Étude sur Nazareth et le Nazaréen. 

Étude sur Nazareth et le Nazaréen. 

Nazareth et Nazaréen

Le selon Luc :

« Et il vint à Nazareth où il avait été élevé; et il entra dans la synagogue au jour du sabbat, selon sa coutume, et se leva pour lire. 17 Et on lui donna le livre du prophète Ésaïe ; et ayant déployé le livre, il trouva le passage où il était écrit : 18 "L'Esprit du *Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer de bonnes nouvelles aux pauvres ; 19 il m'a envoyé pour publier aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue ; pour renvoyer libres ceux qui sont foulés, et pour publier l'an agréable du *Seigneur".

Le selon Matthieu :

« Et ayant quitté Nazareth, il alla demeurer à Capernaüm, qui est au bord de la mer, sur les confins de Zabulon et de Nephthali, »

Il est dit que : après l’épreuve des tentations Jésus retourna à Nazareth.

Nazareth : en hébreu : נצרת (Nāṣereth) signifie : "verdoyant, germe, rejeton " ou "protectrice, gardienne"

Beaucoup de choses ont été écrites sur Nazareth et pourtant nous en savons très peu sur ce village de Galilée à l'époque du Christ.

Certes aujourd’hui Nazareth est la plus grande ville de la Galilée, et probablement aussi la plus fréquentée par les touristes chrétiens. Selon les Évangiles, il s'agit de la « patrie » de Jésus et, comme ailleurs en Terre sainte, les chrétiens n'ont pas manqué de chercher à établir des rapprochements avec certains passages bibliques.

Que dit l’archéologie :

La construction de la basilique de l’Annonciation date du milieu du XXe siècle. Lors des travaux, des fouilles archéologiques ont eu lieu et ont mis au jour les vestiges d'une église croisée datant du XIIe siècle, d'une église byzantine datant du Ve siècle, ainsi que quelques vestiges datant du Ier siècle, comme des fondations d'habitations, des aires d'entreposage, des silos et des presses à huile. La basilique a été construite de façon à ce qu'il soit possible d'observer ces restes archéologiques depuis l’esplanade.

Ken Dark, un archéologue britannique affirme qu'une maison taillée dans le flanc d'une colline à Nazareth, en Israël, érigée de murs de pierres et de mortier qui daterait du premier siècle de notre ère, pourrait être la maison où Jésus a été élevé par Marie et Joseph. Beaucoup d’autres chercheurs restent plus prudents et sont beaucoup plus sceptiques.

À l’époque romaine, donc au temps de Jésus, ce hameau plus qu’un village et encore moins une ville, ne comptait que quelques familles, le village était accrochée à un mamelon rocheux et isolé, qui ne dépassait pas beaucoup le site de l’église de l’Annonciation et ses environs immédiats.

Des grottes creusées dans ce roc et sous les maisonnettes servaient de caves, et même parfois de lieux d’habitation peut-être même de synagogue. Entre les maisons, on aménagea dans le même sol rocheux des silos à grains, des pressoirs, des citernes ; quelques tombes ont été aussi repérées.

C’est au-dessus d’une de ces petites maisons, munie de sa cave-grotte, que des chrétiens construisirent une première petite église. Il n’en reste que quelques fondations de murs, et de bons morceaux de sols en mosaïques, dont les motifs comportent des croix. Elle a donc dû être construite avant 427, car c’est à cette date que Théodose II défend de mettre des croix sur le sol des églises.

Nazareth au sans spirituel.

Nazareth = « verdoyant, germe, rejeton » ou « protectrice, gardienne ».

Nazareth est un nom latinisé. Il s’écrit : נצרת Natzrat en hébreu. Cela a son importance car la racine de ce nom n'est pas (Nazir) comme beaucoup l’ont écrit mais mais נצר (Netser) ce qui veut dire : pousse, rejeton, branche, et qui vient de  נצח (Netsah) dans le sens de verdure comme couleur frappante. 

Un Nazir est une personne consacrée à Dieu, il ne doit pas se couper les cheveux ni la barbe et de plus il doit s'abstenir de vin et de toute boisson alcoolisée et même ne pas manger de raisin. Quand on connaît l'importance du vin dans les Évangiles, les noces de Cana et les paraboles sur la bonne vigne, et les vignerons on ne peut qu'admettre que Jésus n’a rien de ce que l’on peut dire d’un Nazir. Par contre Jean Baptiste était nous l’avons vu un Nazir. Donc la ville de Nazareth n'a rien à  voir avec le fait d’être une ville ou un village de Nazir. 

Par contre, il faut retenir le nom hébreu de  נצרת Natzrat. Ici on a affaire pour le son (ze ou se) à un (tsadé)  צ et non pas à un (zayin), ז ce qui change tout.

(tsadé)  צ est la dix-huitième lettre de l'alphabet hébreu elle correspond au son : "ts" et se rapproche ainsi de la lettre "T" des alphabets occidentaux. Sa valeur numérique est 90 et son sens principal : "L'ancre" - "L'hameçon" - "le juste".

Ces deux têtes sont des "Yod" qui se font face et qui évoquent la figure double de la dualité, de l'androgynie, les deux visages des séraphins qui se font face sur l'Arche d'Alliance. La lettre devient ainsi une ligne de partage entre le monde actuel et le monde à venir.

Le Symbolisme.

La lettre "Tsadé" symbolise l'acceptation d'une sublimation dans le but d'accéder à un autre niveau d'existence ou de conscience, ou bien un changement de cycle. Cette transformation peut se réaliser de diverses manières : par le processus de la mort qui conduira vers une existence spirituelle ou, plus prosaïquement, par l'évolution à travers une chaîne par laquelle nos actes permettront, au-delà de nous, à d'autres actes de se perpétuer. C'est, par exemple, l'image de la chaîne alimentaire, dans laquelle la vie d'un règne de la nature nourrit un autre règne, afin qu'une vie en entretienne une autre. L'idéogramme de cette lettre évoque un hameçon permettant de pêcher et de se nourrir.

Le "Tsadé" est également un symbole de droiture, de justice, de moralité, de charité, de lumière et d'énergie. Il symbolise l'objectif que l'on se fixe. Cette lettre nous enseigne aussi que la Vie et la Mort font partie d'un même cycle cosmique.

Le (tsadé)  צ est introduit par un (נ ) (Noun) qui est la 14ème lettre de l'alphabet hébreu elle correspond au "N" des alphabets occidentaux. Sa valeur numérique est 50 (nombre de l'accomplissement et du renouveau).

Sa symbolique :

Généralement, cette lettre représente un "poisson » alors que la lettre suivante est (tsadé)  צ  qui symbolise l’hameçon, mais certains, s'appuyant sur la lettre éthiopienne, y retrouvent l'image d'un serpent d'eau. Il est vrai qu'en hébreu le serpent commence par un "Noun". Le serpent introduit dans la Bible le péché dans le jardin d’Éden. Il symbolise à la fois les principes du mal et du salut. C'est une lettre de fécondité et de prolifération.

Noun est la réversibilité et l'émergence, l'harmonie des mixtes, toutes les créations produites ou, plus exactement, tout ce qu'une graine produit (rejeton, germe).  Le Noun ouvre des perspectives d'espoir, de rachat et de résurrection, il est le symbole du fondement. Il évoque ce qui est caché ou englouti dans les profondeurs.

Sens dérivés :

Le caché, l'intime, le féminin, germe de vie, naissance à venir, accroissement. 

