Guérison d’une femme et résurrection de la fille de Jaïrus

Cet épisode relate deux miracles très particuliers et qui méritent notre attention. Ce récit ( qui porte aussi le nom de péricope ) nous est relaté par trois évangélistes ;

Le récit varie en longueur selon les évangélistes et on remarque quelques différences , mais globalement , le contenu est similaire et montre l'importance de la foi tant de l'homme que de la femme . Le scénario est classique et si répétitif qu'il pourrait finir par lasser.

Mais une lecture attentive peut nous ouvrir sur d'autres réflexions .

On peut s'étonner en effet, de toutes ces précisions qui pourraient paraître inutiles puisqu'elles n'ont pas de rapport direct avec la foi des personnages ...

Le nom et la fonction du père de la jeune fille par exemple ;

L'usage d'une expression en araméen chez Marc ;

L'âge de la jeune fille : ( douze ans )

Le genre de maladie dont souffre la femme que Jésus appelle curieusement " ma fille "

La durée de sa souffrance ... ( douze années )

On remarque , de surcroît , que les deux miracles sont étroitement imbriqués . Ce n'est certainement pas par hasard .

On remarque aussi que les deux miraculées sont liées par le nombre douze . Ceci est d'autant plus curieux que ces précisions numériques n'ajoutent rien au texte !

En outre , Luc commence le chapitre suivant par ces mots : Jésus réunit les Douze ...

Matthieu Ch 9

« 18 Comme il leur parlait ainsi, voici qu’un notable s’approcha et, prosterné, il lui disait : « Ma fille est morte à l’instant ; mais viens lui imposer la main, et elle vivra. » 19 S’étant levé, Jésus le suivait avec ses disciples. 20Or une femme, souffrant d’hémorragie depuis douze ans, s’approcha par-derrière et toucha la frange de son vêtement. 21 Elle se disait : « Si j’arrive seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée. » 22 Mais Jésus, se retournant et la voyant, dit : « Confiance, ma fille ! Ta foi t’a sauvée. » Et la femme fut sauvée dès cette heure-là. 23 À son arrivée à la maison du notable, voyant les joueurs de flûte et l’agitation de la foule, Jésus dit : 24 « Retirez-vous : elle n’est pas morte, la jeune fille, elle dort. » Et ils se moquaient de lui. 25 Quand on eut mis la foule dehors, il entra, prit la main de l’enfant et la jeune fille se réveilla. 26 La nouvelle s’en répandit dans toute cette région. »

La guérison de la fille de Jaïrus (d’après Luc 8, 41 – 42 ; 49-55)

« Et voici qu’arriva un homme du nom de Jaïrus ; c’était le chef de la synagogue. Tombant aux pieds de Jésus, il le suppliait de venir dans sa maison parce que sa fille unique, d’environ douze ans, se mourait. (…) En chemin, quelqu’un vint dire à Jaïrus : “Ta fille est morte. Ne dérange plus le maître.” Jésus, qui avait entendu, lui déclara : “Ne crains pas. Crois seulement, et elle sera sauvée.” En arrivant (…) tous la pleuraient en se frappant la poitrine. Mais Jésus dit : “Ne pleurez pas ; elle n’est pas morte : elle dort.” Mais on se moquait de lui, sachant qu’elle venait de mourir. Alors il lui saisit la main et dit d’une voix forte : “Mon enfant, éveille-toi !” L’esprit lui revint et, à l’instant même, elle se leva. (…) »

