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Midrash sur la multiplication des pains et l'arche
La multiplication des pains
Suite à la lecture dans les Évangiles du miracle de la multiplication des pains une question est souvent posée : « C’est quoi ça ? » Ou « c’est quoi de cela ? » « Que veut-on nous dire ? » Ou « que veut-on nous faire croire ? ».
Oui : « c’est quoi ? » La multiplication des pains.
Dans ce récit de la multiplication des pains : Jésus nourrit 5 000 hommes avec cinq pains et deux poissons, et on en ressort même avec encore douze corbeilles de pains ! C’est un récit extraordinaire, inconcevable, inimaginable qui sort de l’entendement ! Je ne peux tout simplement pas y croire parce que cela est impossible car j’ai étudié les sciences, et que l’on m’a appris que E= MC². Donc pour fabriquer de la matière, de quoi nourrir plus de 5 000 personnes en comptant les femmes et les enfants, et en imaginant que cela soit possible, il faudrait fournir une telle énergie que cela semble bien inconcevable il y a deux mille ans, et qui plus est la transformation ou création aussi violentes à partir de l’énergie du vide quantique s'accompagneraient d’une quantité d’effets secondaires insupportables aux êtres vivants et même aux végétaux sur plusieurs centaines de km aux alentours : (chaleur, radiations mortelles, lumière et bruit.) En tout cas, il y a cinq pains, on ne peut pas en faire cinq mille avec cinq, ce n’est pas vrai, ce n’est pas possible, donc je n’y crois pas ! Voilà ! Le commentaire va être court car je n’y crois pas, donc tout est réglé, le problème est simple. Il y a beaucoup de légendes dans le Moyen Orient, pourquoi pas dans l’Écriture ?
Mais l’on sait que dans les Évangiles même les « légendes » sont des textes dans lesquelles la symbolique, les paraboles et le midrash jouent un rôle principal dans l’enseignement, plus que le texte littéral, et cela ne veut pas dire que ce récit « légendaire » n’a rien à nous enseigner. Après tout on enseigne les fables de Monsieur de La Fontaine dans les écoles, qui nous raconte des histoires avec des animaux qui parlent et pourtant chacun sait que les animaux ne parlent pas ! Cela dit il ne vient pourtant à l’idée de personne de dire que les fables de La Fontaine n’ont rien à nous enseigner ! Si non pourquoi les apprendre aux gamins dans les écoles ? Il en est de même dans ce récit de « miracle de la multiplication des pains ». Nous chercherons donc à tirer de ce récit l’enseignement qui y est caché.
Il n’y a pas besoin comme dans beaucoup de miracles dans la Bible de rechercher une forme littérale à ce texte pour tirer un enseignement. Le principal n’étant pas dans le merveilleux ni le comment, mais dans le pourquoi ! Autrement dit pourquoi les évangélistes racontent-ils « ce signe » de cette façon, autrement dit qu'ont-ils vu ? Et non pas « que c’est-il réellement passé ».
Ce qui s’est réellement passé Jean nous le dit : « c’est un signe » ou un « signal » à nous de comprendre ce signe ou signal.
Ce qui s’est réellement passé est sans doute quelque chose de plus banal mais qui est déjà un peu miraculeux et tout mis en semble forme un signe une information qui nous vient de Dieu. N’oublions pas que Dieu peut nous parler au travers sa création et nous faire voir ce qu’il veut nous faire voir.