Le  (tsadé)  צ est suivi d’un ר rèch et c’est la vingtième lettre de l'alphabet hébreu. Elle correspond à la lettre "R" des alphabets occidentaux, sa valeur numérique est 200 

Sa symbolique :
Resh, c'est la tête en hébreu et dans de nombreuses langues sémitiques. Resh, c'est le Raïs qui désigne un chef de file au Moyen Orient. Dans l'univers hébraïque, la tête est le début de toute chose le commencement le Livre de la Genèse commence par רֵאשִׁית. (Résh-eth) « En tête ». La tête est le siège de l'intelligence, de la volonté et de la conscience. Le Resh est aussi le sommet, l'humilité. Il est le renouvellement des choses par la destruction et la régénération. Comme le Beth, qui regarde vers la gauche, c’est-à-dire dans le sens de l'écriture, le Resh s'ouvre vers l'avenir.
Le Resh est la projection des Forces Divines, la totalité de l'Univers, les myriades d'étoiles et toutes les planètes, les idées qui s'imposent sans se laisser contrôler. Cette lettre est un passage par lequel l'Homme peut s'élever. Resh est le symbole de la pensée, de l'intellect, de l'énergie mentale, du déclenchement.

Sens dérivés :
Cerveau, crâne, création, commencement, nouveau, premier, Genèse.

La dernière lettre est le  ת « tav » c’est la vingt-deuxième lettre de l'alphabet hébreu. Elle correspond à la lettre "T" des alphabets occidentaux, sa valeur numérique est 400  et son sens principal est "la croix", "le signe".
Le "Tav" ( la croix - deux bâtons croisés, signe d'origine du Tav) est un des plus anciens signes de l'humanité, on le trouve déjà tracé dans les grottes préhistoriques, il est également un des plus anciens graphes égyptiens. Tav est la "marque", le sceau divin :
"Le premier signe mentionné par l'Écriture (Genèse 4:15)"

La lettre phénicienne est à l'origine du tau (Τ, τ) de l'alphabet grec, du T (T, t) de l'alphabet latin et du Te cyrillique. Or Jésus fut crucifié dur un T (tau) romain qui est aussi appelé la croix.

Sa symbolique :
Dernière lettre de l'alphabet hébreu, elle représente l'aboutissement de la Création et la totalité des choses créées. Il est l'aboutissement de tout un enseignement, de toute une initiation, un pas à pas vers la perfection. Tav est le résumé de tout en tout, la science intégrale de l'absolu, le mystère se révélant directement à l'âme. C'est aussi la croix symbolisant l'ensemble et la fin du chemin.
Tav, c'est l'absolu, la perfection du créé. C'est la vérité, la perfection et l'aboutissement du chemin. Cette lettre majeure écarte toute possibilité de repousser un acte, et rend le futur présent.
En tant que symbole, Tav représente la vibration par laquelle l'inexprimé et le non-dit se libère, c'est l'intégration de la conscience originelle, l'extrémité, l'accomplissement, le point culminant.
Le nombre 400 de Tav est le plus élevé de la série alphabétique. Il est le sommet numérique.

Sens dérivés :
Marque, symbole, rencontre, alliance, perfection, achèvement, précision, trace, souffle et sang, vide créateur.

Après toutes ces explications on comprend que l’évangéliste nomme cette ville qui symbolise le Christ dans tous ses aspects, Jésus ne pouvait pas habiter ailleurs qu’à Nazareth.

Le : (נ)  (noun) symbole du poisson qui devient le symbole des premiers Chrétiens, mais aussi du serpent  qui porte le péché, tout ce qu'une graine produit (rejeton, germe) renvoie aux paraboles de Jésus.  Le Noun ouvre des perspectives d'espoir, de rachat et de résurrection image même de Jésus Christ. 

Le : צ (tsadé) l’hameçon du pêcheur « vous serez pêcheur d’homme » symbole de droiture, de justice, de moralité, de charité, de lumière et d'énergie une bonne partie de ses disciples étaient des pêcheurs du lac de Tibériade.

Le : ר  (resh) la tête en hébreu Christ est la tête de l’Église. Il est le renouvellement des choses par la destruction et la régénération. Le Resh est la projection des Forces Divines, la totalité de l'Univers, cette lettre est un passage par lequel l'Homme peut s'élever.

Le  ת  « tav » symbole de la croix Tav est la "marque", le sceau divin, elle représente l'aboutissement de la Création et la totalité des choses créées donc représente la Parole de Dieu puisque Dieu créa par sa parole.

En Luc (ch2, v 1-35) , on voit Joseph aller de Nazareth à Bethléem pour le recensement, où naîtra Jésus ; puis avec Marie et l'Enfant-Jésus ils montent à Jérusalem. Or seules les deux villes de Bethléem et Jérusalem ont une valeur messianique, mais pas Nazareth semble-t-il ! Alors pourquoi en tirer un nom messianique ? 

Par ce que nous venons de le voir le nom du village tient en germe tout ce qui a trait au Messie.

Donc Nazareth rassemble « en germe ou en symboles » tout ce qui figure le Messie annoncé par les prophètes, et ce Messie ne pouvait habiter ailleurs qu’à Nazareth. C’est bien ce que nous dit Matthieu : et vint s'établir dans une ville appelée Nazareth ; pour que s'accomplît l'oracle des prophètes » et on pourrait ajouter : « que celui qui a des oreilles pour entendre entende ». Selon Ernest Renan cette ville de Nazareth était fantomatique. Car cette ville de Nazareth n'est citée ni dans l'ancien Testament, ni dans le Talmud, ni chez  Paul, ni chez aucun historien. Et pour cause ! Nazareth est l’image donnée par les prophéties sur le Messie et ignorée comme le village et comme Messie dans les écritures, et ne correspond en rien à ce que les Juifs se faisaient du Messie, ce Messie attendu n’était pas du tout à l’image de Jésus de Nazareth, donc Nazareth en tant que ville ou village doit être ignoré, caché, et l’on comprend le dire de Jésus en : Matthieu 5 :

« …14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée; » Et en réponse un peu plus loin  Matthieu 13 :

« …12 Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a. 13 C'est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu'en voyant ils ne voient point, et qu'en entendant ils n'entendent ni ne comprennent. 14 Et pour eux s'accomplit cette prophétie d'Esaïe : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point.… »

Isaïe chapitre 11, 1et 2 texte Massorétique :

וְיָצָא חֹטֶר, מִגֵּזַע יִשָׁי; וְנֵצֶר, מִשָּׁרָשָׁיו יִפְרֶה.

1 Or, un rameau sortira de la souche de Jessé, un rejeton poussera de ses racines.

וְנָחָה עָלָיו, רוּחַ יְהוָה--רוּחַ חָכְמָה וּבִינָה, רוּחַ עֵצָה וּגְבוּרָה, רוּחַ דַּעַת, וְיִרְאַת יְהוָה. 

2 Et sur lui reposera l'esprit du Seigneur: esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de crainte de Dieu.

Mais est-il judicieux de tirer Nazaréen du village de Nazareth ?

Habituellement nous faisons dériver le nom de Nazaréen donné à Jésus de la ville où il habitait et dont ses parents étaient originaires : Nazareth. Cela est-il judicieux ? Car en ce cas que faut-il entendre dans ce verset de Matthieu : « et vint s'établir dans une ville appelée Nazareth ; pour que s'accomplît l'oracle des prophètes : Il sera appelé Nazôréen. » Or dans l’ancien Testament jamais Nazareth n’est mentionné on ne retrouve aucune prophétie sur un Nazôréen.

Alors Matthieu se serait-il trompé ?

