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L'Enseignement de Jésus

Qui était donc cet homme qui, voici vingt siècles, fut à l'origine de quelques perturbations dans le monde religieux juif. Certains de ses disciples le proclamèrent comme le Messie que les juifs attendaient. Il fut même reconnu «fils de Dieu», quelque puis être la signification donnée à cette épithète.

L'histoire des débuts du christianisme, de l’enseignement du dénommé Jésus, appelé le nazaréen, à la signification donnée à sa crucifixion, mais aussi et surtout à la croyance en sa résurrection, se trouve toujours, et cela malgré une imposante littérature, dans un flou historique.

C’est à peine si l’historiographe de l'époque fait quelque allusion de son existence.

Même le juif Paul qui est le témoin le plus présent du Nouveau Testament, n'a porté quasiment aucune attention au contenu de son discours.

Pendant longtemps, notre plus importante source d'information à son sujet nous fut apportée par les Évangiles canoniques. Or ils ne représentent qu'un choix sélectif, qui résulte d'une interprétation bien déterminée du témoignage de Jésus. D’ailleurs ce choix ne fut officialisé que vers la fin du IV° siècle. Tout au long de leurs rédactions successives et de leurs transcriptions ces quatre évangiles canoniques ont indéniablement subi l'influence des idées pauliniennes. Grâce aux écrits conservés des «pères de l'Église» nous savons que certains de ses disciples témoignaient d'une perception bien différente du contenu de son enseignement. Aujourd’hui à ces écrits viennent s’ajouter les découvertes de Nag Hammadi, et ceux-ci nous confirment l'existence, au tout début de l'ère chrétienne, d'une diversité insoupçonnée dans l'interprétation des paroles de Jésus. L’étude de son avènement dans le monde religieux juif nous montre que son enseignement ne fut pas perçu par les autorités religieuses comme concordante avec leur croyance.

Ces prédications furent même considérées à un tel point perturbantes, que le Sanhédrin les chefs religieux prirent la décision d’y mettre fin, et cela de façon radicale et définitive. Il fut donc éliminé par une crucifixion, une sentence qui à l'époque ne représentait pas un évènement exceptionnel.

Et pourtant, lorsque nous étudions les Évangiles, nous constatons que son enseignement est présenté comme une continuation évidente de la Bible hébraïque. Jésus y est reconnu comme le Messie, dont la venue est prophétisée dans les écrits vétérotestamentaires. Ce qui fut dissonance devint donc consonance…

Pourtant, quand on étudie l’ensemble des évangiles canoniques et apocryphes y compris, qui se veulent témoignage de disciples de Jésus et en particulier celui de Thomas, qui nous propose un grand nombre de paroles de Jésus, présentes également dans les Évangiles canoniques, il nous apparaît en toute évidence que Jésus prend clairement ses distances par rapport à la croyance juive et ses rituels.

Le « nouveau » dont il témoigne est naturellement différent de l'ancien. Il est le vin nouveau, qui ne peut se garder dans de vieilles outres, le vêtement neuf qui ne nécessite aucune retouche à l'aide d'un tissu usagé, la connaissance nouvelle qui n'a que faire d'une circoncision juive… Dans la prise de conscience d'un lien intérieur et donc spirituel, l'unissant à l'Être absolu « le Père » où il a trouvé la délivrance véritable. Ce lien il le reconnaît comme le propre de chaque être humain. Le but de son témoignage aurait donc été d'éveiller la conscience de chacun de ses frères et sœurs à cette réalité spirituelle intérieure. Nous sommes bien loin de la vision paulinienne qui pourtant représente la plus grande partie des textes canoniques.

En ce qui concerne les Évangiles apocryphes ils restent complètement ignorés par l'Église ; la raison est qu’ils sont trop perturbants, en ce qui concerne l'interprétation de l'enseignement de Jésus.