Marc 5, 22-43

22 Alors vient un des chefs de synagogue, nommé Jaïrus, qui en le voyant, tombe à ses pieds 23 et le supplie avec instance, disant : » Ma fillette est à l’extrémité; venez, imposez-lui les mains sur elle, afin qu’elle soit guérie et qu’elle vive. » 24 Et il s’en alla avec lui, et une foule nombreuse le suivait, et on le pressait. 25 Or une femme qui avait un flux de sang depuis douze ans, 26 et avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins, et avait dépensé tout son bien sans aucun profit mais plutôt pour aller plus mal, 27 ayant entendu parler de Jésus, vint dans la foule, par-derrière, et toucha son vêtement. 28 Car elle disait : » Si je touche seulement ses vêtements, je serai guérie. » 29 Aussitôt la source (du flux) de sang fut tarie, et elle connut en son corps qu’elle était guérie de son infirmité. 30 Et aussitôt Jésus eut conscience en lui-même de la vertu qui était sortie de lui, et se retournant dans la foule, il dit : » Qui a touché mes vêtements? » 31 Ses disciples lui dirent : » Vous voyez la foule qui vous presse, et vous dites : Qui m’a touché? » 32 Et il regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela. 33 Et la femme, saisie de crainte et tremblante, sachant ce qui s’était passé en elle, vint se jeter à ses pieds, et lui dit toute la vérité. 34 Il lui dit : » Ma fille, ta foi t’a guérie; va en paix, et sois indemne de ton infirmité. » 35 Il parlait encore, lorsqu’on vient de la maison du chef de synagogue dire : » Ta fille est morte, pourquoi importuner davantage le Maître? » 36 Mais Jésus, ayant surpris la parole qui venait d’être prononcée, dit au chef de synagogue : » Ne crains pas, crois seulement. » 37 Et il ne laissa personne l’accompagner, si ce n’est Pierre, Jacques et Jean, le frère de Jacques. 38 On arrive à la maison du chef de synagogue, et il voit du tumulte et des gens qui pleurent et poussent de grands cris.

39 Il entre et leur dit : » Pourquoi ce tumulte et ces pleurs? L’enfant n’est pas morte, mais elle dort. » 40 Et ils se moquaient de lui. Mais lui, les ayant tous fait sortir, prit avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui l’accompagnaient, et il entra là où l’enfant était [tendue]. 41 Et prenant la main de l’enfant, il lui dit : » Talitha qoum, » ce qui se traduit : » Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » 42 Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher; elle avait en effet douze ans. Et aussitôt ils furent frappés de stupeur. 43 Et il leur recommanda fortement que personne ne le sût; puis il dit de lui donner à manger.

Il s’agit là encore d’un midrash. Jésus arrive dans un village et surgit devant lui un notable, Jaïrus, le chef de la synagogue, qui lui demande de venir guérir sa fillette. Jésus se met en route, mais curieusement l’évangéliste insère immédiatement le récit d’une femme âgée atteinte d’une perte de sang depuis 12 ans, ce qui correspond à l’âge de la jeune fille comme le révèle la fin du texte.

La femme touche Jésus discrètement du sein de la foule qui l’environne, or celui-ci ressent une puissance sortir de lui. Il s’arrête demande qui m’a touché ? Craintive, la femme atteinte du dérèglement menstruel se dénonce. Jésus la rassure et la guérit en l’appelant « sa fille », ce qui est étonnant de sa part, car non dans ses habitudes. Et plus étonnant encore de la part d’un homme d’une trentaine d’années s’adressant à une aînée.

L’histoire se poursuit. Des gens arrivent de chez Jaïrus, l’informant que sa fille est morte, mais Jésus  l’assure de ne pas tenir compte de ces paroles, d’être sans crainte, mais de croire seulement. Puis il se rend avec Pierre, Jacques et à Jean au chevet de la fille de Jaïrus. Arrivé sur les lieux, Jésus fait sortir tout le monde de la maison, sauf les parents. Il saisit la main de la fille alitée, lui dit en araméen : Talitha koumi ; ce qui signifie « jeune fille », puis lui demande de se lever – c’est le sens du mot « egeiro » que nous traduisons par le terme « résurrection ». La jeune fille se lève, marche du haut de ses douze ans, dit le texte. Jésus réclame alors qu’on la nourrisse et exige le plus grand secret sur ce qui vient de se passer.

Durant des siècles on a interprété ce récit comme le compte rendu d’un événement miraculeux. Ce n’est que récemment, sur le plan de l’histoire, dans les deux derniers siècles qu’il est apparu aux théologiens que les récits de miracles sont toujours des récits symboliques et métaphoriques, destinés à mettre en scène les guérisons spirituelles que l’Évangile produit pour notre être intérieur. Pour les comprendre et interpréter correctement ces récits, il faut les décrypter à partir de leurs signifiants. Or, le récit de la fille de Jaïrus, qui prend en sandwich le récit de la femme à la perte de sang, se lit sur le plan d’une relation père-fille étouffante pour la fille :

Premier signifiant, qui nous met sur la piste du décryptage, Jaïrus parle de sa fille comme une « fillette » : verset. 23 « ma fillette est à toute extrémité, viens la guérir. » Au verset 41 Jésus, lui, l’appelle « jeune fille » « Talitha koumi ».