Ce qui s’est réellement passé :
Une solution serait de dire qu’en fait, dans cette situation, les gens avaient faim et Jésus demande qui a quelque chose à manger. Alors, connaissant un peu l’âme humaine, je pense que beaucoup de gens avaient des réserves mais que très peu l’ont dit. Certainement ils ne s’étaient pas mis tous en route à la suite de Jésus sans au moins quelques provisions. Et que par conséquent, quand on demande qui a quelque chose à partager avec les autres, les gens regardent un peu le bout de leurs sandales… Puis, il y en a quand même un enfant qui apporte à Jésus cinq pains, et deux poissons. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est déjà ça. Jésus rend grâce puis dit maintenant on va partager. Et quand le partage commence, peut être que chacun – finalement - se trouve un peu gêné : « je vous en prie, vous avez peut-être plus faim que moi », et puis que d’autres disent « j’ai aussi un bout de pain », « j’avais un peu oublié mais j’avais quand même quelque chose dans ma poche » Et que finalement, devant l’exemple vertueux montré par les quelques-uns qui ont initié le mouvement, chacun sort les provisions qu’il avait dans ses poches, et cela montre deux choses : d’abord que si vraiment on partage, il y a largement assez pour tout le monde – ce que je crois vrai ; et que d’autre part, pour que ce partage puisse avoir lieu, il faut que certains initient le mouvement. Autrement dit, il faut que certains montrent l’exemple. Et il suffit d’un petit nombre qui montre l’exemple et surtout un enfant, pour que finalement cela entraîne les autres, et que, dans un gigantesque moment de partage fraternel, tout soit réglé. Je pense que très probablement c’est ce qui s’est passé. Et comme il est dit que Jésus venait juste d’enseigner la foule, cela démontre que l’enseignement a porté ses fruits.
Mais le signe ce n’est pas cela. Il y a plus important que cela, et cela nous est révélé dans la façon où les évangélistes nous racontent ce signe comment ils l’ont vécu, et je ne suis même pas sûr qu’ils l’avaient entièrement compris lorsqu’ils l’ont touché par écrit.
Une question souvent posée est la suivante : y a-t-il au cours du ministère public de Jésus relaté dans les Évangiles, une ou deux multiplications des pains ?
À la lecture des évangiles, de prime abord, la réponse est simple : il y en a bien deux différentes, relatées distinctement dans Mathieu comme dans Marc, avec un contexte différent, des détails (notamment numérique) différents, etc. D'autant plus que Matthieu ch 16, 9-10, met dans la bouche même de Jésus le fait qu’il rappelait à ses disciples le premier : "Ne vous rappelez-vous pas les cinq pains pour cinq mille hommes, et le nombre de paniers que vous avez emportés ? Les sept pains pour quatre mille hommes, et le nombre de corbeilles que vous avez emportées ?".
Il semble donc bien y avoir aucun doute possible nous sommes bien en présence de deux miracles distincts de multiplications des pains.
Sans rentrer dans la polémique, des deux récits ou un seul, les récits sont là, donc mon étude travaille avec ces deux récits. Je me range donc à l'hypothèse de deux événements distincts.
Nous devons tenir compte en effet des versets 9 et 10 du chapitre XVI de Matthieu qui font faire la distinction des deux miracles par la bouche même de Jésus. Aussi j'ai bien du mal à comprendre comment on peut expliquer cela en défendant l'hypothèse d'un seul récit.
Concernant le premier miracle, un élément déterminant pour confirmer le contexte de l'événement est signalé dans le récit de Jean. Les pains sont des pains d'orge. Pourquoi Jean précise-t-il cela ?
Pour nous mettre sur la piste du midrash bien entendu !
Dans la tradition de l'ancienne alliance, il y a trois types de pains que l'on peut consommer :
- Le pain levé (froment) consommé habituellement. Rituellement, il pouvait être utilisé pour les oblations de communion, pour réparer les offrendes faites à Dieu.
- Le pain sans levain (froment) est un pain de voyage (sans levain donc conservant plus longtemps), il est celui de la Pâque et du départ d’Égypte, donc de l'Exode et symbole de pureté.
- Le pain grissé, est un pain d'orge sans levain, comme le précédent, mais plus particulièrement consommé pour les repas de deuil.