Le fait que leur témoignage eut lieu il y a vingt siècles ne facilite nullement leur juste compréhension à notre époque. Le fossé culturel qui nous sépare du monde juif ancien ressemble à un gouffre… En plus, les croyances religieuses n'appartiennent plus aujourd'hui au domaine du Divin mais à celui d'une connaissance humaine Ô combien précaire et culturellement dépendante. Il en résulte que notre approche ne peut être que naturellement différente de celle de leurs auditeurs vivants dans la Palestine historique. Dans la mesure toutefois où le contenu de l’enseignement témoigne, comme celui de Bouddha ou de Krishna dans la Bhagavad Gita et bien d'autres encore, d'une conscience religieuse universelle, le temps ne pourrait constituer un obstacle à la recherche d'une compréhension nouvelle.

La conscience religieuse libérale

La conscience religieuse libérale nous donne l’opportunité d’aborder l'enseignement de Jésus, vieux de deux mille ans, dans un esprit de complète liberté spirituelle. Celle-ci peut nous permettre de transcender les restrictions, dogmes et doctrines, imposés par les religions à elles-mêmes ainsi qu'à leurs adeptes.

Le mot religion tient son origine du verbe latin religare, qui signifie relier. Ainsi la religion doit être considérée donc d'un lien qui unit, et ce lien est celui unissant toutes les personnes partageant la même croyance en un Dieu unique ou en des divinités multiples. Une approche par le biais de la conscience religieuse libéral nous amène à définir le mot religion comme : le lien individuel unissant chaque être humain à l'Être absolu.

Ce monde quadridimensionnel dans lequel nous vivons est en perpétuel changement, il évolue dans une interdépendance permanente, tributaire de valeurs tel que le temps, l'espace, où l'énergie et la matière sont relatives, ce monde est donc un monde relatif. La conscience religieuse entend que ce monde a une origine et une cause, qui ne peut-être dut qu’à un « Être », non dépendant de ces valeurs relatives. Cette cause, est symbolisée dans le mot « Dieu », et a donc un caractère absolu.

Dans sa dépendance de restrictions relatives, l’esprit de l’homme ne peut percevoir l'absolu, donc l'homme ne peut dans cette condition « connaître » Dieu. Ainsi dans la Bible hébraïque Yahvé (de l'hébreu ???? (yhwh)) le Dieu des juifs, est appelé « l'Inconnaissable ».

Mais l'inconnu a toujours été pour l’homme une source d'angoisse. Beaucoup de personnes vivent leur vie noyée dans le matérialisme ayant  à faire de cet inconnu, et quand approche l’heure de leur mort quand ils peuvent la voir venir, l’angoisse s’empare d’eux, non pas plus celle de la mort, que celle de l’inconnu de celle-ci. C’est cette conscience de la mort et à partir de celle-ci, que l’homme a tenté de se saisir l'absolu, de s'en octroyer une connaissance. Pour cela il fit appel à son imagination, et l'absolu il le projeta dans une image… L’homme attribua l'origine de cette conception imagée de « Dieu » à une inspiration ou une révélation divine directe. Cette image engendra des espérances, des commandements, des interdits, et des rituels. Ainsi naquirent des croyances et les religions…

Ce qui est tragique, c’est que dans sa tentative d’appropriation à soi d'une connaissance de Dieu, l'homme sans est séparé, il s’est en quelque sorte endormi dans ses religions, celles-ci rendirent l'Être absolu quasiment inaccessible aux hommes…

L’enseignement de Jésus consiste à nous apprendre qu’il n'est pas impossible d’accéder à la connaissance du Divin, ce qu’il appelle « le royaume du Père » mais cette connaissance ne peut être engendrée que par le fait de faire l'expérience du lien qui nous unit à l'Être absolu, et ce lien n’est pas celui de la religion mais il est comme celui qui relit un fils à son Père, et cette expérience d’une relation du fils à son Père est à la portée de chaque être humain, il suffit qu’il s’éveille, en sortant de la mort spirituelle dans lequel il se trouve. Comme toute connaissance est tributaire de la conscience individuelle, il s'ensuit que l’éveil est une connaissance évolutive en fonction de l'évolution de cette conscience. Elle ne pourra donc jamais être « enseignée » à autrui. L’éveil est le fruit d'une expérience personnelle, libérée de toute emprise culturel et cultuel. De cette qualité témoigne l'enseignement de Krishna dans la Bhagavad Gita, du Bouddha, du Tao, ainsi que celui de Jésus.