Deuxième signifiant, la femme atteinte de perte de sang offre l’exemple d’une femme qui est blessée précisément dans sa féminité. Déjà la Loi de Moïse considérait comme « impure » la femme menstruée (Lev 15.19-30) alors imaginez ce qu’il pouvait en être pour la femme atteinte d’une perte de sang continue.

Troisième signifiant, Jésus guérit la femme et l’appelle « ma fille » ce qui constitue une reconnaissance publique de sa féminité et une valorisation de la femme qu’elle est.

Jaïrus, chef de synagogue

Jésus a traversé à nouveau sur l’autre rive, on pourrait ajouter "en bon hébreu qu’il est… " Car traverser et rive se traduisent par des mots de la racine ?.?.? ’avar, le verbe de la traversée d’où est issu le nom ???? ’avryi qui signifie hébreu, car dans la Bible les Hébreux passent leur temps à traverser (la mer Rouge, le désert, le Jourdain, le lac...).La racine de ‘ivri est  ?.?.? , ‘avar.

Quatre mots et une même racine : ?.?.?  ‘Oubar, un fœtus, ‘Ivri,  un hébreu ‘Avar, le passé,  ‘Over, traverser,.

C’est une racine polysémique : ?.?.?  ‘avar, le passé – ‘over, passer, traverser, réussir – ‘oubar, un fœtus, un embryon. Les trois termes sont liés : il s’agit de tirer les leçons du passé pour mieux traverser les méandres de l’histoire et pouvoir renaître comme un fœtus, un nouvel homme en vue du futur.

Arrive le chef de synagogue, un homme qui commande, et habitué à ce qu’on fasse ce qu’il veut.

Il s’appelle Jaïrus, = "Iaeiros" en grec "celui que Dieu éclaire" nom qui peut avoir deux sens différents en hébreu :

- à partir de la racine ???? ’owr, avec un aleph initial, signifie être ou devenir brillant, lumière éclairer : Ya’ir, Jaïrus - qui signifie « il éclaire » ou « il réjouit » - attend ..il répandra la clarté, valeur 41. La première occurrence de cette valeur dans la Bible est en Genèse 1,8 : boqer, matin.

à partir de la racine ???? ’`uwr, avec un ? ’ayin initial, réveiller : Ya’ir, il réveillera, valeur 56. La première occurrence de cette valeur dans la Bible est en Genèse 1,14 : me’orot, luminaires.

La femme atteinte d’un flux de sang.

Hémorroïsse est un mot inconnu des dictionnaires français… En grec c’est aïmorroousa (hémo-réô) et en hébreu ???? ????? ?? ’isha zavat dam, femme “coulant” du sang, où le verbe zouv se rapporte au flux menstruel de la femme mais entre en général dans la formule fréquente à propos de la terre « qui ruisselle de lait et de miel »… La valeur de cette expression est 86, dont la première occurrence est en Genèse 1,4 : vyavdal Élohim, Élohim sépara.

Comme par hasard cet état entraîne pour la femme la ?????? niddah, l’éloignement, l’impureté, l’abomination, l’horreur !!!

Lévitique 15,25-29 : « Lorsqu'une femme aura un écoulement de sang de plusieurs jours hors du temps de ses règles ou si ses règles se prolongent, elle sera pendant toute la durée de cet écoulement dans le même état d'impureté que pendant le temps de ses règles. Il en sera de tout lit sur lequel elle couchera pendant toute la durée de son écoulement comme du lit où elle couche lors de ses règles. Tout meuble sur lequel elle s'assiéra sera impur comme lors de ses règles. Quiconque les touchera sera impur, devra nettoyer ses vêtements, se laver à l'eau, et il sera impur jusqu'au soir. Lorsqu'elle sera guérie de son écoulement, elle comptera sept jours puis elle sera pure. Le huitième jour elle prendra deux tourterelles ou deux pigeons qu'elle apportera au prêtre à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. De l'un le prêtre fera un sacrifice pour le péché et de l'autre un holocauste. Le prêtre fera ainsi sur elle, devant Le Seigneur, le rite d'expiation de son écoulement qui la rendait impure.»

