Ce qui peut paraître un peu étonnant ici c’est que nous avons affaire à une toute première partie qui ne demeure pas vraiment prophétique. L’on nous expose l’enchaînement de l’histoire de la conquête jusqu’à la chute de Jérusalem. Au moyen-âge naquit cette idée de distinguer entre les prophètes antérieurs les Nebi'im rišonim et les Prophètes postérieurs Nebi'im abaronim. La première partie se trouve des recueils qui relatent la suite de l’histoire avec Josué et l’on reprend là où l’on s’est arrêté dans le Pentateuque avec la mort de Moïse. On raconte l’entrée dans le pays de Canaan la conquête et la mort de Josué. On arrive au livre des Juges qui relate toutes sortes d’aventures des chefs charismatiques surtout du nord. Il s’ouvre en fait par une introduction, une sorte d’épisode en deux périodes. C’est un peu comme un intermédiaire entre la conquête et la royauté. Le concept repose sur une sorte de cycle d’apostasies où chaque fois le peuple va chercher d’autres dieux. Dès lors, Yahvé se met en colère et il envoie des juges lorsque le peuple se repentit. Tout à la fin, on retrouve une sorte de refrain « il n’y avait pas de rois en Israël chacun faisait ce qui lui plaisait. » L’idée reste évidemment de préparer l’histoire de la royauté que nous avons dans les livres de Samuel. Les deux livres de Samuel résidaient tout d’abord en un seul livre où l’on relate en premier lieu l’histoire du prophète Samuel qui sera associé à la mise en place de la monarchie. C’est lui qui effectivement désigne selon la volonté de Yahvé le premier roi Saül. Mais ce chois se trouve immédiatement rejeté par Yahvé qui l’écarte aussitôt. Il le repousse, car il préfère David dont on va raconter d’abord son ascension. Celle-ci commence avec son duel contre Goliath et abouti lorsqu’il devient roi. Il s’empare de Jérusalem et effectue de cette ville sa capitale. Le prophète Nathan lui annonce une dynastie éternelle. Est-ce que cette promesse de dynastie éternelle va vraiment se réaliser puisque Jérusalem tombera et sera détruit plus tard ? Finalement, dans la deuxième partie des livres de Samuel on découvre l’histoire de la succession au trône de David. Là, celui-ci apparaît de manière moins glorieuse que dans la première partie. Qu’on se souvienne de l’histoire avec Bethsabée, et sa relation pas très légitime avec cette femme épouse d’Urie le Hittite officier de l’armée. David va s’arranger à se qu’il meurt au combat. Le prophète Nathan reprocha peu après à David son meurtre, d’abord en lui relatant une histoire très émouvante. Par la suite, Nathan informe David que l’enfant conçu avec Bethsabée doit mourir. En effet, leur premier fils mourut après sept jours. David et Bathsheba conçurent ensuite Salomon. Celui-ci deviendra son successeur, mais avant l’histoire nous expose les révoltes d’Absalon un de ses fils. L’ouvrage se termine avec un récit sur la découverte de l’emplacement du temple ; même si David n’a pas construit le temple c’est lui qui en découvre l’endroit où il sera bâtit pas son fils Salomon. Alors le livre des Rois s’ouvre avec l’histoire de Salomon et raconte l’histoire des monarchies.
En hébreu, les livres des Rois se nomment Melakhim [מלכים]. À l’origine, les deux livres des Rois n’en formaient qu’un. Ce n’est que lors de la traduction de la Septante que ce livre est rattaché à celui de Samuel sous le titre générique de Règnes. Il se trouve partagé en quatre parties qui correspondent donc à Samuel 1 (Règnes 1), Samuel 2 (Règnes 2), Premier livre des Rois (Règnes 3) et le Second livre des Rois (Règnes 4). Le regroupement opéré par la Septante est plus tard abandonné, et Samuel et le livre des Rois retrouvent leur indépendance, mais la scission en deux livres persiste. La division en deux parties ne présente d’autres causes que des considérations physiques, à savoir la longueur des rouleaux. En effet, le texte en grec prend plus de place que le même en hébreu et lors de la traduction, le mettre sur deux rouleaux distincts apparut préférable.
Après le récit de la mort du roi David vers -970, le livre des Rois retrace l’histoire du règne de Salomon jusqu’à sa mort (1 Rois 1-11). Puis vient la partie qui va de la scission en deux royaumes en 1 Rois 12 jusqu’à la chute du royaume d’Israël (2 Rois 17). Enfin, les derniers chapitres (2 Rois 18 à 25) racontent la vie des derniers rois de Juda jusqu’à la chute de Jérusalem. Ces deux dernières parties représentent des successions de rois dans deux royaumes contigus. Le début et la fin de chaque règne figurent décrits avec des formules récurrentes. On peut lire ces livres-là dans le Pentateuque comme une seule histoire.
Quand vous passez à la deuxième partie, vous trouvez les prophètes proprement dits. Les passages d’un royaume à l’autre, les retours en arrière lorsque le regard se porte sur l’autre royaume entraînent un enchevêtrement des narrations concurrentes semblables à des tapisseries. Tout le récit est de cette façon lié, mais d’autres éléments renforcent cet effet. Ainsi des répétitions d’expressions restent utilisées lors de l’accession au trône d’un nouveau roi ; des formules réalisent l’écho d’un roi à l’autre, des scènes se retrouvent comme la mort de Jézabel et celle d’Athalie ou bien le ministère d’Élie et celui d’Élisée. Une analyse plus générale montre ainsi que des thèmes essentiels demeurent au cœur du message de l’auteur. La promesse de Yahvé et sa rupture face à l’apostasie presque continue des rois, les menaces que font peser les peuples étrangers, et particulièrement les femmes qui mènent à l’idolâtrie, l’importance du temple, etc.
