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Jésus et Jean Baptiste.

Le baptême Jésus par Jean baptiste selon la source Q

Dans toute la région du Jourdain un homme nommé Jean, baptisait dans les eaux du Jourdain tous ceux qui venaient à lui. Il disait aux foules qui venaient pour être baptisées : Rejetons de vipères, qui vous ont appris à fuir la colère à venir ?

Produisez donc des fruits dignes de la repentance, et ne vous mettez pas à dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ! Car je vous déclare que de ces pierres, Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà même la cognée est mise à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu.

Mais moi, je vous baptise dans l’eau, mais Lui, qui vient après moi est plus fort que moi ; de lui je ne suis pas digne d’enlever les sandales. Lui, il vous baptisera dans l'Esprit Saint et de feu. Il a son van à la main ; il nettoiera son aire, et il amassera le blé dans son grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint point.

Alors Jésus allant à lui, et Jean le baptisa et le ciel s’ouvrit.

Celui-ci est mon Fils bien aimé.

Ce que l’on apprend de Jean Baptiste ces qu’il se déplaçait dans le désert de Judée et sur les rives du Jourdain où il tentait à exhorter les individus à une grande rigueur morale pour préparer « le chemin de Dieu ». Le nom le plus important de Dieu dans le judaïsme est le Tétragramme, le nom à quatre lettres de Dieu, Youd-Heh-Waw-Heh, ???? (l'hébreu se lisant de droite à gauche). Il apparaît dans le second chapitre de Genèse (ou, selon certains, à la fin du premier en notarikon : Yom Hashishi Vaykhoulou Hashamaïm—le sixième jour. Furent achevés les cieux) et est habituellement rendu par « le Seigneur ». Le judaïsme interdit de prononcer ce nom en dehors de l'enceinte du Temple, la prononciation correcte du nom fut perdue - l'hébreu n'utilisant pas de voyelles. Si certains biblistes pensent qu'il se prononçait Yahweh, l'hébraïste Joel M. Hoffman suggère qu'il n'eut jamais de prononciation. En effet, certains textes antiques, notamment les Manuscrits de Qumran, portent le Tétragramme en caractères paléo-hébraïques, contrastant avec le reste du texte, écrit en caractères carrés, et on pense que, même à cette période, on le lisait Adonaï, c’est-à-dire « Mon Seigneur ».

Il s'agit du cas le plus connu de qeri-ketiv (« lu-écrit », différence flagrante entre l'écrit et la prononciation), YHWH se lisant Adonaï. Le plus souvent, les religieux disent « le Nom » (haShem) pour éviter de prononcer ce qui selon eux est interdit : « le nom de Dieu ».

Donc Jean se sentait investi d’une mission, celle de préparer la venue de Dieu et non pas celle de Jésus. En cela il répondait à une prophétie de Malachie 3, 22 - 24 :

22 Souvenez-vous de la Loi de Moïse, mon serviteur, à qui j'ai signifié, sur le Horeb, des statuts et des ordonnances pour tout Israël.

23 Or, je vous enverrai Élie, le prophète, avant qu'arrive le jour de Yahvé, jour grand et redoutable !

24 Lui ramènera le cœur des pères à leurs enfants, et le cœur des enfants à leurs pères, de peur que je n'intervienne et ne frappe ce pays d'anathème.

Et celle d’Esaïe : 40, 3 :

« Une voix crie : Préparez au désert le chemin du Seigneur, Aplanissez dans les lieux arides Une route pour notre Dieu. »

D’où cette question des Pharisiens venues de Jérusalem dans (Jean chapitre I, 19- 23) :

19 Voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites, pour lui demander : Toi, qui es-tu ? 20 Il déclara, et ne le nia point, il déclara qu'il n'était pas le Messie. 21 Et ils lui demandèrent : Quoi donc ? Es-tu Élie ? Et il dit : Je ne le suis point. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non. 22 Ils lui dirent alors : Qui es-tu ? Afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ? 23 Moi, dit-il, je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit Esaïe, le prophète.