Non car dans le livre du prophète Ésaïe, l’on trouve tout, une phrase (chap. XI, vers. 1) : « Il sortira un rejeton du tronc d’Isaï (Isaï ou Ishaï ou Jessé est le père de David et a habité la ville de Bethléem de Judée) et un surgeon (ou rameau), — en hébreu : netzer, — naîtra de ses racines. »

C’est ce texte d’Ésaïe que le Selon-Matthieu aurait traduit par le grec : « Il sera appelé Nazaréen ». La traduction, version synodale, des Évangiles, publiée sous les auspices de la Société biblique de France, après avoir signalé le texte d’Ésaïe, ajoute, en commentaire au texte du Selon-Mathieu : « D’autres voient ici une allusion au mot Nazir »

C’est une explication mais Matthieu nous parle d’oracle des prophètes ou l’oracle des prophéties.

Un oracle est une personne pratiquant la divination. Mais, d'après le dictionnaire Robert, la première définition est : " Volonté de Dieu annoncée par les prophètes et les apôtres.". En fait, qu'il soit employé par rapport à la tradition judéo-chrétienne, ou dans le contexte du paganisme, le vocable provient du latin orare (parler), lui-même en rapport avec la bouche (os, oris). Donc Matthieu nous dit : « la parole de Dieu annoncé par des prophètes ». Retenons ce mot : « paroles de Dieu » Comme le mot prophète est au pluriel on doit trouver au moins une autre citation dans l’Ancien Testament auquel Matthieu relit l’épithète Nazaréen.

Les exégèses sont souvent d’accord pour dire que le selon Matthieu grec à pour origine une version araméenne aujourd’hui perdue.

Faisons ici, une remarque d’ordre philologique.

Quand les traductions portent Jésus de Nazareth, que nous comprenons comme Jésus de la ville de Nazareth, il faut savoir que le texte grec dit : Nazôraios ou Nazarènos et le texte latin : Nazareus. Pour être exactes, sans risquer une équivoque, les traductions devraient porter : Jésus Nazaréen, et non Jésus de Nazareth. Les exemples abondent (Matt., XXVI, 71 ; Marc, 1, 23 ; XIV, 67 ; Luc, IV, 34 ; XXIX, 19 ; Jean, XVIII, 5, etc.). Et jusque sur l’écriteau de la croix (Jean, XIX, 19).

Que penserait-on si, parce que l’apôtre Paul, sous le nom de Saül, fut pharisien, ou avait traduit, au lieu de Saül le Pharisien, Saül de Pharis ? Les exégètes sans doute prendraient Pharis pour une ville. Si Nazareth ou Nazaret, avec la finale th ou t, la ville, en hébreu, en grec, en latin, en français, les adjectifs formés pour qualifier les habitants de cette ville ne peuvent être, ni pour le grec, ni pour le latin, ni pour le français tout au moins, Nazôraios ou Nazarènos, ni Nazareus, ni nazaréen. La chute du th ou du t final est inexplicable, contraire à toutes les règles savantes ou populaires de la phonétique et de l’étymologie.

Un habitant de Nazareth, en latin, serait dit, non pas même Nazarethus ou Nazaretheus, mais bien sûrement Nazarethanus, en français Nazarethain, — avec ou sans h —

Ce qui est certain, c'est que le village plus qu’une ville a bien existé, l'archéologie en apporte la preuve, celui-ci n’a pourtant laissé aucune trace dans la littérature pré évangélique, ni même dans la littérature contemporaine du premier siècle hormis dans les Évangiles. On peut donc penser que ce village ne présentait aucun intérêt particulier. Comment un village insignifiant peut-il avoir dans les Évangiles deux orthographes différentes : Nazareth et Nazara ?

Examinons la citation dans laquelle Matthieu met en relation Nazareth et Nazaréen. Le passage est long et je ne citerai que les passages important pour les prophéties mentionnées :
« Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, (…) Il assembla tous les grands prêtres avec les scribes du peuple, et il s'enquérait auprès d'eux du lieu où devait naître le Christ. « À Bethléem de Judée, lui dirent-ils ; ainsi, en effet, est-il écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, (...) » (...) Après le départ des Mages, voici que l'Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte...et il resta là jusqu'à la mort d'Hérode (...) » ; pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur : D'Égypte j'ai appelé mon fils. Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, fut pris d'une violente fureur ...Alors s'accomplit l'oracle du prophète Jérémie : « Une voix dans Rama s'est fait entendre (...) ». Quand Hérode eut cessé de vivre, voici que l'Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, en Égypte, et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l'enfant et sa mère, et mets-toi en route pour la terre d'Israël » ; (...) et vint s'établir dans une ville appelée Nazareth ; pour que s'accomplît l'oracle des prophètes : Il sera appelé Nazôréen. »

Comme on le constate, les trois premières prophéties sont clairement étayées par la citation du prophète en question : Michée, Osée, Jérémie. En revanche pour la dernière prophétie, l'auteur préfère renvoyer à plusieurs prophètes. Comme nous le savons, aucune prophétie ne rapporte ce qui est affirmé dans le texte de Matthieu. Matthieu pourrait nous l’avons vu faire référence à Isaïe ch11, v1 : « un rameau surgira du tronc de Jessé, et un rejeton (néçer) de ses racines fleurira ». où néçer semble bien en quelque sorte en relation avec Nazaréen ; mais alors : est-ce le mot néçer qui a fait venir l'idée de Nazareth, ou bien le nom de la ville a-t-il été associé à un mot trouvé dans un texte célèbre et de caractère éminemment messianique ? L'interprétation reliant Nazaréen à Nazareth est pourtant une manière de faire, chère aux rabbins narrateurs de cette époque ; dans la terminologie araméenne du Talmud, on appelle cela asmakhtâ be'almâ qu’on peut traduire par « appui générique » : ( pour harmoniser Loi Orale et Loi Écrite, mais non pour en tirer un raisonnement déductif susceptible de justifier, d'authentifier ou de fonder la loi orale, qui doit rester indépendante.) Mais ceci ne résout pas la question de l'origine du mot Nazaréen, et si cela ne pouvait avoir de sens éducatif Matthieu n'aurait pas employé ce terme comme épithète.


En Luc (ch2, v 1-35) , on voit Joseph aller de Nazareth à Bethléem pour le recensement, où naîtra Jésus ; puis avec Marie et Jésus enfant ils montent à Jérusalem. Or seules les deux villes de Bethléem et Jérusalem ont une valeur messianique, mais pas Nazareth ! Alors pourquoi en tirer un nom messianique ? On aurait bien imaginé « Jésus de Bethléem », par exemple. Matthieu connaît toutes ces prophéties ; bien plus, il est un évangéliste connu pour mentionner l'accomplissement des prophéties. Alors que signifie cette mise en valeur qui serait faite de l'insignifiant village de Nazareth par l'appellation de Nazaréen ?

Nazaréen viendrait-il de nazir ?
Certains se sont posés la question aurait-il un rapport avec le naziriéat. Lorsqu'un homme est consacré à la divinité par un vœu fait par ses parents, il est nazir. Un nazir doit observer certaines abstinences : ne pas se couper les cheveux, ne pas boire de vins ni de boissons enivrantes et ne rien manger d'impur. Dans les Évangiles, on ne trouve pas d'indice permettant de penser que Jésus ait jamais fait partie d'un groupe de nazirs. Par ailleurs, le naziréat vaut pour un temps donné, après quoi il cesse : nous n'avons rien non plus dans les Évangiles qui laissent penser une chose semblable.

Certains auteurs, donnent au mot nazir le sens d’« envoyé de Dieu », « Saint de Dieu » ; si tel était le cas, les adversaires de Jésus ne pouvaient pas l'appeler ainsi, car ils confessaient du même coup qu'il était le Saint de Dieu ! Pour ce qui retourne du point de vue philologique, il est impossible de faire dériver nazaréen de nazir : ce mot ne supporte pas de désinence. Par exemple : (צדיק) Tsaddiyq (juste, droit), on passe à (צדקה) Tzedakah signifiant littéralement justice ou droiture, mais communément utilisé pour signifier charitable ; ce qui n'est pas le cas de nazir pour nazaréen.
Si la dérivation de Nazareth en Nazaréen était si simple et évidente, pourquoi tant de grands esprits se seraient-ils lancés dans des recherches variées et parfois compliquées, pour justifier cette dérivation ?

