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Le midrash des parfumeuses.
Luc 7,47, Jean 8,1-11, Marc 14,3-9 un Midrash Rahab ou le Midrash des parfumeuses.
Luc 7,47, Jean 8,1-11, Marc 14,3-9 un Midrash Rahab ou le Midrash des parfumeuses.
Cette étude midrashique reprend les femmes pécheresses pardonnées, de Luc 7,47, qui donne la main à Marc 14,3-9 à Matthieu 26.6-13 et à Jn 12.1-8 ainsi que Jean 8,1-11 sur la femme adultère qui n’est autre nous le verrons que notre parfumeuse et qui n’est autre que Rahab ou l’image de Rahab. Luc, Marc, Matthieu, et Jean, nos quatre évangélistes reprennent un midrash bien connu des Rabbins celui de Rahab et ils le développent d’une façon inattendue chacun à leur manière.
Nous commencerons par un bref regard sur la structure des textes, puis nous essayerons de distinguer les éléments rédactionnels des éléments traditionnels. Alors seulement nous serons en mesure d'approfondir le midrash repris ici par Luc, Marc, Matthieu et Jean à : celui de Rahab la parfumeuse.
I. La structure du texte de Luc.
La majorité des exégètes chrétiens (plutôt protestants), ignorants totalement le midrash et la tradition juive pensent que Luc a composé son texte à partir de deux éléments : une parabole et un récit, et ils prétendent que ces deux récits ont eu probablement au début une existence indépendante avant d'avoir été tressés l'un dans l'autre par Luc. Pour preuve ils avancent que l’on constate, une incohérence dans la suite des dires de Jésus. Celle-ci apparaît, entre sa parabole et sa conclusion. Donc ils en concluent « rapidement » que nous sommes devant deux textes différents et assemblés « maladroitement » par Luc pour composer ce passage de son évangile. Aucun de ces génies n’a pensé mettre en cause la fiabilité de la transmission du texte, dans le sens que ce dernier aurait pu être manipulé parce que dans sa forme primitive il dérangeait certains « pères de l’Église » désirant mettre l’humain à l’œuvre et participer à son salut. Car il est plus que probable que la conclusion que Jésus donne de sa parabole sur le pardon de Dieu a été grossièrement retouchée, mais comme c’était plus difficile de transformer la parabole elle-même, cela rend les deux parties incohérentes. La parabole de Jésus annonçant que le pardon des fautes engendre l’amour, plus même chez celui à qui il est beaucoup pardonné, tandis que la conclusion annoncerait que c’est à cause de beaucoup d’amour qu’est octroyé le pardon.
(Voir à ce sujet notre article sur « Le Salut et la Grâce »)
Nous avons donc choisi le texte de la Bible du Semeur qui n’a pas suivi l’altération générale.
Luc ch 7 :
36 Un pharisien invita Jésus à manger. Jésus se rendit chez lui et se mit à table. 37 Survint une femme connue dans la ville pour sa vie dissolue. Comme elle avait appris que Jésus mangeait chez le pharisien, elle avait apporté un flacon d’albâtre rempli de parfum. 38 Elle se tint derrière lui, à ses pieds. Elle pleurait ; elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus ; alors elle les essuya avec ses cheveux et, en les embrassant, elle versait le parfum sur eux. 39 En voyant cela, le pharisien qui l’avait invité se dit : Si cet homme était vraiment un prophète, il saurait quelle est cette femme qui le touche, que c’est quelqu’un qui mène une vie dissolue. 40 Jésus lui répondit à haute voix : Simon, j’ai quelque chose à te dire.
– Oui, Maître, parle, répondit le pharisien.
41 – Il était une fois un prêteur à qui deux hommes devaient de l’argent. Le premier devait cinq cents pièces d’argent ; le second cinquante. 42 Comme ni l’un ni l’autre n’avaient de quoi rembourser leur dette, il fit cadeau à tous deux de ce qu’ils lui devaient. À ton avis, lequel des deux l’aimera le plus ?
43 Simon répondit : Celui, je suppose, auquel il aura remis la plus grosse dette.
– Voilà qui est bien jugé, lui dit Jésus.
44 Puis, se tournant vers la femme, il reprit : Tu vois cette femme ? Eh bien, quand je suis entré dans ta maison, tu ne m’as pas apporté d’eau pour me laver les pieds ; mais elle, elle me les a arrosés de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. 45 Tu ne m’as pas accueilli en m’embrassant, mais elle, depuis que je suis entré, elle n’a cessé de couvrir mes pieds de baisers. 46 Tu n’as pas versé d’huile parfumée sur ma tête, mais elle, elle a versé du parfum sur mes pieds. 47 C’est pourquoi je te le dis : ses nombreux péchés lui ont été pardonnés, c’est pour cela qu’elle m’a témoigné tant d’amour. Mais celui qui a eu peu de choses à se faire pardonner ne manifeste que peu d’amour ! 48 Puis il dit à la femme : Tes péchés te sont pardonnés. 49 Les autres invités se dirent en eux-mêmes : « Qui est donc cet homme qui ose pardonner les péchés ? » 50 Mais Jésus dit à la femme : Parce que tu as cru en moi, tu es sauvée ; va en paix.