Il est déjà étrange qu’à la question des pharisiens : « Toi, qui es-tu ? » Jean Baptiste leur répond non pas qui il est mais ce qu’il n’est pas ! Étrange comme réponse. Il est dit « qu’il ne nia point » Mais quoi ? Le texte ne le dit pas. En plus il est dit deux fois il déclara sans que la première déclaration semble omise.

Bien que le texte ne nous le dise pas explicitement, il est assez probable que Jésus fut avant son ministère un de ses disciples. Jean Baptiste mène une vie d’ascèse en Judée. Jésus a pu être son disciple avant d’entreprendre sa propre prédication cela n’est pas impossible. Jean Baptiste est quelqu’un de très intègre. Il vit simplement, vêtu de peaux de bêtes et se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage est-il précisé dans les Évangiles pour que nous rellions midrashiquement le personnage à Élie le prophète, qui selon la prophétie de Malachie doit apparaître avant la venue du jour de Yahvé. Ainsi est-il glissé dans les textes évangéliques toute cette littérature que l’on ne retrouve pas dans la source Q. Celle-ci se contente de reprendre le discours énergique du Baptiste qui prêche la repentance avant la venue de Yahvé. Selon les quatre évangélistes bien qu’il nie être Élie, il est Élie, et ils insistent dessus, et font même reconnaître le fait par Jésus lui-même, pour qu’on le considère comme une « incarnation » ou "ré-incarnation" du prophète Élie, qui avait été enlevé dans les cieux — sans être mort ? — sur un char de feu. Élie est à l’époque un prophète très populaire, et comme selon la légende biblique celui-ci n’est pas mort, chacun attend son retour, soit en personne, soit en insufflant son esprit à un autre prophète. Et beaucoup pensent que Jean Baptiste est cet Élie second. À l’époque le peuple juif est déchiré par une multitude de courants religieux rivaux et surtout vit sous le joug des Romains. Il espère une libération, l’avènement d’une nouvelle ère. Jean Baptiste est censé annoncer la venue de Yahvé et son travail doit être de préparer cette venue, en convainquant les hommes de renoncer au péché, sinon la colère de Yahvé, le moment venu, les anéantira, et c'est là son méssage essentiel.

Pour symboliser cette prise de conscience, Jean pratique le baptême, d’où le surnom qu’on lui attribue : Jean le Baptiste. En fait, l’immersion dans l’eau du Jourdain qu’il pratique n’est pas censée laver du péché, mais marquer la volonté de l’individu de s’écarter du mauvais chemin. Ce baptême est très différent du futur baptême que pratiqueront les disciples de Jésus, lequel symbolise l’entrée dans le Royaume du Saint-Esprit. Pour cette raison ce baptême n’a lieu qu’une fois, alors que Jean Baptiste peut baptiser les mêmes individus plusieurs fois.

Jean Baptiste pratique l’immersion de ceux qu’il incite à renoncer au péché dans la crainte du châtiment divin.

Selon les spécialistes, Jésus semble être resté quelque temps avec Jean Baptiste, puis il part de son côté entraînant avec lui quelques disciples qui deviendront une partie de ses « apôtres ». Pourquoi ce départ ? Nul ne le sait exactement, mais il est possible que Jésus et Jean Baptiste aient connu des tensions, notamment sur la façon d’envisager l’avènement du « Royaume de Dieu » c’est-à-dire du « jour de Yahvé » et même de Dieu lui-même. Pour Jean Baptiste, Dieu allait venir et punir manu militari tous ceux qui vivaient dans le péché y compris et en premiers les païens.  C'était un dieu du genre:  "père fouettard", comme il est présenté souvent dans l'Ancien Testament ; pour Jésus, Dieu allait venir dans le cœur des hommes, avec amour aider les hommes à devenir meilleurs. Pas de vengeance, pas de colère, de la compassion, de l’amour. Dans un cas, la « conversion » est le résultat d’une pression extérieure par terrorisme divin « à la : Élie »; dans l’autre, d’une prise de conscience intérieure par amour divin. Rien à voir, effectivement.

On peut supposer que cette différence de vues a éloigné les deux hommes l’un de l’autre. Et c’est là que nous butons sur le nœud du problème !

