais qu’il n’y entre pas. Je pense alors que ce n’est pas par hasard que les trois parties : la Torah, les Neb’im, et les Ketubim, acquièrent cette ouverture qui permettent toutes sortes de relecture. Dans le Deutéronome chapitre 34, la promesse du pays est rappelée, mais quand celle-ci s’accomplit-elle ? L’annonce de la venue d’Élie, mais quand va-t-il venir ? L’exhortation de monter à Jérusalem quand est-ce qu’elle va se réaliser ? On trouve toujours cette question de l’ouverture.

Maintenant, revenons à ce que je notifiais tout au début cette équation qu’on opère entre bible hébraïque et Ancien Testament. Est-ce réellement juste d’annoncer que la bible hébraïque apparaît comme l’Ancien Testament des chrétiens ? Premièrement, disons une chose, on ne connaît pas qu’un seul Ancien Testament. Si vous êtes catholique si vous êtes orthodoxe si vous êtes protestant vous n’avez pas me même Ancien Testament. On rencontre une très grande différence si vous comparez le tableau suivant.

Tableau ancien testament

L’Ancien Testament protestant apparaît celui qui se rapproche le plus du canon juif. Mais l’ordre d’organisation figure différent et celle-ci se trouve évidemment très importante, et ce n’est pas anodin. Les trois canons catholiques, orthodoxes et protestants placent les livres des prophètes à la fin pour annoncer l’ouverture sur le Nouveau Testament. Parmi les bibles en français vous en avez une qui respecte en fait le canon hébraïque c’est la TOB (traduction œcuménique de la Bible). Dans celle-ci, les livres sont présentés comme dans la bible tripartite du judaïsme, après vous possédez tous les autres livres en annexe d’une certaine manière.

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