Cette génération et les enfants de la Sagesse

Cette génération et les enfants de la Sagesse

 

(Lc 7:31-35; Mt 11:16-19)

Source Q :
7:31   ... À quoi vais-je comparer cette génération ? Et à quoi est-elle comparable ?
7:32   Elle est comparable à des enfants, assis sur "des" places publiques, qui "en" interpellent d'autres en disant : Nous avons joué pour vous de la flûte et vous n'avez pas dansé, nous avons fait entendre des plaintes et vous n'avez pas pleuré.
7:33   Jean est venu en effet, ne mangeant ni ne buvant, et vous dites : Il a un démon.
7:34   Le fils de l'homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites : Voici une personne gloutonne et ivrogne, ami des collecteurs d'impôts et des pécheurs.
7:35   Même la Sagesse a été reconnue juste par ses enfants.

Ici Jésus compare un épisode de la vie et révèle ce qu'il signifie en profondeur pour ses auditeurs. Cette parabole dans laquelle des enfants joueurs montrent combien Jésus est habile à utiliser des scènes de la vie de tous les jours pour évoquer les réalités du Royaume.
Les jugements de cette génération concernent Jésus et Jean Baptiste : l’un est assimilé par les foules à un possédé ascétique, l’autre à un glouton impur. Aucun d’eux n’est reconnu pour ce qu’ils sont : le précurseur et le Fils de l’Homme. Ces gens se focalise sur les apparences, qu'elles soient celle de la pauvreté ou celle de l’humiliation, les foules n’ont nullement compris et adhéré à la teneur de leur message, que leur discours soient funèbres ou joyeux.
Peu de ces premiers destinataires, juifs se sont mis au rythme de la musique de l’Évangile du Royaume. Matthieu a le désir dans son évangile de montrer à quel point cet échec missionnaire n’est nullement le signe de l’inanité de l’Évangile, mais  que celui-ci trouve sa genèse dans la surdité et l'aveuglement des destinataires.
Ces paroles de Jésus comme tout son enseignement sont intemporelles. Elles appellent à nous questionner et à faire en nous une rétrospective de nos comportements avec autant de pertinence aujourd’hui qu’il y a deux mille ans. Celui qui ne veut pas croire trouve toujours le moyen de justifier son incroyance. « Il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre ». Cela se révèle d’autant plus facile que l’action de Dieu dans le monde se veut discrète afin de préserver notre liberté d’adhérer à Lui ou non. L’amour, nous demande d'avoir, confiance à l’autre ou au Tout Autre. Dieu a choisi autrefois d’entrer visiblement dans le monde en assumant la chair dans la personne d’un humble enfant naissant. Aujourd’hui encore, Il se manifeste dans le monde par l’entremise d’humbles serviteurs. Saurons-nous reconnaître son action providentielle à travers ces personnes et les événements ou, au contraire, chercherons-nous à porter discrimination et préjugé sur ces hommes et ces femmes œuvrant pour nous témoigner l'Amour de Dieu ?
 
Note génération se distingue des précédentes par l’avancement des sciences. Peut-être nous nous émerveillions en comprenant que l’univers et les choses les plus infimes sont régis par des lois communes si précises et délicates. Nous ne l'attribuons pas toujours comme provenant de la Sagesse, nous préférons en imputer la cause au hasard. Hier comme aujourd’hui, la sagesse de Dieu n’est pas par tous méconnus.

Cette parabole nous mais en lumière une interrogation de Jésus qui a le mérite de nous tirer de l’humus des fantasmes dans lequel nous n’arrêtons pas de plonger. Mal accueilli par leurs contemporains, au long cours de leur mission respective, le Fils de l’homme et Jean le Baptiste ont essuyé le feu incessant de critiques acerbes. Au nombre d’entre elles, celle de prédicateur « funèbre »pour le Précurseur. Et celle de « glouton et d’ivrogne » pour Jésus, l’ami des publicains et des pécheurs. En somme l’insupportable opposition entre les cyniques et les défaitistes dans leurs habits étriqués de procureurs sévères, d’un côté, et les passeurs de joie et d’espérance, de l’autre. Aux premiers, jamais rien n’est trop bon, rien n’est parfait, on verse complaisamment dans le trop juste et le pas assez. Une psychologie d’homme des cavernes qui leur fait contempler le monde non avec le regard de Dieu mais avec les yeux de gens toujours insatisfaits. 
Soyons au contraire de cette génération dont chaque acte posé pour les autres a une dimension transcendantale. De celle qui voit toutes les fleurs de l’avenir dans les semences d’aujourd’hui. Celle qui porte sa confiance en l'avenir, en Dieu et dans l'humain. Qui possède, selon le mot de Nietzsche, « une grande musique en [elle] pour faire danser la vie ». Si Jésus incarne la sagesse de Dieu, qui ne peut manquer de triompher, que nos œuvres la reflètent donc immanquablement. Une sagesse toute entière contenue dans trois verbes : Ecouter, Réfléchir, Agir. Trois verbes d’un pragmatisme lucide qui renvoient successivement, nous dit le pape François, « à soi, aux autres et au monde ». Hâtons-nous de transmettre notre part de merveilleux à cette génération désenchantée, et conspirationniste, coincée entre consumérisme effréné et égocentrisme exacerbé. Tant il y a dans l’ordinaire de nos jours, tous les jours et toujours, les matériaux en vrac d’une « maison commune » à fortement consolider.  

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