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​Entretien avec Nicodème

​Entretien avec Nicodème

 

 

Chapitre 3 de l’Évangile de Jean (version Nelson Darby) :

 

"1 Mais il y avait un homme d’entre les pharisiens, dont le nom était Nicodème, qui était un chef des Juifs.

2 Celui-ci vint à lui de nuit, et lui dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur* venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que toi tu fais, si Dieu n’est avec lui.

3 Jésus répondit et lui dit : En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né de nouveau*, il ne peut voir le royaume de Dieu."

4 Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et naître ?

5 Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.

6 Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit.

7 Ne t’étonne pas de ce que je t’ai dit : Il vous faut être nés de nouveau.

8 Le vent* souffle où il veut, et tu en entends le son ; mais tu ne sais pas d’où il vient, ni où il va : il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit.

9 Nicodème répondit et lui dit : Comment ces choses peuvent-elles se faire ?"

"10 Jésus répondit et lui dit : Tu es le docteur* d’Israël, et tu ne connais pas ces choses ?

— v. 2, 10 : ailleurs : Maître (maître qui enseigne). — v. 3 : non seulement de nouveau, mais entièrement à nouveau, comme d’une nouvelle source et origine de vie ; comparer Luc 1:3 : « depuis le commencement ».

— v. 8 : le même mot est aussi traduit par Esprit dans les versets 5 à 8.

         Nicodème qui signifie "vainqueur du peuple" était certainement un homme important non seulement car il s’était élevé au-dessus de ce peuple mais aussi par sa notoriété et sa richesse, on le voit en effet au septième chapitre, participer à la réunion du grand conseil (le sanhédrin), où il émet une objection qui ne requière que du dédain chapitre 7, versets 50-51 : "Notre Loi condamnerait-elle un homme sans l’avoir entendu et sans savoir ce qu’il fait ?"

Et au chapitre 19, verset 39, où il participe à l’ensevelissement du Seigneur qui nous apprend que : Nicodème vint aussi, lui qui naguère était allé trouver Jésus au cours de la nuit. Il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres.

La quantité n’a ici rien de symbolique elle n’est indiquée que pour affirmer que ce Nicodème disposant d’une certaine aisance matériel. C’était un pharisien. Les membres de ce courant de pensée pour ne pas dire "secte" étant donné le sans péjorative qu’a ce mot à notre époque, s’efforçaient à pratiquer une observance stricte de la Torah, (la Loi) avec une certaine ostentation, mais aussi avec un grand respect pour la tradition orale et l’accomplissement des commandements. Si certains d’entre eux furent qualifiés d’hypocrites, par jésus lui-même, c’était surtout en raison d’une certaine dureté de cœur. Ce caractère traversa les siècles, et c’est celui que l’on rencontre encore et toujours hélas chez les dévots de toutes les religions. Ils étaient aveugles et complètement imperméables aux discours de Jésus sur le fait que Dieu est bonté et Amour, et exige avant tout de ses enfants qu’ils observent la miséricorde. "Vainqueur du peuple", non pas contre le peuple mais issu du peuple, ou sortie du peuple, Nicodème est un Judéen, non pas un juif au sens que l’on donne à cette désignation aujourd’hui. Non pas des "juifs fils d’Israël" mais des habitants de la Judée, siège de la capitale religieuse Jérusalem, qui regardait avec condescendance les autres "juifs", ceux de la Galilée en autres. La société d’Israël, à cette époque subit une grande influence de la part des Pharisiens qui jouissent en retour d’une énorme popularité, contrairement à la caste aristocratique des prêtres et des Saducéens du Temple de Jérusalem qui sont assez coupés du peuple. Qu’en aux Esséniens ils ne vivent pas tous en huis clôt dans des monastères mais ils ont tous rompu tous liens avec le temple de Jérusalem et la société allant Jusqu’à suivre leur propre calendrier liturgique. Les Pharisiens sont opposés aux Sadducéens, mais malgré cela ils trouveront la concorde pour faire périr Jésus.

Si le récit des noces de Cana, peut-être compris comme le passage de l’ancienne à la nouvelle alliance, c’est-à-dire de l’ancien monde au nouveau monde. Le récit des marchands chassés du Temple qui suit directement les noces de Cana annonce lui que ce passage sera scellé dans l’événement pascal. Le texte nous conduit ensuite avec le récit de plusieurs rencontres que Jésus fait. Derrière chacune de ces rencontres se profile un groupe social différent : les tenants de l’orthodoxie officielle avec Nicodème le religieux et notable juif, les Samaritains avec la femme samaritaine, "l’hérétique" juive, et les non-juifs avec le fonctionnaire royal considéré comme un païen. Dans chacun de ces cas la scène se déroule avec un dialogue de personne à personne, Jésus s’efforçant d’éveiller chez ses interlocuteurs une foi authentique en son mystère et en sa mission. Chacune de ses rencontres est riche d’enseignement dans le déroulement et l’aboutissement inattendus de chacune d’elles : ouverture à la révélation et à la foi dans les deux dernières et blocage apparent pour le religieux le pharisien. Si Nicodème ne dit rien, la femme samaritaine et ses compatriotes, l’officier royal avec toute sa famille reconnaissent en Jésus le Messie et le Sauveur du monde. Par ces entretiens, agencés avec art, un itinéraire est balisé qui conduit de l’adhésion imparfaite suscitée par les miracles de Jésus à la foi en sa Parole.

La rencontre a lieu de nuit

Nicodème est une sorte de noctambule somnambule en quelque sorte, il est l’homme de la nuit. La nuit l’enveloppe, un peu comme le reflet de ses ténèbres intérieures. Petit contraste cependant cet entretien qui se commence par la nuit se termine par l’évocation de la lumière :

Nicodème vient donc "de la nuit", « de," étant sous-entendu. Car il recherche avant tout chose et même de celle qu’il est venu chercher la discrétion. Il avance caché de la nuit et prudemment car il sait que l’enseignement de Jésus suscite des oppositions chez ses confrères. De là la phrase de Jésus "Celui qui fait la vérité vient à la lumière pour que ses œuvres soient manifestées, elles qui ont été accomplies en Dieu".

Dans son dialogue avec Jésus comme il utilise le pronom "nous", on est en droit de supposer qu’il vient en porte-parole, mais dans ce cas pourquoi se cacher et venir de nuit, ou alors il faut comprendre comme je le dis en ouverture qu’il vient "de la nuit". En vérité Nicodème avoue ici qu’il n’est pas le seul à savoir par pure constatation que Jésus est un homme qui vient de Dieu, les miracles faits par Jésus en témoignent ; certains de ses collègues Pharisiens partagent cette même reconnaissance et savoir, mais s’il vient lui de nuit c’est pour que sa démarche ne soit pas connue d’eux, qui tout en sachant que Jésus est homme envoyé de Dieu se refusent à aller vers lui écouter ce qu’il a, à leur dire.

Cette approche cachée de Nicodème me rappelle l’histoire d’un couple que j’ai bien connu et amis de mes parents. À une certaine époque ils se disaient et se considéraient comme des anticléricaux, ce qui ne me paraît pas encore trop grave, mais surtout des athées. Ils avaient cependant une certaine forme de croyance assez floue, remontant sans doute de leur jeunesse enfouie au fond d’eux même, et peut-être poussé par le doute et en désespoir de cause, ils étaient entrés dans une église profitant d’un voyage lointain et de l’incognito en ce lieu s’adonnèrent à brûler un cierge pour soutenir une demande à Dieu (je suppose) à moins que ce fut à un saint personnage, pour qu’il intervint en leur faveur, et solliciter auprès du Père Céleste que leur petite fille soit reçu au certificat d’études. Ils joignirent à cette demande doutant peut-être que la combustion du cierge eut suffi, une promesse qu’ils firent à Dieu. Celle "de fréquenter la messe tous les dimanches" autrement dit de ne plus se considérer comme des athées, si ce vœu était exaucé bien entendu. Drôle d’attitude penserions-nous ! Mais ne nous scandalisons pas ! C’est un peu l’attitude qu’eut John Newton, le célèbre auteur du cantique "Amazing Grace" prit avec son navire négrier dans une tempête en pleine Atlantique où face à la mort traita un marché semblable avec Dieu. Leur petite fille ayant obtenu le certificat d’études, ils voulurent honorer leur promesse, mais d’un autre côté ils ne voulaient pas montrer à leur entourage, et aux habitants de leur ville qu’ils allaient désormais à la messe chaque dimanche, eux qui avaient prôné si fort et si haut leur athéisme, et qu’ils s’étaient convertis. Donc ils devaient se rendre le dimanche à la messe sans être vu des infidèles comme des fidèles. Ils décidèrent d’aller couvert par l’anonymat dans un village voisin. Le problème c’est qu’ils n’avaient pas de voiture, donc chaque dimanche, il fallait qu’ils fassent hiver comme été dix kilomètres aller retour à pied pour aller à la messe. Mon père qui était un homme un peu moqueur et qui avait eu le privilège si je puis dire d’être mis au courant "du marché" les surnommait Nicodème et sa femme. C’est étrange comme les gens peuvent parfois avoir un tel ego que celui-ci est tellement fort qu’il les empêche d’approcher fièrement et sans crainte de Dieu, et de lui rendre ainsi témoignage. Car ce qui bloquait ce couple s’appelait orgueil personnel, et cet orgueil les maintenait dans les ténèbres. En cela leur orgueil ou ego appelez cela comme vous voulez était leur Satan ou leur Diable intérieure. Comme ces Pharisiens refusant d’écouter Jésus.