Jean Baptiste, comme il le dit lui-même, est censé préparer la venue de Yahvé. Celui-ci serait donc le Messie attendu selon Malachie et selon l'interprétation classique d'Esaïe. Alors pourquoi les évangélistes le lui font nier ? Parce que quand ils rédigent chacun séparément leur évangile, ils sont convaincus que le messie était Jésus et non pas Jean Baptiste, or annoncer la venue de Yahvé était le rôle du Messie. Ensuite en faisant de Jésus Dieu ou fils de Dieu venue sur Terre parmi son peuple, il était opportun de faire du Baptiste Élie pour créditer selon les prophéties la thèse de Jésus-Christ Dieu.

Le problème dans tout cela, c’est qu’ainsi Jean Baptiste serait le messie du dieu vengeur et qui punit le dieu régnant par la terreur, se faisant ainsi une certaine idée de Dieu qui n’est pas en accord avec la conception de Jésus. Donc les évangélistes dans le récit font que Jean Baptiste s’interrogera plus tard : Jésus est-il « Celui qui doit venir » ? Il enverra donc certains de ses disciples poser la question à Jésus : Est-ce lui, le Messie ? Dans ce cas ce ne serait pas lui. Seulement ils l’ont déjà fait reconnaître comme tel lors de son Baptême. Ainsi l’on retrouve au sein des évangiles cette incohérence.

Mais les évangélistes s’efforcent de masquer dans leur récit cette tension entre les deux hommes. Dans la version officielle, Jean Baptiste comprend que Jésus est le Messie dont il prépare la venue. D’où la fameuse scène du baptême, le seul moment de la relation Jésus et Jean qu’on nous détaille un peu dans les Évangiles.

Le baptême : climax de la relation Jésus et Jean

Le baptême pratiqué très couramment par Jean Baptiste dans le Jourdain est un acte symbolique qui vient marquer un processus de purification engagé par l’individu avant l’immersion elle-même.

La grande question que posent les spécialistes est : « Pourquoi Jésus vient-il se faire baptiser par Jean Baptiste ? ». Jésus est-il censé avoir pêché et s’être amendé ? Pourquoi donc va-t-il voir Jean Baptiste pour se faire baptiser par lui ? Jean avait des aides, des disciples une explication serait celle-ci : Jésus était venu aider Jean pour baptiser avec lui le baptême de la repentance, qui est aussi la base de l’enseignement de Jésus. Le retour au Père (à Dieu) commence par une sincère repentante.

Pour Laurent Guyénot, l’explication est que Jésus cherche à reconnaître Jean Baptiste, son autorité, son action, pour que celui-ci le reconnaisse en retour. Peut-être aussi Jésus a tenté de changer la vision messianique de Jean et la conception du dieu terroriste, mais il échoue. Seulement quelques « collègues » comme lui disciples de Jean prennent position pour son parti, ils quitteront donc Jean en suivant Jésus.

Le baptême de Jésus par Jean Baptiste marque pour ainsi dire le début de la vie de prédication de Jésus qui est à l’opposé de celle du Baptiste.

Se connaître sans se reconnaître.

Toute la problématique de la relation entre les deux hommes peut se résumer ainsi :

Jean Baptiste était un prophète, dont l'inspiration ou la théologie était à l'image du prophète Élie, (bien qu’il le nie nous vairons pourquoi les évangélistes le font nier dans un autre chapitre). Un prophète « terroriste » à la "taliban" comme l’était Élie, (voir chapitre « étude sur Élie ») dont la mission sur Terre, en ces temps troublés pour le peuple juif, était de préparer la venue de, « Celui qui doit venir » selon une prophétie de Malachie c’est-à-dire Yahvé en personne ce sera : « le jour de Yahvé » (voir chapitre suivant, « étude sur Malachie »).

Le recensement du peuple Juif.

