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La tentation de Jésus

Les tentations ou une lutte avec nous-même

 

Chers visiteurs et amis de notre cyber-église. Notre hébergeur actuel « e-monsite.com »  ne prenant plus en compte l’alphabet hébraïque et très mal l’alphabet grec, pour garder la totalité de nos textes et continuer à pouvoir étudier les écritures au plus proche des textes originaux, notre cyber-église a entrepris un déménagement chez un autre hébergeur prenant en compte les écritures hébraïque et grecque ancien. Vous trouverez cet article complet à cette adresse : https://protestants-liberaux.webnode.fr

 

 

4.1 Alors Jésus fut amené dans le désert par l’Esprit.

4.2 pour être tenté par le Diable (celui qui divise) Et "Il ne mangea rien" pendant quarante jours, .. il eut faim.

4.3 Et le Diable  lui dit : Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre qu'elle devienne du pain.

4.4 Jésus lui répondit : Il est écrit : L'Homme ne vivra pas de pain seulement.

4.5 Le diable, le prend sur une très haute montagne, et il lui  montra tous les royaumes de la terre,

4.6 et lui dit : Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes ; car elle m'a été donnée, et je la donne à qui je veux.

4.7 Si donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi.

4.8 En réponse Jésus lui Devant le Seigneur ton Dieu prosterne-toi et à lui seul rends un culte.

4.9 Le diable le prend avec lui  à Jérusalem, le plaça sur le haut du temple, et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d'ici en bas ; car il est écrit :

4.10 Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, Afin qu'ils te gardent ;

4.11 et : Ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.

4.12 Et en réponse Jésus lui dit : Il est dit : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu.

5.1 Et le Diable le prend sur une très haute montagne et il lui fait voir tous les royaumes du monde et leur splendeur

6.1 et il lui dit : Tout cela je te le donnerai, si tu te prosternes devant moi.

6.2 Et en réponse Jésus lui dit : Il est écrit : Devant le Seigneur ton Dieu prosterne-toi et à lui seul rends un culte.

6.3 Alors le Diable le quitta.

Pourquoi Jésus a-t-il été tenté par le diable ?

Aussitôt après son ablution par Jean, Jésus fut poussé par l’Esprit à aller dans le désert pour y être mis à l’épreuve. 

Ce que l'auteur veut souligner dans ce texte, c'est que ce n'est pas vraiment Jésus qui prend la décision, mais l'Esprit. Il est guidé par l’Esprit. Ici l’Esprit met Jésus à l’épreuve ; Le texte nous enseigne que comme tout être humain Jésus est la proie à deux forces contraires. Il est donc bien un homme, avec les attributs de tous les autres êtres humains. Mais : être emmené dans le désert par l’Esprit, peut vouloir signifier aussi, que Jésus n’alla pas physiquement parlant dans le dessert, mais que ce dessert fut dans son esprit et il y rencontra un grand vide (un dessert) et on peut penser que sa rencontre avec le diable n’est pas une rencontre physique mais spirituelle.

Aussi nous pouvons tous se reconnaître en Jésus ! Qui de nous n’a pas séjourné dans son désert par l’esprit, et parfois il y a pris de mauvaises décisions.

Le désert de Judée n’est alors qu’une image du désert de notre esprit spirituel, car en réalité le désert de Judée c’est une steppe, en grande partie inhabitable, chaude comme une fournaise pendant la journée, emplie de bêtes sauvages et de scorpions et sans grande possibilité de nourriture. Pour les juifs, qui croient aux démons ce lieu inhospitalier était la demeure de ceux-ci. Il est donc normal que Jésus y fasse la rencontre de l’un d’entre eux. Jésus y passa 40 jours de solitude, de prière, de jeûne, et certainement de méditations afin de combattre le diable dans cet enfer terrestre.

Les Évangiles utilisent le terme grec de πειρ?ζω (peirazó) qui peut signifier :

Essayer, tenter. Faire l'épreuve (tester), l'expérience de quelque chose. Mais aussi : chercher à séduire, à corrompre.    