Jean nous dit aussi en Jean ch 6 : « 4 Or, la Pâque était proche, la fête des Juifs. »
Le fait que Jean nous précise en plus qu'il s'agit de pains d'orge vient confirmer le contexte de ce miracle. Nous sommes juste après la mort de Jean le Baptiste et proche de la Pâque, et Jésus offre un repas de deuil pour celui qui est le plus grand « parmi ceux qui sont nés de femmes, » (Matthieu 11,11). (Voir les midrashim sur Jean Baptiste). Jean Baptiste symbolise l’Ancienne Alliance, ainsi le midrash de cette multiplication des pains nous enseigne que : l’Ancienne alliance est morte, et que la Nouvelle Alliance est symbolisée par le miracle de la multiplication des pains. Or la Pâques est le symbole de la libération de l’esclavage du Peuple, c’est en quelque sorte sa résurrection. Le texte nous dit que la libération « nouvelle » de l’esclavage du péché est proche. C’est une renaissance de la Torah. Torah morte symboliquement avec Élie/Jean-Baptiste elle ressuscite dans une Nouvelle naissance en Jésus. La multiplication des pains est donc un midrash sur la Nouvelle Alliance et la Résurrection. La Torah Nouvelle est donnée au peuple juif, Jésus est le Nouveau Moïse. Moïse pour nourrir son peuple dans le désert a donné la Manne mais en fait ce n’est pas Moïse mais Dieu qui donne cette Manne au désert : le mot “manne” signifie, quelque chose qui est reçu en abondance, parfois de façon inattendue et providentielle. Nous sommes donc bien dans le cadre de cette multiplication des pains « providentielle » ce récit est donc aussi un midrash sur la manne donnée aux Hébreux dans le désert. Dans le miracle de la multiplication des pains on est aussi dans un lieu désertique.
Marc 6 : « 34 Quand il sortit de la barque, Jésus vit une grande foule, et fut ému de compassion pour eux, parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont point de berger ; et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses. 35 Comme l'heure était déjà avancée, ses disciples s'approchèrent de lui, et dirent : Ce lieu est désert, et l'heure est déjà avancée ; 36 renvoie-les, afin qu'ils aillent dans les campagnes et dans les villages des environs, pour s'acheter de quoi manger. »
Matthieu 14,13 : « A cette nouvelle, Jésus partit de là dans une barque, pour se retirer à l'écart dans un lieu désert ; et la foule, l'ayant su, sortit des villes et le suivit à pied. »
Verset 15 : « Le soir étant venu, les disciples s'approchèrent de lui, et dirent : Ce lieu est désert, et l'heure est déjà avancée ; renvoie la foule, afin qu'elle aille dans les villages, pour s'acheter des vivres.»
« Il se mit à leur enseigner beaucoup de choses. » Au prime abord le texte ne nous dit pas ce que Jésus a enseigné ! Or nous aurions aimé connaître cet enseignement ! Nous allons voir que l’enseignement que Jésus donne à cette foule est en quelque sorte résumé dans le « signe » lui-même. Déjà dans ces quelques mots « Quand il (Jésus) sortit de la barque ». Il faudrait des jours et des jours d’études, pour ouvrir toutes les pistes, et en tirer tous les enseignements possibles à en tirer de cette simple phase :
« Quand il sortit de la barque ».
Le midrash revoit à Moïse en effet Moïse dans son berceau comme dans une barque est retiré ou sortie des eaux du Nil par la fille du Pharaon (Exode 2, 1-10). Jésus sortant de la barque c’est aussi en symbole de la sortie de l’arche par Noé (Genèse 8.1-22).
Le mot utilisé en Grec pour barque est Πλο?? ploion. Ce n’est pas le même mot que pour désigner l’Arche, mais nous verrons que nous ne devons pas ici nous arrêter aux mots écrits mais à leurs sens et à leurs symboles.
L’arche de l'alliance est une barque.
Jos ch4 v18 : « Lorsque les sacrificateurs qui portaient l’arche de l’alliance de l’Éternel (comme les eaux du lac portaient la barque dans laquelle se trouvait Jésus) furent sortis du milieu du Jourdain, (eaux du baptême de Jésus, et le lac de Tibériade est alimenté par les eaux du Jourdain) et que la plante de leurs pieds se posa sur le sec, les eaux du Jourdain retournèrent à leur place, et se répandirent comme auparavant sur tous ses bords. »
Dans l’arche de l’alliance qui a-t-il ?
L'Arche d'Alliance (en hébreu אֲרוֹן הָעֵדוּת, Aron ha'Edout, « Arche du témoignage ») selon la Bible, contient les Tables de la Loi (Dix Commandements) données à Moïse sur le mont Sinaï.
Le midrash nous enseigne donc ici que le Christ qui est la Loi car « Parole de Dieu incarnée » sort de l’arche symbolisée par la barque sur les eaux du lac de Tibériade.