La question reste la suivante : qui devait venir selon Malachie ? Répondre à cette interrogation, répondra à notre question. Jean était-il : « Selon ce qui est écrit dans Esaïe, le prophète : Voici, j'envoie devant toi mon messager, Qui préparera ton chemin ; 3 C'est la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers. » (Marc 1, 2 3) du moins ce qu’il prétendait bien être, mais il dit lui même qu’il n’est pas un prophète c’est du moins ce qu’il prétendra aux pharisiens qu’il n’était pas le prophète (nous y reviendrons) en fait comme Élie qui se proclamait prophète tout en menant des actes terroristes Jean prophétise en quelque sorte à là Élie, son dieu est un dieu qui punit ; un dieu qui vient régner par la terreur.

Et voilà que se présente un Rabbi nommé Jésus, un enseignant, que de plus en plus de gens prennent pour le prophète attendu, le Messie, celui qui doit préparer le chemin de Yahvé « relier le cœur des fils au Père » et inaugurer le « Jour de Yahvé », et donc entrant en concurrence avec le Baptiste. Deux conceptions opposées du « Jour de Yahvé » vont s’affronter. Jésus, compte peut-être sur Jean Baptiste pour le soutenir, pour rallier à sa cause des fidèles, en premier lieu ses disciples, et surtout pour le reconnaître comme le vrai Messie celui qui annonce la venue du royaume de Dieu, donc la venue de Dieu lui-même. C’est le jour de Yahvé et c’est donc la venue de Dieu visitant son peuple qu’annonce Malachie (nous le verrons plus loin dans notre étude sur Malachie). Yahvé est celui qui doit venir en personne selon Malachie, et donc Jésus est celui qui doit annoncer cette bonne nouvelle comme l’a annoncé le prophète Esaïe.

Mais Jean Baptiste à l’époque est crédité par une très grande renommée. Il est très suivi dans sa vision ascétique et apocalyptique de ce dieu punissant qu’il partage notamment avec les Pharisiens. Il fait autorité et il prêche une vision apocalyptique de la venue de Yahvé cette une vision largement majoritaire au sein même du peuple Juif. S’il disait « Jésus est le Messie qui annonce le royaume de Dieu » selon Esaïe, il est évident que cela aurait un grand retentissement et faciliterait la tâche de Jésus. En fait Jean Baptiste n’incarne pas la prophétie d’Esaïe mais c’est Jésus qui l’incarne. En ce trompant de personnage en faisant de Jean Baptiste celui qui doit préparer le chemin du Seigneur, et aplanir ses sentiers (ce qui est le rôle de Jésus), on se retrouve devant un dilemme ; soit on fait de Jésus Dieu lui même, celui que Jean annonce la venue selon Malachie, et c’est la position prisse par la grande majorité des chrétiens. Soit Jésus est un imposteur car si Jean Baptiste est bien celui qui doit préparer la venue de Yahvé selon Malachie qui est alors Jésus ? Soit un imposteur, soit Yahvé lui-même, il n’y a pas d’alternative. Soit c’est Jean le prophète et Jésus qui est Dieu celui qui doit venir selon la prophétie de Malachie, ou Jésus est le prophète d’Esaïe celui qui annonce la venue du royaume de Dieu et donc de Dieu lui-même selon Malachie. Une étude de Malachie nous montrera que Jean ne correspond pas du tout au personnage annoncé par Malachie, mais Jésus y répond parfaitement. La question à se poser pour répondre à notre dilemme est : quel dieu et surtout comment celui-ci doit venir visiter son peuple ? Le dieu terroriste de Jean-Baptiste prophète à la Élie ? Ou Dieu le Père aimant des hommes comme ses enfants, celui que nous fait découvrir Jésus le prophète Messie d’Esaïe. Une étude sur le prophète Élie répondra à cette question qui est Élie ? En suite nous pourrons répondre à : quel est, le rôle que doit jouer Jésus dans la société juive de son époque ?

Jean Baptiste, de son côté, croyant qu’il était cette voix criant dans le désert celle de la prophétie d’Esaïe devant préparer la venue de Yahvé « le jour de Yahvé » de Malachie ne pouvait voir en Jésus qu’un imposteur car pour Jean le jour de Yahvé devait être terrible c’était celui du jugement, celui où l’on jette au feu éternel les pécheurs, les gens de mauvaise vie, c’est d’ailleurs ce qu’il annonce : « moi, je vous baptise dans l’eau, mais Lui, (pour ne pas dire Dieu ou Yahvé) qui vient après moi est plus fort que moi ; de lui je ne suis pas digne d’enlever les sandales. Lui, il vous baptisera dans l'Esprit Saint et de feu. Il a son van à la main ; il nettoiera son aire, et il amassera le blé dans son grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint point. » J’ai barré la partie du texte ajouter au texte d’origine pour sous-entendre qu’il s’agit de Jésus et donc que Jésus est Dieu.