Mais contrairement à ce couple les paroles de Nicodème laissent supposer qu’il est surtout animé par une recherche de la vérité, par une quête spirituelle. Il constate à la vue des signes que le Seigneur opère, qu’il n’est pas n’importe quel homme, qu’il vient de Dieu, donc il "cherche". Noble attitude n’est ce pas.

Nicodème vient de nuit mais comme tout homme, en effet dans l’Évangile de Jean, l’homme est lié à la nuit. C’est Jésus qui va le faire passer des ténèbres de la nuit à la lumière.

En tant que pharisien il ose aller vers Jésus, pour l’instant caché ; mais au moment de l’épreuve de la croix, il sortira au grand jour pour recueillir le corps de Jésus.

C’est en cultivant ce désir que l’homme lui-même peut trouver sa propre vérité, enfouie à l’intérieur de lui-même et c’est en naissant à la lumière qu’il la trouve.

On remarque qu’il peut y avoir des retours en arrière, Judas par exemple, un instant saisi par la lumière va retourner en arrière, il va rechuter dans les ténèbres, d’ailleurs le verset 30 du chapitre 13 de Jean nous dit en ce qui concerne Judas : "Il sortit et il faisait nuit".

Mais la nuit a une autre signification dans la tradition hébraïque, c’est aussi un moment privilégié pour méditer la loi. Au cœur de la nuit il est très bienfaisant de méditer la loi divine, la nuit peut être un temps privilégié de rencontre avec Dieu.

 

Mais Nicodème n’est pas Socrate car ce "nous savons" de Nicodème renferme non pas un sophisme mais une illusion. En réalité, Nicodème croit savoir, mais il ne sait rien du tout, il en sait moins qu’il ne le croie et dans les signes accomplis par Jésus il y a beaucoup plus qu’il n’y a vu. Le Royaume de Dieu est là présent parmi les hommes en pleine lumière ; Nicodème étant de la nuit il ne le voit pas ; car il n’accède pas encore au mystère du "Fils de Dieu". Ce "nous savons" qu’en ce n’est pas "nous savons tous" présente certainement le plus grand danger de tous les religieux et de toutes sciences, même théologiques, qui veulent poser un jugement définitif, un dogme, sur toutes choses avec le seul critère de leur discipline, même parfois contre l’évidence de la vie. Jésus ne veut pas discuter là-dessus avec Nicodème qui se place sur le seul critère de sa science. Il ne s’agit pas d’arguments, d’évidence mais de naissance, de vision du Royaume. Beaucoup de Juifs, comme Nicodème, désiraient sincèrement voir advenir le Royaume de Dieu mais leurs ténèbres intérieures leur "nous savons" faisaient obstacle à une telle vision. "Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres !" dit Jésus en Matthieu ch 6 v 23b. Alors c’est Jésus qui l’oblige à sortir de l’obscurité, avec une image aussi lumineuse que provocante : "Jésus répondit et lui dit : « en vérité en vérité je te dis : Nul à moins d’être engendré d’en haut, ne peut voir le Royaume de Dieu".

Jésus lui fait pressentir que l’idée juive du Royaume de Dieu comme une réalité politique et terrestre, est erronée : En effet, Jésus ne dit à Nicodème rien d’autre que le Royaume de Dieu est accessible seulement par une naissance spirituelle. (Il faut noter que Jean utilise rarement l’expression Royaume de Dieu, il l’appelle vie éternelle, ou la vie).

Nous pouvons traduire la réponse de Jésus par le raccourci "tu veux connaître, je te propose de naître ". Nous connaissons les paroles de Jésus dans les Évangiles que dans la version grecque, l’adverbe grec ?νωθεν anôthen signifie à la fois d’en haut et de nouveau. Et l’ambivalence est probablement voulue par Jean pour expliquer la méprise de Nicodème et son interrogation ironique :

"Nicodème lui dit : "Comment un homme peut-il être engendré quand il est vieux ? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et être engendré ?" Faut-il repartir en arrière ? "Jésus répondit : " en vérité en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est engendré d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est engendré de la chair est chair, et ce qui est engendré de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas de ce que je t’ai dit : Il vous faut être engendrés d’en-haut. L’esprit souffle où il veut, et tu en entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient, ni où il va : ainsi est tout homme qui est engendré de l’Esprit".

 

"Comment cela peut-il se faire ?" La question doublement répétée de Nicodème est souvent comprise dans le cadre de l’ironie dont le quatrième évangile est coutumier. Une ironie qui invite le lecteur plus à l’attention qu’à la moquerie envers celui qui semble n’avoir pas compris. N’est-il pas difficile parfois, et même souvent, de parler ouvertement et clairement de ce qui tient le plus à cœur : qui suis-je ? Qui es-tu ? Qu’y a-t-il entre toi et moi ? Ces questions qui habitent ou hantent les jours et les nuits, surtout les nuits…

"Comment cela peut-il se faire ?" La question semble naïve. Nicodème est un maître. Il a appris à réfléchir, à penser. Mais voici qu’il se trouve démuni, incapable d’interpréter cette image de naissance de nouveau, d’en haut, d’eau et d’Esprit. Ce qu’il sait et croit sur Dieu, sur l’humain, sur la vie, ne l’éclaire pas. Délesté de son savoir, Nicodème se trouve naïf, mais cette naïveté n’est ni crédulité ni stupidité. Elle est la place laissée en lui à une parole neuve et féconde, une forme donnée à ce quelque chose, peut-être un presque rien, qui l’avait fait sortir, la nuit.

Naïf, c’est bien ce qu’il fallait que Nicodème soit, puisque Jésus lui parle de naître et que naïf signifie d’abord natif. Devenir naïf, devenir natif du Souffle, dans un instant d’ignorance, d’innocence, un instant suspendu qui fait entrevoir qu’on peut encore naître à un autre monde que celui des représentations qu’à celui matériel, de notre vision illusoire, simplement et sans aigreur.

Cette naïveté ne le quittera plus. S’il ne devient pas disciple de Jésus comme le sont Pierre ou Nathanaël, ou le disciple bien-aimé, Nicodème voit désormais autrement, au-delà du visible, des représentations et des savoirs.

C’est certainement ce qui lui permettra plus tard de poser une vraie question à ses pairs qui veulent faire arrêter Jésus : "notre Loi condamnerait-elle un homme sans l’entendre, sans savoir ce qu’il a fait ?" Incapables de répondre sans se condamner eux-mêmes, ils se réfugieront dans le mépris.

Cette vision renouvelée, c’est certainement aussi ce qui permettra à Nicodème d’ensevelir, avec Joseph d’Arimathée, le corps de Jésus en le préparant comme le corps d’un roi – le roi des Juifs ? –, quand les autres disciples seront tous partis.

Est-ce la foi ? Est-ce croire ? Nicodème avait-il compris ?

Faut-il répondre immédiatement, définitivement ? Ou reprendre à nouveau la longue marche de Nicodème, dans l’ombre des chapitres de l’Évangile…

Ses trois apparitions confèrent à son nom une petite musique, de nuit bien sûr, qui reste au cœur, discrète, modeste, pour demeurer aussi à l’écoute de ceux qui, comme lui, sont en quête, dans l’ombre. Une petite musique pour demeurer dans la reconnaissance et la bienveillance envers ceux que leurs failles intérieures, leurs fragilités intimes, leurs contradictions internes, leurs ambiguïtés constitutives font cheminer furtivement, lentement.

Qui leur jetterait la pierre ?

 

"11 En vérité, en vérité, je te dis : Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage.

12 Si je vous ai parlé des choses terrestres, et que vous ne croyiez pas, comment croirez-vous, si je vous parle des choses célestes ?

13 Et personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le fils de l’homme qui est dans le ciel.

14 Et comme Moïse éleva le serpent* dans le désert, ainsi il faut que le fils de l’homme soit élevé,

15 afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle.

16 Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle.

17 Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde afin qu’il jugeât le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui.

18 Celui qui croit en lui n’est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

19 Or c’est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises ;

20 car quiconque fait des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises ;

21 mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, qu’elles sont faites en Dieu."

Le témoignage de Jésus

À partir du v. 11, c’est la communauté qui prend relais : c’est le "nous" qui domine désormais, et réunit la parole de Jésus et celle de sa communauté. Et Nicodème laisse place à l’ensemble du peuple juif dont il était le porte-parole. C’est le "vous" qui apparaît :

11 En vérité, en vérité, je te dis : Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage.

12 Si je vous ai parlé des choses terrestres, et que vous ne croyiez pas, comment croirez-vous, si je vous parle des choses célestes ?"

 

Au "nous savons" de Nicodème tout au début au verset 2, Jésus oppose, avec solennité, un autre collectif, un autre "nous" possédant lui, la vraie connaissance : "nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu". Quand Jean utilise le verbe "parler" (laléô), ce n’est jamais le verbe banal des conversations futiles. Il lui donne toujours le sens de parole de révélation : "les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie" (Jn 6,63). Nous retrouvons ici le verbe "témoigner" sur les lèvres de Jésus. Son témoignage ne fait pas appel aux signes mais uniquement à sa parole. Jésus exige la foi en sa parole tout court, tout simplement. Sa parole est celle d’un "témoin".