On retrouve aussi l’Arche אֲרוֹן arown dans « l’Arche de Noé » généralement traduit par Arche, coffre, cercueil, « tombe » en grec κιβωτός kibótos (correctement : une boîte en bois, donc) cercueil, l’Arche, dans laquelle Noé a navigué ; l'arche de l'alliance, est donc aussi un tombeau. Dans notre midrash Jésus comme Noé sort donc aussi du tombeau ce qui nous renvoie à la résurrection de Lazare mais aussi à la sienne.
Le midrash sur l’arche de Noé.
L’histoire de l’arche de Noé est un joli conte qui est inspiré des écrits sumériens… Cette notion de déluge existe bien avant l’épisode qui nous intéresse.
La Bible nous dit qu’à l’époque de Noé, l’humanité n’a pas évolué dans le bon sens… Au contraire que ce but est manqué !
Ce modèle d’humanité doit disparaître pour faire place à autre chose… Cela va passer par une notion de mort et de renaissance (thème que l’on retrouve dans le christianisme et dans tout chemin initiatique).
La notion d’Arche est bien connue des textes bibliques… Ici, il s’agit du mot hébraïque Téva תֵּבָה qui est employé et qui signifie nous l’avons vu : "coffre, boîte" etc..
Nous avons vu aussi que l’on retrouve ce vocable dans l’épisode de Moïse récupéré sur les eaux dans une Téva תֵּבָה dans ces deux épisodes on retrouve cette même notion de mort, de disparition et d’émergence comme une renaissance.
Dans le premier, nous l’avons dit précédemment, et dans le second, ce sont les nouveaux mâles des Hébreux qui doivent disparaître, mourir…
Dans le premier récit, Noé "le juste" trouve grâce, il est l’élu par qui quelque chose de nouveau va renaître…
Dans le second c’est Moïse qui va être le guide d’un nouveau peuple formé d’individus essentiellement nomades de diverses origines et tributaires pour leur existence de l’Égypte où ils avaient pour la plupart, suite à des famines, trouvés refuge, travail et nourriture…
Revenons à l’épisode de Noé… Qui n’est pas bien sûr à considérer comme un récit historique mais plutôt comme une trame initiatique… Il est d’évidence qu’à l’époque et encore aujourd’hui, quel navire pourrait contenir ce que Noé devait y faire rentrer ?
« Lui-même et toute sa famille et de tous les animaux purs, sept couples de chaque espèce… des animaux impurs, un couple de chaque…et des oiseaux sept couples également de chaque espèce ».
Le mot Téva תֵּבָה peut être pris dans un tout autre sens que coffre ou boîte… Il peut être interprété dans le sens de « mot » comme l’indique le Talmud dans l’expression : Téva bat chété otiyot qui signifie un mot de deux lettres ou encore cette expression courante raché tévot le sens premier étant tête de mots, c’est-à-dire initiales.
Et dans cette nouvelle approche que nous offre le mot Téva תֵּבָה …Il ne s’agit plus d’aller vers un bateau et d’y entrer…Mais comme le préconisait Rabbi Israël ben Eliezer dit Baal Chem Tov, « Maître du Bon Nom » de pénétrer dans le mot pour en retrouver toutes les dimensions et profondeurs...
D’ailleurs ceci nous est confirmé par les dimensions suggérées de ce coffre (arche pour le traducteur) :
Longueur = 300 coudées - Largeur = 50 coudées - Hauteur = 30 coudées soit un total de 380 valeur du mot -lachone- לשון qui signifie la langue (à la fois organe physique et langue d’un pays).
L’invitation est de ne rien figer par l’unique définition d’un mot, mais au contraire d’aller rechercher toutes les dimensions de celui-ci pour donner un autre sens au sens, de ne pas se retrancher derrière les œillères d’une unique interprétation ou de dogmes dépassés, mais au contraire de s’élever dans l’échange… Ou comme on dit aujourd’hui, élever le débat. Mais cela nous invite aussi à aller au-delà des mots au-delà du sans littéral du texte.
Or si l’on voit au-delà des mots au-delà du sans littéral, l’arche est aussi un bateau ou une barque. אֲרוֹן est un Bateau, une barque en hébreu ; or la barque comme l’arche de Noé et de Moïse est un moyen de transport sur les eaux physiques, mais au-delà des mots sur les eaux symboles. Qu’en Jésus marche sur les eaux il est comme une barque, comme une arche, donc comme un refuge.