Les livres prophétiques s’ouvrent souvent avec le livre d’Ésaïe (Isaïe). Là pareillement, contrairement au Pentateuque où l’ordre se trouve toujours stable, dans les différents manuscrits des prophètes il n’en est pas de même. On retrouve des manuscrits où cela débute avec les douze petits, et parfois l’on peut en rencontrer d’autres qui commencent par Jérémy, et enfin d’autres qui démarrent par Isaïe. Ces derniers devinrent petit à petit la manière traditionnelle de présenter les choses, et si cela s’engage par Isaïe ce n’est certainement pas par hasard. Certes dans Isaïe l’on trouve en fait l’ensemble de la période prophétique, c’est-à-dire de l’époque des deux royaumes jusqu’à l’époque perse. Dans le judaïsme, on va avoir après l’idée qu’après l’époque perse la prophétie s’est arrêtée. Cela correspond un peu à la présentation de cette partie du canon parce qu’en effet les derniers prophètes apparaissent de l’époque perse. Dans le livre d’Isaïe on distingue trois parties le proto-Isaïe ou premier Isaïe qui est situé sous la domination assyrienne à Jérusalem. Le second Isaïe réalise l’annonce de l’arrivée du roi perse après déjà la destruction ; et l’exil babylonien qui est présenté comme le Messie de Yahvé. Finalement, le troisième Isaïe contient une collection d’oracles dans la deuxième partie de l’époque perse.
Jérémie et Ézéchiel, deux prophètes qui sont tous les deux situés aux alentours de la destruction de Jérusalem. Jérémie qui annonce la destruction, et cela est une spécificité de Jérémie. Il raconte beaucoup d’histoires sur sa personne en réalisant une sorte de biographie, et Jérémie est un personnage très intéressant parce que finalement on dispose de deux livres de Jérémie. Si vous prenez la bible grecque, on retrouve un Jérémie très différent que celui de la bible hébraïque, et les chapitres ne figurent pas dans le même ordre, celui en grec se trouve beaucoup plus court que celui en hébreu. Donc peut-être en fait on se trouve en présence d’un texte grec plus ancien que celui en hébreu. Jérémie, après la destruction de Jérusalem par les Babyloniens va subsister dans le pays. Il va y rester jusqu’au moment où il se trouve amené de force par le peuple en Égypte contrairement à Ézéchiel qui apparaît comme vivant parmi ceux qui en 597, vont être déportés à Babylone. Les deux Ézéchiel et Jérémie ont d’abord des oracles contre Israël, puis des oracles contre les nations qui préparent en fait des oracles de restauration et la vision du nouveau temple. Ensuite, on présente les douze petits prophètes, ou prophètes mineurs, moins à cause de la moindre importance de leur message que de leur moindre étendue. On les nomme Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie. C’est l’ordre dans lequel ces livres apparaissent dans la bible hébraïque, cet ordre demeure susceptible de varier quelque peu selon la tradition religieuse à laquelle elles se réfèrent. Ce classement essaie, tant bien que mal, de suivre un ordre chronologique qui, à la lumière de nos connaissances actuelles, ne peut apparaître qu’imprécis, d’autant plus qu’on ne saurait faire coïncider le temps où ces prophètes vécurent — si tant est qu’ils aient tous existé — et celui où furent rédigés les livres qui sont associés à leurs noms. À l’origine, ils forment un seul rouleau. Si vous comptez tous les chapitres, cela fait soixante-cinq chapitres, et c’est exactement la taille du livre d’Isaïe à un chapitre près. Les premiers livres se trouvent mis par écrit au VIII siècle à l’époque de Jéroboam II en Israël. Ensuite, on descend au fur et à mesure jusqu’à Aggée, Zacharie, et Malachie qui sont situés à l’époque perse.
Les Nevi'im sont traditionnellement regroupés en deux ensembles :
Les Premiers Prophètes (Nevi'im Rishonim [נביאים ראשונים] - c’est-à-dire prophètes antérieurs à la chute du Premier Temple et l’exil) dont le récit s’étend de Josué aux Rois.
Les Derniers Prophètes (Nevi'im Aharonim) [נביאים אחרונים] — les prophètes ultérieurs à l’exil, ils contiennent surtout des prophéties sous forme poétique.
L’ordre des livres du judaïsme est repris dans le protestantisme.
Parmi ces livres il en a un qui figure assez curieuse très différente de tous les autres, c’est le livre de Jonas. Ce n’est pas vraiment un livre prophétique parce qu’il ne possède pas de prophétie stricto sensu. C’est une sorte de narration un récit un peu ironique qui insiste sur le fait que Yahvé peut changer d’avis. Lorsque Jonas annonce la destruction de Ninive, finalement Dieu décide de leur faire grâce parce que les habitants de Ninive se comportent bien, ils effectuent des jeûnes et ils se repentent tous. Par conséquent, Dieu décide de ne pas détruire Ninive. Alors Jonas demeure très mécontent. Pourquoi se trouve-t-il mécontent ? Il apparaît mécontent, car selon le Deutéronome celui-ci ressortirait en faux prophète. Dans le Deutéronome, on apprend que si un prophète dit quelque chose de la part de Yahvé et que cela n’advient pas, c’est qu’il n’a pas parlé au nom de Yahvé ; dès lors, c’est un faux prophète. Donc il a annoncé la destruction de Ninive et cela n’est pas arrivé. C’est toute une réflexion pour notifier que le Dieu de la Bible peut aussi changer d’avis.
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