L’élévation du Fils de l’Homme

13 Et personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le fils de l’homme qui est dans le ciel.

14 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le fils de l’homme soit élevé,"

À partir du verset 13, le dialogue disparaît ; laissant place aux paroles révélatrices encore plus profondes : des choses terrestres on passe aux choses célestes. Ce verset 13 est bref : il affirme que la seule connaissance authentique de Dieu est celle qui vient de Celui qui est engendré du ciel, le Fils de l’Homme. Il affirme donc que Jésus est bien le seul révélateur des choses célestes. Au chapitre 1 verset 52, Jésus s’était déjà attribué le titre de Fils de l’Homme pour se qualifier de révélateur et de médiateur entre ciel et terre.

C’est ici la même fonction qui lui est attribuée au v. 13. L’axe de la verticalité structure ce passage, monter/descendre au v. 13, élever au v. 14. Il s’agit de mettre en relation le domaine de la chair, du monde terrestre avec celui de l’esprit, des réalités célestes. Pour donner du crédit à sa parole, Jésus l’enracine dans l’histoire d’Israël et il évoque le serpent élevé au désert (Nb 21,4-9) qui arrachait à la mort les Hébreux infidèles. De même que le serpent a été élevé au désert, le Fils de l’Homme sera élevé. De même que ceux qui regardaient le serpent étaient sauvés, ceux qui croiront au Fils de l’Homme auront la vie éternelle.

Nous avons ici la première annonce johannique de la Passion (ch8, v28 et ch12, v32) avec ce mystérieux "il faut" qui ne saurait s’appliquer à une fatalité aveugle, mais bien à un accomplissement de la mission de Jésus, l’unique révélateur du Père qui achèvera sa mission de révélation sur la croix.

Mais qu’est-ce au juste ce "Fils de l’Homme" que parle Jésus à Nicodème et à nous par ce texte ?

Beaucoup et n’importe quoi ont été écrit à ce sujet. N’importe quoi car comme souvent le religieux croit savoir et refuse d’élargir son champ de vision.

Le Fils de l’homme… Le problème est que beaucoup se méprennent sur la signification de cette expression, assez étrange au prime abord. Puisque c’est à Jésus que ce titre, Fils de l’homme, s’applique, comme lui-même d’ailleurs l’a revendiqué pour lui, nous imaginons souvent qu’en ce Jésus-Christ, dont nous reconnaissons simultanément la proximité avec Dieu et avec nous, les plus orthodoxes diront que nous confessons être simultanément vrais Dieu et vrai homme, quand les plus libéraux affirmeront qu’il nous enseigne à comprendre ce qu’il y a de spirituel en tout être de chair, ce terme, Fils de l’homme, pour beaucoup signifie que Jésus est notre compagnon en humanité qui sur sa croix dans l’obéissance nous unit pleinement à lui, nous évitant l’emploi de sa contrepartie à l’accent trop fabuleux pour ne pas dire mythologique pour certains : Fils de Dieu. Je craindrais, voyez-vous, qu’à trop distinguer le Fils de Dieu du Fils de l’homme, premièrement nous n’en venions très vite à couper en deux le Messie jusqu’à en voir deux, d’un côté un Christ céleste toujours lointain, et de l’autre un Jésus copain toujours incertain, et secondement que parlant du Royaume de Dieu, nous nous demandions sans trouver de réponse ce que, s’agissant de Dieu, l’homme vient faire là.

Qui en vérité est le Fils de l’homme ?

Jésus parlait araméen, une langue très voisine de l’hébreu, une langue populaire. C’est en araméen qu’il a prononcé ces mots qu’aujourd’hui nous traduisons par Fils de l’homme, les reprenant d’ailleurs de l’Ancien Testament, où le prophète Daniel les a introduits. Demandons-nous donc deux choses : d’abord si notre traduction est correcte, et ensuite quel sens il convient de lui donner. Mais avant cela faisons une remarque.

Je viens de dire que c’est dans le livre de Daniel, que l’expression apparaît dans notre Bible, Daniel que nous qualifions-nous chrétiens comme un prophète. Dans la Thora (la Bible des Juifs), Daniel n’est pas un prophète et le livre qui lui est attribué est ce qu’on appelle un hagiographe, c’est-à-dire un livre saint, utile à la piété. Au vrai, cette expression prend une dimension touchant au salut, sotériologique dans un autre livre de la tradition juive, le livre d’Hénoch, rédigé en araméen mais conservé intégralement en éthiopien seulement. Pouvons-nous nous y fier demanderiez-vous ? Et qu’en cela nous nous éloignons de la Bible. En êtes-vous sûrs ? Il n’est pas indifférent que le livre d’Hénoch figure dans une bible chrétienne, celle, vous vous en doutez, des chrétiens d’Éthiopie. Pas dans la nôtre, cela est vrai. Mais pour quelle raison ? Pensez-vous que notre Bible serait plus crédible, plus authentique, que celle des autres ? Les livres retenus en tant qu’Écritures Saintes l’ont été par rien d’autre que par tradition, et le consensus n’est pas universel, puisque les Juifs eux-mêmes, d’Alexandrie ou de Jérusalem, ne possédaient pas la même Torah ou Bible, et de nos jours protestants, catholiques, orthodoxes, ont des canons – ou listes des livres – différents. Permettez-moi de faire remarquer, que cela devrait conduire les protestants que nous sommes, à réfléchir sérieusement sur ce que signifie le principe réformateur du Sola Scriptura, l’Écriture seule comme appui pour la foi, quand l’Écriture est si variable. Quelle Écriture… Seule ? Celle qui nous arrange ou en tout cas nous dérange le moins ? Remarquez que pour moi, je réponds à la question en faisant confiance au discernement que l’Esprit Saint me réserve lorsque je lis les Écritures et non pas de la façon dont la majorité ou les "pères" de l’Église ont pu l’interpréter.

Sans rentrer dans des détails qu’il n’y a pas lieu ici d’exposer, qu’il me suffise d’expliquer que Fils de l’homme est une traduction servile, mot à mot, d’une expression qui ne vise pas en araméen, ni même en hébreu, à noter une filiation, voire une origine ou encore une nature, mais qui veut souligner une plénitude, le caractère complet, parfait. Ainsi, le Fils de l’homme ce n’est pas vraiment l’homme tel que nous le sommes maintenant, puisque précisément nous sommes loin d’être parfaits, étant plutôt pécheurs, faibles, inconstants, tout soumis à nos désirs et à nos vanités, l’homme que Jésus a assumé sur la croix, mais c’est l’homme tel que Dieu l’a créé, tel que Dieu l’a voulu et le veut, nous dit la Bible, à son image et à sa ressemblance, l’homme qui est appelé à dominer la création de Dieu et qui, voyant devant lui l’arbre de la vie, peut encore choisir la vie. Acceptez que je cite un passage du livre d’Hénoch : "Là je vis l’Ancien des jours, dont la tête était comme de la laine blanche, et avec lui un autre, qui avait la figure d’un homme. Cette figure était pleine de grâce, comme celle d’un des saints anges. Alors j’interrogeai un des anges qui était avec moi, et qui m’expliquait tous les mystères qui se rapportent au Fils de l’homme. Je lui demandais qui il était, d’où il venait, et pourquoi il accompagnait l’Ancien des jours. Il me répondit en ces mots : ?Celui-ci est le Fils de l’homme, à qui toute justice se rapporte, avec qui elle habite, et qui tient la clef de tous les trésors cachés ; car le Seigneur des esprits l’a choisi de préférence, et il lui a donné une gloire au-dessus de toutes les créatures. » [Hén 46, 1-2]

Jésus reprend donc ici et plus de 80 fois dans l’Ancien Testament cette image, qu’il ne pouvait ignorer pas plus que ses interlocuteurs, tant elle était commune pour le judaïsme de son temps, et affirmant dans l’Évangile qu’il est cet homme-là, ce "fils de l’Homme", c’est-à-dire Adam non point chassé de l’Éden, non pas Adam mort spirituellement à cause du choix, de son ego, mais Adam vivant, Jésus fait plus que de nous promettre un salut possible. Il martèle à nos oreilles pour que nous en soyons bien persuadés, que le commencement n’est pas aboli, disparu, envolé, perdu à tout jamais. Voilà la raison pour laquelle parler d’une fin du monde est malhabile, mais que ce commencement avec lui et en lui revient, ou plutôt continue, perdure. Ce n’est pas du possible, c’est du réel, du concret. Oui, quand nous écoutons cet Évangile, l’humanité est rétablie, et il peut être question de puissance et de gloire : "Alors on verra – selon Marc – le Fils de l’homme venir, entouré de nuées, dans la plénitude de la puissance et dans la gloire", nous cessons de ne regarder qu’à nous-mêmes nous rejetons notre ego et nous chantons la louange de Dieu. Voilà comment il faut comprendre l’expression "le fils de l’Homme"

La révélation de l’agapé divine

"16 Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle.

17 Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde afin qu’il jugeât le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui."