Deux récits apparemment semblables ont circulé dans la tradition de la communauté : à Béthanie une femme vient pendant que Jésus est chez Simon et lui fait une onction d'huile sur la tête. Marc 14:3-9
L’onction à Béthanie
3 Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon, le lépreux. Pendant le repas, une femme s’approcha de lui, tenant un flacon d’albâtre rempli d’un parfum de nard pur de grande valeur. Elle cassa le col du flacon et répandit le parfum sur la tête de Jésus.
4 Quelques-uns s’en indignèrent et murmurèrent entre eux : Pourquoi gaspiller ainsi ce parfum ? 5 On aurait pu le vendre et en tirer plus de trois cents pièces d’argent, qu’on aurait données aux pauvres ! Et ils ne ménagèrent pas leurs reproches à cette femme.
6 Mais Jésus dit : Laissez-la donc tranquille ! Pourquoi lui faites-vous de la peine ? Ce qu’elle vient d’accomplir pour moi est une belle action. 7 Des pauvres, vous en aurez toujours autour de vous, et vous pourrez leur faire du bien quand vous le voudrez ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. 8 Cette femme a fait ce qu’elle pouvait. Elle a d’avance embaumé mon corps pour préparer mon enterrement. 9 Vraiment, je vous l’assure, dans le monde entier, partout où l’Évangile sera annoncé, on racontera aussi, en souvenir de cette femme, ce qu’elle vient de faire.
On retrouve les parallèles en (Mt 26.6-13 et en Jn 12.1-8).
Dans Jean ch 8 L’épisode de la femme adultère a marqué les consciences depuis plus de deux mille ans. Selon la loi, cette femme a enfreint les règles religieuses et morales de la société de son temps et se devait d’être punie. Or, au lieu de cela, Jésus va proposer une autre voie, celle d’un amour plus grand encore.
Nous allons voir que ces deux récits ont la même signification et sont en même temps complémentaires dans un midrash que j’ai nommé Rahab la parfumeuse, car ils trouvent tous deux leur source dans celui de même nom de la tradition Juive.
Dans l’évangile de Luc, la guérison du serviteur du Centurion et la résurrection du fils de la veuve de Nairn avaient provoqué l'admiration de la foule : « Un grand prophète a surgi parmi nous » (7,16). Jean-Baptiste fait rebondir la question : « Es-tu celui qui doit venir ? » (7,20). Avec l'épisode de la pécheresse le problème est approfondi : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme ». La réponse est donnée dans un acte : le pardon accordé à la pécheresse.
Le verset 47 nous renvoie par midrash à Rahab dont ici la pécheresse en est l’image ou la reprise.
Le midrash concernant Rahab affirme que « parce qu'elle a agi par amour, Dieu lui a donné par amour ».
« Rahab a agi par amour »
Le midrash Sifre Zuta Nb 10,29 mentionne Rahab parmi les prosélytes les plus célèbres : les Gabaonites, les Rékabites et Ruth. Sifre Zuta enchaîne :
« Ainsi en est-il de Rahab la prostituée qui cacha les espions de Josué comme il est écrit : Josué, fils de Nun, envoya secrètement de Shittim deux espions avec cette consigne : « Allez, examinez le pays de Jéricho » (Jos 2,1). Ils allèrent et vinrent à la maison d'une prostituée.
« Si déjà à elle qui était d'entre les peuples de la terre et les familles de la terre Dieu lui a donné par amour parce qu'elle a agi par amour, il l'aurait fait à combien plus forte si elle avait été Israélite. »
Selon le raisonnement rabbinique : « Dieu donne par amour à qui agit par amour ». S'il le fait pour les païens, il le fera d'autant plus pour les israélites. On a l'impression d'être en présence d'une forme littéraire, proche du proverbe.
Sifre Zuta Nb 10,29, après avoir donné l'exemple de Rahab, continue sa démonstration pour les Gabaonites. Le refrain change : « parce qu'ils se sont rapprochés de Dieu, Dieu s'est rapproché d'eux ».
Le Midrash Pesiqta de Rab Kahana 13,4 rapporte une tradition attribuée à R. Abba ben Kahana qui applique à Israël le verset d'Ez 16,31 : « Tu n'étais pas comme la prostituée dont les œuvres étaient bonnes » (dtqnt 'wbdyh). Parmi les bonnes œuvres figure l'hospitalité. C'est pour avoir pratiqué les bonnes œuvres que Rahab fut justifiée.
Nous verrons que Jésus dans notre midrash va inverser cause et effet, l’effet engendrant la cause en devenant cause lui-même.