Poursuivons notre lecture de l’Arche de Noé en demeurant à l’écoute du Midrash ; Dans le même verset (Genèse, 6, 14) nous lisons : « (en forme de קֵן "Qen" ) « de nids » tu feras la Téva קֵן ». Or קֵן (qen) ou (kane) que nous traduisons par cellule dans ce verset peut être traduit dans son sens premier « nid ».
Que vient faire ici la notion de « nid » dans ce contexte ? Qui fabrique des nids ? Les oiseaux et ici Noé. Quel rapport le langage, la parole entretiennent-ils entre Noé et les oiseaux ?
Le Midrash Rabba est sensible à cette remarque et donne une interprétation qui appuie notre analyse. Le Midrash dit : « De la même façon que l’oiseau est expiation pour le lépreux, ainsi la Téva תֵּבָה… » (les oiseaux ont une place centrale dans tout l’épisode du Déluge). Nous savons que la colombe du baptême de Jésus évoquait une nouvelle création, et que certains y ont vu une allusion au livre de la Genèse et à l'esprit qui planait sur les eaux (Gn 1,2). Un texte rabbinique écrit d'ailleurs qu'en ce temps-là, L'Esprit de Dieu planait sur la face des eaux comme une colombe qui plane au-dessus de son nid et ses petits mais ne les touche pas (Talmud de Babylone, Hagiga 15a). Un lien a également été fait avec la colombe du déluge qui marque la fin de l'inondation punitive et le début d'une ère nouvelle (Gn 8,8-12). Un autre fait relie Jésus à deux tourterelles ou deux colombes cela nous est raconté dans Luc : Après la naissance de Jésus :
« Quand les huit jours furent accomplis pour circoncire l’enfant, il fut appelé Jésus, nom qui lui avait été donné par l’ange, avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère. Et quand les jours de leur purification, selon la loi de Moïse, furent accomplis, on porta l’enfant à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, selon qu’il est écrit dans la loi du Seigneur : Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur ; et pour offrir en sacrifice, selon ce qui est prescrit dans la loi du Seigneur, une paire de tourterelles, ou deux pigeonneaux » (Luc 2:21-24).
Deux tourterelles ou deux pigeons sont donnés en sacrifice. Certains ont vu par ce sacrifice de deux tourterelles que Marie et Joseph étaient des pauvres gens, mais cela n’a rien à voir avec la pauvreté puisque ces deux tourterelles sont là pour entrer dans notre midrash, mais continuons celui-ci.
Dans le Lévitique ch 14 la cérémonie de purification d’un lépreux fait usage aussi de deux oiseaux ; l’un est « sacrifié », tandis que le second, après avoir été trempé dans le sang du premier, est renvoyé libre à la surface du champ (14,9).
Pour la tradition midrashique et talmudique, la lèpre, ???? צרעת, est une affection du corps conséquente du לשון הרע Lachon hara nom par « médisance » comme on le traduit populairement mais littéralement : « langue mauvaise » ou « langage du mal » qui est un mauvais rapport au langage. Jésus enseigne dans Marc ch 7 v 14 & 25 : « 14 Appelant de nouveau la foule, il lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. 15 Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » Jésus faisait référence au לשון הרע Lachon hara.
Dans le monde de la Bible, la lèpre n’est pas qu’une maladie de peau. Elle est une forme de châtiment divin. C’est la plaie par excellence. Par exemple, elle est envoyée aux Égyptiens (Exode 9,9-11) et semble l’être au serviteur souffrant qui porte le péché du peuple (Isaïe 53,3-12). En principe, la lèpre était vue comme une conséquence du péché.
Le Midrash conserve cette idée en faisant dériver le mot métsora (lépreux) d’une contraction de l’expression, מוציא שם רע, motsi chem ra, c’est-à-dire « celui qui fait sortir un nom mauvais. » (Calomnie) Le מוציא שם רע "Motsi Chem Ra'" est la faute que commet celui [ou celle] qui parle en défaveur d'une autre personne en disant du mensonge.
Dans le livre des nombres au chapitre 12 Myriam la Sœur de Moïse se rebelle, et brigue la place de celui-ci à la tête du peuple, en complotant avec son frère Aaron. La lèpre éclate alors sur son visage, et Aaron, par son intercession auprès de Dieu, peut la sauver.