Fort est de constater que ce n’est pas le rôle ni la mission que jouera Jésus.

Seule la source Q nous parle de baptême de feu, et seul Marc nous fait une description de ce Jean dit le baptiste. En plus Marc fait référence à une prophétie d’Esaïe et il présente son évangile comme celui de « Jésus-Christ Fils de Dieu ».

D’abord il nous faut lever toute confusion sur les genres de baptême celui de Jean par immersion dans l’eau, de celui qui vient et son baptême par le Saint-Esprit et par le feu.

Je voudrais vous proposer une interprétation simple et viable de cette parole de Jean-Baptiste : « Moi, je vous baptise d’eau, […] mais lui, (Adonaï ou le Seigneur) il vous baptisera du Saint-Esprit et/ou du feu. »

Car la plupart des interprètes essayent de spéculer sur cette phrase en l’isolant de son contexte, mais il me semble que Jean-Baptiste nous donne une clef d’interprétation avec la phrase qui suit dans son discours : « Il a son van à la main ; il nettoiera son aire de battage, et il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint pas. » Il est évident que Jean parle de Dieu de Yahvé, c’est « Lui » qui vient faire le tri dans son peuple c’est-à-dire séparer les bons juifs respectant la Torah et les mauvais ne respectant pas les commandements et la loi de Moïse.

Jean-Baptiste nous livre la clé d’interprétation

Les choses sont plus simples qu’elles n’y paraissent. Jean-Baptiste explique par cette illustration que le baptême d’eau pour la repentance sera toujours pratiqué. En effet, celui qui vient pour la moisson « nettoiera son aire de battage ». La repentance est une étape nécessaire et indispensable pour être réconcilié avec Dieu. En cela il est en accord avec Jésus. Mais pour Jean il faut nettoyer la place et c’est l’œuvre du baptême de Jean signe de la repentance.

Puis le moissonneur (Yahvé) « amasse le grain dans son grenier » c’est Dieu lui-même qui fait cette action. Il s’agit d’une description du baptême d’Esprit. Ce mot veut dire simplement « être immergé dans l’Esprit de Dieu ». Toute personne qui se repent et réajuste sa vie selon la Torah et donc avec Dieu est plongée dans l’Esprit Saint à plus ou moins long terme. Cela n’a aucune importance de savoir si elle l’est juste avant son baptême d’eau, pendant ou après. Qu’importe, mais cela veut dire qu’elle doit être placée entièrement dans l’Esprit Saint tout comme la totalité du grain est placée dans le grenier.

Et puis vient le baptême de feu. C’est tout simplement une image du jugement dernier, puisque le moissonneur (Dieu) brûle la paille et tous les débris qui n’ont pas d’intérêt pour le grenier. Nous pouvons prendre cela comme une image du jugement, comme un processus de tri que Yahvé fera lors de sa venue.

Voici donc la promesse de Jean-Baptiste : si vous désirez changer de vie et marquer ce changement en étant plongé dans l’eau, alors vous pourrez vous attendre avec sérénités le jour de Yahvé et vous serez immergés dans l’Esprit qui est la présence de Dieu. Si ce n’est pas le cas alors vous serez « baptisés » par le feu c’est-à-dire jetez dans l’étang de feu. C’est la conception sur le « Jour de Yahvé » de Jean Baptiste. Nous verrons que ce n’est pas celle de Jésus, et c’est pour cette raison que les deux hommes ne pouvaient plus s’entendre.

Pour Jean Baptiste, Jésus n’est ni plus ni moins qu’un voyou et un imposteur !