Les quarante jours dans le désert sont donc un test : plus précisément, un test voulu par l’Esprit afin de prouver ou se prouver la qualité de Jésus. Dans l’Ancien Testament Dieu éprouve ses serviteurs pour voir s’ils lui sont fidèles. Abraham, Moïse, même Élie (nous l’avons vu dans le chapitre précédent) tous ont été mis à l’épreuve. Jésus n’échappe pas à la règle. 

Ce n’est pas que Dieu ignore la qualité de Jésus ou ne soit pas sûr de son choix : Dieu venait de reconnaître Jésus comme son fils au cours du baptême, et Dieu étant Tout, « je suis qui est » il comprend : le passé, le présent, et le futur. Il n’a donc aucun besoin de tester Jésus, mais c’est Jésus qui a besoin dans sa conscience individuelle d’établir une connexion spirituelle avec celle de Dieu.

Le choix du terrain d’affrontement, le désert de Judée, est conforme à la pensée traditionnelle juive. En effet, dans l’Ancien Testament, d’autres personnes avaient déjà dû traverser le désert pour prouver leur valeur.

Les versets, 1 et 2 dès lors qu’ils sont rétroverti vers leur hébreu d’origine, font entendre par deux fois le son NS : az nasa haruaH...lema’an yenasohu ?? ??? ???? ??????? ?????? ???? ????? ?????. Ce ne peut être un simple hasard car au verset 3 le diable est nommé ?????? (n???š) c’est-à-dire le tentateur en hébreu.

Une telle répétition de sonorités similaires avec « Az » et « Har » laisse penser à une élaboration midrashique. Il nous reste à découvrir lequel et quelle en est le but ?

Un examen du texte nous montre une construction élaborée dans laquelle les jeux de sonorités sont nombreux : par exemple le verset : Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres… Exempt de tels jeux en français, mais en hébreu cela est différent : ben Elohîms « Fils de Dieu » assone parfaitement avec abanim ha-ele. ??? abanim ce sont les pierres en hébreu tirent des liens avec Jérémie (2:27) qui reproche à ses compatriotes de suivre des étrangers qui disent au bois : « Tu es mon père ! » et à la pierre : « Toi, tu m’as enfanté ! ». Ici le tentateur suggère que les pierres enfantent des pains. On rencontre ce concept plusieurs fois dans la Bible, par exemple dans Isaïe (51:1-2), Abraham et Sarah sont comparés à des rochers (des pierres) qui ont donné naissance au peuple d’Israël : « Regardez le rocher d’où l’on vous a tirés… Regardez Abraham votre père et Sarah qui vous a enfantés ». De même on retrouve cette image dans l’évangile de Matthieu (3:9) lorsque Jean le Baptiste dit « Dieu peut, des pierres [de l’hébreu abanim] que voici, faire surgir des enfants [de l’hébreu banim]. Le jeu de mots avec pierres abanim et enfants banim revient à faire un jeu de mots avec enfants et pains. À cela Jésus « répond ». On peut penser que la présence de ce verbe répondre (ici, va-ya’an) n’est pas fortuite, mais fait écho au premier mot de la citation biblique utilisée par Jésus: Il t'a humilié ????????????? (va-ya’ankha) il t'a fait sentir la faim, il t'a donné à manger la manne que ni toi ni tes pères n'aviez connue, pour te montrer que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais que l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche de Yahvé.(Dt 8,3).

On entrevoit alors que notre "tentation au désert" est une bataille à coups de citations bibliques. Le tentateur cite des versets de la Bible, tandis que Jésus lui répond par d’autres citations bibliques, qu’il tire en général du Deutéronome. Que peut bien signifier cette joute ?