Les trois motifs du pardon de Rahab
Le Midrash Mekilta de Rabbi Ismaël Ex 18,1 témoigne en ces termes de la justification de Rahab :
« Ils dirent : Rahab avait dix ans quand Israël sortit d'Égypte. Pendant les quarante années où Israël fut au désert, elle se livra à la prostitution. À la fin de la cinquantième année, elle devint prosélyte disant devant le Saint, béni soit-il : J'ai commis trois péchés. Pardonne-moi à cause de trois choses : de la corde, de la fenêtre et de la muraille, comme il est écrit : Rahab les fit descendre par la fenêtre au moyen d'une corde, car sa maison était contre le mur d'enceinte et elle-même logeait dans le rempart ».
La Mekilta de R. Simon, qui provient de l'école de R. Aqiba, rapporte la même tradition : Rahab a sauvé les espions par la corde, la fenêtre et la muraille et pour ces trois motifs elle fut pardonnée, c’est-à-dire justifiée.
Un manuscrit de la Mekilta de R. Ismaël (coll. Aptowitzer de Vienne) mérite une mention particulière. Il contient une variante intéressante à la fin de la citation biblique : « Elle-même logeait dans le rempart, dans le rempart des justes, dans le Paradis ».
Cet ajout ne laisse planer aucun doute sur le sort de Rahab : elle loge désormais dans le rempart des justes. En d'autres mots, elle est justifiée
La foi de Rahab
La Mekilta de R. Ismaël Ex 18,11, commentant la profession de foi de Jéthro, déclare :
« De même Rahab la prostituée dit : « Car le Seigneur votre Dieu est Dieu au ciel en haut et sur la terre en bas » (Jos 2,1 1).
La Mekilta de R. Simon Ex 18,11 fait écho à cette profession de foi. Ce dernier texte reconnaît que la profession de foi de Rahab fut supérieure à celle de Jéthro.
La littérature rabbinique ne fut pas la seule à reconnaître à Rahab le titre de « juste » ; la littérature synagogale lui donne le même titre. Pesiqta Rabbati (40,3/4) en témoigne tout en soulignant un autre aspect : celui de la conversion de Rahab : « R. Alexandri dit : II jugera les païens en citant comme exemples les justes parmi eux : Rahab, Jethro et Ruth. Comment le fera- t- il? Il dira à tous les peuples de la terre : Pourquoi ne vous êtes-vous pas approchés de moi? Ils lui répondront : J'étais méchant, enfoncé dans la malice et j'avais honte. Dieu leur demandera : L'étais-tu plus que Rahab dont la maison était à côté du mur de sorte que de l'extérieur elle recevait les voleurs et se prostituait avec eux à l'intérieur ? Cependant, quand elle désira s'approcher de moi, ne l'ai-je pas reçue et n'ai-je pas fait sortir d'elle des prophètes et des justes ? ».
« S'approcher de Dieu », telle est le geste qui valut le salut à Rahab. L'expression « s'approcher de Dieu » est l'équivalent d'être justifié. S’approcher de Dieu c’est aussi aller vers Dieu.
Le Midrash Eliahu Zuta présente Rahab comme modèle de repentir : « R. Eliézer dit : Le repentir est plus grand que la prière. Dieu n'accepta pas la prière de Moïse qui demandait d'entrer dans la terre d'Israël. Mais, par son repentir, la prostituée Rahab fut acceptée. R. Eliézer ben Jacob dit : « Elle fut appelée Rahab, parce que son mérite, dû au repentir, fut large (rehobah). À cause de son repentir, son mérite fut tel que sept rois et huit prophètes sortirent d'elle ».
D'autres traditions plus tardives orchestreront de différentes façons la tradition du mérite de Rahab. Nombres Rabba (8,9) a recours au vieux principe « mesure pour mesure » que Jésus reprend dans Matthieu 7:2 : « Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. » En l’appliquant à Rahab : « Parce que Rahab la prostituée a amené les espions dans la maison et les a sauvés, le Saint, béni soit-il, lui compta ce geste comme si elle l'avait fait à Lui et lui donna sa récompense ». C’est pourquoi Jésus dira : « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Mt 25,40
Gen Rabba 56,1 rapproche Abraham et Rahab dans une réflexion sur la formule « le troisième jour ». Cette expression est employée dans des textes qui parlent du salut et de la libération du peuple. Commençons par lire le texte : « Le troisième jour Abraham leva les yeux (Gen 22,4). Il est écrit : Après deux jours il nous rendra la vie, le troisième jour il nous relèvera et nous vivrons en sa présence (Os 6,2). Le troisième jour des ancêtres de la tribu est évoqué en Gen 42, 1 8... Le troisième jour de la révélation est mentionné en Ex 1 9, 1 6... Le troisième jour des espions est cité en Jos2,16... Le troisième jour de Jonas est mentionné en Jonas 2,1... Le troisième jour du retour de l'exil est cité en Esd 8,36...