Ces versets 16-17 résument toute la révélation. Ils sont construits selon un parallélisme synonymique qui déploie une sotériologie assez originale. Pour mettre en évidence cette sotériologie, nous pouvons nous appuyer sur les correspondances littéraires existant entre ces deux versets :

 

 

 

 

v. 16

v. 17

tellement

en effet

Dieu

a aimé

le monde

en sorte que

le fils l’unique-engendré il donna

afin que

tout croyant en lui

ne soit pas perdu

mais

qu’il ait la vie éternelle

ne pas
en effet
Dieu
a envoyé
le fils
dans le monde

afin que

il juge le monde mais afin que

le monde soit sauvé par lui

 

Un certain nombre de correspondances de vocabulaire apparaissent dans le parallélisme des versets. On retrouve les mots communs : Dieu, monde, fils et la tournure caractéristique : afin que… ne… pas… mais ; ne… pas… afin que… mais afin que. Il faut ajouter à cette énumération la conjonction en effet qui commence chacun des versets même si elle joue un rôle différent : en 16, elle relie ce verset au verset 15 et annonce une explication ; en 17, elle précise le verset 16b.

La proclamation du v. 16a est tout à fait unique dans tout le NT : en effet Dieu a aimé le monde

Nous avons ici le premier emploi du verbe agapaô, aimer, verbe qui caractérise la seconde partie de l’Évangile (Jn 13-20). Partout ailleurs, lorsqu’il est question de l’Amour de Dieu, c’est de celui qu’éprouve le Père à l’égard du Fils : "Le Père aime le Fils et il a tout donné dans sa main" (3,35).
"Le Père m’aime parce que je me dessaisis de ma vie pour les brebis" (10,17). "Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimé" (15,9). Dans le même sens, Jn 14,21.23 affirme que l’amour du Père pour le Fils s’étendra à tous ceux qui aiment ce dernier :

Celui qui s’attache à mes commandements et qui les observe, celui-là m’aime : or celui qui m’aime sera aimé de mon Père et à mon tour, moi je l’aimerai et je me manifesterai à lui. (14,21)

Ainsi, Dieu éprouve à l’égard du monde les dispositions qu’il éprouve à l’égard du Fils. L’expression "aimer le monde" (16a) et le verbe "donner" (16b) traduit une réflexion théologique sur la nature de Dieu, sur la situation du monde dans le projet divin ainsi que sur les rapports de Dieu et du Fils. C’est cet amour qui se trouve être à l’origine de l’action de Dieu aux vv. 16b et 17a. Dans les deux versets, Dieu est sujet d’une action en faveur des hommes. Au v. 16b, il est celui qui "donne" le Fils unique engendré et au v. 17a, il est celui qui "envoie" le Fils dans le monde.

Le v.16b est également le seul passage de Jean où il est question du Fils comme l’objet du don de Dieu. Lorsque le verbe donner figure ailleurs en relation avec Dieu, c’est le plus souvent pour parler des dons faits à Jésus ou au Fils et non du don du Fils lui-même :

"Le Père aime le Fils et il a tout donné dans sa main" (3,35). "Il a donné tout le jugement au Fils" (5,22).
"Il a donné au Fils de posséder la vie en lui-même" (5,26)
.

Faut-il interpréter cette expression "Dieu a donné son Fils unique" en relation avec la mort de Jésus, dans le sens de 1 Jn 4,10 : "Dieu a envoyé son fils en victime de propitiation pour nos péchés" ? On comprendrait alors le verbe "donner" au sens de "livrer". Mais cette interprétation est à rejeter. Jean utilise bien ici le verbe donner qui n’est jamais mis en lien avec la Passion de Jésus. De plus, le verbe est mis en parallèle avec l’expression du v. 17a "Dieu a envoyé le Fils". Le don du Fils doit faire référence à sa mission tout entière.

Dans ce parallélisme des vv. 16 et 17 qui rend compte des dispositions de Dieu à l’égard du monde, le v. 16a emprunte une formule tout à fait unique alors que celle du v. 17a s’avèrent des plus courantes. À plus de 15 reprises Jean parle de l’envoi de Jésus par Dieu (6 fois au chapitre 17 : vv. 3.8.18.21.23.25).

Ainsi donc, Dieu aime le monde comme il aime le Fils Unique et il donne au monde comme il donne au Fils. Peut-on exprimer de façon plus convaincante la profondeur de cet amour ? Il n’est pas question de vengeance, de punition, de menaces, comme l’annonçait et le croyait Jean Baptiste. Voilà pourquoi celui qui a compris cela plus petit spirituellement qu’il soit est plus grand que celui qui ne l’a pas compris.

La finalité de l’action de Dieu

Cette finalité est introduite au verset 16 comme au verset 17 par la particule « afin que. » On y trouve le passage d’une perspective individuelle à une perspective collective. Le don de Dieu est fait à tous. Grâce à l’envoi du Fils, la vie éternelle est offerte au monde. Mais ce don ne sera transmis que si chaque personne s’y ouvre et fait l’option dans ce sens :

16… Afin que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle.
17… ne pas afin de juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui.

L’option est ici (afin que tout croyant) celle de la foi que l’on retrouvera mentionnée avec insistance au v. 18. Pour avoir part à la vie offerte et transmise par Dieu dans le Fils Unique envoyé dans le monde, mort et ressuscité, il faut croire. D’un verset à l’autre, le don de Dieu est caractérisé diversement : tantôt de façon positive, en termes de "vie éternelle" (16d) ou de "salut" (17c), tantôt par contraste, mis en opposition à la "perdition" (16c) ou au "jugement" (17b).

Toutes ces formules apparaissent comme plus ou moins équivalentes : pour Jean "périr", c’est être privé de vie éternelle, c’est-à-dire être coupé à jamais de la communion avec Dieu. On retrouve cela en 10,28 : "Et moi je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher de ma main".

Conclusion

Ces deux versets sont donc essentiels. Ils expriment une idée-force de l’Évangile de Jean, qui exclut tout déterminisme de la prédestination, au sens où, de toute éternité, Dieu aurait voué certaines de ses créatures à la perdition. Le monde est objet de l’amour de Dieu (v. 16). Ce n’est pas pour rien que le monde est nommé trois fois dans ces deux versets. Telle est la révélation et décisive, une bonne nouvelle : le dessein de Dieu est réellement de donner son amour et la vie au monde, et non de le condamner. L’envoi de son Fils vise exclusivement le salut et la vie des hommes (cf Prologue). L’Évangile est avant tout la proclamation positive de cet amour salvateur. Il n’est pas une suite d’interdits, de choses à faire ou ne pas faire. Il n’est pas un code de droit canonique !

Le verset 17 implique qu"être sauvé" équivaut à "ne pas être jugé", c’est-à-dire condamné par celui qui serait en droit de le faire, et positivement, à "avoir la vie éternelle" (v. 16).

Le jugement et le non-jugement

18 "Celui qui croit en lui n’est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu."

Parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Tous les mots utilisés dans le verset 18 se trouvent déjà présents aux vv. 16 et 17 :

- Le verbe "croire" (3 fois) : celui-ci était au participe présent au v. 16 "tout croyant".

- L’expression "croire en lui" du v. 16c se retrouve au v. 18a et en 18c c’est l’expression "croire au nom" que nous trouvons.

- Ensuite, le verbe "juger" : présent au v. 17b on le retrouve deux fois au v. 18. - L’expression "fils unique de Dieu" se retrouve au v. 16b : "fils unique".

Ce v. 18 comprend deux éléments :

A- Un parallélisme antithétique qui articule foi et jugement :

    .    18a qui croit en lui n’est pas jugé.
    .    18b qui ne croit est déjà jugé,
B- Le fondement du parallélisme :
    .    18c parce qu’il n’a pas cru au nom du fils unique de Dieu.
Ainsi, l’option de croire ouvre dès maintenant à un non-jugement et au partage d’une vie, qui en passant par la résurrection finale, prendra une ampleur d’éternité :

Afin que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour (Jn 6,40) À l’inverse, le refus de croire anticipe le jugement et entraîne la privation de la vie éternelle. En fait il n’y aura pas de Jugement par un Dieu punissant et vengeur puisque celui qui ne croit pas est déjà jugé ; il serait donc inutile de le juger une seconde fois, il se juge lui-même en tant que par son refus, il s’exclut lui-même de la grâce et du partage de la vie. Il anticipe ainsi le jugement final qui consisterait précisément dans l’exclusion définitive de la vie éternelle :

"Qui me rejette et n’accueille pas mes paroles a son juge ; la parole que j’ai fait entendre, c’est elle qui le jugera au dernier jour". (Jn 12,48) Il faut comprendre au dernier de ses jours à lui, il n’est nullement question de "fin du monde". Si en refusant de croire, on anticipe le jugement, c’est-à-dire l’exclusion de la vie, à l’inverse, en croyant, on anticipe par son option le partage de la vie. Chez Jean, le temps du jugement correspond au temps de la foi. Le temps de la foi est un temps de jugement. Chez lui, le critère de la foi permet de comprendre comment Jésus est effectivement juge. Le jugement condamnation n’est donc pas le but de la venue du Fils dans le monde, en raison même du projet divin. Toutefois l’annonce du jugement condamnation ne peut être évacuée, puisque le salut proposé dans la venue du Fils implique un choix et une liberté un choix entre deux options. Le jugement condamnation ne vient donc pas en conséquence d’un refus de croire, mais c’est un automatisme, c’est le fruit héréditaire de l’option choisi et qui ici mûris à cause du refus de l’autre option celle de croire. Face à ce refus de croire, Jean esquisse une première tentative d’explication, d’ordre psychologique, qui souligne la responsabilité de l’homme dans ce refus et écarte celui d’un jugement punitif qui viendrait de Dieu.