L’éveil, ou l'expérience propre à la conscience divine, implique la reconnaissance de l'homme en tant qu'expression matérielle et temporelle de l'Être intemporel, dans lequel réside la source de toutes ses facultés vitales. La faculté de penser, d'éprouver des sentiments, de percevoir de façon sensorielle, et d'agir librement nous parvient en effet à chaque instant de la conscience divine, universelle, qui, comme une source, est continuellement donatrice. Les références symboliques à cette « source d’eau vive » tiennent une grande place dans l’enseignement de Jésus. La prise de conscience d'un lien, nous unissant à cette conscience divine créatrice, ne nécessite toutefois pas de connaissance de la source elle-même.

Si l'Être absolu ne peut faire l'objet d'une connaissance humaine, l'expression manifestée de l'Être peut, elle est connue par l'homme. Cette connaissance de la création, du monde phénoménal, est appelée science. Tout savoir exact, dans quelque domaine que ce soit, ne saurait être en désaccord avec un autre savoir exact ! Une connaissance correcte des lois naturelles ne peut donc être en contradiction avec une juste appréciation religieuse. Il importe toutefois d'être toujours conscient des limitations propres à tout savoir humain…

L'expression de l'Être non manifesté dans une création manifestée a sa loi…

La physique nucléaire nous apprend en effet qu'à chaque instant se manifestent des vibrations, des ondes énergétiques, dont l'origine se situe dans le vide, appelé vide quantique. Ces vibrations sont créatrices de matière. Ainsi apparaissent d'abord des particules élémentaires, qui s'harmonisent et forment des atomes. Ceux-ci s'harmonisent à leur tour pour créer des molécules. S'harmonisant entre elles, celles-ci se manifestent par des structures de plus en plus complexes. Ainsi naissent nos cellules… La science nous apprend donc qu'en provenance d'un vide la vie se manifeste de façon continue par une expression harmonieuse d'énergie et de matière, de synthèse et de dissolution. La loi unique à l'origine de cette manifestation créative s'appelle harmonie.

Un vide est sans valeur, car absence de toute chose. Un vide qui contient la totalité du potentiel de la création est une merveille, qui dépasse tout entendement humain ! Pourtant, à ce vide-là chaque être est uni, car chaque atome de son corps y trouve sa source. Ceci implique que chaque atome ou chaque cellule de notre corps est continuellement et spontanément à l'écoute d'une loi d'harmonie. Dans la prise de conscience d'une intégration individuelle dans cette loi absolue, qui constitue la cause même de notre existence, réside la finalité de notre vie : à l'exemple de la nature tout entière, transformer en harmonie les qualités qui, par une créativité harmonieuse, sont mises à notre disposition.

L'expression de l'harmonie dans nos pensées est appelée intelligence, la base de toute connaissance. L'harmonie dans nos sentiments, par laquelle s'exprime la bonté, est appelée amour. Tout savoir n'a de valeur que lorsqu'il sert. L'amour n'a de valeur que lorsqu'il se donne. L'harmonie des deux est nécessaire pour réaliser une action juste. Dans un repos, le silence du vide à l'intérieur de soi, que l’on désigne par la méditation, chaque être peut recevoir une inspiration lui permettant d'exprimer harmonieusement intelligence et amour. C'est cette inspiration qui lui révèle son unité spirituelle dans l'Être absolu. (voir à ce sujet dans notre rubrique Vidéos :  "La méditation chrétienne, chemin d'apaisement" avec Claude Vilain)