Revenons à notre jeu de sonorités autour du son NaSo de la tentation (ou du son NeS du miracle ?) ces jeux se reproduisent trois fois dans la seconde partie de notre péricope, et cette fois, non seulement dans le texte évangélique (il le plaça : vayisaehu) mais dans les citations bibliques elles-mêmes qui n'ont pas besoin, elles, d'une hypothétique rétroversion. Les anges te porteront (hébreu: yissaunekha) A quoi Jésus répond par une autre citation: lo tenassu (vous ne tenterez pas...) Mieux : cette citation biblique elle-même comporte un triple jeu des mêmes sonorités: lo tinassu..ka-asher nissitem be massa (Dt 6, 16).

Quelle tentation ?

S’agit-il vraiment dans ce texte de tentation ? Dans la Bible, il existe un autre sens du verbe nissàh  Par exemple, la Reine de Saba ayant entendu parler de la sagesse de Salomon décide de le mettre à l’épreuve, ????? ????? au sens de le tester. La reine de Saba apprit la renommée de Salomon de par le Nom de Yahvé et vint éprouver (nissàh ) celui-ci par des énigmes (1R, 10,1). Va tavo le nissàho. Or dans les Évangiles les Pharisiens passent leur temps à mettre Jésus à l'épreuve : Les Pharisiens et les Sadducéens s'approchèrent alors et lui demandèrent, pour le mettre à l’épreuve, de leur faire voir un signe venant du ciel. (Mt 16,1)

Gardons ici ce sens de mise à l'épreuve et l'agent principal relié à cette notion : les pharisiens.

Quel diable ?

Le diable est celui qui divise il n’est pas à prendre comme une entité extérieure à nous mais il est simplement notre ego.

Dans le récit des tentations de Jésus, le diable ou son ego lui présente trois tentations : "Transforme ces pierres en pain" : c'est la tentation de la consommation, de l'avoir auquel nous pousse notre ego. Puis il l'emmène sur une montagne et lui dit : "Prosterne-toi devant moi et je te donnerai toutes les nations" : c'est la tentation du pouvoir auquel notre ego nous conduit. Enfin, il l'emmène en haut de la tour du Temple et lui dit : "Jette-toi en bas, les anges te retiendront et tout le monde sera en admiration devant toi" : c'est la tentation de la séduction que notre ego désir. Ce texte dit que pour l'avoir, le pouvoir et la séduction, les gens sont prêts à suivre leur ego et renoncer à toutes leurs valeurs. Voilà l'essence du diabolique. Je crois au diabolique, plutôt qu'au diable, je croie qu'il y a une intelligence du mal qui n'est pas d'ordre rationnel, mais qui est une capacité de séduction qui nous amène chacun d’entre nous à renoncer à nos valeurs pour assouvir nos désirs dans ces domaines-là.

Mais faut-il pour cela attribuer la racine du mal à un être spirituel un ange déchu un être qui nous est différent extérieur bien plus puissant que nous, et qui pousse l’être humain à pêcher ?

Qui est le tentateur ou le diviseur dont il est question ici? Ne s'agirait-il pas précisément des Pharisiens qui divisent le peuple en bon et en mauvais Juifs ? Ceux qui appliquent bien la loi et ceux qui ne l’appliquent pas correctement. Ils mettent Jésus à l’épreuve pour le cataloguer, lui mettre une étiquette, porter un jugement.

  

Comment reconnaître le vrai messie ?

Le sens de cette péricope serait le suivant. Les Juifs, comme ils le font tout au long des Évangiles, soumettent Jésus à trois questions pour savoir s’il est le vrai messie.

Nous aurions donc ici un texte polémique et apologétique. C’est un plaidoyer tendant à démontrer que Jésus possède bien tous les critères issus de la tradition.

L’autre possibilité est la tentation du jardin d’Éden revu et corrigé et d’être reconnu comme Dieu. On le voit transformer les pierres en pain peut-être compris comme tirer de ces pierres des enfants « un peuple » qui est une faculté de Dieu de tirer des enfants des pierres (de choses stériles) selon la Bible. Le fait de posséder tous les royaumes de la Terre c’est en quelque sorte être le roi des rois c’est là un attribut de Dieu et enfin être servi par les anges troisième attribut de Dieu. Le tentateur propose à Jésus d’utiliser ses pouvoirs pour ce faire Dieu.