19 "Or c’est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises ; 20 car quiconque fait des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises ; 21 mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, qu’elles sont faites en Dieu."

Les œuvres mauvaises désignent non pas un comportement que Dieu réprouve, mais un comportement qui ne fait pas la volonté de Dieu, qui ne glorifie pas Dieu, qui va à l’encontre de ce qu’il donne à l’homme, de ce qu’il veut et attend de l’homme. Il ne s’agit pas forcément de fautes morales. Dans le cas des Juifs pieux, il s’agit davantage de la recherche de leur propre gloire et de leurs prétentions religieuses que Jésus dénoncera sévèrement. La lumière venue dans le monde, nous le savons depuis le Prologue, c’est la Parole faite chair c'est la conscience de Dieu. Sa présence et son enseignement constituent le principal et redoutable révélateur de la faute de l’homme. Le rejet de Jésus (Parole, et conscience divine) est donc expliqué ici par un refus de se référer à la conscience divine mais à son propre ego. Il faut donc dans un premier temps se reconnaître coupable en ce repentant, et reconnaître le fils. Reconnaître le fils sans se reconnaître coupable, c’est-à-dire sans repentance n’est pas suffisant, on ne demande la grâce que lorsque nous nous reconnaissons coupable. Si on plaide "non coupable" on n’a pas à devoir être gracié. Mais la condamnation reste attachée à nous car tous sont coupables.

22 Après ces choses, Jésus vint dans le pays de Judée, et ses disciples [avec lui] ; et il séjourna là avec eux, et baptisait.

23 Et Jean aussi baptisait en Énon, près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau ; et on venait, et on était baptisé.

24 Car Jean n’avait pas encore été jeté en prison.

25 Il y eut donc une discussion entre quelques-uns des disciples de Jean et un Juif, touchant la purification.

26 Et ils vinrent à Jean, et lui dirent : Rabbi, celui qui était avec toi au-delà du Jourdain, à qui tu as toi-même rendu témoignage, voilà, il baptise, et tous viennent à lui.

27 Jean répondit et dit : Un homme ne peut rien recevoir, à moins qu’il ne lui soit donné du ciel.

28 Vous-mêmes, vous me rendez témoignage que j’ai dit : Ce n’est pas moi qui suis le Christ, mais je suis envoyé devant lui.

29 Celui qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui assiste et l’entend, est tout réjoui* à cause de la voix de l’époux ; cette joie donc, qui est la mienne, est accomplie.

30 Il faillent que lui croisse, et que moi je diminue.

31 Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous*. Celui qui est de** la terre est de la terre, et parle [comme étant] de la terre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous* ;

32 [et] de ce qu’il a vu et entendu, de cela il rend témoignage ; et personne ne reçoit son témoignage.

33 Celui qui a reçu son témoignage, a scellé* que Dieu est vrai ;

34 car celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu, car Dieu ne donne pas l’Esprit par mesure.

35 Le Père aime le Fils, et a mis* toutes choses entre ses mains.

36 Qui croit au Fils à la vie éternelle ; mais qui désobéit* au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.

— v. 29 : litt. : Se réjouit avec joie. — v. 31* : ou : de tout. — v. 31** : de (dans tout le verset) avec le sens de ayant par nature son origine ici-bas. — v. 33 : reconnaît par sa certitude personnelle. — v. 35 : litt. : donné. — v. 36 : ou : ne croit pas.

 

Ce passage de l’Évangile de Jean, qui inspirera nombre d’écrivains et d’artistes par la suite (notamment Flaubert), est aussi assez complexe. Il nous faut donc nous arrêter un tant soit peu sur certains détails qui pourraient être un frein à notre compréhension du texte. Commençons tout d’abord par l’intervention des disciples de Jean le Baptiste qui viennent l’avertir du fait que Jésus (« celui auquel [il a] rendu témoignage ») lui fait du tort en baptisant de son côté, ainsi qu’en s’appropriant des disciples du Prophète. Ici, l’évangéliste nous retranscrit une controverse qui a eu lieu parmi les disciples du Baptiste au sujet de son véritable rôle, car certains le voyaient comme étant le Messie tant attendu à la place de Jésus. Jean est donc discrètement polémique, et nous éclaire sur la complexité de la situation qui n’était de toute évidence pas comprise par tout le monde, pas même par les plus proches du prophète. L’était-il par Jean Baptiste lui-même ? Suivant ce texte oui. Mais qu’en été t-il vraiment ? Il convient maintenant que nous expliquions davantage cette image insolite de "l’ami de l’époux" et est-ce Jean Baptiste qui parle, ou sommes nous encore dans le monologue de Jésus avec Nicodème ? En effet supprimons le passage de Jésus baptisant en Judée des versets 22 à 28 et le texte tien en retirant v29b et V30 Jésus peut dire dans la continuité de son monologue la suite des versets. Ou Jean l’auteur de cet Évangile. Jean le Baptiste pouvait-il décrire sa propre position par rapport à celle de Jésus ("l’époux") ?. Elle fait en fait référence à une ancienne tradition juive qui donnait à l’ami de l’époux un rôle d’organisateur majeur lors de la fête des noces. Il faut donc effectivement comprendre, dans cette parabole, que Jean le Baptiste n’est pas le Messie (l’époux) mais bien celui qui a été chargé de préparer sa venue. C’est clair mais il y a qu’en même quelques petits détails bizarres dans les récits que font les évangélistes sur Jean-Baptiste et sur ses relations avec Jésus. En effet si Jean Baptiste était Essénien ce qui semble bien, les Esséniens étaient célibataires et contre le mariage, alors pourquoi aurait-il été cherché cet exemple de la noce de l’époux et de l’ami de l’époux ?

Premièrement : Imaginez que je vous demande à brûle-pourpoint : « Qui êtes-vous ? » Que me répondriez-vous ? Sans trop de difficulté je peux imaginer que vous me donneriez votre nom ensuite votre qualité ou profession :… Me tromperais-je ?

Eh bien, quand on demande à Jean-Baptiste qui il est, d’après l’évangéliste Jean (1,20) il répond spontanément par une négation : "Je ne suis pas le Christ !" pour moi cette réponse me semble bizarre ?

En second lieu : Jean-Baptiste parle (Matthieu 3,10) de malheurs qui doivent arriver : celui qui vient après moi […] vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu […] ; quant aux bales, il les consumera dans le feu qui ne s’éteint pas, en lien avec une prophétie de Malachie (3,19) : ils seront de la paille, tous les arrogants et malfaisants ; le Jour qui arrive les embrasera – dit le Seigneur Sabaoth- ce qui veut dire "le Seigneur des armés" au point qu’il ne leur laissera ni racine ni rameau, vision fondamentalement eschatologique… Mais très éloignée de ce que furent la vie et les actes de Jésus, comme si Jean-Baptiste n’annonçait pas la venue d’un homme. N’est-ce pas bizarre ?

Troisièmement : Dans l’Évangile de Jean, Jean-Baptiste dit deux fois, en parlant de Jésus : moi je ne le connaissais pas (Jean 1,31.33), alors que si on en croit Luc il est son cousin (presque un frère, n’est-ce pas !), qu’il a même rencontré quand ils étaient dans le ventre de leurs mères respectives. Ils ont donc certainement eu l’occasion de se rencontrer maintes fois depuis trente ans… Bizarres ?

Quatrièmement : Jean-Baptiste est censé avoir dit de bien belles choses à propos de Jésus (celui qui est plus fort que moi, il faut que je diminue pour qu’il grandisse, voici l’Agneau de Dieu, etc.) ou à Jésus (c’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi). Il est censé aussi avoir assisté à la descente de la colombe du Saint-Esprit sur Jésus au moment de son baptême dans le Jourdain et avoir entendu une "voix partie du ciel" qui disait : "Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré." (Luc 3,22 et parallèles)

Pourtant, il envoie des messagers demander à Jésus qui il est :" es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?" (Matthieu 11,2-4 et Luc 7,18-28) La réponse de Jésus est qu’ils constatent par eux-mêmes. Il se contente de citer Isaïe 42,7 : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, etc. On ne connaît pas la réaction de Jean-Baptiste à cette réponse, mais de toute façon sa question même nous éloigne du bond dans le ventre de sa mère !

Remarquons que Luc introduit cet épisode par la résurrection du fils de la veuve de Naïm puis ajoute : (cela) se répandit dans la Judée et tout le pays alentour. Les disciples de Jean l’informèrent de tout cela. Appelant à lui deux de ses disciples, Jean les envoya dire au Seigneur : « es-tu celui… »… Ce texte laisse manifestement penser que c’est la première fois qu’il envisage que Jésus pourrait être celui qui doit venir et à qui il devait préparer le chemin (alors qu’on est déjà au chapitre 7 de l’Évangile, bien après le baptême de Jésus, au chapitre 3, où Dieu disait : « Tu es mon fils ; moi aujourd’hui je t’ai engendré »). Tout cela est,  bizarre ?