Voici une hypothèse séduisante :


Comme on le sait, les Hébreux au temps de Jésus parlaient araméen et comme je l’ai déjà dit (ailleurs) le selon Matthieu grec est certainement tiré d’un original écrit en araméen. Il faut savoir que l'hébreu n'était plus parlé mais réservé comme langue liturgique. Depuis le retour d'Exil à Babylone, en effet, le peuple avait progressivement perdu l'usage de cette langue au profit de la langue du pays d'exil. On trouve un exemple frappant de ce fait dans Néhémie :

« Tout le peuple se rassembla comme un seul homme sur la place située devant la porte des Eaux. Ils dirent au scribe Esdras d'apporter le livre de la Loi de Moïse, que Yahvé avait prescrite à Israël. Alors le prêtre Esdras apporta la Loi devant l'assemblée, qui se composait des hommes, des femmes et de tous ceux qui avaient l'âge de raison. (… ) il lut dans le livre, depuis l'aube jusqu'à midi, en présence des hommes, des femmes et de ceux qui avaient l'âge de raison : tout le peuple tendait l'oreille au livre de la Loi. Le scribe Esdras se tenait sur une estrade de bois, construite pour la circonstance;  (…)  Esdras ouvrit le livre au regard de tout le peuple (…)  Et Esdras lut dans le livre de la Loi de Dieu, traduisant et donnant le sens : ainsi l'on comprenait la lecture ». (Néhémie 8,1-8)

Les termes grecs pour « nazaréen » ne peuvent donc dériver que de l'araméen, et le terme araméen employé dans le Matthieu original (en araméen) doit pouvoir recevoir les désinences qui expliquent les formes grecques. Le terme araméen doit désigner quelque chose d'exceptionnel et qui a fait l'admiration ou l'aversion des auditeurs ; quelque chose qui soit un signe distinctif de l'œuvre de Jésus. Or selon Eugenio Pio Zolli (ancien grand-rabbin de Rome, converti au christianisme) Selon l’étymologie sémitique, pastedGraphic.pngnesar signifie chanter, déclamer en araméen, on trouve le verbe- chanter et qui a le sens de babiller en syriaque (araméen chrétien), il a le sens de chanter, déclamer avec l’art oratoire. Pour Zolli donc, : « les deux notions se complètent parfaitement sous le sens de prêcher car les anciens, chantaient en prêchant. » Terme qui convient très bien aux antiques prédicateurs, car ils ne lisaient les textes religieux ou ne les commentaient qu'accompagnés d’une intonation ! En effet, dans le traité Megillah 32 A13 du Talmud on trouve ceci : « Qui lit (la Bible) sans intonation, et la Mishnah sans cadence, s'applique le verset biblique : Et je leur ai donné de mauvaises règles. »

De même Rabbi Akiba (au temps de l'empereur Hadrien,) donne comme recommandation d'étudier la Bible chaque jour : un chant par jour. Il évoque les accents de la Tora qui sont des signes soutenant la lecture d'une mélodie. Selon Zolli, pour expliquer l’existence des deux formes grecques utilisées dans le Nouveau Testament, Nazarhnous, et Nazaraious il faut revenir au mot araméen nazrana et nasora signifiant celui qui enseigne la tradition et celui qui l’explique. Ainsi, le terme Nazaréen contient-il à la fois les concepts de prêcheur et de professeur.

On peut admettre que, du verbe araméen neçar, est dérivé deux formes araméennes : naçrana et naçora. La première est du type : gamara (maître de tradition) dérivé de gemâr (qui signifie enseigner la loi traditionnelle) ; la seconde et du type : amorà, dérivé de amoréo (Maître, Docteur, celui qui explique). L'appaltif Nazaréen contient donc aussi les concepts de prédicateur et de maître, et donc on a pu en parler avec l'une ou l'autre désinence. Naçrana donne en grec Nazarhnous, et naçora Nazaraious. Par ailleurs, les deux formes peuvent aussi très bien s'expliquer depuis la seule forme naçora, dont le pluriel absolu est naçoraim (Nazarhnoi) et le pluriel emphatique naçorajja (Nazwraioi).

Il est donc fort probable que Jésus suivait cet usage de prêcher et prier en déclamant, tout comme ses disciples le firent aussi. Dès lors ils reçurent des auditeurs le nom de Nazaréens, mot dérivé de la racine nçr : les prédicateurs déclamant.

Pour les foules qui écoutaient Jésus, celui-ci n'avait rien à voir avec les docteurs habituels, car il exposait un enseignement particulier et auquel il fallait donner un nom très distinct. Son art oratoire venait d'une source toute autre que celle des rabbins : les rabbins dans leurs discours se réclament systématiquement de maîtres qui les ont précédés et enseignés, comme on peut le lire dans les passages parfois fastidieux du Talmud.

La source de Jésus est bien différente : sa force tenait de son exousia l'explication de ce terme est très ordinairement rendu par « autorité », mais recouvre, un sens beaucoup plus profond.

Il avait une conscience singulière de sa mission envers le peuple et l'humanité tout entière.

« Personne n’a jamais n'a parlé comme cet homme » répondent aux Pharisiens les soldats qui avaient été envoyés pour arrêter Jésus.

Si les Évangiles ne mentionnent pas cette déclamation de Jésus, dans sa version grecque, il la laisse entendre en certains passages. En effet, nous sommes souvent trop habitués à entendre certains passages, sans même nous rendre compte de ce qu'ils veulent dire. Par exemple en Marc 2,2 on lit : « Et beaucoup se rassemblèrent, en sorte qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte, et il leur annonçait la Parole ». Qui s'est-il déjà demandé ce que peut bien signifier « annoncer la parole » ? On n'annonce pas une parole : on annonce un fait, on décrit un fait, on adresse une parole, mais on ne dit jamais qu'on annonce une parole ! Le verbe grec employé ici notamment est le verbe laleo (= parler, discourir). Le cinquième sens auquel renvoie le dictionnaire grec/Français Bailly est : babiller, murmurer. C'est l'exacte traduction du mot araméen pastedGraphic.pngnesar !

On pourrait objecter que le titre de « déclamateur » convenait aussi aux rabbins. Mais dans le cas des rabbins, le caractère sacré de l'Écriture Sainte devait passer avant la déclamation. De plus, comme mentionné plus haut, ces docteurs enseignaient par déductions, rapportant systématiquement l'auteur de l'idée qu'ils utilisent, donc sans beaucoup de liberté. Jésus ne se réclame d'aucun docteur précédent, ce qui lui est d'ailleurs reproché par les Pharisiens : « Par quelle autorité fais-tu cela ? ». Jésus verse son vin nouveau dans des outres neuves : le contenu de sa parole s'associe à une façon d'enseigner particulière : il a une éloquence de prophète. Le peuple le désigne comme rabbi. Si le village insignifiant de Nazareth existait bien au temps du Christ, tous ne le connaissaient pas, mais à la conscience des vastes couches du peuple s'imposait le singulier de sa prédication flamboyante. La personnalité du Prédicateur dépassait de loin le lieu caché de l'origine de sa famille. Jésus pour les foules n'était pas le Nazarétain, celui qui vient de Nazareth mais le Nazaréen, c’est-à-dire « le Prédicateur élogieux » le déclamateur, celui qui déclamait ses discours, qui enseignait avec éloquence.