On peut remarquer ici la récurrence du nombre quarante, qui fonctionne comme un nombre symbolique signifiant « une période longue et entière ». Ainsi, quand Jésus jeûna quarante jours, cela peut signifier qu’il jeûne de fait pendant quarante jours pleins et entiers, mais cela signifie surtout qu’il vécut une période longue et intense de jeûne, telle que les prophètes en avaient vécu avant lui.

Le nombre quarante peut désigner symboliquement le temps de l’épreuve, ou celui de la maturation nécessaire, comme celle de la pensée qui précède la décision. Le Déluge a duré quarante jours (Genèse) ; C’est aussi le temps de l’enfantement (40 semaines ou 9 mois). On peut voir les trois tentations comme une parabole, ayant une origine soit de Matthieu grec (source Q) ou de Jésus lui-même, pour décrire les quarante jours de préparation avant son ministère au sein du peuple.

Ce qui arriva dans la vie de Jésus n'était pas différent de ce qui arrive actuellement dans la vie de millions de gens.

Jésus fut emmené par l’Esprit au désert pendant 40 jours, que fit-il ? Réfléchir, Prier, et Méditer. Jésus pendant ces 40 jours de jeûnes et d’abstinences, c’est mis à la découverte du « soi intérieur. »

Seul dans le désert il prie certainement et il entre aussi en méditation.

Cela me rappelle un peu l’histoire de l’ouverture du « ministère » du Bouddha qui s’appelait encore Siddhartha Gautauma alors qu’il était en méditation depuis plusieurs jours, il fut tenté lui aussi.

Plein de « démons » tentèrent de le sortir de sa méditation en lançant contre lui aussi bien des choses effrayantes que des filles séductrices. Siddhartha Gautauma nia tout simplement et en toute sérénité ces tentations, sans même avoir à les affronter.

Ne sommes-nous pas là en présence d’un « phénomène » lié à notre nature humaine qui surgie en nous et à tout homme ou femme qui se mette à la recherche du soi ? Du royaume de Dieu. Ils ou elles doivent à un moment faire face à leur propre adversité intérieure ici représenter par « le diable ».

Le Diable (en latin : diabolus, du grec δι?βολος diábolos, issu du verbe διαβ?λλω « diabállô », signifiant « celui qui divise » ou « qui désunit » ou encore « qui détruit »).

Le diable est celui qui divise ! Le fait que diable signifie dans le texte grec « celui-qui-sépare », désunit me parle fort, car que dit Jésus de sa relation à Dieu son père ? (Jean 10 : 30)  « Moi et le Père nous sommes un. » 

Ce qui est dit ici c’est tout simplement que : « Alors Jésus fut emmené dans le désert par l’Esprit pour être tenté par celui (ou ce) qui divise » pour le séparer de son père « celui-ci est mon fils » du chapitre précédent. Dès que Dieu à dit « celui-ci est mon Fils » le diviseur (ici le diable) entreprend d’emmener la division. On retrouve l’image d’Adam et Ève dans le jardin, là c’est le serpent qui joue le rôle du diviseur.

Mais alors qu’est ce qui divise ou nous sépare du Père ?

Le texte le dit : c’est donné crédit, autrement dit de croire les paroles de celui qui veut diviser.

L'appétit de posséder. Ici imagé par la tentation du pain quotidien

Le pouvoir ou l'ambition de dominer. Ici imager par la tentation de gouverner.

Le goût de parader et de la gloire. Ici imagé par la tentation de faire quelque chose d’exceptionnelle.

On connaît la fameuse thèse de saint Augustin sur l’opposition entre deux formes d’amour. Avec aux extrémités un doublet manichéen distinguant entre l’amour exagéré de soi allant jusqu’au mépris de Dieu et de ses créatures (des autres), et à l’autre extrémité l’amour exagéré de Dieu allant jusqu’au mépris de soi et des autres.