Le troisième jour d'Esther est cité en Est 5,1... Par le mérite de qui (la libération vient-elle le troisième jour ?) Les rabbins disent : par le mérite du troisième jour du don de la loi. R. Lévi dit : par le mérite de ce que fit Abraham le troisième jour ». Ce texte provient du Midrash Genèse Rabba qui est l'un des plus anciens Midrashim. Commentant Gen 22,4 l'auteur a recours au principe de la gezerah shawah et associe tous les textes qui ont en commun l'expression « le troisième jour ». Ainsi Gen 22,4 et Jos2,16 rapprochent les figures d'Abraham et de Rahab. Les deux situations sont considérées comme des événements de salut pour Israël. Le thème du troisième jour comme jour de salut est exploité dans le Nouveau Testament.
Inutile de rappeler que Jésus ressuscite le troisième jour, et que ce troisième jour on retrouve nos trois femmes parfumeuses en effet un groupe de femmes admirables, celles qui avaient accompagné Jésus jusqu’au bout, et qui refusaient de s’enfermer dans leur tristesse, ou d’en prendre leur parti, prennent plutôt leur porte-monnaie pendant qu’il fait encore nuit pour aller acheter les parfums nécessaires à l’achèvement de l’embaumement du corps de Jésus terminé un peu à la hâte. Elles voulaient une fois encore approcher ce corps bien-aimé, laver à nouveau ses plaies, effacer les traces sanglantes de son injuste martyre… Là encore c’est la preuve réelle de leur amour.
Le christianisme primitif a démontré un grand intérêt lui aussi pour la figure de Rahab : Mt 1 ; Jacques 2 ; Hébreux 1 1 et la lettre de Clément de Rome aux Corinthiens 12,1 témoignent de la diffusion dans les différents secteurs du christianisme primitif de la figure de Rahab. Le problème du prosélytisme et de l'acceptation des païens dans la communauté intéressait la communauté chrétienne non moins que la Synagogue.
Donc Luc 7,34 mais aussi Matthieu 26.6-13, Marc 14,3-9 et Jean 12.1-8 ont repris les traditions sur Rahab et bien que le nom de la pécheresse reste délicatement inconnu, contrairement à celui du Pharisien le midrash nous la présente comme Rahab. Le contexte du repas, symbole de fraternité et d'amitié, contribue à créer un climat plus humain. Les thèmes de l'amour et de la foi de la pécheresse ne s'opposent plus. Le motif ternaire du pardon est repris dans la version de Luc qui souligne trois actions de la pécheresse. Enfin si cette tradition est reprise par Luc, il semble qu'il faille préférer la lecture causale au verset 47. Luc, comme la tradition rabbinique, établit un lien de causalité entre l'action de la pécheresse et l'amour de Dieu.
Seulement ici Jésus inverse la causalité c’est parce que Dieu aime la femme « Rahab » que celle-ci aime Dieu et son amour réciproque la justifie.
« 47 C'est pourquoi je te le dis : ses nombreux péchés lui ont été pardonnés, c'est pour cela qu'elle m'a témoigné tant d'amour. Mais celui qui a eu peu de choses à se faire pardonner ne manifeste que peu d'amour ! » qui répond au contexte ou va dans le même sens que la parabole de Jésus. La femme aime, car elle sait qu’elle est déjà beaucoup pardonnée par la grâce, et ce n’est pas parce qu’elle aime beaucoup qu’elle obtient celle-ci.
Ainsi compris, ce n’est pas l’œuvre de l’amour qui fait obtenir la grâce car celle-ci est sans condition. Il a vraiment fallu que certains soient motivés pour introduire cette variante, et pour qu’elle soit gardée dans nos traductions qui ne mettent même pas toujours une note pour signaler la difficulté.
Pour bien des religions, et même pour bien des chrétiens, le pardon de Dieu est donné à ceux qui ont une vraie repentance, bien sincère. Pour d’autres chrétiens, il fallait en plus que le Christ ait payé pour nos fautes pour que notre pardon soit possible et pour que la personne soit au bénéfice de ce système, il faut qu’elle croie que Jésus a payé pour elle, qu’elle soit ensuite baptisée tout cela doit avoir lieu bien sûr après une sincère repentance… Quand Jésus parle à cette femme il n’a pas encore été crucifié à ce que je sache et il ne lui demande pas si elle se repent de ses péchés. Cela va de soi diront certain puisqu’elle pleure aux pieds de Jésus. En effet elle pleure aux pieds de Jésus, mais n’est-ce pas en premier lieu par ce qu’elle se sait pardonnée comme nous le dit Jésus lui-même ?
Au contraire, Jésus annonce ici que le pardon de Dieu est premier, absolu, sans condition. Cela change non seulement notre relation à Dieu mais aussi la notion de justice et le regard que nous pouvons porter sur les autres, sur notre vie et sur notre propre dignité. Voilà comment Jésus justifie la remise de dette (le pardon) des deux hommes de sa parabole : « Comme ils n'avaient pas de quoi payer, le créancier leur remit à tous deux leur dette. »
La première raison de cette remise de dette : c'est la générosité du créancier, bien sûr. Et Jésus affirme ainsi que le pardon de Dieu est premier, qu’il n’a aucune autre cause que la nature même de Dieu, sans qu’il soit question que les fautifs demandent pardon, ni qu’un autre doit payer une rançon à leur place… Non, la simple et pure générosité de Dieu rend possible le pardon.