Alors pour revenir à cette prophétie de Matthieu « pour que s'accomplît l'oracle des prophètes : Il sera appelé Nazôréen» On pourrait traduire par : « pour que s'accomplît l'oracle des prophètes : Il sera appelé l’éloquent » « ou le déclamateur »

Alors qui prophétise ainsi ?

Dieu lui-même dans Exode ch 4 Dieu dit à Moïse qui lui dit : « Ah ! Seigneur, je ne suis pas un homme qui ait la parole facile, et ce n'est ni d'hier ni d'avant-hier, ni même depuis que tu parles à ton serviteur ; car j'ai la bouche et la langue embarrassées. » Tout le contraire d’un déclamateur donc de Jésus.

Et Dieu lui répond : « Va donc, je serai avec ta bouche, et je t'enseignerai ce que tu auras à dire. » Dieu incarne sa parole provisoirement dans la bouche de Moïse pour que celui-ci devienne plus : éloquent, élogieux, qui puisse parler avec déclamation bref en araméen : nesar ; Nazôréen. Que dit ainsi Matthieu, Jésus est l’incarnation de la Parole de Dieu …. Donc il est dit Nazôréen. Nous sommes donc en présence de l’accomplissement d’un Midrash.

Le style très particulier du midrash, qui peut en général sembler assez déroutant pour le lecteur chrétien non familier à la culture hébraïque, peut constituer pour certains un obstacle difficile à surmonter. Cette difficulté ne doit pas écarter le lecteur de l’intérêt de tels rapprochements. Les Évangiles, on ne saurait trop le rappeler, ne sont pleinement intelligibles que s’ils sont mis en référence avec leur milieu d’origine. Tout cela à cause de la parenté évidente qui existe entre le Nouveau Testament et la tradition juive ancienne.

La prophétie d’Esaïe… celle du germe ou rejeton est la principale voir la première, relation avec le terme « Nazaréen » mais on ne doit pas faire dériver נוצרי, notzri en hébreu, qui signifie Nazaréen ( Nazoréen) de נזיר = nazir qui désignait une personne ayant fait voeu d'ascétisme, à cause de la racine  נצר = netser qui désigne un surgeon, (qui est le germe) et la symbolique de s'approprier ces différents sens...

La pirouette de Matthieu !

Bien que chaque mot commence par la lettre hébraïque (נ ) (noun) la lettre (tsadé)  צ est séparé par un (ו) (wäw Vav) pour Nazoéen on retrouve dans Nazoréen et Netser le même (ך) (käf final) par contre dans Nazareth le nom se termine par un (täw) ת qui est la dernière lettre de l’alphabet sa valeur gamatriale est 400 et signifie la marque ou le signe, quelque chose de marquer, de significatif, ainsi la réponse de Nathanaël « peut-il venir quelque chose de bon «  ainsi marqué » et le  ת  täw hébreu (la marque) ne permet pas d’être retranché aussi ne peut-il donner Nazaréen qui oblige à un retranchement du  ת  (täw) mais Nazaréthéen donc l’ajoute d’une lettre ici un י (yöd). D’autre part Nazoréen נוצרי qui dérive de נצר netser se termine par un י (yöd) qui suit le ר (kaf) final et י (yöd) a une valeur gématriale de 10 dans un mot mais n’a aucune valeur gématriale quand il le termine, et signifie la main, et c’est la première lettre du nom sacré YHVH. (Elle symbolise aussi le germe, contenant tous les sephirotim dans la kabbale juive). Cette lettre est désignée dans le Nouveau Testament sous le nom de « iota » dans une parole de Jésus rapportée par Matthieu (5.18) :

Deux lettres yod י représentent le Nom « Adonai » = « Mon Seigneur » qui est l’un des Noms de Dieu, en effet netser  (le germe)  avec la finale י yod «  la main » (comprendre ici de Dieu) donne Nazaréen le germe divin ou le germe donné. Mais selon moi le faire dériver de Nazareth oblige de retrancher le י yod (iota) de Nazaréen et le substituer par un täw ת pour avoir Nazareth, or d’après le Livre d’Ézéchiel, IX, 1-6, seuls les hommes marqués au front de ce signe échapperaient à la destruction de Jérusalem. Nous savons que des membres de familles sacerdotales se sont réinstallés dans la vallée de Nazareth après la défaite de la Guerre de Bar Kochba en 135 CE. Aussi on doit faire dériver Nazareth de Nazaréen et non pas l’inverse puisque le fait d’ajouter un ת (täw) « la marque »  pourrait signifier le germe marqué de la main de Dieu. Mais pour faire dériver Nazaréen de Nazareth il faut retrancher le ת (täw)  qui est « la marque »  pour le remplacer par un י (yod)  et ce י ne peut lui non plus être retranché (Matthieu 5 : 18) puisqu’il n’a ici aucune valeur gématriale, donc la seule solution est de faire dériver Nazareth le «  germe marqué » et Nazaréen le germe issu de la main (de Dieu) du « germe donné » de Netzer « le germe d’Esaïe ». Ainsi les deux termes dérivent de Netzer et non pas l’un de l’autre. 

Ainsi la pirouette de Matthieu…. . Et ainsi les Nazaréthain (habitant de Nazareth…. « du germe marqué ») ne pouvaient suivre ou croire le Nazaréen (le germe donné) aussi veulent-ils le jeter de la falaise. « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ».

Ainsi que du dire de Nathanaël = "Dieu a donné" : « Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? »  (Jn. 1.45-46). Puis toujours en Jean chapitre 1 : « Jésus regarde Nathanaël qui venait à lui et il dit à son propos : « Voici un véritable Israélite en qui il n’est point d’artifice. » « D’où me connais-tu ? » lui dit Nathanaël ; et Jésus de répondre : « Avant même que Philippe ne t’appelât, alors que tu étais sous le figuier, je t’ai vu. » (v.47-48) et la réponse de Nathanaël : «Nathanaël répondit et lui dit : Rabbi, tu es le Fils de Dieu; tu es le roi d'Israël.  ».

Qu’est-ce que cet échange de paroles étrange entre Nathanaël et Jésus ? Qu’est ce donc que cette double interrogation de Nathanaël et la réponse de Jésus ? Que faisait donc Nathanaël sous le figuier qui interpelle tant Nathanaël pour qu’il reconnaisse que Jésus est le Fils de Dieu ?

Le texte dit « sous le figuier » Lequel ? Et on a cherché plein de significations symboliques. Je pense moi qu’il faut comprendre le texte « Sous le figuier, » ou comme « sous ton figuier, » cela veut dire dans la cour de ta maison, chez toi, dans ta vie quotidienne, dans ton intimité. Jésus lui dit en quelque sorte : j’ai vu qu’entre ta vie personnelle et ta vie publique, là devant moi, tu ne changes pas, tu n’as pas de façade, tu n’as pas de secret, tu es authentique. Et Nathanaël se sent reconnu, accepté, compris. Peut-être même — maintenant que Jésus l’a dit — mieux qu’il ne le percevait auparavant de lui-même.

On sait que les Apôtres vont par couples et que Philippe est toujours associé Bartéhlemy sans qu'on en sache d'ailleurs bien la raison.

Philippe et Barthélemy (Mt 10, 3)

Philippe, Barthélemy...(Mc 3, 18)

Philippe, Bartéhlemy (Lc 6,14)

Pourtant, chez Jean, ce n'est plus Bartéhlemy qui est associé à Philippe, mais Nathanaël. C'est pourquoi des esprits ingénieux on suppose que Barthélemy et Nathanaël étaient un seul et même personnage (historique, bien sûr).