Ces deux formes d’amour sont au cœur de chaque être humain et il nous faut trouver un juste équilibre entre les deux. « Tu aimeras Dieu de toute ton âme, de tout ton cœur, et de toutes tes forces et tu aimeras ton prochain comme toi-même » c’est-à-dire de toute ton âme, de tout ton cœur, et de toutes tes forces. Ainsi ce maintien l’équilibre. Dans le chapitre précédent nous avons vu que dans un premier temps l’ego d’Élie l’a poussé à provoquer le Roi Achab en provoquant la sécheresse, pour être reconnu comme le plus puissant serviteur de la puissance divine. Rejeté, il trouve son équilibre auprès de la veuve de Sarepta qui le reconnaît comme « homme de Dieu » mais ensuite à l’opposé sa folie pour Dieu « J’ai été très jaloux pour l’Éternel » c’est-à-dire l’amour exagéré pour Dieu le conduisit jusqu’au mépris de soi et des autres, et conduisit Élie jusqu’au terrorisme. Il y a dualité non pas entre le bien et le mal, mais entre deux formes du mal, le bien étant au point d’équilibre entre ces deux formes d’Amour don le mode de fonctionnement est différent. L’équilibre étant ce qui accorde la primauté à Dieu cette relation qui unie Jésus à son Père, et en même temps qui aime aussi les créatures pour ce qu’elles ont de relation avec Dieu. Alors que l’amour de soi qui conduit à s’aimer soi-même conduit également à aimer les créatures ; mais non pas à cause de leur être mais pour ce qu’elles peuvent procurer comme avantage. Et à l’autre extrémité ce que j’appelle « être fou de Dieu » qui pousse à se mépriser soi-même et les autres, niant l’Amour de Dieu pour ses créatures et conduit au terrorisme contre soi-même : autoflagellation, pénitence, l’ascétisme, ou contre les autres : intolérance, fondamentalisme, terrorisme, inquisition etc..

En termes simples, on dira que l’amour de Dieu, ou plutôt l’amour qui a pour ressort le divin, est désintéressé, alors que l’amour « très, ou trop humain » est intéressé. Ce qui finit par conduire à l’amour intéressé de soi et au bout du compte, vers une conception égoïste de l’amour.

C’est ce que le satan insinue à Dieu au sujet de Job : (Job 1 : 8 - 9) : « l'Éternel dit à Satan: As-tu considéré mon serviteur Job, qu'il n'y a sur la terre aucun homme comme lui, parfait et droit, craignant Dieu, et se retirant du mal ? Et Satan répondit à l'Éternel et dit : Est-ce pour rien que Job craint Dieu? » 

Dans la théologie d’Augustin, il s’ensuit une réflexion anthropologique sur l’amour de soi comme source et manifestation du péché originel. Ce jugement sera accentué par Luther et les jansénistes qui évoqueront le « cœur » de l’humain comme creux et plein d’ordures. Je pense qu’il est possible et même recommandé et justifié d’en finir ici avec le poids de ce péché originel qui n’a plus de sens dans le contexte anthropologique moderne augmenté par l’évolutionnisme. Mais s’il est possible d’en finir avec l’anthropo-théologie du péché, on n’en finira jamais avec la question de l’amour et de cette tension entre un amour qu’on dira authentique, pénétré de plénitude (de l’Être, de divin, d’émotion sublimée), et un amour plus intéressé, qui souvent repose sur le désir ce que la psychanalyse nomme : « le manque ».

Ce qui nous suggère un jeu de mots lacanien sur le mal-être qui prend la forme du manque être. Celui qui n’aime que soi trouve son plaisir lorsqu’il satisfait ses désirs mais souffre lorsque le monde ne tourne pas à son avantage. Il se perçoit comme un être en manque au risque de s’apprécier comme un être manqué, presque raté. C’est en effet l’autre versant de l’amour de soi que de se fixer avec trop de force vers la souffrance ressentie qui, comme le plaisir intempestif, éloigne de l’amour authentique.