La seconde raison de remettre ainsi cette dette, c'est qu'ils n'ont pas de quoi payer et il n’est aucunement dit qu’ils regrettent infiniment de ne pas avoir assez d’argent pour payer.
Mais comment sait-on me demanderez-vous que la femme pécheresse sache qu’elle est pardonnée et que son amour envers Jésus vient de se savoir pardonné. Par ce que notre midrash rebondit en Jean 8,1-11 sur la femme adultère. Jésus renvoie la femme adultère sans la condamner et il ne lui dit pas tes péchés sont pardonnés pourquoi ? Et que devient-elle ? Notre midrash va nous démonter que cette femme adultère de Jean Chapitre 8 et notre parfumeuse de Luc sont en fait une seule et même personne, et quand celle-ci se présente dans la maison de Simon quelque temps avant Jésus lui a fait Grâce, il a donc pardonné ses péchés aussi voilà pourquoi elle se sait pardonné et c’est seulement dans la maison de Simon que Jésus lui dira « tes péchés sont pardonnés ». (Ce qui démontre en passant que Jésus ne lui a jamais dit ce fameux « va et ne pèche plus » encore un ajout tardif de nos Pères d’Église bien pensant.)
Rahab n'occupe dans la Bible que quelques versets, et pourtant il n'est pas un midrash juif qui ne parle d'elle sur des pages entières. C'est une prostituée qui trompe son peuple et qui ment à son roi et pourtant d'innombrables Pères de l’Église disent qu'elle est la figure même de l’Église. Non elle n’est pas la figure de l’Église mais de chacun d’entre nous.
Justin, Athanase, Eusèbe de Césarée, Jean Chrysostome, Grégoire de Naziance, tous ont attribué à cette prostituée (porne) le don de prophétie. Chez les pères latins, la figure de cette illa meretrix (cette prostituée) a le don de développer l'art de la rhétorique. Ambroise de Milan utilise pour parler d'elle l'oxymore : casta meretrix, la chaste prostituée. Elle est même une provida, une prophétesse.
Comme pour Tamar, les sources midrashiques sur Rahab nous l’avons vu sont éparpillées sur de nombreux corpus et de plus elles sont énigmatiques. Comme les problèmes de datation des sources midrashiques sont inextricables, nous pouvons commencer par les plus simples. Le Targum pseudo-Jonathan inaugure le jeu de piste en donnant une singulière traduction du mot זונה zona (prostituée). Ici, Rahab devient une בעל הפונדק pundiqta une aubergiste. Rashi dans son commentaire sur le Pentateuque le rappelle et précise qu'aubergiste peut signifier quelqu'un qui vend toutes sortes de nourritures. Il semble accréditer ainsi l'idée d'un jeu de mots qui interprète זונה zona comme issu du mot המזון mazon, nourriture. On a ici un premier exemple d'une élaboration qui entend problèmatiser l'idée de prostitution. Mais tous les midrashim ne sont pas dans ce cas. La peshitta garde l'idée biblique de prostitution (zniuta). Le Talmud (traité Megila 15a) rapporte un dit très ancien selon lequel Rahab était l’une des plus belles femmes que le monde ait connue. Ce passage débute par la mention : tanu rabanan, cette formule désigne en général une baraïta qui n’a pas été compilée dans la mishna et qui remonte donc à la période des tannaïm. Cette tradition insiste même sur la luxure qu'inspire cette dame: quiconque dit « Rahab, Rahab » connaît un écoulement séminal. La Mekhilta élabore une « histoire parallèle » de Rahab et d’Israël. Rahab avait dix ans lors de la sortie d’Égypte, pendant les 40 ans où Israël erre au désert, elle se prostitua, puis elle se convertit au moment où Israël franchit le Jourdain. Elle dit à Dieu : j’ai commis trois péchés, pardonne-moi à cause de trois choses : la corde, la fenêtre et la muraille. Le midrash hagadol (section Haye sara 23,1) franchit un pas de plus dans la béatification de Rahab. Dans un passage qui glose chaque verset de Pr 31 relatif à la femme valeureuse (eshet Hayil), il réfère à « Rahab qui cacha les espions » le verset : Elle ne redoute pas la neige pour sa maison, car toute sa maisonnée porte double vêtement (Pr 31, 21). Qui étaient ces espions ? Selon certains Caleb et PinHas selon d’autres Pereç et Zérah (les fils de Tamar). Quand elle demanda un signe (par lequel elle serait sauvée) Zérah lui dit : tu placeras ce fil rouge à la fenêtre par laquelle tu nous as fait descendre, c’est celui que l’on a mis autour de mon poignet à ma naissance. À cause de ses bonnes actions Rahab mérite d’avoir dans sa descendance dix prêtres…