L’épisode de Nathanaël est étrange. Il aura suffi que Jésus lui dise: avant que Philippe t'appelât quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu pour que Nathanaël lui réponde: Tu es le fils de Dieu et le Roi d'Israël. Quel est le rapport entre cette vision sous le figuier et cette réponse sur le Fils de Dieu et la royauté ? 

Il faut savoir que la tradition juive, voulait que l'ombre de certains arbres fût particulièrement propice à l'étude de la Torah ; donc on peut supposer que Nathanaël étudiait ou méditait la Torah sous son figuier celui qui est dans sa cour. Comment le sait-on ? Par le fait que Jésus voit en Nathanaël et qu’il témoigne : «Voici un véritable Israélite en qui il n’est point d’artifice » Or un véritable Israélite se donne à l’étude et la méditation de la Loi c’est-à-dire la Torah. Ce genre de parallèles est tout à fait légitime. Où voit-on pour la première fois un figuier dans la Bible ? Qui se trouve habituellement sous un figuier ? etc.

Le figuier, dans le Midrash, et dans le symbolisme Juif, représente l'arbre de vie que l'on peut voir dans la Genèse, dans Ezéchiel 47, et dans l'Apocalypse de Jean. Ainsi, quand Jésus dit à Nathanaël : "Avant que Philippe t'appelât, quand tu étais sous le figuier, (étudiant la Torah) je t'ai vu", il ne voulait pas simplement lui dire qu'Il l'avait vu sous un figuier littéral (ce qui était pourtant exact), mais en plus qu'Il l'avait vu depuis le jardin d'Eden, et même depuis la fondation du monde. D’où la réponse de Nathanaël : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu ; tu es le roi d'Israël. » Car seul Dieu pouvait lui dire cela. 

 Le premier figuier biblique se trouve en Gn 3,7. Dès que l'homme et sa femme ont mangé le fruit de connaître tout, ils voient qu'ils sont nus et leur premier recours dans cette situation est un arbre : « Ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des ceintures ». Voir qu’ils sont nus c’est aussi connaître, or ce passage tourne autour du fait de voir. « Jésus se retournant, et voyant qu'ils le suivaient, (1.39) leur dit : Que cherchez-vous ? Et ils lui dirent : Rabbi, où demeures-tu ? 39 (1.40) Il leur dit : Venez et voyez. Ils allèrent donc, et virent  ». … « Jésus regarde (regarder c’est aussi voir) Nathanaël qui venait à lui et il dit à son propos : « Voici un véritable Israélite en qui il n’est point d’artifice. » « D’où me connais-tu ? » lui dit Nathanaël ; et Jésus de répondre : « Avant même que Philippe ne t’appelât, alors que tu étais sous le figuier, je t’ai vu.  » Donc cherchons et voyons où est ce figuier. On trouve son nom à plusieurs reprises dans une expression stéréo­typée: « Juda et Israël habitaient chacun sous sa vigne et sous son figuier» (1 R 5,5). Peut-on utiliser ces passages pour "éclairer" le figuier de Nathanaël ? Nathanaël que Jésus appellera « un authentique Israélite» (Jn 1,47) se trouve en tout cas sous un arbre typique où Israël siège traditionnellement. Et dans ce tout début de l'évangile, on peut penser à ce figuier du commencement, le premier arbre en fait dont le nom botanique nous soit donné : Il y a donc ici cette suggestion que le Fils de Dieu trouve l'homme là où il s'est réfugié, afin de lui dire que là déjà, il n'était pas seul (Jn 1,48) ? » 

Nous sommes donc en présence d’une élaboration midrashique sur le livre de la Genèse  1, 1 via un verset d'Osée :  

כַּעֲנָבִים בַּמִּדְבָּר, מָצָאתִי יִשְׂרָאֵל--כְּבִכּוּרָה בִתְאֵנָה בְּרֵאשִׁיתָהּ, רָאִיתִי אֲבוֹתֵיכֶם

« J'avais trouvé Israël [délicieux] comme du raisin dans le désert ; comme les premiers fruits mûrs sur le figuier, j'avais considéré vos ancêtres » (Os 9,10) Avec  בְּרֵאשִׁיתָהּ (béreshith) pour premiers fruits, mais peut-être traduit comme dans Genèse 1,1 par au commencement, au tout début, תְאֵנָה (tana) étant le figuier.

Cherchons dans Osée l'origine du nom de Nathanaël qui veut dire « Don de Dieu ». Or il se trouve que dans la suite du texte d'Osée ; nous trouvons ce verset qui par trois fois fait mention du don :

« Donne-leur, ô Éternel... Que leur donneras-tu ? Donne-leur un sein stérile et des mamelles épuisées ! »

תֵּן-לָהֶם יְהוָה, מַה-תִּתֵּן; תֵּן-לָהֶם רֶחֶם מַשְׁכִּיל, וְשָׁדַיִם צֹמְקִים.

« Donne-leur ô Éternel » avec תֵּן-לָהֶם (tên là.hem) ; « Que donneras-tu ? » מַה-תִּתֵּן (mah tit tên) «  Donne-leur » תֵּן-לָהֶם (tên là.hem) (Os 9,14)

La Darby traduit :

« Donne-leur, Éternel ! Que donneras-tu ? Donne-leur un ventre qui avorte et des seins desséchés ! »

En l'occurrence, Dieu se promet dans ce verset de donner à Israël des seins ou des champs desséchés, et un ventre qui avorte.

En, Osée 10, 3 parle d'un roi nié par Israël: 

« Ils disent bien à présent: "De roi, nous n'en avons point! Car nous ne craignons pas l'Éternel, et le roi, à quoi peut-il nous servir ?"

Notre hypothèse d'un midrash sur Os 9, et 10 s’explique par la présence d'un figuier, d'un Nathanaël et d'un Roi, mais elle n'explique pas la disparition de Barthélemy. Or nous retrouvons ce personnage dans le תֵּן-לָהֶם Talma du verset Os 10, 4 :

דִּבְּרוּ דְבָרִים, אָלוֹת שָׁוְא כָּרֹת בְּרִית; וּפָרַח כָּרֹאשׁ מִשְׁפָּט, עַל תַּלְמֵי שָׂדָי.

« Ils débitent de vains discours, des serments frauduleux, contractent des alliances, et le droit est comme une plante vénéneuse poussant dans les sillons תַּלְמֵי (tal-mê) des champs. »

Le sillon des champs תַּלְמֵי שָׂדָי. (tal-mê sha-dày) dans lequel תַּלְמֵי (talmei) peut-être lu (Talma). Cette expression, il n'est pas impossible qu'elle ait été tirée vers des d'élaborations du type "disciples de Jésus" תלמידי ישו - Talmidim shel Yeshua - Disciples de Yeshua, par une sorte de al tiqra. Nathanaël serait un Israël repenti qui reçoit donc à nouveau les dons de Dieu, il serait un bar Isral, un fils d'Israël ou le blé (bar) d'Israël et donc aussi un "fils du sillon" (talma). En effet, Bar Talma = fils de Talma = fils des sillons = blé des sillons. Osée s'en prend à Ephram et fait de nombreux jeux de sens sur ce terme et celui de peri (le fruit) et donc sur la notion de récolte et de moisson.
Nous savons que Philippe doit son nom à sa confiance dans la puissance politique et militaire (figure par le cheval et la cavalerie) qui est assimilée à l'idolâtrie. Or ce thème est central chez Osée :

Je ne les sauverai ni par l'arc, ni par l’épée, ni par la guerre, ni par les chevaux (susim) ni par les cavaliers (parashim, terme qui sera ensuite lu: Pharisiens) (Os 1,7)