De ce qui vient d’être dit sur l’amour de soi il est facile de le définir, nous parlons bien ici de l’ego qui est en quelque sorte le véhicule corporel et mondain (sociétal) de l’esprit avec lequel il est articulé. Or l’ego dépend des choses matérielles, temporelles, corporelles et aussi, disons, dans une certaine mesure, techniques. C’est ce qu’oppose ici Jésus aux suggestions du diable, le diable dit : Tu as faim « ordonne à ces pierres de devenir des pains. » Point de vue tout à fait matérialiste. Et Jésus lui répond « Personne ne vivra de pain seulement. » Point de vue tout à fait spirituel.

L’ego cherche le plaisir, le trouve bien souvent ; en d’autres circonstances il souffre, avec des causes diverses, la maladie mais aussi et surtout le manque, la perte, les désirs non assouvis, le ressentiment, il veut la reconnaissance être reconnu, avoir la gloire de…

« Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas. Car il est écrit : A ses anges, il donnera des ordres à ton sujet, et ils te porteront sur leurs mains, pour éviter que tu heurtes une pierre de ton pied. Et en réponse Jésus lui dit : Il est écrit : Ne mets pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »

L’ego intervient dans les choses politiques, le désir du pouvoir. Il est aussi déterminant dans les relations amoureuses.

« Le Diable lui fait voir tous les royaumes du monde et leur splendeur et il lui dit : Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes devant moi. Et en réponse Jésus lui dit : Il est écrit : Devant le Seigneur ton Dieu prosterne-toi et à lui seul rends un culte. »

En grec, « renier » signifie dire non, résister, prendre du recul. Il faut résister à la tendance égotiste à s'emparer de tout, à vouloir tout s'approprier. Se détacher de ses biens, de son pouvoir ou de sa santé revient toujours à se défaire de son ego. S'identifiant à ce qu'ils possèdent, d'aucuns n'atteignent jamais le tréfonds de leur être. L’ego c’est le « moi je » ici il s'agit de quitter l'ego « le moi je » pour pénétrer le moi. Les biens, renforcent le masque qui dissimule l'ego. Celui-là est parfois si épais qu'il nous empêche de percevoir le moi tapi au fond de nous. Or qui ne parvient à devenir soi-même demeure immature. Se déprendre de son ego afin de s'ouvrir à Dieu constitue un défi spirituel, et seul celui qui est disposé à accueillir en lui l'image de Dieu accède à son moi véritable. Ce qui, en termes religieux, signifie que ce n'est plus l'ego, mais Dieu qui doit régner en nous. Pour recevoir Dieu qui révèle le moi véritable il nous faut se débarrasser de ce « moi je ». En proclamant le règne de Dieu, Jésus a annoncé la Bonne Nouvelle. C'est en acceptant l'empire de Dieu, en le laissant régner en nous que nous devenons nous-mêmes : Dieu nous délivre, nous sauve, nous guérit et nous aide à atteindre l'intégrité de notre être.