Mais ce qui devient le plus intéressant pour notre midrash dit des parfumeuses c’est que dans le Midrash Rabba sur Ruth (2,1) un docteur nous apprend que Rahab était parfumeuse (elle s’occupait de parfums; Tiens donc !) Ce docteur mobilise ici un double jeu de mots. Le premier est explicite et rapproche le terme biblique פשתן buts (le lin) du mot busmin (parfum, encens, senteurs). Le second, implicite, rapproche la sonorité de Jéricho, la ville de Rahab, du terme ניחוח reaH (parfum). Ce midrash contient de nombreuses élaborations sur Rahab. Au terme de ce travail d'élaboration, on s’aperçoit que le midrash a créé des contenus nouveaux qui s’ajoutent maintenant aux matériaux bibliques. La Bible nous disait simplement que Rahab était une prostituée. Le midrash a maintenant « établi » que Rahab est elle aussi une parfumeuse. Aussi les ou la pécheresse(s) « prostituée(s) » de nos évangiles parfume(s) Jésus car elle(s) est ou sont aussi des parfumeuses. De même, nous avons vu que le midrash « établit » qu’elle est une aubergiste, sans que l’éventuelle incompatibilité de ces deux activités ne soit un obstacle pour le midrash. Le midrash établit également que les actes de Rahab envers les explorateurs ont été particulièrement appréciés par Dieu. Selon le livre de Josué, Rahab la parfumeuse s’est attachée à Israël. Mais le midrash va amplifier cet élément dans des proportions considérables : Rahab se convertit au Judaïsme, elle dispose même du don de la prophétie et elle engendrera une lignée de dix prophètes. Par ailleurs, le midrash insiste sur le rapport entre Rahab et le lin, et à travers cet item, à la prêtrise et à l’onction. Pour corser la chose, Rahab devient même l’épouse de Josué. Or Josué est dans les midrashim l’image de Jésus. Ce qui a fait dire aux pères de l’Église que Rahab est l’image de l’Église puisque celle-ci est dite l’épouse du Christ. En QoR 5, 13 Rahab est citée en compagnie de Jéthro, Ruth ou Antonin comme exemple de Juste. En CtR 1, 22 Rahab est à nouveau rapprochée de Jéthro comme le type des Justes qui rejoignent Israël et cet exemple s’inscrit clairement dans un contexte messianique. En CtR 1, 64 Rahab est à nouveau associée à Jéthro. ExR 27,4 rapproche également Jéthro de Rahab, ainsi que NbR 3,2 etc.
Nous avons affaire ici à un midrash eschatologique. Le midrash sur Rahab est à la fois un récit d’admonition et un récit de consolation. À la fin des temps, le mal sera entièrement détruit et Jéricho sera vouée à l’anathème, toutes les murailles s’écrouleront (Ez 38,20) mais le repentir est toujours possible même pour le plus perverti des idolâtres. Même Rahab la prostituée (lire: l’idolâtre) peut être sauvée. Mais si un être peut être sauvé, tous peuvent l’être. C’est pourquoi Rahab représente tous les païens et donc toute l’humanité. Après tout, les païens ont hébergé les juifs dans leurs exils. En conséquence, même l’Égypte et Babylone, qui ont accueilli les exilés se verront rappeler ce motif de salut. Ce serait la raison pour laquelle Rahab est rapprochée de ces contrées lointaines. Rahab est rapprochée deux fois de l’Égypte : l'Égypte dont l'aide est vanité et néant ; c'est pourquoi je lui ai donné ce nom : Rahab la déchue (Is 30,7). En Is 51,9 Rahab est rapprochée de la mer rouge. En Psaumes 87,4 Rahab est écrit avec un hé et rapprochée d’une autre prostituée, Babylone : Je compte Rahab et Babylone parmi ceux qui me connaissent. L’Égypte a servi d’auberge aux Israélites de l'exil (gola), Rahab héberge des espions (meraglim) d’Israël. C’est cette idée directrice qui expliquerait pourquoi le midrash prend la peine de nous expliquer que Rahab avait dix ans lors de l’Exode, que son mensonge est comparé à celui des sages-femmes israélites en Égypte, etc.
Rahab demande aux explorateurs une Alliance sur le modèle de celle, conclue entre Dieu et Israël, qui a suivi l'Exode. Rahab a entendu que Dieu avait asséché la mer pour eux, etc. Le signe demandé à Rahab, le fil rouge, est proche du sang de l’agneau pascal sur les linteaux, signe qui devait épargner les Hébreux lors de l’Exode. Le Salut des Juifs est donc étendu aux Païens. Le fait que cette alliance doit rester secrète (Jos 2,20) est un indice de son caractère eschatologique. L’Église a gardé l’essentiel de l’eschatologie rabbinique. Or le midrash sur les païens est au centre de l’eschatologie rabbinique. C’est pourquoi Rahab sera une figure si importante dans l’Église au point de figurer l’Église elle-même. Sans cet élément majeur en effet, il serait incompréhensible que l’Église puisse faire tant de cas d’une prostituée idolâtre qui ment et trahit son peuple.