Le récit relatif à Nathanaël est construit sur une succession de trouvailles, la racine hébraïque de la trouvaille (מצוא) sonne comme la (matza), le pain azyme de l'exode) : André trouve Simon, il lui dit : nous avons trouvé le messie, ce dernier trouve Philippe, Philippe trouve Nathanaël. Cette série culmine dans la demande de Nathanaël : quelque chose de bon peut-il sortir de Nazareth ? Autrement dit « peut-on trouver quelque chose de bon à Nazareth ? » Et Philippe de répondre sur un mode très pharisien ; « viens et vois ». Cette série de trouvailles accomplirait la trouvaille du verset d'Osée déjà cité : Comme des raisins dans le désert, je trouvai Israël....(Os 9,10). Osée est d'ailleurs un texte qui multiplie les versets dans lesquels on cherche mais on ne trouve pas (2, 8; 2,9; 5,6). Maintenant Jésus dit « cherchez et vous trouverez » Israël est un enfant trouvé, mais au lieu de s'en remettre à son Père, il met sa confiance dans ses institutions politiques. Dans Osée, il existe un thème omniprésent : c'est celui de la (fausse) confiance accordée à la royauté terrestre (au détriment de la royauté divine). Nous avons vu que Philippe figure cet amour de la puissance (la confiance dans le pouvoir politique et militaire) connu comme une véritable idolâtrie. De même nous avons vu qu'en Os 2,14 Dieu se promet de détruire le figuier en tant que symbole de l'insouciance et de la paix. Ceci nous permettrait peut-être de comprendre en quoi Nathanaël s'oppose à Philippe. Par la droiture, comme il sied à un sillon bien droit et à un fils d'Israël. D'où la phrase de Jésus: Voici vraiment un Israélite sans détour. Philippe en revanche est encore du côté du pouvoir, c'est pourquoi on le retrouve toujours associé à  César et aux chars. 

 Pour conclure.

Jean fait, on le sait, de nombreuses références au premier verset de la Genèse, et bien des élaborations johanniques s'expliquent par le midrash juif sur Gn 1, 1. Il est probable que nos versets s'inscrivent dans ce cadre. Plus exactement, le récit relatif à Nathanaël et au figuier serait en fait une reprise du Midrash Rabba sur Gn 1,1. En effet Genèse Rabba 1, 4 contient un passage qui commente le terme bereshit "au commencement". (Notez qu'Osée commence par le terme תְּחִלַּת teHila "commencement" (Os 1,2) ce qui suffit à le rapprocher midrashiquement de la Genèse)

Six choses sont antérieures  la création du monde. Les unes effectives et les autres en pensées seulement. La Torah et le Trône de gloire étaient effectifs. Pour la Torah, comment le savons-nous ? Du verset :  Yahvé ma créée, prémices (reshit) de son œuvre, avant ses œuvres les plus anciennes.  (Pr 8,22). Le Trône de gloire, comment le savons-nous ? De ce verset: Ton trône est établi dès l'origine, depuis toujours, tu es. (Ps 93,2).

Les Patriarches...et le nom du Messie existaient en pensée. Pour les Patriarches, comment le savons-nous ? Du verset : comme un fruit sur un figuier en la prime saison (bereshita) je vis vos pères (Os 9,10). . ....

Pour le nom du Messie, comment le savons-nous ? De ce verset :  Soit béni son nom à  jamais, qu’il dure (yanin, lit: qu'il fructifie) sous le soleil! (Ps 72,17).

Ce passage midrashique associe donc des entités "cres-incres" dès l'origine : les Pères (comparés aux fruits du figuier) le Trône divin (et donc la royauté divine) et le nom du messie. Il suffit donc d'évoquer les Pères (via le figuier d'Osée) pour que l'auditeur continue le midrash et comprenne qu'il aboutit au nom du messie. D'où la réponse de Nathanaël sur la royauté du messie et son origine divine.
Notez également la reprise du refrain midrashique minayin (d'où le savons-nous ?) dans la question de Nathanaël: d'où me connais-tu ?
Dans le midrash, la foi (qui permet de voir au-delà du visible) est récompensée par des visions inouïes. C'est le principe midrashique "mesure pour mesure". Par exemple Rahab ayant dit : Yahvé, votre Dieu, est Dieu, aussi bien là-haut dans les cieux qu'ici-bas sur la terre, Dieu lui dit selon le midrash: pour ce qui est d’ici-bas tu pouvais voir que Dieu est Dieu, mais pour savoir que c’est aussi le cas en ce qui concerne les cieux, il te fallait la foi. C’est pourquoi Rahab engendrera Ezéchiel à qui il sera donné de voir ce que personne n’a jamais vu. Dans le passage relatif à Nathanaël, Jésus lui dit : « Parce que je t'ai dit : Je t'ai vu sous le figuier, tu crois! Tu verras mieux encore.....vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme. » Mesure pour mesure. Ce passage ferait donc référence à l'arbre de la Genèse : le Midrash Rabba rapporte en effet que le vêtement d'Adam fut fait de feuilles de figuier. Nathanaël verra donc ce que Jacob (qui est aussi appelé Israël) a vu, à savoir l'échelle de Jacob.

 

Note :

Je n'écarte pas du tout la prophétie d'Esaïe... celle du germe ou rejeton je dirais quelle est la principale mais je ne fais pas dériver נוצרי Nazoréen  de  נצרת (Nāṣereth) à cause de la racine  נצר, netser, (qui est le germe) et chacune de leur lettre finale, ce serait l'inverse… Nazareth dérivant de Nazaréen je m'explique :

Matthieu fait ici une pirouette !

Bien que chaque mot commence par la lettre hébraïque (nun) la lettre (tsadi ou sädë) est séparé par (wäw Vav) pour Nazoéen on retrouve dans Nazoréen et netser le même (kaf final) par contre dans Nazareth le nom se termine par un (täw) qui est la dernière lettre de l'alphabet sa valeur gamatriale est 400 et signifie la marque ou le signe quelque chose de marquer de significatif ainsi la réponse de Nathanaël "peut-il venir quelque chose de bon "ainsi marqué" et le täw hébreu (la marque) ne permet pas d'être retranché aussi ne peut-il donner Nazaréen mais Nazaréthéen d’autre part Nazoréen נוצרי qui dérive de נצר, netser se termine par un (yöd) qui suit le kaf final et yöd a une valeur gématriale de 10 et signifie la main, et c'est la première lettre du nom sacré YHVH. Elle symbolise le germe, contenant tous les sephirotim dans la kabbale juive. Cette lettre est désignée dans le Nouveau Testament sous le nom "iota" dans une parole de Jésus rapportée par Matthieu (5.18) :

Deux lettres yod יְיָ représentent le Nom "Adonai" = "Mon Seigneur" qui est l'un des Noms de Dieu,  en effet Netser  (le germe)  avec la finale yod (la main comprendre ici de Dieu) donne Nazaréen le germe divin. Mais selon moi relier avec Nazareth oblige de retrancher le yod (iota) de Nazaréen et le substituer par un täw pour avoir Nazareth or d'après le Livre d'Ézéchiel, IX, 1-6, seuls les hommes marqués au front de ce signe échapperaient à la destruction de Jérusalem. Aussi on doit faire dériver Nazareth de Nazaréen et non pas l'inverse puisque le fait d'ajouter tâw la marque pourrait signifier le germe marqué de la main de Dieu. Mais pour faire dériver Nazaréen de Nazareth il faut retrancher le täw  qui est la marque pour le remplacer par un yod  et ce yod ne peut lui non plus être retranché (Matthieu 5 : 18) donc la seule solution est de faire dériver Nazareth le "germe marqué" de Nazaréen "le germe issu de la main (de Dieu). "  Les deux termes dérivant ainsi de Netzer et non pas l'un de l'autre.