Nb 12.1 : « Quand Miryam et de même Aaron critiqua Moïse à cause de la femme nubienne qu'il avait épousée; »
Cette expression désigne celui qui enferme l’autre dans un nom ou une catégorie non viable (ral). Le midrash donne une autre explication : le lépreux est celui qui a perdu la notion de culpabilité et de responsabilité. L’oiseau, en hébreu צִיפּוֹר tsipor, par son chant, vient réparer cette situation. Le mot tsipor se lit aussi tsérouf qui signifie : combinaison des lettres d’un mot pour produire d’autres mots, mais tsipor, l’oiseau, a une signification encore plus essentielle ; il est la métaphore même du rapport du langage et du réel, le fait de réussir à introduire dans la matière du monde une parole qui la fasse vivre et la mettre en mouvement. « Je suis le chemin la vérité et la vie ». Le mot צִיפּוֹר tsipor se compose en effet du mot צור, tsour, « rocher » et פֶּה pé, « bouche » : littéralement, un oiseau « hébraïque » est une « bouche » à l’intérieur d’un « rocher. » Or Jésus est dans la tradition chrétienne souvent comparé à un rocher. « Il est mon rocher ma forteresse » Moïse frappe le rocher Nombres 20 : « 10 Moïse et Aaron convoquèrent l'assemblée en face du rocher. Et Moïse leur dit : Écoutez donc, rebelles ! Est-ce de ce rocher que nous vous ferons sortir de l'eau ? 11 Puis Moïse leva la main et frappa deux fois le rocher avec sa verge. Il sortit de l'eau en abondance. » Notre midrash nous dit aussi que cette eau est le Christ : l’eau dans les Évangiles signifie le salut eschatologique apporté par Jésus. « L’eau purifie ». L’Eau c’est la parole de Dieu et Jésus est l’eau incarnée.
La parole de Dieu est pareille au bruit de l'eau. La barque (l’arche) dans laquelle Jésus a pris place est sur les eaux.
Ezéchiel 43: 2 « Et voici, la gloire du Dieu d’Israël s’avançait de l’orient. Sa voix était pareille au bruit des grandes eaux, et la terre resplendissait de sa gloire. »
Eze 1:24 « J’entendis le bruit de leurs ailes, quand ils marchaient, pareil au bruit de grosses eaux, ou à la voix du Tout-Puissant; c’était un bruit tumultueux, comme celui d’une armée; quand ils s’arrêtaient, ils laissaient tomber leurs ailes. »
Elle est la vie, là où il n'y a pas d'eau, il n'y a pas de vie.
C'est l'une des clés de la compréhension des textes qu'il faut méditer, le sens devient plus clair comme l'eau qui transparente laisse voir ce qui est caché.
Ce symbole en entraîne un autre, celui de la mer, qui représente la foule ou les nations. Or dans notre texte Jésus sort de l’Arche de l’alliance qui navigue sur les nations pour les enseigner. Voilà aussi ce que dit notre texte.
Le midrash nous enseigne ainsi que Jésus : La parole de Dieu vient enseigner son peuple. Jésus est aussi le nouveau Noé. Or Noé sous les ordres de Dieu, bâtit une arche « la barque » afin d'échapper au Déluge, car le nom de Noé en hébreu, נֹחַ nōa'h , est formé des deux lettres Noun et Het. Inversées, ces deux lettres forment le mot 'Hen, grâce ; les deux mots figurent dans la Genèse : « Mais Noé (Noah, Noun Het) avait trouvé grâce (Hen, Het Noun) aux yeux de Yahvé ». Si Noé se regarde « dans les yeux » de Dieu, il y trouve « grâce », son nom inversé, comme dans un miroir ou comme quand on se regarde dans l’eau qui est aussi Jésus. Lui et sa famille étant les seuls humains épargnés, Noé et sa femme sont considérés par la tradition comme les ancêtres de toute l'humanité. Le midrash nous enseigne aussi que la « Grâce » sort de « l’Arche » pour être donné au peuple et que la Loi est aussi la Grâce. C’est la parole incarnée en Jésus-Christ.
D.R.
Commentaires
-
1 Andrée Cantarel Le 25/10/2020
Merci ....
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