… Y compris sa mort…

L’attitude de Jean-Baptiste avec Hérode est largement calquée sur le récit (1Rois 18-19, qui se situe, comme par hasard, juste après le récit de la résurrection du fils d’une veuve, comme dans Luc…) de la controverse entre Achab et le prophète Élie (" le fléau d’Israël c’est toi et ta famille parce que vous avez abandonné les commandements de Dieu") où la femme d’Achab, Jézabel, joue le rôle d’Hérodiade (femme d’Hérode).

On le sait, bien des gens se demandaient si Jean-Baptiste n’était pas Élie réincarné, Jean-Baptiste est catégorique dans l’Évangile de Jean. Des prêtres et des lévites lui posent directement la question : " Es-tu Élie?" Et lui de répondre : " Je ne le suis pas" (Jn 1,21). Qui doit-on croire alors ? Jésus, qui selon Matthieu affirme que Jean-Baptiste est Élie ? Matthieu ch 11 v11 à 15 : "En vérité, je vous dis : parmi ceux qui sont nés de femme, il n’en a été suscité aucun de plus grand que Jean le baptiseur ; mais le moindre dans le royaume des cieux est plus grand que lui. 12 Mais, depuis les jours de Jean le baptiseur jusqu’à maintenant, le royaume des cieux est pris par violence, et les violents le ravissent. 13 Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean. 14 Et si vous voulez recevoir [ce que je vous dis], celui-ci est Élie qui doit venir. 15 Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende."

Ou l’intéressé lui-même, qui selon Jean le dénie ?

Ainsi posé, le dilemme est insoluble. La clef pour dénouer l’impasse réside dans le « selon » des réponses, en italique. En fait, nous avons quatre interprétations différentes du ministère de Jean-Baptiste, chaque évangéliste présentant la sienne. Il ne faut pas confondre l’interprétation théologique de chaque évangéliste avec une réalité historique objective et univoque. Si bien l’importance de Jean-Baptiste n’est pas remise en cause, mais la question de son rôle est sujette à interprétation. À ce chapitre, les évangélistes mettent de l’avant chacun la sienne par la voix des personnages, de sorte qu’il est difficile de remonter à l’opinion de Jésus ou à celle de Jean-Baptiste lui-même sur son compte.

Quoi d’étonnant alors à considérer que le récit de la mort de Jean-Baptiste est tout aussi bizarre que celui de la mort d’Élie, qui monta au ciel dans un tourbillon (2Rois 2,11) ?

Faisons le point.

Tout ce qui précède me donne à penser que :

Jean-Baptiste attendait peut-être la venue de Dieu lui-même, mais pas sous "la forme" d’un homme qui plus est son propre cousin. Certains exégètes émettent même l’idée (appuyée sur une étude précise du texte grec) que les sandales qu’il ne se sent pas digne de délier (Matthieu 3,11 et parallèles) sont peut-être ses propres sandales, qu’il serait encore moins digne que Moïse de retirer en présence de Dieu (Exode 3,5).

Il a certainement considéré Jésus comme un prophète, mais peut-être pas comme le Messie si non il se serrait mis à le suivre comme certains de ses disciples qui eux l’ont cru. Delà la parole de Jésus "parmi ceux qui sont nés de femme, il n’en a été suscité aucun de plus grand que Jean le baptiseur ; mais le moindre dans le royaume des cieux est plus grand que lui. "

D’ailleurs il n’est pas mort "en martyr chrétien", à cause de Jésus, mais "en martyr juif", parce qu’il s’opposait à Hérode en lui reprochant d’avoir épousé la fille de son frère après avoir répudié sa première femme (Matthieu 14,3-12).

Alors pourquoi prêter à Jean-Baptiste autant d’affirmations aussi nettes que répétitives sur sa "non-messianité" ?

Je ne suis pas exégèse, mais il me semble que cela est essentiellement dû à la controverse (ce mot est sans doute un doux euphémisme) entre les premiers Chrétiens et les Baptistes, qui a fait rage dans la deuxième moitié du premier siècle.

Les Évangiles en sont imprégnés, et particulièrement celui de Jean, qui était peut-être un ancien Baptiste, selon bien des exégètes et historiens. Malheureusement, cela a poussé les évangélistes à en rajouter dans les déclarations définitives de la foi de Jean-Baptiste en Jésus Messie, jusqu’à écrire les incohérences que nous venons de voir et bien d’autres.

Ainsi, Jean ou d’autres après lui n’a ou n’ont malheureusement pas hésité à défigurer ce magnifique Prologue (Jean 1,1-18 ; cf. l’article Devenir enfants de Dieu) et cette fin du Chapitre 3, avec deux incises qui insistent [trop] lourdement sur le fait que Jean-Baptiste n’était pas le Messie. Dans son évangile on lit aussi que Jésus dit que Jean-Baptiste a dit de lui qu’il est le Messie, affirmation qui ne peut être qu’un artifice littéraire à l’usage des Baptistes (Jean 5,33) et dont on ne trouve aucune trace ailleurs (comme on l’a vu plus haut, où Jésus se contente de citer Isaïe).

C’est Jean aussi qui insiste particulièrement sur l’inefficacité de l’eau, dont Jean-Baptiste faisait le centre de son activité prophétique : à Cana (2,1-11), il montre Jésus qui change en vin (du Royaume ; cf. Marc 14,27) l’eau destinée aux purifications des Juifs (Jean est Juif, ne l’oublions pas) ; il le montre qui guérit des malades sans aucun accessoire, démontrant ainsi l’inefficacité des eaux des piscines de Bethesda (5,1-18) et de Siloé (9,1-7)… Non sans avoir proclamé entre-temps (7,37-38) : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et il boira, celui qui croit en moi !

Je crois donc personnellement que l’on peut prendre les versets 31 à 36 non comme un témoignage supplémentaire de Jean Baptiste un de ses enseignements, mais comme le commentaire du monologue de Jésus fait par l’auteur Jean, suite à l’entretien avec Nicodème. Ici l’auteur de l’Évangile de Jean commente les paroles de Jésus par personne interposée c’est-à-dire en mettant ses propres paroles dans la bouche de Jean Baptiste.

Cela ne change rien à l’enseignement.

 

31 Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous*. Celui qui est de** la terre est de la terre, et parle [comme étant] de la terre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous* ;

32 [et] de ce qu’il a vu et entendu, de cela il rend témoignage ; et personne ne reçoit son témoignage.

33 Celui qui a reçu son témoignage, a scellé* que Dieu est vrai ;

34 car celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu, car Dieu ne donne pas l’Esprit par mesure.

35 Le Père aime le Fils, et a mis* toutes choses entre ses mains.

36 Qui croit au Fils à la vie éternelle ; mais qui désobéit* au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.

— v. 31* : ou : de tout. — v. 31** : de (dans tout le verset) avec le sens de ayant par nature son origine ici-bas. — v. 33 : reconnaît par sa certitude personnelle. — v. 35 : litt. : donné. — v. 36 : ou : ne croit pas.

Les versets 31-36 constituent une sorte de méditation théologique sur l’Envoyé de Dieu et sur la double réaction des hommes à son message. Bien qu’aucun changement de locuteur ne soit noté au verset 31, comme je l’ai dit il s’agit très probablement non pas de réflexions attribuées au Baptiste, mais d’un discours ou d’un fragment de discours de Jésus placé ici par l’évangéliste pour donner une suite aux deux scènes du chapitre 3.

Ce passage de l’Évangile de Jean réunit un premier développement (v.31-34), centré sur le témoignage de Celui qui vient du ciel et englobant les deux « car » du verset 34, et un second ensemble (v. 35-36) où sont opposés l’accueil et le rejet du Fils à qui Dieu a "mis toutes choses entre ses mains". C’est surtout le verset 34 qui doit retenir notre attention, puisque le don de l’Esprit s’y trouve articulé avec le thème des paroles de Dieu.

Le plus délicat est de bien entendre la seconde partie du verset 34. En effet, le texte reçoit une portée théologique assez différente selon le sujet que l’on assigne au verbe didôsin : « donner ». Si c’est Dieu qui donne l’Esprit, il le donne à son Envoyé (début du verset 34), qui est ainsi habilité à révéler les paroles de Dieu. Ainsi ont compris, avec le texte d’Antioche, un grand nombre d’exégètes, et tout récemment la TOB. Si c’est Jésus qui donne l’Esprit, le parallélisme des deux passages prend toute sa force, car alors c’est le même Envoyé qui à la fois dit les paroles de Dieu et donne l’Esprit sans mesure.

 

Cette deuxième interprétation paraît préférable pour toute une série de raisons :

- C’est le verset 35 le suivant qui parle nommément du Père et précise qu’il " a mis toutes choses entre ses mains." Il faut comprendre qu’il a tout donné au Fils.

- Dans le contexte, les verbes qui renvoient aux fonctions de Jésus révélateur sont au présent : il parle " Celui qui est de la terre est de la terre, et parle [comme étant] de la terre. ", Il témoigne "de ce qu’il a vu et entendu, de cela il rend témoignage" ; en revanche les verbes qui ont clairement pour sujet Dieu ou le Père sont au passé : il a envoyé "car celui que Dieu a envoyé ", il a mis "Le Père aime le Fils, et a mis". Le présent « il donne », au verset 34 "car Dieu ne donne pas l’Esprit par mesure." Il faut comprendre bien sûr qu’il le donne sans compter, et convient donc plutôt à Jésus l’Envoyé.