Mais ce qui est intéressant dans le midrash des parfumeuses est de pouvoir tracer une équivalence entre adultère et idolâtrie et c’est cette adultère idolâtre qui va nous permettre de rapprocher la femme adultère de Jean 8 avec notre parfumeuse de Luc.
Adultère et idolâtrie
Le récit de Luc et son midrash Rahab est repris d’une certaine manière par Jean.
La femme adultère (Jean 8,1-11)
1 Jésus se rendit au mont des Oliviers. 2 Mais dès le matin il revint dans le temple et tout le peuple s'approcha de lui. Il s'assit et se mit à les enseigner. 3 Alors les spécialistes de la loi et les pharisiens amenèrent une femme surprise en train de commettre un adultère. Ils la placèrent au milieu de la foule 4 et dirent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère. 5 Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes. Et toi, que dis-tu ? » 6 Ils disaient cela pour lui tendre un piège, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus se baissa et se mit à écrire avec le doigt sur le sol.
7 Comme ils continuaient à l'interroger, il se redressa et leur dit : « Que celui d'entre vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. » 8 Puis il se baissa de nouveau et se remit à écrire sur le sol. 9 Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience ils se retirèrent un à un, à commencer par les plus âgés et jusqu'aux derniers ; Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu. 10 Alors il se redressa et, ne voyant plus qu'elle, il lui dit : « Femme, où sont ceux qui t'accusaient ? Personne ne t'a donc condamnée ? » 11 Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas.
Nous l’avons vu avec le cas de Rahab. Le texte biblique nous montrait une femme prostituée qui mentait et qui trompait son roi, attitudes difficilement défendables. Mais par ailleurs, l’Épître aux Hébreux fait l’éloge de Rahab et en fait le parangon de la foi.
Nous retrouvons ici le même dilemme, Jésus peut-il approuver un adultère ? La situation est très gênante. En vérité nous sommes très embarrassés. Et puis que faire de ce détail incompréhensible relatif à Jésus qui écrit par terre ? Si Jean prend la peine de nous indiquer cela, c’est que ce détail joue un rôle important dans la compréhension du récit, si non pourquoi en faire mention ?
La solution de cette énigme est pourtant très simple : Dans le midrash jamais il n’a été question ici d’adultère. Dans le registre de langue nommé double entente, adultère signifie idolâtrie. En Nombres Rabba 9, le midrash rapproche ainsi adultère et idolâtrie au motif que, dans les deux activités, l’auteur postule l’absence du regard divin. Le verbe naaf (commettre l’adultère) renvoie d’ailleurs aussi bien à l’adultère qu’à l’idolâtrie. Voyez par exemple Jérémie 3, 9 : « Elle a commis l’adultère avec la pierre et le bois. »
Va-tinaf et ha-eben veet ha-ets. Cette hypothèse permet d’expliquer parfaitement pourquoi Jésus écrit sur le sable. En Nb 5, 14 le rituel de la femme « sota » (sota signifie soupçonner d’adultère) comporte une curieuse autoréférence. Ce rituel demande d’écrire le texte même du rituel (donc de s’écrire lui-même) puis de l’effacer dans les « eaux d’amertume ». Les imprécations du prêtre s’effacent ainsi d’elles-mêmes, aussitôt qu’écrites. « Puis le prêtre mettra par écrit ces imprécations, et les effacera dans les eaux d’amertume. » Dans le Talmud, en Sota 2, 4 on trouve ces précisions : « Le cohen n’écrira, ni sur une planche, ni sur du papier, ni sur de la peau fendue (difthera) mais sur un rouleau de parchemin, car il est écrit : dans un livrel il n’emploiera pour écrire ni de la gomme (gummi), ni du vitriol (calcanthon) ni aucun autre corrosif aux traces persistantes, mais avec de l’encre, puisqu’il est dit : Il effacera ’il faut donc que l’écriture soit aisée à effacer. »
C’est ce qui est signifié dans le texte de Jean par l’attitude de Jésus, qui écrit sur le sable, support éphémère. Il occupe la place du Grand Prêtre. La formule « Que celui d’entre vous qui est sans péché » peut donc aussi signifier « qui n’a jamais été idolâtre ». C’est pourquoi, les accusateurs s’en vont un par un, « en commençant par les anciens » (les Juifs, qui se souviennent donc, qu’eux aussi, ont été idolâtres, par exemple au moment du veau d’or). Déjà le midrash juif ne manquait jamais une occasion de rappeler aux Juifs leur passé idolâtre, alors vous pensez si le midrash chrétien va se gêner.