Tout au long de notre existence, nous pouvons nous exercer à nous détacher de notre ego : par la méditation, l'amour, la prière, c’est ce que Jésus est allé faire dans ce désert juste après son baptême. Si nous ne parvenons pas à nous débarrasser de notre ego, si nous ne parvenons pas à prendre conscience de cet ego qui nous empoisonne, c'est en prenant de l'âge que nous comprendrons la douloureuse signification du détachement de soi. Il sera alors impossible de nous dérober : en nous accrochant désespérément à notre ego, nous ne ferons alors que précipiter notre ruine, et il sera d’autant plus difficile de nous séparer de notre ego que ce dernier sera installé depuis si longtemps. Nous ne pourrons réussir notre vieillesse que si nous sommes disposés à nous défaire, en toutes circonstances, de notre ego. Nous nous dégageons de celui-ci lorsque nous consentons du plus profond de notre cœur à ne plus être au centre de l'intérêt général, à ne plus être sollicités par autrui, à perdre notre pouvoir et notre influence. Libre à nous de réagir avec amertume aux petites mortifications quotidiennes ou de les considérer comme une exhortation à nous libérer de notre ego et à accepter de nous appauvrir. La pauvreté intérieure et extérieure cesse alors de nous tourmenter et se transmue en liberté de l'âme. Seul qui s'est dépouillé de son ego est véritablement libre et à même de laisser Dieu régner en lui. Accédant au salut et à l'intégrité de son être, il se confond avec l'image originelle et authentique que Dieu s'est faite de lui. La mystique évoque la mort de l'ego. Il ne s'agit pas tant de briser celui-ci que de nous détacher de nous-mêmes. La vie brise notre ego ; elle dissipe les illusions dont nous nous sommes bercés, et cela peut-être d’autant plus douloureux que cet ego dirige depuis longtemps notre vie. Et il est de notre devoir, en dépit des souffrances qu'elle nous inflige, de la laisser faire. Au lieu de nous lamenter lorsque nous perdons ce à quoi nous tenions, nous devrions y voir l’œuvre de Dieu et accueillir ce dernier comme notre ami, celui qui nous exhorte à renoncer à nous-mêmes. Tant que nous représentons quelque chose aux yeux du monde, que nous brillons grâce à nos connaissances, que nous possédons bien et richesses et que nous nous définissons par rapport aux autres, nous courons le danger de nous agripper à ces valeurs. Qui se dégage de son ego n'est contraint de perdre ni ses relations ni son savoir, mais il cesse d'en faire dépendre sa valeur d'être humain. S'abandonnant à Dieu, il devient un homme libre. Voilà ce que Jésus est allé perdre dans le désert, son ego, ce diable qui était en lui, ce « moi, je » qui est dans tout être humain.

Qu’est ce donc alors que « ce péché originel » qui nous conditionne ?

Le péché originel, c'est quelque chose qui a lieu à chaque instant, et dans chaque être humain qui est intemporel et qui a pour origine l’état de notre conscience.

Chaque instant, en effet, notre conscience personnelle (notre conscience locale) notre libre arbitre doit s’exercer sur nos choix nous avons deux façons d’appréhender ces choix. Soit avec notre ego c’est-à-dire avec notre conscience locale seule, « mois, je » sois avec l’aide de la conscience non local (conscience divine) en relation avec l’Amour du Père, cela implique de ne faire encore qu’un avec le Père. 

Il existe deux modes d'être et de connaissance : l'arbre de vie, ou l'arbre de la connaissance du bien et du mal. L'arbre de la connaissance du bien et du mal symbolise cette attitude de l'ego qui nous fait dire :

« Moi j’appelle cela bien parce que ça me plaît », et «moi  j'appelle cela mal parce que cela ne me plaît pas ».

J'érige alors mon ego comme seul juge et critère de ce qui est bien et de ce qui est mal pour moi, et rien que pour moi. L'arbre de la connaissance du bien et du mal égale l'arbre de la connaissance ego centrée.

L'arbre de vie symbolise la connaissance ou la conscience qui épouse le vent, qui considère ce qui est, sans juger d'après des catégories ego centrées. C'est le grand « Oui » à ce qui est. Par ce « oui » on rejoint l'information créatrice ou ce que l’on peut appeler la conscience non locale, de tout ce qui existe. C'est l'intelligence divine la conscience créative. C'est l'arbre de la connaissance théo-centrée. C'est voir les choses non pas à partir de mon petit moi et de mes catégories ou de mes mémoires, de ma conscience locale, mais à partir de Dieu en nous de ma conscience non locale.