Pourquoi Jean Baptiste ne dit-il pas que Jésus est le Messie de Dieu, celui d’Ésaïe ? Selon certains spécialistes, dont Laurent Guyénot, pour une raison principale très forte, à ses yeux, Jésus n’en est tout simplement pas digne !

Jean Baptiste, on l’a dit, est quelqu’un de très intègre et très sectaire. Il n’est pas loin de condamner tous les « pêcheurs », à l’inverse précisément de Jésus qui, lui, fréquente les voyous, les filles de mauvaise vie, et réalise même des guérisons le jour du sabbat où, en principe, on ne doit rien faire. Comment Jésus peut-il enfreindre ces règles ? Comment peut-il se mettre du côté de ceux qui ont pêché ? Jean Baptiste est très choqué. Il est convaincu que  lui vient annoncer « le Jour de Yahvé » c’est-à-dire des temps qui seront très durs pour tous ceux qui sont sur la mauvaise voie. Un bain de sang va noyer tous les pêcheurs du monde. Jean Baptiste est là pour sauver ceux qui le suivront.

Jésus, lui — et c’est toute la nouveauté de son message — ne voit pas du tout les choses comme cela. Dieu est amour. Celui qui doit venir est Amour. Il n’interviendra pas avec un glaive, mais par la persuasion, en guidant les âmes vers le bien, sans pointer du doigt ceux qui se sont égarés. Jean Baptiste prophète à la Élie prophète et partisant de ce dieu terroriste, ne peut pas comprendre cela, comme une grande majorité des religieux Juifs de cette époque. Pour lui, Jésus n’a pas une éthique qui lui convient. Il s’en méfie donc, et il n’est pas enclin à inciter ses disciples à aller le rejoindre. Ni à s’effacer devant lui, contrairement à la phrase : « Il faut qu’il croisse et que je diminue » qui doit être un texte ajouté tardivement. D’ailleurs, Jean Baptiste ne rejoindra pas Jésus et continuera à mener son combat de son côté. Preuve qu’il ne l’a pas reconnu, contrairement à ce que laisse entendre la scène du baptême dans les synoptiques. Pourtant, pour les évangélistes, Jean Baptiste était le seul à pouvoir donner quelque crédit à la démarche de Jésus.

Dans les synoptiques, tout cela paraît plein d’incohérence. Les discours de Jésus et de Jean Baptiste me paraissent à l’opposé l’un de l’autre et on comprend que les deux prédications n’aient pas pu fusionner. Il y avait réellement une compétition une incompréhension entre les deux hommes et entre les deux thèses : un dieu apocalyptique et terroriste, face à un dieu du pardon un Père aimant tous ses enfants. Du coup, je ne vois pas bien comment Jean Baptiste, par sa vision du « Royaume de Dieu », était censé « préparer » la venue de Jésus ou celle de Dieu. L’un appelle le peuple à la rigueur ; l’autre à la tolérance et à l’Amour universel.

C’est après ce « divorce » pardon… Après ce baptême, que Jésus commence sa prédication, en mettant en place sa propre forme de baptême et surtout son enseignement.

Jean Baptiste continue sa prédication de son côté. Il ne s’efface pas et continue à stigmatiser les errements des chefs religieux et des puissants. Ce qui causera sa perte. À cette époque, Hérode Antipas, fils d’Hérode le Grand (ce roi mort peu de temps après la naissance de Jésus), souhaite épouser en secret la femme de son demi-frère, Hérode Boëthos, qui est aussi sa cousine ! Les deux sont déjà mariés chacun de leur côté, mais qu’importe ! Hélas l’union est révélée et Jean Baptiste monte au créneau et se répand en dénonçant l’immoralité du roi Hérode. Celui-ci, qui éprouve apparemment une certaine admiration pour Jean Baptiste, le fait néanmoins arrêter, pas seulement parce qu’il dénonce ses turpitudes mais parce que son influence sur un nombre grandissant d’esprits lui paraît une menace.

Jean Baptiste est donc emprisonné. Pour autant, ses disciples ceux qui lui sont resté fidels, ne rejoignent pas Jésus, étrangement, et ils continuent à propager les idées de Jean Baptiste leur maître, lequel, de sa prison, où il semble jouir de certaines conditions favorables, continue de préparer le Royaume de Dieu « le Jour de Yahvé ».