Ainsi la pirouette de Matthieu "Que celui qui a des oreilles pour entendre entende".

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

  • Théodore Wechteers

    1 Théodore Wechteers Le 31/10/2022

    Un peu compliqué à suivre ne lisant pas l’hébreu ni même le grec ; mais quand l’on comprend « enfin » le midrash que nous offre ici l’évangile de Saint-Jean est époustouflant vraiment une autre façon de comprendre et interpréter cet évangile si mystérieux que beaucoup « croit » à tort théologique (on ne voit que ce que l’on veut croire) voir plus théologique que les trois synoptiques et pourtant il est dans la droite lignée de la pensée juive. Merci pour vos articles toujours si enrichissant encore bravo.
  • Jean-Baptiste Bondele

    2 Jean-Baptiste Bondele Le 02/10/2022

    Le Titre de Jésus sur La croix: Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs (Jn 19, 19).
    Avant la titulature de Pilate, ce nom de Nazaréen a été prononcé deux fois par les soldats romains qui sont allés arrêter Jésus dans le Jardin (Jn 18,5.7). Pour moi, "Nazaréen" vient de la racine Netzer qui signifie germe (Is 11,1). Nazaréen ou nazoréen n’a rien avoir avec la ville de Nazareth, qui serait la ville de la garde, rappelant le passage de Dieu devant Moise dans le recit du veau d'or (Exode 32,1-14). Dieu s'identifie comme celui garde l'amour et la miséricorde de génération en génération. Le Nazaréen johannique est le germe divin descendant de David, qui selon le prophète Zacharie (6,12) est l'homme dont le nom est "germe" ou tsmh qui va construire le nouveau Temple. Le Temple de Jérusalem était détruit, il a été remplacé par le Temple humain, le corps physique de Jésus ( Jn 2,19-21). Et ce Temple nouveau (le corps de Jésus) est détruit sur la croix par les soldats romains au moment de sa mort (Jn 19,30). Sachant que son corps allait être détruit par la mort, Jésus construit un autre temple, c'est la communauté qui est formée aux pieds de la croix, représentée par Marie et le disciple bien -aimé (Jn 19,27). C'est l'Eglise, c'est chaque croyant qui devient le nouveau Temple spirituel òu désormais toute la Trinité va habiter (Jn 14,23; 1 Cor 6,19). Donc il y a un déplacement, un déménagement de temple en temple, d'une maison à une autre. C'est cela la maison à plusieurs demeures que Jésus devrait aller préparer (Jn 14, 2). Dans cette nouvelle maison enfin construite, la mère de Jésus de vient aussi la mère du disciple. Le disciple devient le fils spirituel de Marie et en même temps, le frère (ou la sœur) de Jésus, et fils ou fille de Dieu. Ces nouvelles relations sont confirmées dans le jardin de la résurrection, par les paroles de Jésus lui-même: Je pars vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu (Jn 20,17). La mission principale de Jésus dans le monde n'était pas l'expiation de nos péchés, mais la nouvelle création. La première création n'était pas encore terminée, elle était inachevée (Jn 5,17). Et cette première création est achevée sur la croix quand Jésus dit: tetelestai, tout est achevé (Jn 19,30). Le modèle (hypodeigma) de l'ancien temple était basé selon l'architecture ancienne pour les constructions des maisons (Ex 25,8-9; 1 Ch 28, 11-12; Ez 42,15), mais le modèle ou le plan (hypodeigma) de l'architecture que Jésus propose est diffèrent: il est basé sur l'AMOUR dans le service ( Jn 13, 15) qui va colorer les nouvelles relations dans le nouveau Temple. Ce nouveau plan ouvre sur une nouvelle béatitude johannique : "Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites" (Jn 13,17). La béatitude du savoir et du faire".
    La passion de Jésus est lue dans la perspective de la théologie de la création, de l'architecture chrétienne et de l'esthétique divine accomplie dans la dramatique divine. Tout commence dans le Jardin (Jn 18,1) et tout se termine dans le jardin (Jn 19,41). Dans le livre de la Genèse, l'homme a été crée au sixième jour à l'image et ressemblance de Dieu (Gn 1,26-27), chez saint jour, le nouveau homme et la nouvelle femme sont créés au sixième jour (Jn 19,27) car c'était le soir de la préparation du grand sabbat (Jn 19,42). La nouvelle naissance dans la vie divine annoncée dans le prologue (Jn 1,12-13) est réalisée en Jn 19,27; 20,17. 31). L'affirmation du prologue: Le verbe était la vie (Jn 1,4) se confirme finalement en Jn 11,25 et en Jn 19,30 quand il donne le nouveau souffle de vie à l'humanité. L'énigme du bon Berger où Jésus se déclare "le beau" par le fait de déposer sa vie pour les siens (Jn 10,11) avec le pouvoir de la reprendre (Jn 10,17-18) et le lavement des pieds avec le dépôt du vêtement (13,4) et sa reprise (13,12) ont été une préparation à la réalisation de cette grande mission de donner la vie à l'humanité et de donner naissance à une nouvelle communauté des croyants, qui n'est plus à Jérusalem ni au mont Garizim (Jn 4,21). C'est la beauté de Jésus dans le quatrième évangile. Il est le nazaréen, le germe qui est entré dans le jardin, tombé en terre comme un grain de blé, pour donner des fruits (Jn 12,24): la nouvelle communauté des enfants de Dieu.

    Jean Baptiste Bondele
    infitous

    infitous Le 28/10/2022

    Merci pour votre commentaire que j’ai lu avec intérêt. Vous avez une approche très théologique de l’évangile de Jean, je préfère moi l’étudier dans sa forme midrashique et vous recommande de consulter nos articles sur ce sujet. Personnellement, je suis convaincu que Jésus n’a jamais eu le souhait de créer une église ou une nouvelle religion. Son désir était de transformer le judaïsme contraignant et matérialiste en une religion plus « légère » et plus spirituelle, centrée sur l’homme donc un judaïsme humaniste en quelque sorte. « Naître de nouveau » (spirituellement) pour vivre la Torah et non appliquer la Torah qui résume en une phrase « aimer son prochain (tout être humain) comme soit même ». Encore faut-il s’aimer soit même, il y a là un petit côté narcissique. S’aimer soit même pour aimer les hommes (comme Dieu aime les hommes) cela implique d’avoir la foi dans l’humain (c’est ce qui définit l’humanisme). C’est tout le contraire de l’enseignement et la théologie de l’apôtre Paul qui ne s'aimait pas lui même (c'est son côté gnostique). Or c’est l’apôtre Paul du moins sa théologie qui fonde le christianisme. L’empereur Constantin instituera l’Église, et saint Augustin établira le catholicisme. Paul a impulsé le mouvement qui s’imposera après lui dans l’Empire romain, au IIe siècle. Ce mouvement, résulte d’une contamination de la pensée simple et idéaliste de Jésus par des spéculations théologiques basées sur la philosophie grecque. De ce processus de dégradation, Paul aurait été l’initiateur, pervertissant l’humanisme du Nazaréen par des spéculations sur le péché et la rédemption. Jésus je le répète n’a jamais eu l’intention de créer quoi que ce soit et certainement pas une nouvelle religion qui s’appellerait le christianisme. D’ailleurs, il ne sait jamais prétendu fils de Dieu, mais fils de l’homme, c’est l’Église qui l’a fait postérieurement l’or du concile de Nicée Jésus fils de Dieu dans la Trinité. Pour reprendre ces paroles d'Alfred Loisy “Jésus annonçait le royaume et c'est l'église qui est venue.” D.Rollin - administrateur.

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