Cette femme, qui n’est pas concernée par une impureté mensuelle, mais permanente – depuis douze ans – (l’ange que la fille de Jaïrus) et à qui on a appris à avoir honte de son état, n’ose pas s’approcher de Jésus face à face. Matthieu précise que s’approchant par-derrière elle toucha la frange de son manteau, ce qui laisse penser qu’il s’agit d’un ???? talit, le châle de prière auquel pendent des franges aux quatre extrémités. Jésus allait-il prier ? Si oui, il a su reporter sa prière pour s’occuper des femmes et des hommes souffrants…

Et aussitôt la source fut tarie : jeu de mots en hébreu sur le verbe ??? yavesh, qui signifie devenir sec mais aussi avoir honte, car en général c’est une honte de devenir sec. Mais ici tout est renversé et le dessèchement supprime la honte au lieu de la faire naître.

Jaïrus, père craintif

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean : l’enfant n’est pas morte, elle dort ! Rires, quolibets… Jésus, d’ailleurs, dira la même chose de Lazare en Jean 11,11 en ajoutant même : « je vais aller le réveiller ».

Un petit détail passe souvent inaperçu à ce moment-là : Jésus prend avec lui le père et la mère de l’enfant.

Cette fillette a donc une mère et Jésus veut qu’elle assiste au réveil de sa fille…

Advient alors la phrase hypercélèbre : Talitha koumi, ce qui signifie en araméen « petite fille, lève-toi ». Ce mot – curieusement ? – fait jeu de mots avec le ???? talit, la frange du manteau de Jésus touchée par la femme souffrant d’hémorragie. Est-il nécessaire de faire remarquer que le verbe grec de l’expression la fillette se leva est anêsthê, forme d’anisthemi, le verbe de la Résurrection, le qoum hébreu.

Deux fois 12 ans

Vous l’avez sûrement remarqué, ces deux événements sont liés par le fait que ces deux femmes ont leur destin féminin arrêté, l’une par sa maladie, l’autre par la mort, qui les exclut toutes les deux de la communauté des femmes.

La femme vit une exclusion totale qui la prive de tout contact, en particulier avec un homme ; la fille de Jaïrus a vécu un bonheur apparent, mais elle a un père exclusif (qui l’exclut de la vraie vie) et qui ne veut pas la voir grandir : il dit ma petite fille θυγ?τριον thugatrion, mot neutre et non θυγ?τηρ thugatêr, mot féminin, alors qu’elle a une mère et douze ans !

À l’époque, à 12 ans on n’était plus vraiment une petite fille, puisque c’était l’âge de la nubilité pour les filles, aujourd’hui l’âge de la ?? ????? bat-mitsva dans la religion juive, la ?? ????? bar-mitsva des garçons n’étant qu’à 13 ans…

Dans cette optique des 12 ans, reprenons les deux textes :

La fille de Jaïrus

Tout d’abord remarquons que dans la Bible la résurrection des fils se déroule en présence de leur mère : la veuve de Naïm (Luc 7,11-17), Élie et la veuve de Sarepta (1Rois 17,17-24), Élisée et la veuve de Shunem (2Rois 4,8-37), car elles sont veuves. Ici, la résurrection semble devoir être en présence du père, qui apparaît comme quasi-veuf, du moins en Matthieu… Mais on a vu la précision définitive de Marc 5,40 : il prend avec lui le père et la mère…

L’accaparement paternel de la fille de Jaïrus entrave sa liberté de vivre, l’empêche de quitter le cocon d’un père qui la materne pour entrer dans sa vie de femme, d’entrer dans le cercle – et le cycle – féminin, elle qui a 12 ans.

Son père ne vit sans doute que pour elle mais l’écrase, car il vit « à sa place » ; son amour la dévore et la maintient en enfance : elle perd sa vie, se dessèche (très loin du dessèchement bienheureux de l’autre femme de cet épisode…).

Jésus dit qu’elle dort parce que sa mort n’est qu’apparente : c’est la femme qui meurt en elle avant même de naître.