Mais le doute petit à petit doit s’installer dans son esprit et le confondre ! Que fait-il en prison ? Pourquoi Dieu ne le libère-t-il pas ?

 C’est là qu’intervient le fameux épisode où Jean Baptiste demande à des disciples d’aller demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » ? Il est évident que Jean Baptiste a eu vent, dans sa prison, des miracles que Jésus réalisait, des paroles qu’il prononçait sur l’amour de Dieu, sur le pardon, sur sa fréquentation des personnes de mauvaise vie ; vent aussi de son succès, des foules qui commençaient à l’écouter, à le suivre. Alors, peut-être se demande-t-il s’il est vraiment le Messie annoncé ? On peut ainsi mettent en avant le doute qui a pu germer dans l’esprit de Jean Baptiste après avoir, dans un premier temps, écarté l’idée que Jésus pût être le Messie à sa place. À la question de Jean Baptiste posée par les disciples qui viennent le voir, Jésus répond, avec habileté en reprenant des paroles de l’Ancien Testament : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres ; et heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi ! ».

On ignore quelle fut la réaction de Jean Baptiste à la réponse de Jésus. Hérode, finalement, le fait décapiter. La légende veut que la tête du prophète lui ait été demandée par Salomé, la fille d’Hérode. Au cours d’une célèbre danse, elle aurait offert à sa mère Hérodiade la tête de Jean Baptiste sur un plateau. Il est peu probable que cette histoire soit vraie, mais elle est racontée pour former un midrash sur Jean Baptiste et Élie que nous étudions plus loin. Mais, en revanche, on sait qu’Hérode finit par exécuter Jean Baptiste, et cela est certaint.

Que deviennent alors ses disciples ?

Une partie des disciples de Jean Baptiste, après sa mort, est peut-être allée rejoindre Jésus, mais le gros des troupes ne s’est pas rallié à lui. De sorte qu’au début de la chrétienté, il existait encore une forte communauté de « Baptistes » pour qui Jean Baptiste, le prophète incarnation d’Élie, est venu préparer la venue de Yahvé il était le Messie préparant le chemin du Seigneur… Mais pas forcément de Jésus !

C’est ce qui crée toute l’ambiguïté des Évangiles, et leurs divergences. Pour simplifier, l’exercice de leurs auteurs consiste à s’attirer les bonnes grâces des « Baptistes » en montrant clairement que Jésus a toujours reconnu Jean Baptiste comme l’incarnation du prophète Élie. En même temps, les Écritures évitent de le "sur valoriser". C’est pourquoi Luc écrit : « Jean disait : “Celui que vous croyez que je suis, je ne le suis pas ; mais voici venir après moi celui dont je ne suis pas digne de délier la sandale” ». Car bien des diciples de Jean-Baptiste restaient convaincus que leur maître était le Christ celui qui annonçait le « jour de Yahvé » donc l’apocalypse prochain. Les évangiles et même le Nouveau Testament en général, cherchent donc à remettre Jean Baptiste à sa place (« le plus petit dans le Royaume est plus grand que lui » fait-on dire à Jésus, à propos de Jean Baptiste). Sympa comme propos, mais les auteurs des évangiles prennent de grandes précautions pour ne pas l’humilier, pour ne pas trop mécontenter les « Baptistes » et les persuader de rejoindre la cause chrétienne…

À propos de la relation de Jean Baptiste avec Jésus, on hésite entre soutien apporté du bout des lèvres et franche hostilité. Ce défaut d’adhésion sincère et enthousiaste au projet de Jésus a-t-il causé la perte du vrai Messie ? La question peut se poser. Il est évident que lorsque Jésus arrive à Jérusalem, il est pris d’un très mauvais pressentiment. Il se sent seul, sans réel soutien. Face au Sanhédrin et aux Pharisiens ainsi qu'aux aux grands prêtres du temple. Aurait-il évité la condamnation si Jean Baptiste l’avait ouvertement désigné comme le Messie ? Cela est loin d’être sûr.