La réalité de notre vie ne correspond hélas plus à cette situation idéale, car l'homme dédaigne la source de son potentiel. Dans l'histoire du livre de la Genèse, Adam - l'homme - trompé par son savoir prétentieux son ego - le serpent - a usurpé du fruit de l'arbre de la connaissance - l'autorité propre au Créateur - qu'il s'est approprié. Le juste fruit de toute connaissance est autorité. L'abus de connaissance mène au pouvoir… Adam ne doit pas à être considéré comme un de nos ancêtres nous ayant laissé un gène « le péché originel » il serait en quelque sorte une forme d’archétype de l’humain comme certains le croient encore, il est notre photo d’identité; l’histoire que vie Adam et celle de chacun d’entre nous, l’histoire est intemporelle elle traverse le temps. L'histoire enseigne que L'homme et la Femme, s'approprit l’autorité du Créateur pour en faire son propre pouvoir. Par ce geste ils rompent leurs intégration dans la loi d'harmonie en se coupant de la conscience divine. Cette histoire symbolise ce qui fut et est toujours, non pas sa faute originelle, mais son herreur permanente, qui n'est pas péché d'orgueil, mais illusion de notre ego : ce qui était un et devait rester uni, l'homme le sépare : il fait le deux, mais ne perçois toujours qu’un le soi son ego. Pour les perturbations, qui sont la conséquence de son acte, l'homme seul est responsable… Sa tâche maintenant consiste donc à rétablir la relation de sa conscience avec celle divine et reformer son unité originelle. En cela il doit s’éveiller.

Le dualisme est illusion, celle-ci nous fait percevoir toute manifestation relative, et elle trouve sa cause dans une perturbation de la conscience individuelle, ou du moins dans le travail isolé de la conscience individuelle, isolé car non connecté à la conscience divine. Ainsi nous discernons le bien et le mal, l'harmonie et la disharmonie, la lumière et l'obscurité… Pourtant seule la lumière a une source, l'obscurité n'en a pas. Obscurité est absence de lumière, comme disharmonie est absence d'harmonie, comme ignorance est absence de connaissance… Absence est manque… Pour notre manque de perception, d'expérience, de conscience, nous sommes nous-mêmes responsables… ! Lutter contre un manque, du bien, de l'harmonie, n'a donc pas de sens… Celui ou celle qui fait paraître la lumière dissipe spontanément les ténèbres… Dans une prise de conscience du lien qui nous unit à la conscience de l'Être absolu, la source de la lumière intérieure, dans la reconnaissance de Sa loi comme la cause première de toutes nos facultés humaines, réside également la prise de conscience de notre responsabilité dans l'évolution de la vie sur terre.

Ce qui est relié est uni, est un… L'idée fondamentale de l’enseignement de Jésus est unité, « Moi et le Père nous sommes un » Jean ch10 v30. Parce que la nature du lien qui nous unit à l'Être absolu est d'un ordre spirituel - ce lien ne peut se révéler que par l’éveil c’est-à-dire par l’expérience d'une inspiration que chaque être peut recevoir - le témoignage en est des plus délicat. Pour témoigner de sa conscience d'unité, Jésus fit donc appel à des images. L'image n'est toutefois qu'un moyen par lequel une réalité peut se révéler. Jamais le moyen ne peut être confondu avec son but. Jamais l'image ne peut être confondue avec la réalité qu'elle tente de dévoiler ou d'approcher… La relation intime, unissant jadis le fils à son père, image par laquelle Jésus tenta de visualiser le lien intérieur l'unissant à l'Être absolu, ne fut toutefois pas perçue comme une image mais comme une réalité. Il se présentait donc comme un fils de Dieu, ainsi fut compris l'image… Cette confusion fut à l'origine de sa crucifixion. Pour chaque lecteur de ses paroles le défi sera donc de dévoiler la connaissance cachée dans l'image et d'accéder à une juste interprétation de la notion d'unité.

D.D

 

 

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