- Aucun indice grammatical ne suggère un changement de sujet entre "car celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu," et " car Dieu ne donne pas l’Esprit par mesure. ".

- Nulle part, nous ne trouvons dans l’Évangile de Jean l’idée que l’Esprit ait dû d’abord être donné au Fils à un moment de sa vie terrestre ou qu’il ait dû d’abord le recevoir pour que soit fondée sa mission de révélateur. La descente de L’Esprit sur Jésus, dont Jean Baptiste témoigne au chapitre 1, verset 32, est destinée à faire reconnaître en Jésus la plénitude de l’Esprit qui déjà l’habite ; de même, qu’au chapitre 3 débuts du verset 34 "car celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu", c’est à sa propre plénitude que puise l’Envoyé pour donner l’Esprit sans mesure, comme déjà Origène l’avait noté " Il y a eu, certes, des sages qui possédaient Dieu et prononçaient les paroles de Dieu ; mais ils n’avaient que partiellement l’Esprit de Dieu. Le Sauveur, au contraire, envoyé précisément pour prononcer les paroles de Dieu, ne donne pas partiellement l’Esprit : ce n’est pas pour l’avoir reçu lui-même qu’il le communique aux autres ; lui, qui a été envoyé d’en haut et qui est au-dessus de tous, le donne, parce qu’il en est la source" (Frag. 48 ; GCS IV, 523, 5-9). On retrouve la même exégèse dans le Commentaire de Cyrille d’Alexandrie In Joannem, II ; PG 73, 280 : "… (les prophètes) n’avaient reçu l’Esprit que partiellement et par anticipation ; ils ne pouvaient le donner aux autres ; le Fils, au contraire, le communique à tous, sans mesure, parce qu’il le donne de sa propre plénitude et qu’il le possède totalement en lui-même : cela montre qu’il est Dieu de Dieu ; il peut donc aussi prononcer les paroles qui conviennent à Dieu".

- Dans l’Évangile de Jean, le Baptême dans l’Esprit Saint est attendu, non pas de Dieu directement, mais de son Élu sur qui l’Esprit demeure ch1 v 33 et suite "Et pour moi, je ne le connaissais pas; mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau, (comprendre Dieu) celui-là me dit (l’Esprit de Dieu me dit) : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre, et demeurer sur lui, c’est celui-là qui baptise de l’Esprit Saint.

34 Et moi, j’ai vu et j’ai rendu témoignage que celui-ci est le Fils de Dieu."

- Donc c’est aux croyants, et non au Christ, que l’Esprit est donné, afin qu’ils puissent reconnaître en Jésus l’Envoyé de Dieu et en ses paroles les paroles mêmes de Dieu.

Une fois admis qu’au verset 34 "car Dieu ne donne pas l’Esprit par mesure.

" C’est le Christ qui donne l’Esprit, la densité théologique du verset apparaît en meilleure lumière, et l’on peut la déployer en trois affirmations.

 

a) Pour l’Envoyé de Dieu, donner l’Esprit sans mesure, c’est identiquement baptiser dans l’Esprit Saint. L’effusion messianique de l’Esprit, que Jean-Baptiste attendait de l’Élu de Dieu manifesté à Israël ch 1, v33 "Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre, et demeurer sur lui, c’est celui-là qui baptise de l’Esprit Saint.", se réalise dans la communauté de Jésus, et d’une manière continue (comme l’indique le verbe au présent "donner", qui rejoint le participe duratif ho baptizôn, "celui-là qui baptise", de 1,33).

 

b) Deux actions indissociables sont rapportées à l’Envoyé

- Il donne l’Esprit sans mesure,

- Il dit les paroles de Dieu. Puisqu’il est d’en haut l’incarnation du verbe (la parole).

Le rôle du Révélateur, décrit ici de manière très large, englobe probablement son activité terrestre et sa prolongation jusqu’à la fin des temps, car à proprement parler ce n’est qu’après Pâques que l’Esprit est donné sans mesure.

Il faut souligner le rapport de causalité que le texte établit entre la seconde partie du verset 34", car Dieu ne donne pas l’Esprit par mesure.

"Et sa première partie "car celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu" : si Jésus est capable de donner l’Esprit sans mesure, cela prouve qu’il prononce authentiquement les paroles de Dieu. Et même, en remontant la chaîne causale jusqu’au verset 33, par les deux « car » successifs, on peut reconstituer le raisonnement suivant :

- Jésus-Christ donne l’Esprit sans mesure (34 b) ;

- Par là il atteste que ses paroles sont bien les paroles de Dieu (34 a) ;

- Dès lors celui qui reçoit son témoignage accueille réellement la vérité qui vient de Dieu (33).

 

c) Le Père, la Parole incarné dans le Fils, et l’Esprit sont à l’œuvre dans le processus de la révélation. À l’origine de la révélation se trouve le Dieu vrai, véridique (alèthès, v. 33). Jésus son envoyé la parole de Dieu incarnée, nous transmet en langage d’homme ce qu’il a vu et entendu auprès du Père (v. 32). L’Esprit fait reconnaître dans ce témoignage de Jésus les paroles de Dieu, et grâce à lui l’homme pose l’acte de foi (v. 34).

Le même processus d’accession à la foi est décrit aux versets 35-36 en termes d’amour et de vie :

"35 Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses entre ses mains. 36 Qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie,"

Désormais le Fils est dépositaire de la vie éternelle, et l’homme accède à la vie moyennant la foi dans ce Fils envoyé (v. 36 a ; cf. 15 et 16). Dans ces versets 35-36 le rôle de l’Esprit n’est pas rappelé, mais celui du Christ révélateur reste central : de même que, venant d’en haut, il est au-dessus de tous, au-dessus de tous ceux qui parlent en terrestres (v. 31), de même il a tout dans sa main, parce que le Père lui a tout donné, une fois pour toutes (v. 35).

Ainsi, d’après les données de Jn 3,34 et du contexte immédiat, parole de Dieu et Esprit sont impliqués conjointement dans la révélation. Toutefois leur articulation n’est pas encore explicitée. Nous verrons cela plus loin.

Dans ce texte, l’auteur "Jean" témoigne que Jésus n’était pas un homme inspiré comme les autres, il n’était pas un prophète comme les autres. Les chefs religieux, les philosophes, et tous les savants que la terre a portés viennent de la terre. Mais Jésus vient du ciel. Il est unique. C’est pour cela qu’il est au-dessus de tous. Jésus a parlé des paroles qui viennent du ciel. Il nous a dit ce qu’il a vu et entendu au ciel. Recevoir le témoignage de Jésus c’est croire en Lui. Recevoir son témoignage c’est aussi agir en conséquence. Recevoir son témoignage c’est changer de façon de voir et faire confiance à Dieu.

Personne ne peut recevoir le témoignage de Jésus sans que cela lui soit donné de Dieu. Nous venons tous de la terre, c’est pourquoi nous recevons seulement les choses de la terre. Mais celui qui a du respect envers Dieu, qui reconnaît sa grandeur et sa justice, celui-là seul peut recevoir le témoignage de Jésus et être sauvé au dernier de ses jours.

Jean nous explique comment : Dieu le Père a tout remis entre les mains de Jésus son Fils. Il lui a ainsi remis notre vie et notre destinée et l’Esprit Saint. Si vous croyez et recevez le témoignage de Jésus pour agir en conséquence, vous avez déjà la vie éternelle. Mais si vous ne croyez pas et refusez de recevoir les paroles qui viennent du ciel, vous restez de la terre et vous mourrez. La vie éternelle vient du ciel et nous la recevons en recevant Jésus en nous L’esprit Saint. Si vous ne recevez pas Jésus, vous ne connaîtrez jamais la vie éternelle car vous ne recevriez pas l’Esprit Saint.

Il est écrit dans la Bible : "Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle (la parole, Jésus l’Esprit Saint) a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu "(Jean 1.12) Jésus a dit aussi : "24 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie." (Jean 5.24)

Et enfin il est aussi écrit dans l’Écriture : "Et voici ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est dans son Fils. 12 Celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. 13 Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu. 14 Nous avons auprès de lui cette assurance, que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute. 15 Et si nous savons qu’il nous écoute, quelque chose que nous demandions, nous savons que nous possédons la chose que nous lui avons demandée." (1 Jean 5.11-15)

Il faut donc plus que croire que Dieu existe, il faut en plus croire que Jésus est le fils il faut recevoir l’Esprit de son Fils Jésus en nous. Le baptême ne suffit pas, les sacrements non plus et bien sûr la pratique de la religion ne suffisent pas non plus, aller au culte tout le dimanche ne suffit pas non plus, aucune œuvre ne peut suffire qu’elle est seule ou regroupées ou additionnées. La Bible enseigne qu’il faut ouvrir son cœur à Jésus pour le recevoir comme Seigneur et Sauveur. Ainsi, nous serons lavés de notre péché, et rendus capables d’obéir aux commandements de Dieu. Mais pour recevoir Jésus en soi il faut d’abord faire le ménage en soi, et comment faire ce ménage sans les œuvres ? En se repentant de ses péchés, en se reconnaissant pécheur, en se reconnaissant coupable devant Dieu, le reste n’est que grâce. C’est donc une prise de conscience de ce que l’on est véritablement devant Dieu, "de la terre".