Jésus, effectivement, aurait peut-être échappé à la croix s’il avait été davantage soutenu par Jean Baptiste et ses disciples et surtout s’il n’avait pas eu cette croyance de Jean Baptiste et son enseignement apocalyptique opposé à celui de Jésus et suivit par de nombreux adeptes. Si les deux courants s’étaient fondus en un seul, le Sanhédrin et le grand prêtre Caïphe auraient sans doute hésité à condamner Jésus. Du reste, au moment où il meurt, Jésus n’a pas changé grand-chose au monde ! Pas encore du moins… L’influence des idées des « Baptistes » est bien plus importante et influencera même tout le christianisme. La crucifixion est tellement humiliante que la mort de Jésus aurait pu, à ce moment, n’être que la fin du beau rêve d’une humanité déchargée de ses pêchés par un Dieu aimant.

Arrivé à Jérusalem Jésus prend vite conscience que s’il continue sont enseignement sa mise à mort l’attend. Pour que Dieu éloigne de lui cette funeste perspective, il prie Dieu, il connaît les écritures et les prophéties d’Isaïe sur la fin tragique du Messie qui viendra. Mais il continue sa mission jusqu’au bout. Ainsi commence « le jour de Yahvé ». (Nous verrons pourquoi cela plus loin).

L’absence de soutien de Jean Baptiste n’est donc pour lui qu’un des éléments — sans doute pas le plus important — qui vont le conduire vers la croix, avec la suite que l’on connaît…

Mais certainement que Jésus attendait une parole de Jean Baptiste qui n’est pas venue. Qu’aurait-elle changé à son destin ? C’est un grand mystère. Les Évangiles ne répondent pas réellement à cette question. La nécessité de situer le mouvement chrétien naissant en récupérant le mouvement baptiste très puissant amène à des contorsions verbales qui nous éloignent d’une connaissance historique de ce que les deux avaient vraiment dans la tête au moment où ils « cohabitaient ».

Si Jésus n’a sans doute pas souffert de cette absence de soutien dans la mise en œuvre du « plan divin », il paraît évident que les premiers chrétiens, eux, tenaient à accréditer la thèse que Jean Baptiste avait reconnu Jésus comme le Messie, tout en se démarquant des idées des « Baptistes ». On sait aujourd’hui l’importance des soutiens apportés par des personnalités politiques nationales à des petits candidats aux élections locales… Les premiers chrétiens ont un grand besoin de ce « coup de pouce ». Ils devront attendre l’empereur Constantin le Grand (280 - 337).

Malgré tout, est-ce que Jean Baptiste, comme le pensent certains a raté la marche ? C’est bien possible. Mais il faut se mettre à sa place ! Jean Baptiste avait une tout autre conception de Dieu, il attendait un dieu à la Élie un dieu punissant et vengeur un dieu jaloux, qui viendrait pour juger et punir les pécheurs, c’était un Juif de son temps. Le comportement de Jésus était si choquant pour lui ! Et ce Dieu père bien veillant et d’Amour ce n’est pas ainsi que Jean conçoit l’image de Dieu. Son aveuglement « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » vise sans doute aussi à montrer, en creux, l’incroyable nouveauté du message de Jésus. Mais une chose me semble évidente Jean Baptiste n’était pas celui qui devait aplanir le chemin du Seigneur celui du prophète Isaïe celui qui devait annoncé « le jour de Yahvé » ce prophète-là c’était le Messie de Dieu c’était Jésus. Jean Baptiste n’avait aucun rôle dans le plan de Dieu du « Jour de Yahvé » si ce n’est que celui de témoigner en rentrant dans une élaboration midrashique que nous étudierons dans un autre chapitre.

Ainsi prit forme la lutte de deux clans rivaux, de deux visions du monde spirituel opposées, de deux chapelles qui comptent leurs disciples et qui jalousent leur influence. Dans l’Évangile de Jean, il est écrit :

« Quand Jésus apprit que les disciples de Jean [Baptiste] avaient entendu dire qu’il faisait plus de disciples et en baptisaient plus que Jean, il quitta la Judée et regagna la Galilée. » Une façon d’éviter une confrontation.

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