Le schème de notre péricope serait le suivant :
Appel des païens,
Jalousie des juifs,
Les juifs accusent les païens d’idolâtrie (naaf),
Ceux-ci ne nient pas et se repentent,
Ils acceptent même de subir le rituel de la femme sota (soupçonnée d’adultère),
Leur condamnation est alors annulée (dissoute),
Les juifs se voient rappeler leur propre idolâtrie,
Confusion et départ des juifs,
Les païens se retrouvent seuls à l’intérieur (be-qereb).
Situation de la femme adultère
Jean 8, 9 nous dit ceci : « et il fut laissé seul, avec la femme toujours là au milieu. » Il faut prendre ce texte au sérieux. La femme adultère est toujours là, encore à l’heure actuelle. Elle partage en cela le sort de Rahab, l’autre païenne célèbre dont le livre de Josué nous dit ceci : « Elle est demeurée au milieu (be-qereb) d’Israël jusqu’à aujourd’hui. » (Jos 6, 25) ici la femme adultère ou plutôt idolâtre est Rahab par ce qu’elle est demeurée au milieu.
Vocabulaire de la péricope
Le vocabulaire de la peshitta ne laisse aucun doute sur le fait que notre femme adultère est en réalité une idolâtre. C’est une גּוּר gwr. Le substantif ger (racine gwr, "se mettre à côté, séjourner à l'étranger, dans un lieu d'où on n'est pas originaire").
Le traducteur n’a pas utilisé la racine zny, mais celle proche de la conversion (ger). Une fois repentis les idolâtres ne sauraient être condamnés. Or les juifs (selon l’Évangile) tiennent absolument à ce que les païens soient condamnés, c’est pourquoi ils veulent ici que le messie condamne les païens. En réalité, le rédacteur évangélique connaît parfaitement l’eschatologie juive. Il sait parfaitement que dans le système eschatologique du judaïsme de l’époque, le messie fera entrer les païens à la fin des temps. Mais précisément, il entend ici polémiquer sur un point essentiel : les juifs diffèrent indéfiniment ce moment. Alors que le messianisme chrétien entend accomplir cette donnée eschatologique séance tenante.
Dans la Bible, le parfum symbolise la prière et surtout l'adoration.
Dans l'Ancien Testament, chaque jour, un parfum était offert sur l'autel des parfums du temple par un sacrificateur. Ce parfum s'élevait sous l'action du feu que Dieu avait fait lui-même descendre pour consumer le premier sacrifice offert sur l'autel des sacrifices du tabernacle. D’autre part le Midrash Rabba sur la Genèse, tome 3, p. 170. Commentaire de Genèse 30, voit dans le verset du Cantique des Cantiques (7, 14) : « Les mandragores répandent leur parfum », l’image de la Loi qui se répand en Israël. Les parfums symbolisent ici la connaissance de la Loi plutôt que son étude. Les parfums flottent dans l’air, comme les lois qui n’ont plus à être énoncées pour être connues.
On peut y voir le parfum verset sur Jésus comme l’autel sur lequel le sacrificateur verse un parfum. Le parfum symbole de la loi est répandu.
Le mont Morijah sur lequel était construit le Temple de Jérusalem, lieu où Abraham fut invité à offrir Isaac en sacrifice signifie aussi : le parfum. Le nom de cette montagne vient d'une plante aromatique de la famille de la sauge qui pousse dans cette région et qui a la forme d'une ménorah. Exposée au soleil, elle dégage un parfum fort agréable, c'est pourquoi on lui a donné le nom de "Morijah" ("parfum de Dieu"). En hébreu, "la sauge" se dit "marva" et en araméen "morijah". Le mot "mor" désignerait l'un des ingrédients composant l'encens brûlé dans le Temple et qui est souvent traduit par "myrrhe", qui serait une abréviation de "morijah". Quant au mot "ménorah", il est composé du préfixe "mé" qui indique la provenance d'une chose, et de "nowrah", la flamme. Ménorah signifie "qui vient de la flamme". Dans le mot "nowra", on trouve également le mot "owr", qui veut dire "lumière". Ainsi, la lumière provient de la flamme de la ménorah. Mais ce qui est intéressant, c'est que l'un des noms du Messie est "la Lampe". Or, les lettres écrites aux sept assemblées de l'Apocalypse ne sont-elles pas destinées aux "sept chandeliers (ménoroth) d'or" (Apoc. 2:1) ? Mais, une fois encore, en jouant avec les mots, on pourrait dire "les sept ménoroth d'owr" (les sept chandeliers de lumière).
En conclusion, nous qui sommes adorateurs du vrai Dieu, le Dieu d'Israël, nous sommes, comme l'écrira l'apôtre Paul aux Philippiens, "un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu accepte, qui lui est agréable" (Phil. 4:18). Aux Corinthiens, il dira : "nous sommes, pour Dieu, la bonne odeur de Christ parmi ceux qui sont sauvés" (2 Cor. 2:15). Il rappelle le sacrifice de notre Seigneur en disant aux Éphésiens : "Christ… qui s'est livré pour nous comme un sacrifice de bonne odeur" (Eph. 5:2).
D.R et D.D
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