Jésus est la vie éternelle. Sans Lui nous ne connaîtrons pas la vie éternelle après la mort. Nous ne deviendrons pas des étoiles et nous ne réincarnerons pas non plus. Mais pour ceux indifférents et inutiles au projet "création" de Dieu ils seront effacés de son programme de vie éternelle. Ces âmes perdues n’iront pas dans un Enfer tourmenté à perpétuité, Non, ce serait une forme de vie éternelle, elles disparaîtront voilà tout, elle disparitions car inutile à Dieu. La Bible dit :" il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement," (Hébreux 9.27) On a pu avoir peur du jugement de Dieu. On a malheureusement fait peur aux gens avec cela dans le but (louable) de les amener à se tourner vers Dieu, mais ce moyen n’est pas compatible avec le message central de l’Évangile.

Jésus, par ses paroles mais également par chacun de ses actes, nous assure que Dieu regarde avec bienveillance l’être humain. Il n’y a donc rien à craindre de son jugement, parce que le jugement de Dieu c’est l’amour. Qu’est-ce que c’est qu’aimer ? C’est avoir un regard positif sur l’autre et lui vouloir du bien. C’est une façon de regarder qui retient ce qu’il y a de beau, de merveilleux et de vivant dans une personne, en passant par-dessus ce qui ne va pas trop bien. Aimer quelqu’un c’est voir aussi les progrès qu’il pourrait faire et être prêt à l’aider pour cela. Une telle attitude est courante entre les personnes. Dieu est le premier à aimer, le seul à le faire parfaitement. Le jugement de Dieu est de la bienveillance active, qui voit le bien, qui espère et cherche à mettre en valeur le meilleur de chacun.

On a souvent présenté le jugement de Dieu comme une sélection entre les personnes pour retenir ceux qui ont la moyenne et recaler les autres, un petit peu comme le soldat SS qui était chargé de la sélection à l’entrée des camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale, envoyant à la mort ceux qui ne sont pas en forme suffisante ! Certains textes bibliques peuvent être interprétés ainsi, mais ce n’est pas la seule façon de les comprendre. Le bien et le mal sont mêlés en chacun de nous, à un degré divers, mais c’est toujours le cas. Chacun de nous est donc concerné par les descriptions de ce qui arrive au pécheur et de ce qui arrive au juste. Le jugement de Dieu voit, aime ce qui est bon en chacun et il le sauve, il rejette ce qui est mauvais et il nous en purifie. Ce tri entre l’homme bon et l’homme mauvais traverse chaque être humain. Et les descriptions de la disparition du pécheur, du méchant sont alors une excellente nouvelle, celle de notre salut accompli par Dieu en Jésus-Christ.

 

Cela est confirmé par les images utilisées dans la Bible pour parler du jugement de Dieu, ces images font en général appel à cette notion de purification (de l’individu), plus qu’à la notion de sélection des individus :

 

    •    Le jugement est parfois comparé aux vendanges de la vigne et au pressoir dans lequel on met les grappes pour recueillir le jus en écartant ce qui n’est plus utile (la peau et les branches du raisin).

    •    Le jugement de Dieu est parfois comparé au feu qui purifie le minerai pour en tirer l’or et rejeter les scories

    •    Le jugement est comparé aux moissons et au vannage du blé pour recueillir le bon grain, et retirer les mauvais ainsi que la paille qui a porté le grain mais qui n’est pas comestible.

    •    Le jugement est comparé à l’élagage d’un arbre afin de l’aider à mieux se développer…

 

Il n’y a donc rien à craindre du jugement de Dieu, au contraire, il y a tout à en espérer. Il est promesse de progrès et de vie. Ce jugement intervient dans la fin des temps, nous dit souvent la Bible, mais cela ne veut pas dire qu’il n’interviendrait qu’après la mort de notre corps, ou à la fin de l’histoire de notre monde actuel. En effet, dans la façon de parler du peuple de la Bible, avec la venue du Christ nous sommes dans cette période que l’on appelle "la fin des temps", et c’est donc immédiatement que le jugement de Dieu survient, et ce n’est pas une menace pour nous en tant que personne, mais une menace pour ce qui est mauvais en nous et qui nous fait mourir. Ce jugement est un excellent service à recevoir de Dieu aujourd’hui, nous libérant, nous aidant à avancer, nous faisant naître et ressusciter.

Cette façon qu’a Dieu de nous juger nous est proposée comme modèle dans notre façon de regarder les autres (et nous-même) avec bienveillance et optimisme, une générosité active qui les grandit.

Le jugement de Dieu est donc l’amour, et nous n’avons rien à craindre de lui, mais tout à espérer. La bonne volonté de Dieu n’a pas de faille, mais c’est notre bonne volonté à nous qui manque souvent. C’est cela qui est le plus problématique. Dieu ne cesse de vouloir nous donner au travers de Jésus son Fils la vie éternelle, mais si nous ne voulons pas la recevoir cela rend sa tâche terriblement difficile. Qu’arrive-t-il à celui qui refuse de prendre la vie éternelle que Dieu offre ? Dieu ne le condamne pas à mort, bien entendu, mais cette personne n’a tout simplement pas la vie éternelle. C’est comme ces gens qui ont gagné au loto et qui ne vont jamais chercher les dizaines de millions qui leur sont réservés, c’est juste tant pis pour eux. Il y a là comme un jugement sans juge ni tribunal. Le Royaume de Dieu est grand ouvert et quiconque le désire peut y entrer, celui qui le fait est dedans, celui qui n’entre pas reste dehors. La vie éternelle est offerte, celui qui la prend est vivant et reste vivant après sa mort celui qui ne la prend est mort et reste mort après sa mort.

L’Évangile est la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu, de son amour et du Royaume qui nous est réservé. C’est le premier point du témoignage de Jésus. Le second est un appel à la conversion, un appel à nous saisir maintenant de ce qui nous est offert par Dieu pour naître à la vie, un appel pour nous laisser soigner par Dieu et guérir de ce qui ne va pas dans notre existence souffrante. Personne ne peut répondre à la place d’un autre.

Donc si aujourd’hui nous demandons à Dieu de recevoir L’Esprit de Jésus, nous pouvons être sûrs que c’est la volonté de Dieu pour nous. Dieu écoutera notre prière et entrera en nous par son Esprit. Et une fois en nous, nous serons libérés de la mort car Dieu verra son Fils sa parole incarnée en nous. Le Fils cette parole incarnée, nous rendra libre de nos fautes et nous serons vraiment libres, car inscrit et utile dans le programme de Dieu.

 

Entre le ciel et la terre il n’y a pas de commune mesure. Jésus témoigne du ciel, de cet au-delà de tout que personne n’a jamais vu, à part celui qui vient d’en haut. Forcément nous devons prendre position, soit en faveur, soit contre, puisque cela nous concerne. Et comme nous sommes terrestres, l’unique source de connaissance est le témoignage de Jésus : il ne s’agit pas d’une doctrine, il ne s’agit pas d’un système, il ne s’agit pas d’une idéologie, mais il s’agit d’une personne, Jésus, qui s’engage pour la vérité : "Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu".

Celui qui accepte le témoignage certifie que Dieu dit la vérité. Or la crédibilité du témoignage est liée à la moralité du témoin comme aux propres choix : si je choisis le péché, j’aurai du mal à croire à l’amour de Dieu. Or dans le témoignage même, le choix est à faire : Jésus ou moi ? Même de la plus belle adhésion de foi on peut créer un fétiche, lorsqu’on fait de la religion une réalité terrestre, avec des façons de penser sécularisées, poursuivant des intérêts politiques ou socioculturels, réduisant la foi à une discipline intellectuelle ou morale ou abusant de l’autorité issue de ses structures.

Faisons donc un examen de conscience sur notre façon de croire. En qui est-ce que je crois : en Jésus ou en moi mon ego ? En Jésus ou dans un dogme, En Jésus ou une église et ses sacrements. Ayons la capacité de nous remettre en question.

La paternité divine relie les deux extrêmes séparés d’une distance infinie. Le rapport de témoignage et d’autorité n’est pas celui du pouvoir ou de la force d’un Dieu tout-puissant, et vengeur, mais celui d’un père qui aime son fils. Ainsi la distance infinie qui subsiste à niveau intellectuel - la limitation de l’intelligence humaine (quoique "capable de l’infini") vis-à-vis de l’inscrutable sagesse de Dieu - est conciliée par un rapport d’amour. Dieu aime son Fils et il nous aime : il nous fait participer à son plan de salut et nous appelle à en être des acteurs, sous la direction de son Fils bien-aimé et de l’Esprit. Dieu aime son Fils et lui a tout remis entre ses mains (cf. Jean 3, 35).

En contrepartie, tout homme qui croit au Fils, unique maillon qui relie le temps à l’éternité, le fini à l’infini, obtient la vie éternelle. Accepter son témoignage, c’est écouter Jésus, c’est se tourner vers Dieu comme un enfant se tourne vers son père. Ici le Christ certifie qu’une position est à prendre et que l’option de ne pas prendre position en est déjà une : la mauvaise. Demandons à Dieu de nous aider à opter pour le Christ, même si cela demande un sacrifice. Que nous soyons comblés de l’espérance dans les biens du ciel.

Recevons l’Esprit de Jésus en nous et demeurons dans la parole. C’est urgent et important. Il est la parole incarnée venue "du ciel" pour nous sauver.

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