Le père aussi est en état de mort vivant, comme la femme hémorroïsse : il ne peut pas supporter que sa fille devienne une femme, qu’elle lui échappe définitivement en se mariant, car il a peur de perdre le fruit de son propre sang. Il en oublie qu’elle est aussi celui de son épouse, la seule femme destinée à vivre avec lui.

La femme souffrant d’hémorragie

Elle – non plus – ne peut pas être femme pour un homme, pour une raison totalement opposée.

Femme non-femme, elle ne donne pas la vie et ne vit pas elle-même car elle est impure, intouchable, frustrée… Elle est sortie du cercle – et du cycle – féminin, depuis 12 ans.

Elle, c’est sa non-féminité qui fait sa pauvreté et son humilité ; Jaïrus, c’est sa paternité qui fait sa richesse et son orgueil…

Elle seule peut extirper de Jésus une force parmi tous les gens l’entourent, parce qu’elle désire sa guérison avec un vrai désir fait d’une confiance absolue en celui qu’elle approche, pendant que la fille de Jaïrus meurt de ne pouvoir avoir aucun désir personnel.

Jésus lui dit que c’est elle-même qui s’est guérie, par sa foi, de sa non-féminité, elle qui s’est enfantée de nouveau et qui entrevoit ce qu’est le Royaume de Dieu (cf. Jean 3,3).

Mais au moment même où la femme revit, on annonce que la fillette est morte…

Cette fillette surprotégée et dont tout désir a été comblé avant même d’exister meurt pour ne pas faire mourir son père en prenant son autonomie, elle qui entre dans l’âge ingrat…

C’est la foi en un homme, Jésus, qui a sauvé la femme ; c’est d’avoir la foi que Jésus demande à un homme, Jaïrus, pour pouvoir comprendre que sa fille n’est pas pour lui mais pour un autre homme. Alors seulement Jésus peut la faire sortir de son rêve d’être femme… Elle qui dort !

Oui, elle dort, et tout le mode rit de cette affirmation de Jésus… Qui chasse tous ces gens qui ne se lamentaient de la mort d’une fille que parce qu’elle était celle du chef, et d’un chef tellement amoureux de sa fille. Admirable chef !

Il ne prend avec lui que le père, la mère et ses 3 apôtres, ce qui fait 5 comme les 5 livres du Pentateuque, de la Torah, il la réveille de sa léthargie en face de la Torah et… Demande qu’on lui donne à manger : ses parents n’ont plus à s’occuper que de ses besoins ; ses désirs, elle s’en chargera, car elle peut se « gérer » toute seule.

Donnez-lui à manger, ne la dévorez plus, semble leur dire Jésus !

C’est pourquoi le fameux secret messianique de Marc est ici très compréhensible : que ses parents ne parlent pas de ces événements (et ne les accaparent pas !) ; c’est à leur fille de témoigner, de parler en son propre nom.

En se réveillant la fillette voit son père et sa mère, ensemble ; Jésus la regarde marcher et sait qu’elle va pouvoir quitter son père, et sa mère, comme son père a lui-même quitté son père et sa mère pour se « coller » à sa femme (Genèse 2,24)…

Toutes deux entrent dans une vie nouvelle

Toutes deux sont méconnues, ne sont pas reconnues telles qu’elles sont vraiment.

Toutes deux sont exclues : la femme est sortie de force de la société, la fillette est empêchée de force d’y entrer.

Aucune des deux ne peut se dire femme : l’une est rejetée par l’homme, l’autre trop aimée.

Toutes deux se meurent de maladies psychosomatiques car elles sont – si on peut dire ! – des femmes impuissantes.

Toutes deux ont souffert d’hommes qui leur voulaient du bien ! Ce sont les médecins pour la femme et son père pour la fillette. Pour leur bien, en ne voyant que leur besoin physique, ils les ont amenées dans une impasse totale qui les empêchait d’accéder à leur statut de femme indépendante et libre !

Jésus redonne un destin à tous, les libère de ce dont ils/elles mourraient : la femme d’être dévalorisée, la fillette d’être survalorisée… Et le père de ne pas pouvoir vivre sans laisser une femme vivre sa vie.

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