En faisant de l'ego le centre de son monde, l'homme se chasse lui-même du Paradis, c'est-à-dire qu'il perd l'union avec le Vivant, la conscience non locale, c’est-à-dire avec Celui qui est. L'homme perd son centre véritable son lien avec la conscience non locale qui est Dieu Lui-même, et lui substitue l'ego.

Dans le monde en général, et surtout dans le monde dit "Chrétien", on a l’idée que les bonnes choses de la vie viennent de Dieu, tandis que les mauvaises sont causées par le Diable ou Satan ou le malin. Cette idée n’a rien de nouveau ; elle n’est même pas limitée a des courants du Christianisme. Les Babyloniens, par exemple, croyaient qu’il y avait deux dieux : le dieu du bien et de la lumière, et le dieu du mal et de l’obscurité ; et qu’ils étaient engagés l’un contre l’autre en combat mortel. On voit la même chose dans le Mazdéisme, religion Perse  de laquelle est issue la religion à mystères du Mithraïsme si populaire dans l’Empire romain au temps de Constantin. Cyrus le grand, Roi de la Perse, croyait aussi exactement en cela.

Dans le Manichéisme, le « mal » est à égalité avec le principe du « bien », l'un et l'autre correspondant à un dieu. Grand nombre de chrétiens croient à des forces diaboliques ou sataniques dans le monde et que si nous y prenons garde celles-ci peuvent vraiment nous porter préjudice dans notre vie chrétienne, et ces forces maléfiques sont actives à l’extérieur de nous mais peuvent être actives en nous-même c’est la possession par un démon.

Bien sûr tout cela n’a aucun fondement biblique et en y regardant bien cela ne fait pas partie de l’enseignement de Jésus. 

Dukkha, d'un point de vue bouddhiste — tous les malheurs du monde, les souffrances et les querelles individuelles, les conflits familiaux, les luttes sociales, les guerres entre nations, a sa racine dans cette soif et dans cet appétit de l'ego.

Serge-Christophe Kolm (sociologue et économiste) nous a démontré qu'une économie fondée sur les satisfactions de l'ego ne peut que conduire qu’à l’impasse. C'est le message de tous les sages : avant de changer la société, il faut changer l'homme.

Changer l'homme, c'est changer d'abord l'image qu'il a de lui-même. Existe-t-il une vision de l'homme où il ne serait pas le « centre du monde » ?

Y a-t-il une vision non égocentrique de l'homme ?

A-t-il une vision du monde qui ne soit pas anthropocentrique ?

C'est ,je crois, cette vision qu’a voulu nous enseigner Jésus, tout comme le Bouddha en d’autres lieux et époque.

Mais bien souvent, notre conscience locale notre ego nous pousse tellement à nous préoccuper de nos propres besoins que nous oublions les besoins des autres et surtout le besoin de Dieu.

C’est cet enseignement que Jésus va chercher dans le désert, dans une lutte avec son propre ego, et ses armes sont la prière et la méditation. Cette dernière lui permet de prendre conscience de la conscience de Dieu.

Conclusion :

Que veut nous apprendre l’auteur de ce passage de l’Évangile ?

Il veut nous apprendre que Jésus se rend par l’Esprit dans le désert, et nous pouvons nous aussi le faire, il a prié et méditer afin de se préparer et déterminer la tâche qu’il envisage d’entreprendre parmi le peuple Juif : enseigner ce qu’est Dieu en montrant son royaume en vivant une relation toute personnelle avec Dieu comme celle reliant un Père à son Fils et que chacun peut vivre cela et être enfant de Dieu. Pour cela Jésus doit vaincre l’ego qui est en lui comme en chacun d’entre nous, cet ego qui divise et nous prive de cette relation d’Amour avec Dieu. Autrement dit : En satisfaisant son ego on ne peut aimer Dieu, et avoir Dieu pour Père.

(Jean 8 : 43-44) : « Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez écouter ma parole. 44 Vous avez pour père le diable, (votre ego) et vous voulez accomplir les désirs de votre père. (De lui-ci) »

D.R

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